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1 septembre 2012

8 septembre 1912 : Page 12 (3/3)

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Il y avait autrefois, dans les armées du Roy, un vaillant capitaine qui s’appelait Colin Maillard. Toujours le premier aux assauts et dans les combats, il s’était fait une réputation de bravoure qui était devenue légendaire.

 

 

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Or, dans une bataille qu’un jour il livrait à des ennemis supérieurs en nombre, il fut aveuglé par un coup de feu.

 

 

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Aussitôt il porta les mains à ses yeux et, comme la douleur qu’il ressentait était excessive, un soldat qui se trouvait près de lui s’empressa de tremper son mouchoir dans l’eau claire et l’appliqua, en le nouant par derrière, sur les paupières meurtries de son capitaine.

 

 

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Tandis que ces premiers soins lui étaient prodigués, les hommes qui composaient sa troupe avaient battu en retraite, et un officier ennemi ayant vu son terrible adversaire mis hors combat, s’approcha de lui, à l’effet de le faire prisonnier.

 

 

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Colin Maillard, les yeux bandés et réduit à l’impuissance, ne put que se résigner à son sort. Alors l’officier ennemi le fit conduire sans tarder sous la tente de son général en chef et lui dit : « - Maintenant que tu ne vois plus, nous n’avons plus rien à craindre de toi ; d’ailleurs tu es à présent en notre pouvoir. »

 

 

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Ce à quoi Colin Maillard répondit : « - Je suis votre prisonnier,, soit, mais sachez que ma cécité ne m’empêche pas de discerner un allié d’un ennemi. « - Oh ! oh ! fit l’autre, c’est beaucoup s’avancer, l’ami ; je veux tenter l’expérience. Que tu devines qui te touchera et que tu me donnes ensuite une somme convenable, et je le promets de te rendre la liberté. – Marché conclu », dit l’intrépide blessé.

 

 

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Retourné et les mains derrière le dos, Colin Maillard attendit que quelqu’un vînt vers lui. Alors un officier appartenant à l’état-major ennemi, et dont le dolman était constellé de décorations, s’approcha du captif, mais au cliquetis des crois, Colin Maillard l’identifia bien vite.

 

 

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« - C’est l’aide de camp, s’écria-t-il. – Bravo ! fit le chef, tu es prompt et précis dans ta réponse ; ainsi que cela t’a été promis, tu vas être reconduit séance tenante auprès de tes soldats. »

 

 

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Ainsi fut fait. La somme exigée fut versée, et Colin Maillard, ramené au camp, fut porté à l’ambulance où on lui prodigua les soins que nécessitait sa blessure. Mais cette aventure fit du bruit, et tout le soir on en parla dans les salons du Roy.

 

 

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Les dames de la cour, toujours en quête de nouveaux jeux de société, créèrent le jeu de colin-maillard : il s’agissait, les yeux bandés, de dire le nom de la personne que la main parvenait à saisir.

 

 

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Ce jeu fit bien vite fureur et ne tarda pas à répandre dans toutes les sociétés : les enfants s’en emparèrent et il devint bientôt universel. Quant au brave capitaine, qui en avait été le parrain…

 

 

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… son infirmité ne lui permit pas de

Carrière, mais son nom n’en est pas

Célèbre et l’aventure dont il fut le héro

Que la postérité en garde la mémoire.

 

[TEXTE MANQUANT à la fin de la cellule :’(]

 

 

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1 septembre 2012

8 septembre 1912 : pages 10 & 11 (2/3)

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Le cirque Caroni, jadis si florissant, est maintenant un établissement de cinquième ordre. Son malheureux propriétaire se rend compte que les belles recettes ne reviendront jamais plus et il se désole ainsi que sa fille Rosette et son clown Badaboum.

 

 

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Caroni est pourtant de première force dans les exercices équestres. Il va caresser son cheval Coco, animal jeune encore, mais moins fringant depuis que l’avoine lui est comptée avec parcimonie et depuis qu’il est forcé de trainer la roulotte à la place d’un vieux camarade mort. Coco semble dire à son maître : « - Trouve un numéro inédit, car tu sais bien qu’il n’y a plus que la nouveauté qui réussit auprès du public. » Du nouveau ! Caroni y songe bien, mais ça n’est pas commode à trouver !

 

 

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C’est aussi l’idée du clown Badaboum. Ce jeune homme de vingt-cinq ans, de son vrai nom Pierre Lefort, est un garçon intelligent et instruit. Il n’avait pas trouvé de position, ses études terminées, et, un jour, las de lutter pour la vie, il allait se pendre, lorsque M. Caroni avait empêché son acte de désespoir et l’avait gardé avec lui.

 

 

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Vêtu, dès lors, d’un vieux costume de clown, et sous le surnom de Badaboum, Pierre amusait le public et était un aide précieux pour M. Caroni. Reconnaissant de ce que son patron avait fait pour lui, il se rendait compte que bientôt le cirque serait saisi et il cherchait un moyen d’éviter ce désastre.

 

 

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Vivant dans l’intimité de Caroni et de sa fille, Pierre n’avait pas tardé à s’éprendre de Rosette, gentille équilibriste, à laquelle il n’était pas indifférent. Mais il n’osait parler de son projet à Caroni, de peur d’empêcher peut-être un mariage plus brillant pour sa fille.

 

 

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Afin de retarder si possible la saisie du cirque, la petite troupe se met en route, un soir, pour une ville voisine et pendant que la voiture roule, Pierre a soudain une idée en regardant une image qui représente un éléphant à la démarche lourde et pesante, Il en fait part à Rosette.

 

 

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Celle-ci, enthousiasmée par l’idée de Badaboum, lui promet sa main s’il réussit et veut bien le seconder dans l’exécution de son plan. Tous deux se mettent au travail et taillent dans de vieilles toiles du cirque hors d’usage, un magnifique complet d’éléphant.

 

 

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Le lendemain, pendant que Pierre habille le cheval Coco avec ce complet, Caroni survient et s’étonne. Pierre lui explique son plan : « - Au lieu d’un éléphant mastoc et lourd comme ils sont tous, nous montrerons au public un animal souple et agile, puisque c’est votre beau coursier qui remplira le rôle. »

 

 

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Très amusé, Caroni oublie pour un instant ses soucis et monte sur la bête. L’éléphant comique rue, saute et piaffe. La répétition est très brillante et fait présumer d’heureuses représentations. « - Le costume d’éléphant sera pour Coco ce que le costume de clown a été pour moi, c’est-à-dire un succès, » explique Pierre.

 

 

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Le brave garçon ne s’était pas trompé. La première représentation avec l’éléphant comique eut un très gros succès qui ne fit que s’accentuer par la suite. Si bien qu’on dut un beau jour refuser du monde, et on augmenta le prix des places.

 

 

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L’argent rentra dans la caisse, les dettes furent payées et le clown Badaboum songea sérieusement cette fois à demander sa récompense. Il pensait bien qu’à présent Caroni lui accorderait la main de sa fille Rosette, mais sa timidité était si forte qu’il n’osait pas parler encore.

 

 

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Un évènement vint le tirer d’embarras quelques jours plus tard. Il y avait dans la ville deux malandrins, anciens forains, qui avaient constaté le succès de l’éléphant comique et avaient projeté de le voler. Ils savaient où on remisait la bête à la fin de la représentation.

 

 

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Mais ce soir-là, Badaboum, après avoir déshabillé le cheval, avait dit à Caroni : « - L’éléphant comique a un gros succès, mais si Coco tombait malade un jour, qui doublerait son drôle ? Nous n’avons pas encore de cheval de rechange.. Si vous m’en croyez, voyons si nous-mêmes nous ne pourrions pas exécuter une scène, moins comique et moins folle certainement, mais présentable néanmoins. »

 

 

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Devant ce raisonnement juste, Caroni et son clown s’étaient placés dans la robe de l’éléphant, lorsqu’on entra dans la remise où ils se trouvaient. Croyant que c’était Rosette qui venait les faire répéter, ils se laissèrent emmener par les deux malandrins que nous connaissons.

 

 

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Ils marchèrent un bout de temps, puis les deux voleurs firent entrer le cheval – car ils savaient parfaitement que l’éléphant était un animal déguisé – dans une écurie qu’ils avaient louée. Mais au moment de déshabiller le cheval, ils s’aperçurent qu’ils ne possédaient pas d’allumettes. «  Bah ! se dirent-ils, fermons la porte à triple tour, dès demain matin nous le débarrasserons de sa robe et déguerpirons avec lui. »

 

 

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Restés seuls, Caroni et Pierre sortirent de l’éléphant et se rendirent compte de leur situation, car ils avaient entendu les dernières paroles des voleurs. Ils étaient enfermés, mais en grimpant le long d’une poutre, ils purent atteindre une lucarne et s’évader.

 

 

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« - Sans toi, Badaboum, notre cheval et son déguisement nous étaient volés. Je te dois une récompense. Que désires-tu ? » dit Caroni au clown, chemin faisant. Pierre s’enhardit alors et demanda à l’écuyer la main de sa fille, qui lui fut accordée de bon cœur. Le lendemain, de bonne heure, les deux malandrins s’aperçurent avec stupéfaction…

 

 

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… que leur écurie était vide. Ils ne s’expliquaient pas comment un cheval avait pu disparaître par une lucarne. « - Il n’y a pas à en douter, dirent-ils, c’était bien un cheval extraordinairement savant. Nous avons raté notre affaire ! » Inutile de dire qu’une heure après ils étaient arrêtés par les gendarmes, sur la dénonciation de Caroni et de son futur gendre.

 

 

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1 septembre 2012

8 septembre 1912 : pages 8 et 9 (1/3)

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Ah que coucou !

 

Une fois n’est pas coutume, aujourd’hui je poste toutes les pages restantes de cet illustré ce qui me permettra de vider un peu le disque dur de mon PC avant de scanner le numéro suivant… Donc aujourd’hui il y a 3 billets pour les 5 pages restantes…

 

Parmi celles-ci se trouvent les fameuses pages 8 et 9 (que vous voyez ci-dessus) qui m’ont posé de gros problèmes alors que la solution était toute simple… ce qui me fait poser la question suivante : « Pour quels motifs étranges l’être humain tente-t-il de compliquer une solution qui s’avère être fort simple ? Sommes-nous réellement tous masochistes ???? »

 

En tout cas voici ces 3 histoires (pour les 2 autres, sans présentation ;))

 

Bon courage pour les reconstituer (ne cherchez pas midi à 14 heures ! elles sont aussi simple à refaire qu’il le paraît….

