Ah que coucou !
Ci-dessus voici la copie écran de ces 2 pages comme promis à ceux qui souhaitent aussi recréer l’illustré. Comme vous le constatez j’ai utilisé la base d’un tableau à 3 colonnes et à 8 lignes. La police choisit est celle qui m’a semblé la plus proche de l’originale : Arial ; la taille : 11. Pour le paragraphe format justifié j’ai mis la première ligne à 0,2. Je vous donne maintenant les images ainsi que les textes à la suite de ma signature.
Bisous,
@+
Sab
C’était au temps des fées. Benoît, jeune bucheron, était envieux. Ce défaut s’aggrava par suite d’un accident. Abattant un jour des chênes, Benoît ne se gara pas à temps et un arbre tomba près de lui, une branche le jeta par terre, écrasa son bras, qu’on dut couper.
Cela, comme nous le disons, l’aigrit encore. Il avait un voisin aimable, gai, bien fait, Hugues, dont il était jaloux…
Il lui cherchait souvent querelle et grommelait : « - Tout lui réussit !... Ah ! si j’avais un bras, comme je lui flanquerais une raclée !... »
Que fut-ce quand Hugues épousa une jolie jeune fille et qu’il eut, plus tard, un beau garçon ! Benoît ne décolérait pas… Il se montrait insolent envers Hugues qui, doux, était gentil avec lui…
Benoît n’était pas, au fond, très mauvais et un jour qu’il vit en forêt un écureil blessé à la patte, il le soigna, le pansa…
L’écureuil guéri dit : « - Je suis un sorcier… Ayant enfreit les règlements de notre secte, je suis condamné à rester dix ans écureuil… »
« Cela ne m’empêche pas d’obliger ceux qui furent bons pour moi… Tu l’as été… Je veux faire quelque chose pour toi… »
Disant cela l’écureuil cassa une noisette, la vida, alla la remplir d’eau à une source… Puis il prononça des paroles cabalistiques…
« - Cette eau est maintenant enchantée, dit-il… A mesure que tu la videras, la noisette se remplira, si tu te sers de l’eau avec discernement, modération et pour une bonne cause…
… cette eau fera pousser et repousser ce que tu voudras… Une goutte suffira… Adieu… » Benoît rentra chez lui et versa une goutte d’eau au pied de ses haricots, qui ne poussaient pas…
Ils devinrent superbes… Modeste, simple, Benoît se servit surtout de l’eau pour faire pousser ses légumes.
Il faisait ainsi plusieurs récoltes par an, s’enrichissait vite… Malgré ça il était toujours jaloux d’Hugues, enviant son bonheur conjugal et paternelle. Nulle femme ne voulant de lui, car on connaissait son caractère envieux.
« Sacré Hugues ! tout lui réussit… A quoi me sert mon aisance si je dois rester seul dans la vie !... » Et, maugréant, il faisait pousser ses légumes avec son eau intarissable…
Soudain, un jour, il eut une idée : « Suis-je bête de ne pas y avoir pensé déjà !... Puisque mon eau fait pousser, elle fera certainement repousser mon bras et je pourrai donner à Hugues la raclée rêvée !... »
Et Benoît versa le contenu de la noisette sur son bras, qui repoussa… Il chercha alors querelle à Hugues – qui ne s’étonna pas trop de lui revoir deux bras, car à cette époque de sorciers, de fées, les miracles n’étonnaient guère – et il le rosa…
Hugues rentra chez lui le nez saignant, l’œil poché… Comme Benoît se vantait de son exploit à une voisine : « - Vous avez eu tort, dit-elle…
… Hugues a assez de chagrin… En effet, son fils est au lit, souffrant, s’en allant de consomption, dirait-on, de faiblesse… »
Cela troubla un peu Benoît… A mesure qu’il approchait de sa demeure il lui semblait que son bras diminuait. Quand il arriva devant sa porte il était redevenu moignon…
Benoît pénétra dans son jardin… Ses fleurs, ses légumes étaient secs, flétris… Il couru chercher la noisette… Au lieu d’être pleine, comme toujours, il y avait à peine une petite goutte d’eau au fond.
Il versa la goutte sur ses légumes… Les légumes, qui reprenaient d’habitude immédiatement, ne repoussèrent pas… Mais la goutte revenait dans la noisette.
Il la versa sur son bras… Le bras ne repoussa pas… Soudain, Hugues comprit… L’écureuil avait dit : « - Ne te sers de l’eau que pour une bonne cause » et il s’en était servir pour faire repousser son bras afin de rosser Hugues !...
Il était puni… Et comme il voyait toujours la goutte d’eau dans la noisette, il eut une inspiration… Il courut chez Hugues, bondit vers le lit de l’enfant malade, versa la goutte d’eau de la noisette sur lui. Et l’enfant, soudain, se redressa, robuste.
A la suite de cette bonne action, la noisette s’emplit de nouveau… De nouveau, Benoît put cultiver ses plantes et légumes.
Il devint doux, s’interessa à l’enfant qu’il avait sauvé et épousa la sœur de Hugues… Les beaux-frères vivent unis… leurs enfants jouent ensemble.