 

Bisous,

@+

Sab

 

 

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« - Voyons, ma petite Blanchette, me dit Mlle Roumiou, il faut avoir plus de courage ! Vous n’êtes plus un Baby, maintenant, car voici que vous allez avoir dix ans ! A tout prendre, votre oncle Camille n’est sans doute pas méchant qu’il en a l’air, et puis, vous finirez bien par retrouver votre oncle Lolo, pour qui vous paraissez avoir une préférence. J’ai cru comprendre que, pour l’heure, il est absent de France, en voyage en Extrême-Orient ; mais il reviendra, et alors, il vous prendra avec lui, et vous serez tran-quille : il faut avoir un peu de patience !

« Et elle m’embrassa pour me donner un peu de courage.

« Mais j’étais toute désespérée.

« Enfin, comme j’étais habillée, mademoiselle me quitta pour aller rejoindre mon oncle, comme il le lui avait commandé, et je demeurai à peu près une demi-heure toute seule, à pleurer, et à regretter les jours passés de ma toute petite enfance qui ne reviendraient plus, pour moi.

« Quand Mlle Roumieu revint, je remarquai qu’elle était tout pâle.

« - Qu’avez-vous ? lui demandai-je.

« - Rien, ma petite !

« - Je parie que mon oncle vous a fait de la peine ?

« Alors elle me gronda :

« - Pourquoi voulez-vous que votre oncle Camille m’ait fait de la peine ? Il faut perdre cette idée préconçue que votre oncle est un méchant homme.

« - Je ne l’aimerai jamais ! fis-je.

« - Comme je vous plains, Blanchette, si vous demeurez avec ces sentiments. Il faut au contraire vous apprendre à le chérir, car vous n’avez plus que lui !

« - Et mon oncle Lolo !

« Elle eut un geste de découragement.

« Puis :

« - En attendant, il va falloir nous dire adieu, petite Blanchette ! fit Mlle Roumieu bien tristement.

« - Nous dire adieu ?... Est-ce que vous allez me quitter, vous aussi ?

« Elle fit oui de la tête.

« Et moi, de me fâcher, lui disant :

« - Vous ne m’aimez plus… personne ne m’aime… que vais-je devenir, si vous ne demeurez plus auprès de moi… avec qui pourrais-je parler de Lucky-Cottage… et de mon papa et de ma maman…

« Et de nouveau mes larmes se mirent à couler.

« - Mon pauvre petit enfant, me dit Mlle Rou-

 

[FIN 1ère colonne]

 

mieu. je n’aurais pas mieux demandé de demeurer toujours avec vous. Mais je ne suis pas la maîtresse, moi ! Votre oncle vient de m’avertir que ni lui ni vous n’étiez assez riches pour garder une institutrice ! Alors, il faut bien que je trouve une autre place pour gagner ma vie.

« - Et moi, m’écriai-je égoïstement, que va-t-il faire de moi. Va-t-il donc me garder constamment avec lui ?

« - Non ! Justement votre oncle vient de me faire part, aussi, de ses projets à votre égard. Il va vous mettre en pension, à Londres ! Demain je partirai pour la France, et votre oncle vous conduira dans quelque Children School londonien, où somme toute, vous serez très heureuse avec des petites filles de votre âge, avec qui vous pourrez jouer tout à votre fantaisie.

« Cette idée de vivre avec des petites filles de mon âge, et surtout de ne pas demeurer avec mon oncle Camille, que décidément j’avais pris en grippe pour de bon, me consola un peu, et je n’éprouvais pas à me séparer de Mlle Roumieu tout le chagrin que j’aurais dû ressentir.

« Pourtant, le lendemain matin, quand, m’ayant habillée pour la dernière fois, elle m’embrassa et que je songeai que de longtemps, longtemps, je ne la reverrais plus, je pleurai bien fort, et, j’étais déjà dans le train, en face de mon oncle, que mes larmes n’étaient pas encore taries.

« Nous arrivâmes à Londres.

« Mon oncle avait sans doute arrêté toutes ses dispositions, car, à la station, il prit un cab, donna une adresse et nous voilà partis à travers la ville.

« Après une course de plus d’une heure, et avoir traversé sur un pont une belle rivière

 

[FIN 2e colonne]

 

que je sus depuis être la Tamise, le cab pénétra dans un quartier fort vilain, très populeux et sale qui était White-Chapel.

« C’était là, dans une noire et étroite ruelle que se trouvait la pension où mon oncle avait projeté de m’enfermer.

« La porte franchie, une petite fille haillonneuse nous introduisit dans une salle obscure et mal meublée, où bientôt, vint nous rejoindre une petite vieille, sèche et maigre, avec un bonnet sale d’où s’échappaient les mèches de ses cheveux grisonnants.

« Elle salua mon oncle, qui lui dit :

« - Miss Shad, voici la petite fille dont je vous ai parlé !

« - Qu’elle est mignonne ! fit Mrs Shad, et elle m’embrassa. Je remarquai qu’elle sentait l’alcool, et que sa joue râpait comme celle de papa, quand il avait oublié, le matin, de se faire la barbe.

« - Comment s’appelle-t-elle ? demanda encore Mrs Shad.

« - Alba Hearth ! répondit gravement mon oncle.

« - Mais non, m’écriai-je. Je m’appelle Blanche Delaire !

« Mon oncle m’écrasa sous un regard terrible et prononça :

« - Vous vous appelerez comme je veux !

« Mais Mrs Shad, passant sa main sale sur me cheveux, d’une voix doucereuse :

« N’est-ce pas la même chose ! (1)

« Puis, regardant mon oncle avec un clignement d’œil dont je ne pus saisir la signification, elle ajouta :

« - Puisque vous devez vivre désormais en Angleterre, ne vaut-il pas mieux anglicaniser votre nom !

« - Oui, fit mon oncle sévèrement et à l’avenir je vous prierai de vous souvenir que vous vous nommez désormais Alba Hearth ! Sans ça…

« Et il esquissa un geste de menace.

« Je baissai la tête, et ne répondis rien.

« Là-dessus, mon oncle, s’adressant à Mrs Shad, dit encore :

« - Alors, vous avez compris, n’est-ce pas, ce que je demande de votre obligeance ?

« - Parfaitement !

« - Je puis compter sur vous ?

« - Certes !

- D’ailleurs, souvenez-vous que mon ami Tom Hurdle me tiendrait au courant, à la moindre… erreur !

« - Votre honneur peut avoir pleine confiance ! répliqua Mrs Shad avec une révérence.

« Et là-dessus, mon oncle me baisa au front, froidement, si froidement que cette caresse me glaça, puis il tourna les talons, après m’avoir dit simplement :

« - Ma chère, tâchez de vous plaire dans cette maison !

« Ah ! Elle n’était guère plaisante, la maison de Mrs Shad. Il y avait une cour qu’on appelait le jardin, et qui avait plutôt l’air d’une

 

(1) En anglais Hearth signifie : Atre.

 

[FIN page 8]

 

 

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puits, tant elle était sombre et humide ; jamais le soleil n’y parvenait, et au milieu, un pauvre tilleul haussait tant qu’il le pouvait ses pauvres petites branches, comme pour monter plus haut que la hauteur des murs et respirer un air meilleur.

« Dans cette cour où Mrs Shad m’introduisit, cinq ou six fillettes de mon âge s’amusaient tristement, et je remarquai qu’elles étaient maigres, chétives, et pâles, aussi, avec des figures moroses et renfrognées.

« Il est vrai que je tombais mal ; la nuit même, une petite pensionnaire de mon âge était morte, et à peine installée, je dus suivre le convoi de cette petite compagne que je ne connaissais point.

« Mais à vrai dire, la pension de Mrs Shad n’était point d’une gaîté folle ; Mrs Shad, pas plus que sa fille miss Dorothea, n’était une méchante femme, mais elles étaient pauvres, n’avaient pas les moyens de se payer une servante, ce qui fait que les élèves étaient obligées de travailler et de s’occuper tour à tour de tous les soins du ménage.

« Comme distraction, on nous conduisait parfois à Victoria Park, et c’était tout.

« Pourtant, je ne m’y ennuyais pas ; tout me paraissait préférable à l’idée d’aller demeurer avec mon oncle Camille, et chaque fois que je voyais arriver à la pension Master Hurdle, que je savais être l’ami de mon oncle, j’avais toujours peur qu’il ne me vînt chercher pour me conduire à lui.

« Pourtant, il n’était pas bien méchant, Master Hurdle, avec sa figure toujours mal rasée, ses grosses besicles, et son nez barbouillé de tabac. Même quelquefois, il m’apportait des bonbons. Une seule fois il se fâcha. Ce fut un jour que, le voyant d’excellente humeur, et tout badin, je lui demandai s’il n’était pas aussi l’ami de mon oncle Lolo.

« Alors, il leva les bras au ciel, fit sa grosse voix et prononça :

« - Miss Hearth, je vous défends de parler de votre oncle Lolo.

« Il y avait à peu près cinq mois que j’étais chez Mrs Shad, quand un matin, c’était il y a tout juste trois jours, miss Dorothea me dit :

« - Alba, mon enfant, vous allez venir avec moi faire une petite course, du côté de la Cité. Cela vous fera du bien !

« Tout heureuse de cette sortie, je courus mettre mon chapeau, et je suivis miss Dorothea.

« Mais au lieu de se diriger vers la Cité, elle prit la direction que je connaissais bien de Victoria Park.

« Nous y arrivâmes bientôt.

« Et là, voici qu’un gentleman, que je ne connaissais pas, et qui paraissait attendre miss Dorothea, vint vers nous, et s’adressant à Miss Dorothea :

 

[FIN 1ère colonne]

 

« - C’est là l’enfant ?

« - C’est elle ! répondit miss Dorothea.

« - All right ! fit-il.

« Puis, s’adressant à moi :

« - Voilà une petite fille, dit-il, qui va être bien contente ! Je suis sûr qu’elle me suivra avec plaisir, quand elle saura que je vais la mener à Paris !

« - A Paris ! fis-je. Non, non, je ne veux pas aller à Paris, si l’on me conduit chez mon oncle Camille !

« - Petite bête ! fit alors miss Dorothea. Ce n’est pas à votre oncle Camille que l’on va vous conduire, mais à votre oncle Lolo !

« Frappée de stupeur, je regardai miss Dorothea :

« - Est-ce possible ?

« Ce fut le gentleman qui répondit :

« - C’est exact ! Je suis un ami de votre oncle Lolo : John Muddy ! Vous ne connaissez pas John Muddy ? Il m’a prié de vous amener à lui, et j’espère que vous n’allez pas faire de difficulté pour me suivre ?

« - Si c’est pour rejoindre mon oncle Lolo, répliquai-je, je vous suivrai jusqu’au bout du monde !

« - Voilà une brave enfant, risposta Muddy. En ce cas, en route !

« - Au revoir, ma petite Blanche, fit miss Dorothea, et soyez toujours sage !

« Et, sans attendre de réponse, m’ayant embrassée, elle fila, ma laissant seule avec ce Muddy, et toute surprise de l’avoir entendue me nommer Blanche, comme autrefois.

« Mais je n’eus pas le temps de m’étonner davantage. Muddy m’avait prise par la main,

 

[FIN 2ème colonne]

 

puis, au sortir de Victoria Park, il héla une voiture et je l’entendis crier au cabman :

« - A Charing-Cross !

« Je savais que c’était le nom d’une station de chemin de fer.

« - Quoi, dis-je, nous allons partir tout de suite !

« - N’êtes-vous pas pressée de voir votre oncle !

« - Mais je n’ai pas dit au revoir à missis Shad, ni à mes petites amies…

« - Bah ! fit-il avec un geste d’insouciance.

« - Et ma malle ?

« - Miss Dorothea l’a déjà fait porter à la gare.

« D’ailleurs, nous arrivions à Charing-Cross.

« Là, comme nous pénétrions sur le quai, un grand garçon, qui fumait flegmatiquement sa pipe, s’approcha de nous, et s’adressant à Muddy :

« - C’est là l’objet ? fit-il.

« - Oui.

« - Tout a donc réussi ?

« - Tu vois !

« - Alors embarque.

« Je sus, pendant le voyage, qu’il s’appelait Paddy.

« Il était très gai, et jusqu’à Douvres, il ne fit que plaisanter et que rire.

« A Douvres, notre train s’arrêta tout juste devant le bateau qui devait nous conduire en France, et, nous allions tous les trois franchir la passerelle, quand un vieillard, passant rapidement près de nous, cria distinctement ces paroles à Muddy, sans même le regarder :

« - Les requins sont dans le port de Calais, et malheur aux thons qui s’y égarent ! Mais la passe de Saint-Valéry est libre et d’Hastings le thon va tout droit à Saint-Valéry !

« A ces mots, Muddy et Paddy se regardèrent.

« Puis, ils virèrent les talons, et, au lieu de s’embarquer dans le bateau, ils m’entraînèrent vers la gare, où, une demi-heure après, ils me firent monter dans un train en partance pour Salisbury. Mais ils s’arrêtèrent à Turnbridge, et là prirent un autre train pour Hastings, où nous n’arrivâmes qu’à la nuit.

« Il fallut donc passer la nuit à Hastings, et ce ne fut que le lendemain, après déjeuner, qu’un bateau de pêche nous conduisit à Saint-Valéry.

« Toutes ces hésitations, tous ces changements d’itinéraire n’étaient pas sans me surprendre un peu. Mais j’étais toute à la joie de revoir bientôt mon cher oncle Lolo et j’avais hâte d’arriver à Paris.

« Il fallait encore coucher à Saint-Valéry, car le train pour Paris était parti quand nous débarquâmes ; mais le lendemain, d’assez bonne heure, m’assura Muddy, nous prendrions le train du matin qui nous amènerait à Paris avant midi.

 

(A suivre.)

 

 

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31 août 2012

8 septembre 1912 : pages 6 et 7

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Ah que coucou !

 

Parce que la mise en page de cette histoire reprend exactement les mêmes spécificités que les pages précédentes, je ne vais pas les remettre ici.

 

Voici donc, suite à ma signature, les images et les textes pour que vous puissiez, vous aussi, reconstruire chez vous ces deux nouvelles pages… ;) – oui, oui, les tricheurs qui commencent à affluer ici avec leur clé USB pour copier mon fichier ;) mdrrrrr !! bossez un peu, vous aussi ;) mdrrrrr !!

 

Bisous,

@+

Sab

 

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A01

Au commencement de l’année dernière, une riche Américaine vint commander à une grande modiste de la rue de la Paix des chapeaux garnis d’oiseaux de paradis, pour elle et ses deux filles, qui étaient invitées à assister au couronnement du roi d’Angleterre. La commande était magnifique. Sa cliente partie, Mme Purchic, la modiste, constata qu’elle n’avait qu’une seule plume en magasin

 

A02

Très perplexe, elle ne savait comment elle allait se tirer de cette affaire, lorsque sa première employée, Mlle Lisette Blanchon, s’offrit d’aller en chercher elle-même, au Congo ou ailleurs, s’il le fallait. En trois mois elle était certaine de faire le voyage et de rapporter le stock nécessaire. Lisette était une Parisienne de vingt-trois ans, débrouillarde et d’une bonne santé. Mme Purchic accepta, lui donna de…

 

A03

… l’argent et lui souhaita bonne réussite. Lisette fit rapidement sa valise et prit le train pour Bordeaux où elle s’embarqua pour le Congo. Arrivée à Boma, à l’embouchure du fleuve Congo, elle prit passage sur un petit steamer qui remontait très avant dans l’intérieur du pays. Après dix jours de navigation, elle arriva à Bonga, au confluent de la Sangha. C’était un centre important. Elle le trouva ravagé par une razzia…

 

A04

… opérée il y avait quelques jours par les fameux Makololos, tribu anthropophage, qui avaient tout pillé et emporté une provision de plumes d’oiseaux de paradis recueillies par les habitants du pays. Ces derniers avaient été tués ou emmenés prisonniers, pour être dévorés par les cannibales. L’administrateur s’était enfui à grand’peine et rassemblait des troupes pour châtier les Makololos.

 

A05

Lisette résolut de se rendre chez ces sauvages et de leur acheter directement, à prix d’or, le stock de plumes volées. Comme le steamer continuait son chemin sur le Congo et que les Makololos habitaient les bords de la Sangha, Lisette acheta au capitaine du bateau un canot à pétrole, des vivres et des munitions. Elles avait remarqué à Bonga deux négrillons du même âge, de la même taille et très intelligents.

 

A06

Connaissant la langue et les mœurs du pays, ils devaient lui être utiles. Elle les engagea, mais comme ils étaient difficiles à reconnaître un de l’autre, elle peignit sur l’un des barres horizontales jaunes, et l’appela Caramel ; sur l’autre, des croisillons verts et rouges, et le nomma Berlingot. Puis, très émue, elle fit ses adieux à ses compagnons de route, qui la saluèrent de leurs hourrahs.

 

A07

Caramel tenait la barre du gouvernail, Berlingot surveillait le moteur. Lisette avait revêtu un costume de flanelle blanche et arboré un masque de velours noir pour garantir son visage des atteintes du soleil. Le lendemain de leur départ ils arrivèrent aux approches d’un grand village nègre d’où partaient des cris, des chants ; c’était la capitale des Makololos. Au milieu des cases, sur une place…

 

A08

… une centaine de noirs dansaient, s’agitaient autour d’un grand feu ; ils étaient à la fin d’un banquet où ils avaient mangé des prisonniers. Leur chef, un sorcier recouvert d’un manteau de plumes, de verroteries, semblait présider la fête. Lorsque le canot accosta, il se leva et s’approcha des voyageurs. A la vue de Lisette, le sorcier hésita, puis s’inclina jusqu’à terre avec des marques de profonde vénération…

 

A09

… en l’appelant « Macouba, ololo ». Les noirs accoururent à leur tour et se couchèrent à terre comme pour l’adorer. Caramel dit à Lisette que tous la prenaient pour une divinité redoutable qu’ils priaient de rester parmi eux, dans le grand Temple. Le masque noir les trompait sur son origine. Malgré le danger de la situation, Lisette voulut profiter de la méprise. Elle laissa Berlingot à la garde du canot et se rendit à leur désir.

 

A10

Elle fut conduite en grande pompe, sur un palanquin de bambou doré, jusqu’au Temple. C’était un vaste cube de terre battue et séchée, percé d’étroites fenêtre et entouré d’une épaisse palissade. Au milieu de la cour s’élevait une sorte d’autel surmonté d’un parasol rouge. Lisette vint s’y asseoir, tandis que, cérémonieusement, le sorcier lui mettait sur la tête une…

 

A11

Attention pour le texte : la partie en fin de cellule est manquante… :(

… coiffure de plumes d’oiseaux du paradis. Des
mations saluèrent l’intronisation de la nouvelle
des Makolols. Chacun de ces derniers vint d
à ses pieds son offrande : plumes merveilleuse des oiseaux de paradis, fruits des tropiques, jatte
etc… Comme l’heure de la sieste approcha le sorcier ferma les portes de l’enceinte et tous se r

[image et texte manquant]

 

B

B01

Le négrillon fit le trajet sans difficulté ; les noirs, pendant la grande chaleur, dormaient comme des loirs dans leurs cases. Caramel apporta quatre carabines à répétition et plusieurs centaines de cartouches. Une fois ces munitions rangées à côté d’elle, la porte solidement verrouillée, Lisette se sentit un peu plus rassurée ; elle déjeuna avec son compagnon et dormit quelques heures.

 

B02

Vers le soir, le sorcier demanda à voir Lisette. Il venait la prévenir qu’une grande fête se préparait en son honneur pour le lendemain, qu’un festin y serait donné et que les captifs de Bonga seraient immolés et rôtis sur un signe de la déesse Macouba. Par l’intermédiaire de Caramel la jeune fille fit comprendre au sorcier qu’elle se refusait absolument…

 

B03

… à tout sacrifice humain et qu’elle ordonnait de mettre en liberté les prisonniers en question. Le sorcier, très étonné, l’examinait fixement, le masque noir l’intriguait fortement, il soupçonnait là un subterfuge. Brusquement il s’élança et arracha le frêle objet. A la vue du pâle visage de Lisette, il recula et jeta un cri de triomphe et de haine : « - Malheur à toi…

 

B04

… s’écria-t-il, pour nous avoir trompés et profané le temple de la Divinité ! » Et il se retira en la menaçant encore. Derrière lui, Lisette et Caramel barricadèrent la porte de l’enceinte. Décidemment les affaires tournaient mal, il fallait agir rapidement, Caramel reçut l’ordre d’aller au canot prévenir Berlingot de filer à toute vitesse chercher du secours à la…

 

B05

… première station. Cette commission faite, Caramel devait tâcher de savoir ce qui se passait dans le village nègre. Leste comme un singe, Caramel se glissa au dehors et se faufila à plat ventre dans les buissons ; ses rayures jaunes et noires le faisaient prendre pour un boa et à se vue les indigènes s’écartaient de lui avec terreur. Arrivé à la berge du fleuve, il trouva Berlingot…

 

B06

… en lutte avec des Makololos qui buvaient son pétrole à pleins bidons ; le canot était éventré. Berlingot sauta dans une pirogue et, à l’aide de pagaies, fila rapidement, emporté par le courant descendant. Resté seul, Caramel reprit son chemin à plat ventre et arriva au centre du village. Le sorcier haranguait la foule, lui révélait la présence d’une étrangère dans le Temple et proposait d’y mettre le feu sans délai…

 

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… pour purifier le Temple et anéantir ses hôtes sacrilèges. Il fit entasser des fagots tout autour de la palissade et y mit le feu. Une grande lueur rouge illumina la forêt, un cercle de flammes entouraient le temple. Lisette et Caramel (ce dernier était rentré aussitôt) s’armèrent chacun d’une carabine et attendirent les événements. La palissade brûlée, les noirs, brandissant leurs sagaies, s’avancèrent à l’assaut du Temple.

 

B08

Des coups de feu réguliers les abattaient à chaque pas ; il y en avait déjà une trentaine tués ; les autres, se protégeant des balles par des bourrées de joncs, arrivèrent au mur du Temple et allumèrent ces fagots. Une fumée épaisse pénétra dans l’intérieur, suffoquant Lisette et Caramel, qui se crurent perdus. Tout à coup une fusillade éclata dans le village, les noirs s’enfuirent en hurlant.

 

B09

Une voix bien connue appela Caramel et Lisette. C’était Berlingot, suivi de l’administrateur colonial et de miliciens qu’il avait rencontrés sur la Sangha. Il lui avait raconté l’étrange situation de Lisette et désigné le campement des Makolols. L’administrateur, qui avait à venger l’agression de Bonga, fit forcer la vitesse de sa canonnière et arriva à temps pour sauver les deux prisonniers.

 

B10

Le village fut rasé et le sorcier pendu à un palmier. Les exécutions terminées, tout le monde remonta dans la canonnière et rentra à Bonga. Lisette, qui n’avait pas oublié le but de son voyage, emportait un stock magnifique de plumes. Après deux jours de repos à Bonga, où elle fut fêtée par la colonie européenne, elle reprit un streamer qui descendait à Bona et Libreville. Quinze jours après, elle s’embarquait pour Bordeaux, où elle arrivait trois semaines plus tard…

 

B11

… avec son précieux ballot et ses deux négrillons. A la gare d’Orléans, toute la maison Purchic l’attendait, Mme Purchic en tête, qui l’embrassa avec effusion. Il restait encore dix jours pour confectionner les fameux chapeaux : ils furent livrés en temps voulu et fort admirés à la cour d’Angleterre. Les frais de voyage de Lisette payés, il resta encore un beau bénéfice à Mme Purchic. Quelques mois plus tard, Lisette Blanchon épousait le fils de Mme Purchic…

 

B12

… très heureuse d’avoir pour bru et successeur une jeune fille aussi intelligente qu’énergique et qui apportait comme dot une provision inestimable de plumes d’oiseaux de paradis. Caramel et Berlingot revêtirent l’uniforme rouge et or des grooms et firent l’admiration des passants. Lisette n’oublia pas son masque noir qui l’avait fait prendre pour la déesse Macouba. Elle l’adopta comme enseigne de son magasin, surmonté d’une belle couronne de plumes d’oiseaux de paradis.

30 août 2012

Mythes et Légendes de la Grèce antique : Orphée

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Ah que coucou !

 

Aujourd’hui, pour nous reposer un peu, je vous propose le mythe grec Orphée, traduit du Grec par Eduard Petiška.

 

Orphée

 

Dans une région de Grèce appelée la Thrace vivait, il y a très longtemps, un fameux aède : Orphée. Il accompagnait avec une lyre et chantait si merveilleusement que personne ne pouvait résister à sa musique. Les oiseaux eux-mêmes l’écoutaient en silence et les animaux quittaient la forêt pour le suivre. Le loup trottait à côté de l’agneau, le renard suivait le lièvre, sans qu’aucun animal cherchât querelle à un autre. Même les serpents quittaient leurs trous et les pierres s’écartaient pour faire un chemin devant Orphée. Ses chansons arrêtaient le cours des rivières et les poissons sortaient de l’eau pour l’écouter…

Les hommes riaient ou pleuraient, selon que le chant était gai ou triste. Ils oubliaient tous leurs soucis. Les dieux, attirés eux aussi par la voix d’Orphée, se rendaient en suivant la Voie Lactée aux endroits où il chantait.

De même les naïades quittèrent les vagues dès qu’elles entendirent les sons mélodieux. Orphée tomba amoureux de l’une d’elles, l’emmena avec lui et l’épousa. La nymphe Eurydice était aussi jolie que ses chansons et pendant quelques temps ils vécurent très heureux. Un jour, Orphée dut s’absenter et Eurydice resta seule. Dans sa solitude lui vint la nostalgie des prairies vertes et douces où murmuraient les rivières et les sources. Là-bas, dans les eaux scintillantes, vivaient ses sœurs les naïades. Eurydice pensait souvent à elles ; aussi décida-t-elle de leur rendre visite. Elle partit en courant chez elle, tant elle était pressée de les surprendre. Elle se hâtait par les raccourcis quand, soudain, elle ressentit une douleur aiguë au pied, qui inonda bientôt tout son corps. A terre, elle aperçut un serpent venimeux qui rampait dans l’herbe. Elle tomba évanouie dans l’herbe. La morsure était mortelle, son cœur cessa de battre. Eurydice était morte, et ni les pleurs de ses sœurs, ni le désespoir d’Orphée, qui était accouru, ne purent la ramener à la vie.

Orphée enterra Eurydice, et, avec elle, toutes les chansons gaies. Tristement il erra par le monde, et ceux qui écoutaient ses nouvelles paroles avaient le visage ruisselant de larmes. , Les feuilles des arbres soupiraient et les bêtes sauvages, les yeux humides, sortaient des profondeurs des forêts

Orphée ne trouva la paix nulle part sur terre : il ne cessait de penser à Eurydice et à la joie qu’il avait perdue. Le temps n’adoucissait pas sa peine. Aussi, après sa longue marche, il décida de descendre sous terre, dans le monde inférieur où s’étendait l’ombre de la mort. Le dieu Hadès et sa femme Perséphone gouvernaient ce royaume des âmes des défunts. Orphée voulait convaincre les dieux des Enfers de lui rendre son Eurydice, de lui permettre d’enfreindre la loi de la mort en la laissant revivre sur terre.

Il marcha vers l’Ouest, car c’était là que se trouvait, cachée sous de noirs rochers, l’entrée du royaume. Il s’avançait inlassablement, mais, ne trouvant rien, crut avoir perdu son chemin et se mit à chanter tristement son amour pour Eurydice.

Les arbres eux-mêmes furent émus : ils lui montrèrent le chemin avec leurs branches et l’herbe, saisie de pitié, courba ses brins dans la direction du monde des ténèbres.

 

Enfin, Orphée vit une rangée de cyprès immobiles et un amoncellement de noirs rochers disparaissant presque dans un épais brouillard gris. Il pénétra dans ce nuage de mort. Soudain, trois paires d’yeux flamboyants scintillèrent devant lui et un aboiement sauvage retentit. C’était Cerbère, le chien à trois têtes, l’effrayant gardien des portes du royaume, capable de reconnaître l’odeur des vivants. Orphée se mit à chanter et les trois gueules ensanglantées se turent. Le gigantesque chien se coucha et laissa passer Orphée. Tout en chantant, celui-ci descendit un sentier escarpé, évitant les endroits d’où jaillissaient des flammes, bien qu’en l’entendant les flammes elles-mêmes se soient raidies et aient perdu de leur éclat.

L’intrépide voyageur se joignit à la foule silencieuse des ombres qui se pressaient sur les rives du Styx. Bientôt apparut la barque menée par le vieux Charon pour faire traverser le fleuve aux silhouettes grises. Orphée sauta à leur suite dans le bateau, mais Charon l’aperçut et refusa de l’emmener sur l’autre rive. Le malheureux Orphée se mit à chanter et fit pleurer le vieux rocher qui ne put se résoudre à l’abandonner. La barque fit la traversée et les âmes des morts allèrent se faire juger. Orphée, lui, partit à la recherche du roi du monde des profondeurs.

Il traversa une prairie hantée par les ombres de ceux qui, durant leur vie, n’avaient été ni bons ni mauvais ; il vit la région bénie des champs Elysées où se réjouissaient les âmes des hommes de bien, et il finit par arriver dans le lugubre Tartare. Les morts s’y repentaient de leurs mauvaises actions dans la souffrance et la torture. Sur le passage d’Orphée, la douleur disparaissait au son de sa voix. Les âmes tourmentées oubliaient leur peine en écoutant son chant. L’ombre du roi Tantale ne pensait plus à l’éternelle faim et à l’éternelle soif auxquelles les dieux l’avaient condamné. Celle de Sisyphe se reposait un moment de son vain travail, qui était de pousser un rocher au sommet d’une colline pour la voir ensuite dévaler la pente… et recommencer éternellement.

Au milieu de ce royaume, assis sur un trône noir, on pouvait voir le roi du monde souterrain, l’impitoyable Hadès. Ses cheveux noirs tombaient sur son front et ses yeux froids brillaient dans sa figure blanche. Perséphone était à ses côtés, sa face blanche émergeant d’un vêtement noir, telle la lune pâle qui apparaît derrière un nuage. Cette vision fit trembler Orphée, mais son amour fut plus fort que sa peur et il se mit à chanter devant les souverains.

Il raconta son amour pour Eurydice et la mort qui l’avait fauchée en pleine jeunesse ; il dit sa peine et son immense chagrin, puis supplia les dieux de lui rendre sa femme. De toutes manières, nul n’échappe au dernier voyage, et ils reviendraient un jour, ensemble, au royaume des morts.

Emus, Hadès et Perséphone écoutèrent son chant.

« J’exaucerai ton vœux », dit le roi, quand Orphée eut fini de chanter. « Eurydice peut retourner parmi les vivants. Mais ne te retourne pas pour voir ta femme tant que tu n’auras pas quitté le royaume des ombres. Si tu la regardes avant d’atteindre la surface, elle retournera dans les ténèbres et disparaîtra pour toujours. »

Orphée remercia chaleureusement, et, sur l’ordre du dieu Hadès, l’ombre d’Eurydice s’approcha doucement pour suivre son mari.

Ils empruntèrent le sentier qui accédait à la terre et remontèrent dans la barque de Charon pour traverser le Styx.

Tous deux, ils s’avancèrent à travers une zone où régnait un silence impressionnant. Orphée marchait devant, essayant d’entendre les pas d’Eurydice. Comme il ne pouvait percevoir aucun bruit, il fut saisi d’une crainte terrible. Il pensa qu’Eurydice avait pu tomber, qu’elle avait pu perdre son chemin ou avoir été frappée par un diabolique coup du sort.

Tout à sa peur, Orphée oublia sa promesse et se retourna. L’image d’Eurydice se brouilla devant ses yeux et sa femme bien-aimée mourut une seconde fois. Comme un dernier baiser, une brise légère toucha le front d’Orphée, le laissant pétrifié d’horreur, tout seul sur le sentier, entouré de silence. Le désespoir submergea Orphée, il courut comme un fou au bas du sentier en appelant Eurydice. Mais ce fut en vain, cette fois, qu’il supplia le rocher de lui faire traverser le fleuve.

Pendant sept jours, Orphée erra le long du Styx, espérant pénétrer encore dans le royaume des morts. Sept jours, il vécut de ses seules larmes ; en vain. Tristement il revint sur terre et se réfugia dans une région montagneuse désolée. Il chanta son malheur aux rochers et au vent. Les arbres des vallées l’entendirent et se mirent en mouvement au son de sa voix. Avant qu’il ait fini, un épais buisson l’entourait. La nudité de la montagne s’était recouverte du vert des fourrés, et des oiseaux sauvages, suivis d’autres animaux, élisaient domiciles dans la nouvelle forêt. Sa chanson atteignait même, grâce au vent, les habitations des hommes, qui, l’entendant, l’écoutaient avec sympathie.

Pendant ce temps, un groupe de Ménades, prêtresse de Dionysos, dieu du vin et de la vigne, se promenaient à travers la campagne. Ivres et à moitié folles, ces femmes surgirent dans le bosquet où Orphée exhalait sa plainte. Ses lamentations mirent en colère les exubérantes prêtresses, et l’une d’elles lui jeta son thyrse, bâton entouré de feuilles de vigne, tandis qu’une autre le visait avec une pierre.

Mais ni le thyrse ni la pierre n’atteignirent l’aède. Saisies de frénésie, les Ménades se mirent l’une après l’autre à ramasser et à lui jeter des pierres, et sous leurs cris la chanson d’Orphée faiblit. C’est seulement alors que les pierres atteignirent leur cible, prenant la couleur de son sang. Il cessa de chanter et il cessa de vivre. Quant aux Ménades, tout à leur œuvre démoniaque, elles massacrèrent aussi les animaux, encore sous le charme, qui entouraient Orphée.

L’annonce de la mort d’Orphée se répandit partout. Non seulement les hommes mais toute la nature furent en deuil. Les arbres perdirent leurs feuilles en témoignage de leur peine, les rochers pleurèrent et le niveau des eaux monta à cause de toutes les larmes versées. Les nymphes des forêts et des eaux dénouèrent leurs cheveux et mirent des vêtements noirs.

L’âme d’Orphée descendit dans le royaume des ténèbres. Cette fois, Charon ne lui refusa pas le passage. L’ombre d’Orphée rejoignait celle des autres morts. Orphée reconnut de loin son Eurydice et se hâta à sa rencontre. Il pourrait maintenant la regarder et même se retourner pour l’admirer : elle ne disparaîtrait plus.

Le dieu Dionysos ne laissa pas ce crime impuni. Il changea les jambes des Ménades en racines, leurs corps en troncs d’arbres et leurs branches furent à jamais secouées par le vent.

Les Muses, déesse de l’art et de la sagesse, enterrèrent le corps d’Orphée. Sa tête, arrachée par les Ménades, flotta avec sa lyre au fil des eaux du fleuve Hebros jusqu’à la mer, où elle atteignit l’île de Lesbos.

Depuis ce jour, les rossignols y chantent le plus merveilleusement du monde et l’île a vu naître des aèdes renommés ainsi que la fameuse poétesse Sapho. Comme elle descendait le cours de la rivière, la lyre d’Orphée continuait à jouer doucement et sa tête murmurait une chanson dont, pour la dernière fois, les eaux et les rives se faisaient l’écho.

C’est ainsi qu’aujourd’hui encore les rivières gardent le souvenir d’Orphée et chantent sa chanson.

 

Que nous apprend ce mythe ?

Une première chose, nous y trouvons la description de l’Après-Mort (les âmes des défunts empruntent la barque pour traverser le Styx afin d’être jugé devant le tribunal – ça ne vous rappelle pas quelque chose ;) ? – après le jugement les âmes vont soit au Paradis représenté par les Champs Elysées, soit dans une zone neutre représentée par une prairie, soit aux enfers où les âmes sont tourmentées.) où les défunts sont regroupés dans un royaume interdit aux vivants et dont les portes sont non seulement dissimulés aux Hommes mais aussi gardées par un énorme chien à 3 têtes.

Seconde chose, nous apprenons aussi quelles étaient la réputation des prêtresses du dieu du vin, assez mauvaise ma foi (« ivres et un peu folles »)

Et pour finir ce mythe nous enseigne que retrouver un mort, le plus simple, est d’être soi-même décédé… Attention, on ne vante pas dans ce mythe le suicide, mais plutôt on cherche ici à consoler ceux qui ont perdu un être cher en l’informant qu’une fois mort, il reverra ceux qu’il aime…

 

Bisous,

@+

Sab

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29 août 2012

Thomas Mann : Tristan

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Ah que coucou !

 

Aujourd’hui je vous propose de changer un peu de langue et de pratiquer votre allemand en lisant cette splendide nouvelle écrite par Thomas Mann en 1903 :

 

Tristan

accessible au téléchargement et/ou lecture en cliquant ici

Format : pdf

(logiciel fourni gratuitement par Adobe)

Langue : Allemand

 

Vous connaissez tous cette histoire médiévale de Tristan & Iseult… eh bien cette histoire a inspiré Thomas Mann pour écrire ce livre (d’où le titre : Tristan). Ne vous attendez pas à du plagiat, ni à une adaptation plus moderne, mais à une réflexion sur les sentiments humains. Nous y voyons l’amour (Spinell & Gabriele, sans toutefois qu’on sache si Gabriele aimait Spinell aussi) et la haine (Spinell & Klöterjahn, époux de Gabriele).

 

Cette histoire se situe dans le sanatorium ‘Einfried’ dirigé par le docteur Leander où sont soignées différentes personnes (on y trouve un général, un écrivain, …) souffrant de maladies différentes (souvent d’origine nerveuse). Dans cet établissement arrive un jour une jeune femme très belle amenée par Mr Klöterjahn que Spinell remarque tout de suite. En liant connaissance avec elle, il apprend qu’elle se nomme Gabriele Eckhof, qu’elle est l’épouse de Klöterjahn avec lequel elle a eu un fils : Anton…

Gabriele est si malade qu’on rappelle son mari à son chevet et… je vous laisse découvrir la suite de cette nouvelle ;)

 

Au cas où vous ignoreriez qui est ce célèbre écrivain du 20e siècle, je vous propose de lire la présentation qu’il a faite en 1929 quand il a reçu le prix Nobel de la littérature (en cliquant ici), à condition que vous ayez révisé votre anglais avant… eh oui… Pour recevoir ce célèbre prix, il faut se présenter… en anglais ;) !!

 

Bonne lecture !

 

Bisous,

@+

Sab

28 août 2012

Arthur Conan Doyle : The Adventure of the Dying Detective

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Ah que coucou !

 

Voici une nouvelle aventure de notre héro anglais : Sherlock Holmes tirée de l’ouvrage écrit par Sir Arthur Conan Doyle His last Bow (traduit en français par Son dernier coup)

 

The Adventure of the Dying Detective

Accessible à la lecture et/ou téléchargement en cliquant ici

Format : pdf

(logiciel fourni gratuitement par Adobe)

Langue : Anglais

 

Dans cette aventure nous voyons Sherlock Holmes agonisé suite à une maladie asiatique qu’il aurait attrapée lors d’une enquête sur les docks londoniens. Un seul homme, dans tout Londres, est susceptible de sauver la vie de notre héro. Cet homme n’est nullement médecin mais propriétaire d’une plantation qui, par obligation, fait des recherches sur des microbes qui ont ravagé ses plantations… Mr Culverton Smith – c’est son nom – arrive tout de suite au chevet de Sherlock Holmes quand il apprend, de la bouche du Dr Watson lui-même, que le plus brillant des détectives l’appelle à l’aide. Parviendra-t-il à diagnostiquer cette maladie que Holmes soupçonne être rare et mortelle ? Arrivera-t-il à temps pour sauver Holmes ? et Holmes parviendra-t-il a reprendre l’enquête sur laquelle il était pour aider son ami l’inspecteur Morton ? Le responsable de la mort de Victor Savage pourra-t-il être attrapé et puni avant qu’Holmes ne meurt ? Vous le saurez en lisant cette courte nouvelle palpitante.

Bonne lecture !

 

Bisous,

@+

Sab

 

 

 

Sherlock-

Holmes

26 août 2012

8 septembre 1912 : page 5

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Ah que coucou !:

 

Comme vous le lirez, nous abordons ici la partie scientifique de l’illustré où vous vous apercevrez que nos connaissances concernant ces 3 domaines n’ont pas énormément évolué car on ne narre là qu’une explication de base pour jeunes enfants français ;) mdrrrr ! et comme les bases n’ont pas changé ;) mdrrrr !!! nous avons donc cette impression de non avancée scientifique depuis le siècle dernier ;)…

 

Mais comme vous le constatez, avec cette page, les difficultés commencent réellement car de nombreux passages se sont retrouvés déchirés et ont disparus de l’illustré, de plus et cela malgré que nous adoptions les mêmes dimensions de page, nous voilà à devoir redimensionner les images (le type de caractères n’étant pas celui utilisé en 1912 et les obligations du logiciel de traitement de textes nous forçant à adopter une certaine technique qui ne nous permet pas entièrement de reproduire la mise en page originale.

 

Comme vous le constatez ci-dessus, je n’ai pas pu adopter le système de tableau à plusieurs colonnes qui ne permettait pas une aisance suffisante pour refaire au plus identique possible la mise en page telle qu’elle l’avait été faite en 1912… Non, il a fallu jongler avec les insertions de « zone de texte » pour pouvoir insérer les images et donner à nouveau cette impression qu’elles sont inclues dans le texte… Il a fallut aussi insérer des formes existantes, etc. et tout ceci en jonglant avec le format paragraphe pour les marges… Toutefois, je suis parvenue à respecter l’équilibre de la mise en page (ce n’est qu’avec les dimensions des images qu’il y a un ‘hic !’).

 

Bref, pour ceux qui veulent refaire la mise en page :

 

AMUSEZ-VOUS BIEN ! mdrrrr !!

 

Et désolée, mais cette fois-ci je ne peux pas trop vous dire comment vous en sortir, because : nous n’avons pas tous les mêmes logiciels de traitements de texte !

Quoi qu’il en soit je vous souhaite bon courage !!

 

Maintenant question comment vous permettre d’avoir le texte et les images ? Et bien je vais mettre au-dessous de ma signature tout le texte accompagné à la fin par les images qui lui sont liées. A vous de refaire le puzzle ;) !

 

Bisous,

@+

Sab

PS : quant à la page 8 et 9, je n’ai pas encore découvert comment il fallait que je m’y prenne… mais je finirai par trouver ;) !!

 

2012-08-25-1

Le grillon thermomètre.

 

Parmi les insectes, l’un des ordres renfermant la plus grande variété de types est celui des « orthoptères », qui comprend, depuis les lépismes, fléau des bibliothèques où ils rongent les feuillets, jusqu’aux gracieuses libellules.

L’entomologie assure que cette famille ne compte aucun représentant utile, et que, par contre, on y trouve les insectes les plus nuisibles, notamment les sauterelles et les criquets dont les ravages annuels sont considérables.

Parmi les variétés des orthoptères, le groupe des grillidés présent une particularité curieuse : celle de produire un bruit très caractéristique appelé stridulation, en frottant leurs élytres l’une contre l’autre.

Les cigales, qui appartiennent à la famille des hémiptères, possèdent, elles aussi, un puissant appareil stridulatoire, mais qui consiste dans un appendice styliforme faisant vibrer une membrane tendue à la base de l’abdomen de l’insecte, et que l’on appelle timbale.

Chose curieuse, on a observé que le cri des grillons était soumis à un rythme régulier, et que ceux-ci accordaient synchroniquement leur chant d’un bout à l’autre d’un pays, comme obéissant au bâton de mesure d’un chef d’orchestre invisible.

Mais ce qui est le plus étrange encore, c’est que le rythme de cette chanson, paraît-il, varie selon la température et que le nombre des manifestations sonores du grillon est, ainsi qu’on l’a constaté, en raison directe de l’élévation de la température.

A 15 degré le nombre de ses stridulations est environ de 80 par 120, et chaque élévation de un degré correspond à une accélération de 4 cris. C’est ainsi qu’un observateur, possédant une oreille suffisamment musicale, pourrait mesurer la température rien qu’en écoutant chanter les grillons

 

2012-08-25-2

Les cailloux du ciel

 

 

Les anciens considéraient les météorites comme des pierres tombées de la lune et la science nia pendant longtemps leur origine. Ce n’est guère qu’à la fin du XVIIIe siècle, grâce à Laplace et à Schiaparelli, que l’on commença à se faire des idées justes sur les origines des météores.

Ceux-ci sont constitués, disent les savants, par les infinités de débris planétaires circulant autour du soleil et qui en pénétrant dans notre atmosphère, s’échappent et se précipitent à la surface de notre globe, soit isolément, soit en pluie, comme par exemple en 1803 à Laigle (Orne) où les météorites tombèrent au nombre de plusieurs milliers dans un rayon de 12 kilomètres.

Récemment, dans une de ses séances, l’Académie des sciences examina des météorites provenant d’une pluie de ce genre, ayant eu lieu en Egypte au moi de [texte manquant] l’an dernier.

 

[texte manquant]

Fin partie gauche

 

ne et sa composition était de 92% de fer et de 80% de nickel.

En arrivant sur le sol groenlandais il avait fait un tel trou dans la terre qu’il fallut employer des vérins hydrauliques pour l’arracher de cette alvéole, et construire un plan incliné pour l’amener à bord du navire Peary.

On s’imagine ce que pourrait produire une pluie de tels cailloux tombant sur une grande cité !

 

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Peinture japonaise

 

Si l’extraordinaire évolution du Japon est toute moderne, et si son rang parmi les nations dites civilisées, tant au point de vue industriel que militaire, date d’hier, il y a plusieurs siècles qu’il peut être regardé comme l’un des berceaux de l’art extrême-oriental.

Dérivé de l’art chinois, il prit peu à peu son caractère puisant son inspiration dans l’observation et l’étude de la nature sous ses formes infinies, tandis que le premier devenait surtout imaginatif et traditionnel.

Un sens étonnant de l’harmonie des lignes et des couleurs fit des Japonais les premiers décorateurs du monde, mais à côté de cela ils sont aussi de merveilleux peintres, ou plutôt dessinateurs, car leur art synthétique s’exprime surtout par le trait et leur peinture consiste en teintes légères d’aquarelle, qui laissent à celui-ci toute sa puissance expressive.

Dès le VIIIe siècle et jusqu’au Xe, sous la période des Foujiwara, il y eut au Japon toute une série d’artistes dont Ros Kanaoka fut la plus remarquable. Mais le grand élan artistique se produisit surtout au XVe siècle avec la période des Askikaga. L’un des plus fameux dessinateurs d’alors fut Kano Motonobon. L’école des Kano s’opposa à l’école de Tosa qui faisait de la peinture japonaise une sorte de miniature rappelant l’art chinois ; le coup de pinceau devint plus libre et plus large, le dessin se transforma en une notation étonnante de la nature à la fois simple ou vivante, qui aboutit aux chefs-d’œuvre d’une suite d’admirables artitstes tels que Souke-Kobon, Hok-Ki, Outamaro et Okousaï.

Les artistes japonais modernes ont gardé les traditions de leurs ancêtres et les peintres du Mikado ont une manière tout à fait originale d’enseigner les secrets de leur art.

Une Italienne passionnée pour la peinture, profitant d’un séjour qu’elle faisait au Japon, demanda à prendre quelques leçons à l’un des artistes les plus réputés du pays.

Celui-ci consentit à lui donner trois leçons :

La première fut pour ainsi dire psychologique. Le professeur parla à son élève de l’état d’esprit où elle devait se mettre pour se préparer à peindre. Il parait qu’on doit avoir l’âme allègre et pleine de confiance.

La deuxième leçon porta sur la façon de respirer : pendant le travail on doit faire des inspirations et des expirations lentes et prolongées, on arrive ainsi à avoir la main sûre et à dessiner des lignes nettes.

Enfin à la troisième, le maître conduisit son élève devant un bambin, l’engagea à l’observer attentivement puis à reproduire ses traits de mémoire.

« Il faut, ajouta-t-il, continuer à observer d’abord, à reproduire ensuite de mémoire. C’est ainsi qu’on devient peintre. »

 

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25 août 2012

8 septembre 1912 : Page 4

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Ah que coucou !

 

Ci-dessus la copie écran de la page 4 de ce numéro. Pour recréer cette page vous constatez qu’il s’agit d’un tableau à 3 colonnes et à 9 lignes dont la première les 3 cellules ont été fusionnées en une seule. La police et les marges des cellules sont les mêmes que pour les pages précédentes, seul changement : la hauteur des images… en effet, pour que tout tienne sur une unique page, comme cela l’est pour l’original, il a fallu que je réduise les images à 5,2 cm et non 7 cm comme pour les pages précédente.

 

Sous ma signature, vous trouvez les images à télécharger et les textes à copier pour ceux qui veulent recréer ce numéro chez eux…

 

Bisous,

@+

Sab

 

 

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Les frères Jean et Jacques Belling étaient des savants. Tout entiers à leurs recherches scientifiques ils avaient toujours vécu dans un complet isolement. Aussi, en dehors du monde savant, leur nom était peu connu. Tout naturellement, ils étaient restés célibataire, mais comme ils avaient un excellent cœur, ils reportaient tous leurs trésors d’affection sur leur nièce, la charmante Wilhelmine.

 

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Wilhelmine, qui était demoiselle d’honneur de la reine, était fiancée au jeune Van der Cools, de la garde royale. Malheureusement, un garde du roi ne pouvait épouser qu’une femme apportant la dot réglementaire de 30,000 francs et les oncles de Wilhelmine étaient bien loi, hélas ! de posséder cette somme. Le premier ministre, le baron Olms, séduit par la grâce de Wilhelmine, lui avait offert son nom, mais un refus catégorique lui avait enlevé toute espérance. Courroucé de se voir dédaigné, lui, le puissant du royaume, il avait juré de se venger.

 

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Le bibliothécaire royal vint à mourir. Pour la première fois de sa vie, Jean Belling, un peu moins timide que son frère, mais auquel cependant l’esprit d’intrigue manquait totalement, pensa à solliciter cet emploi. Ayant endossé son plus bel habit, mais fort peu rassuré, il se dirigea vers le palais royal, afin d’obtenir une audience du premier ministre.

 

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Arrivé au palais, le grand chambellan, qui le connaissait, l’introduisit dans un salon, en le priant d’attendre. Mais après un long moment, absorbé par ses pensées scientifiques, le vieux savant se leva et traversa machinalement plusieurs salles. Il se trouva alors, sans s’en douter, à côté du cabinet ministériel, dans lequel, à ce moment, le roi et le baron Olms avaient un entretien très animé.

 

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Il s’agissait, en effet, d’un secret d’Etat de la plus haute importance. Soudain, la conférence fut interrompue par un bruit venant du salon. « Il y a quelqu’un là ? On nous écoutait ! » s’écria le baron en ouvrant. Il aperçut alors Belling plongé dans ses réflexions. « C’est le diable qui me l’amène, se dit-il, je tiens ma vengeance. »

 

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« Que faisiez-vous là ? cria-t-il au savant ; vous nous espionnez ! – Cet homme n’a guère la mine d’un conspirateur, fit le roi. Quel intérêt aurait-il à nous espionner ? Ne pourrait-on pas l’interroger ? – Sire, quand il s’agit d’un secret d’Etat, n’importe qui devient suspect. Cet homme a pu entendre et être à présent maître de notre secret. Je dois ordonner son arrestation. »

 

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Il sonna, un laquais parut, sortit et rentra aussitôt suivi de plusieurs gardes. « Que l’on conduise cet homme à la forteresse, commanda le baron, et que l’on veille sur lui étroitement. – Soit, ajouta le roi ; mais je veux qu’on ait pour lui les plus grands égards. » Complètement stupéfait par la rapidité et l’imprévu de cette scène, le pauvre vieux savant fut emmené avant qu’il eût esquissé la moindre protestation.

 

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Ayant appris cette arrestation, Jacques Belling vint voir son frère, qui lui assura ne pouvoir s’expliquer son emprissonnement. Jacques lui promit de s’informer, mais quand il se présenta pour sortir de la forteresse, on lui répondit qu’il était prisonnier lui-même, par cette seule raison qu’ayant communiqué avec son frère, il pouvait avoir connaissance du secret d’Etat. Le même sort fur réservé à Van der Cools qui alla rendre visite aux deux savants.

 

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Wilhelmine, en apprenant la cause de la captivité de son oncle, se mit à la recherche du roi, qu’elle trouva précisément dans le salon où avait eu lieu l’arrestation. « Sire, dit-elle, est-on certain que mon oncle ait pu entendre votre conversation avec M. Olms ? – Mademoiselle, j’avoue n’avoir aucune certititude. C’est mon ministre qui a prétendu… - Sire, permettez-moi d’expérimenter immédiatement si l’on peut entendre d’une pièce à l’autre ? – Oui, mademoiselle.

 

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- Sire, reprit-elle à voix haute, je viens vous apprendre qu’une bande d’anarchiste vient de détruire complètement la demeure de M. Olms, et l’on dit que des fanatiques guettent sa sortie du palais, pour l’assassiner. » Comme Wilhelmine faisait signe au roi que de tout cela rien n’était vrai, la porte du cabinet ministériel s’ouvrit et le baron parut. L’aspect fort calme du ministre indiquait clairement qu’il n’avait rien entendu des terribles nouvelles le concernant.

 

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« M. Olms, dit le roi, vous n’avez rien entendu de ce que vient de dire mademoiselle ? – Mais non… sire… - Parfait ! Sachez que votre réponse prouve l’innocence de M. Belling, votre victime ! Allez, monsieur, et attendez mes ordres. Demain, nous reparlerons de votre rôle dans cette affaire, rôle qui me paraît fort louche ! »

 

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Le roi se fit amener les trois prisonniers et ayant appris que le vieux savant était venu au palais pour solliciter la place de bibliothécaire, il le nomma sur-le-champ à ce poste. Et voulant faire oublier tout à fait le vilain rôle de son ministre, il dota royalement la charmante fiancée du jeune Van der Cools.

22 août 2012

Mythes et Légendes de la Grèce antique : Phaéton

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Illustration réalisée par :

Zdeněk Sklenář

 

 

 

Ah que coucou !

 

Aujourd’hui, pour nous reposer un peu, je vous propose le mythe grec Phaéton, traduit du Grec par Eduard Petiška.

 

Phaéton

 

Un jour, le jeune Phaéton accourut en larmes vers sa mère.

« Personne ne veut croire que mon père est un dieu », sanglotait-il, « les garçons avec qui je joue se moquent de moi en disant que je me vante ».

Sa mère l’embrassa et le consola :

« Mon petit garçon, ton père est vraiment un dieu. Regarde le ciel. Ce soleil éblouissant et brûlant qui l’illumine, c’est ton père. Il te voit jouer et nager dans la rivière, il voit tout ce qui se passe sur la terre. Ton père est Hélios, le dieu Soleil ».

Phaéton regarda le ciel et eut envie de rejoindre son père.

« Je vais le voir », dit-il à sa mère, « j’ai envie de connaître mon père ».

Sa mère ne le lui interdit pas.

« Va, » dit-elle en lui caressant les cheveux, « il sera sûrement heureux de te voir. Tu dois aller droit vers l’est jusqu’à un grand rocher. Un sentier grimpe au flanc du rocher et, tout au bout de ce sentier, dominant le ravin, est bâti le palais de ton père, Hélios. »

L’impatient Phaéton se prépara bien vite à ce voyage. Il marcha inlassablement vers l’est, et parvint au grand rocher. Le palais du dieu Soleil brillait au loin et les colonnes d’or qui le supportaient s’embrassaient dans le ciel. Les doubles barrières qui, forgées dans des rayons d’argent, se dressaient devant le palais étaient éclairées pour accueillir Phaéton bien que, en vas, sur la terre, la nuit soit tombée depuis longtemps déjà.

Phaéton entra, mais dut bientôt s’arrêter et fermer les yeux, tant la lumière était éblouissante.

Au milieu de la galerie était assis le dieu Hélios lui-même, sur un trône serti de pierres précieuses. Les Heures, les Jours, les Mois, les Années et les Siècles l’entouraient. Lorsque les yeux de Phaéton se furent accoutumés à tant d’éclat, il distingua d’étranges silhouettes derrière le trône de son père. Il y avait le jeune Printemps avec une guirlande dans les cheveux, l’Eté avec une couronne d’épis de blé, l’Automne à la robe maculée de jus de raisin et l’Hiver avec ses cheveux gris ébouriffés. C’est alors que la voix du dieu Hélios retentit dans le palais :

« Sois le bienvenu, mon fils Phaéton. Pourquoi as-tu fait tout ce chemin pour me voir ? »

Phaéton surmonta sa timidité et s’avança bravement en face de son père.

« Sur terre, les hommes se moquent de moi, ils disent que je mens et que je me vante et que mon père n’est pas un dieu. Peux-tu, s’il te plaît, montrer vraiment à tous que je suis ton fils ? »

Hélios rejeta les rayons étincelants qui entouraient sa tête et, attirant Phaéton, l’embrassa et lui dit :

« Tu es mon fils, Phaéton, et je veux te le prouver. Demande-moi n’importe quoi et je te l’accorderai ».

Phaéton sourit fièrement.

« Je sais que tu conduis chaque jour à travers le ciel, de l’Est à l’Ouest, un char d’or tiré par des chevaux extraordinaires. J’aimerais, juste un fois, le conduire moi-même ». Hélios s’effraya et regretta sa promesse. Il essaya de raisonner son fils :

« Demande-moi autre chose. Tu es jeune et ne peux tenir les rênes des coursiers sauvages. Le voyage du char est périlleux. Le matin, il s’élève tout droit vers le ciel et lorsqu’il est tout en haut, même moi je me sens étourdi par la hauteur du midi. Puis le sentier descend à pic vers la mer. Il faut une main très forte pour éviter que le char, le conducteur et les chevaux aillent se jeter la tête la première dans les profondeurs ».

Malgré tous ces arguments, Hélios ne put dissuader Phaéton, trop impatient de montrer à ses amis et à tout le monde qu’il était le fils du dieu. Hélios dut se résoudre à tenir sa promesse.

Avec un soupir, le dieu mit son bras autour des épaules de son fils et le conduisit vers le char doré qui envoyait ses rayons dans toutes les directions.

Pendant que Phaéton s’émerveillait, l’Etoile du matin ouvrait les barrières pourpres de l’Est et montrait des salles pleines de roses. La Nuit s’envolait devant le ciel rougissant et le moment approchait d’atteler les coursiers impétueux.

Le dieu Soleil mit un onguent magique sur les joues de Phaéton pour le protéger de la chaleur et lui donna ce dernier conseil :

« Mon cher fils, puisque rien ne peut te dissuader d’entreprendre ce périlleux voyage, aie au moins la prudence de ne pas emmener le char trop haut, pour ne pas brûler les cieux, ou trop bas, pour ne pas consumer la terre. N’utilise pas le fouet : les chevaux galopent d’eux-mêmes. Tu trouveras facilement le chemin d’après les traces de mes roues : suis-les. »

Phaéton acquiesça, bien qu’il écoutât à peine les paroles de son père. Il sauta dans le char, prit les rênes et partit au galop. L’équipage étincelant s’enleva dans les airs à travers le brouillard. Au début, les chevaux suivirent le chemin habituel. Les cheveux de Phaéton voltigeaient autour de sa tête. Puis les coursiers s’aperçurent qu’ils étaient conduits par une main étrangère et malhabile et que le char était plus léger que d’habitude. Ils se secouèrent de façon à faire lâcher prise à leur jeune maître et quittèrent le sentier. Le char vacilla tandis qu’ils se précipitaient où bon leur semblait. Terrifié, Phaéton regarda la terre du haut des cieux. Loin au-dessous de lui, il vit les montagnes, les rivières et les villes qu’illuminait son char. Il trembla et fut saisi de vertige. Les rênes glissèrent de ses doigts et se mirent à flotter librement sur le dos des chevaux. Ceux-ci se cabrèrent et se précipitèrent vers les étoiles, puis ils traversèrent les nuages en direction de la terre. Lorsque le char fut près du sol, celui-ci devint aussitôt aride et des flammes s’élevèrent. L’argile se fissura, provoquant l’inquiétude du roi des profondeurs, surpris de voir la lumière violer son royaume de ténèbres infinies. L’herbe, le blé, les arbres, tout était en feu et les villes n’étaient plus qu’un monceau de cendres. Les rivières sifflèrent et s’évaporèrent, les montages rougirent avant de s’écrouler, en cendres. Les poumons et la bouche irrités par l’air chaud, Phaéton comprit sa faute, tandis que sous lui le char rougeoyait. En Afrique, où l’attelage frôla la terre, la peau des nations entières noircit et d’immenses déserts se formaient. La mer elle-même se mit à bouillir et les poissons durent se réfugier dans les profondeurs. La terre torturée supplia Zeus d’arrêter ses souffrances et Zeus l’exauça en précipitant la foudre sous Phaéton. Les chevaux s’échappèrent de l’attelage et se jetèrent de côté, tandis que le char allait s’écraser dans la direction opposée. Quant à Phaéton, il fit une chute vertigineuse à travers l’espace brûlant et alla s’écraser à terre, sans vie.

Quelques nymphes des eaux trouvèrent son corps et l’enterrèrent. Accablé de chagrin, son père Hélios se voila la face et, au milieu du jour, ce fut la nuit, éclairée uniquement par la lueur des feux qui embrassaient encore la terre.

La mère de Phaéton erra longtemps à la recherche de la tombe de son fils et, lorsqu’elle la trouva, elle pleura et embrassa l’argile sous laquelle il reposait. Ses sœurs aussi eurent beaucoup de peine : elles se lamentèrent et portèrent le deuil pendant des mois entiers. Puis, un jour, elles sentirent qu’elles étaient enracinées dans le sol ; elles tordirent leurs cheveux, mais ce furent les feuilles qu’ils froissèrent entre leurs doigts.

Leur mère, pour les sauver, attacha les branches portant des bourgeons. Des gouttes s’échappèrent des blessures, le soleil les durcit et elles devinrent de l’ambre. La douleur avait changé en aunes les sœurs de Phaéton.

De nos jours encore, le soleil pleure son fils : le soir, après son coucher, des larmes coulent des étoiles, ces yeux argentés de la nuit. Les hommes les nomment la rosée.

 

Que nous enseigne ce mythe ?

 

Abordons déjà ce qu’il nous apprend sur les Grecs de l’Antiquité…

Au moment où ce mythe est né, nous constatons qu’ils avaient déjà une bonne connaissance du continent africain (on nous parle de la naissance du désert, de la couleur plus foncée de la peau des hommes vivant dans cette partie du monde, …) Nous apprenons aussi qu’ils ne craignaient pas les éclipses du soleil (contrairement à la croyance populaire) qu’ils expliquaient par la tristesse d’Hélios, visible encore aujourd’hui par « la rosée »… Ce mythe leur donne l’opportunité d’expliquer le monde tel qu’il était à leur époque…

 

Voyons maintenant pour quels motifs les Grecs ont-ils eu besoin de mettre en scène un demi-dieu et sa famille. Abordons donc ce mythe de façon plus philosophique ;)…

Là nous constatons qu’il nous met en garde contre les exigences et les caprices de nos enfants et que même un dieu aussi puissant que Hélios (qui incarnait aussi pour les Grecs le savoir universel) ne put empêcher les funestes conséquences des exigences de son fils (la mort de Phaéton, le chagrin d’Hélios, de sa mère et de ses sœurs qui se transforment en aunes). En effet, si Phaéton n’avait pas exiger de conduire le char en présumant de ses forces et si Hélios s’était montré un peu plus ferme devant ce caprice, le chagrin d’une famille entière aurait pu être évité… à méditer, donc !

 

Bisous,

@+

Sab

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5 août 2012

Légendes indiennes de la Cordillère - 6

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Ah que coucou !

 

Voici la dernière légende de Goupil dans la Cordillère des Andes. Nous avons vu hier, dans la dernière aventure narrée par Jean-Christian Spahni (pour y accéder, cliquez ici), que Goupil, cette fois-ci, s’était sorti de son aventure et nous avons appris aussi que Goupil, non content d’avoir tous les défauts déjà narrés dans toutes les autres légendes, le voilà affublés des qualificatifs de traitre, violent, et d’assassin. Voyons aujourd’hui quelle autre image renard véhicule…

 

Une pauvre famille de la cordillère des Andes avait une fille unique, âgée de dix-huit ans. Celle-ci passait son temps à garder les moutons de ses parents. Elle avait toujours fait preuve d’un zèle exemplaire mais, depuis quelques semaines, elle ressentait un étrange malaise et conduisait ses bêtes sans le moindre plaisir.

Chaque matin, avant de partir, sa mère lui remettait de la laine que l’enfant devait filer au cours de la journée. La jeune fille se mettait au travail puis, bientôt, prise de dégoût, abandonnait son ouvrage, s’étendait sur l’herbe et commençait à dormir. De retour à la maison, elle se faisait sérieusement gronder par sa mère.

- Je n’y comprends rien ! Jamais tu ne t’es conduite de la sorte ! Que se passe-t-il ? Essaie donc de travailler un peu. Tu sais que nous sommes pauvres et que la vente de la laine m’est d’un grand secours !

La jeune fille promettait de faire de son mieux mais, rapidement, cédait au sommeil.

Un après-midi, elle fut réveillée brusquement. Quelqu’un s’approchait d’elle. C’était un magnifique garçon qui la salua poliment.

- Qui es-tu, demanda-t-elle surprise.

- Je suis un ami, répondit le jeune homme.

- D’où viens-tu ?

- De la cordillère des Andes !

Il s’assit à côté d’elle et la conversation se poursuivit sur un ton de franche camaraderie comme s’ils se connaissaient depuis toujours.

- Et ma laine, s’écria la jeune fille en se rappelant la besogne qui l’attendait.

- Ne te fais aucun souci, lui conseilla le garçon. Je vais t’envoyer de l’aide.

- De l’aide ?

- Oui, tu verras.

Un petit mouton s’approcha des jeunes gens.

- Donne-moi ta laine, déclara l’animal. Je la filerai volontiers.

- Toi petit mouton ?

- Oui, moi, répondit l’animal calmement.

La jeune fille ne pouvait en croire ses yeux car, en effet, le mouton se mit à filer la laine avec une rapidité déconcertante. Le soir, elle reçut les félicitations de sa mère.

- Enfin je te retrouve mon enfant chérie ! Merci ! Et quel beau travail ! Je te félicite !

La jeune fille se garda bien d’expliquer à sa mère ce qui s’était passé. Et, pendant des semaines, elle eut la visite de son merveilleux compagnon alors que le petit mouton filait la laine avec un plaisir véritable.

- Je voudrais t’épouser, lui déclara un jour le jeune homme en la serrant très fort contre sa poitrine. Es-tu d’accord ?

- Oh, oui, car je t’aime follement !

- Alors, partons ! Ne perdons pas une minute de plus !

- Et mes parents ?

- Nous les aviserons à temps, sois sans crainte !

La jeune fille n’osa pas répliquer. Son amour était le plus fort. Mais quel ne fut pas son étonnement de se voir soudain en présence d’un immense condor. Son ami avait retrouvé sa véritable personnalité.

- Monte sur mon dos, ordonna-t-il, car nous devons être chez moi avant la nuit !

Et avec sa précieuse charge, blottie peureusement entre ses ailes, il prit son vol et se dirigea vers la cordillère. Il s’arrêta à l’entrée d’une grotte, creusée au milieu d’une falaise.

- Nous voici à la maison !

La jeune fille éprouvait une certaine tristesse en pensant à sa mère qui l’attendait. Mais, en même temps, elle se sentait pleine d’orgueil d’avoir été choisie par le condor pour être son épouse.

Des jours, des semaines passèrent. La bergère avait perdu la notion du temps. Après les joies de la vie conjugale, elle commençait à s’ennuyer sérieusement car il ne lui était pas possible de sortir de la caverne. Ce qui lui coûtait le plus, c’était cette nourriture monotone, à base de viande plus ou moins fraiche, que son illustre mari lui rapportait tous les soirs. Elle aurait volontiers mangé des fruits et des légumes, mais le condor ne voulait pas en entendre parler.

D’autres semaines passèrent. Son ennui augmentait. « Et ma mère, que sera-t-elle devenue ? » se demandait-elle souvent.

Un matin qu’elle se penchait hors de la grotte, elle aperçut au bas de la falaise un renard qui venait boire à la rivière. Elle se mit alors à gesticuler et à crier jusqu’à ce que l’animal lève enfin la tête.

- Que fais-tu dans cette caverne ?

- Je te raconterai tout. Mais avant, va chez mes parents et dis-leur de venir me chercher, supplia-t-elle.

- Oui, mais comment me croiront-ils ? Tu sais qu’on ne m’aime pas beaucoup dans la région !

La jeune fille eut une idée lumineuse.

- Tiens, rapporte-leur ce mouchoir !

Elle se pencha et laissa tomber un petit morceau d’étoffe qu’elle tenait dans son corsage.

- Et dépêche-toi, recommanda-t-elle encore.

Le renard courut jusqu’à la ferme de ses parents. Il fut très mal reçu par les chiens qui gardaient l’entrée de la demeure. Le père en entendant les aboiements furieux de ses bêtes, sortit.

- Renard, que fais-tu devant ma porte ? Va-t-en, sinon mes chiens vont te dévorer !

- Non de grâce, je viens de la part de ta fille qui est prisonnière là-bas, dans une grotte. Tenez, voici un mouchoir qu’elle m’a jeté !

La mère reconnut sans peine l’objet que tendait le renard.

- Ne perdons pas une minute, décida le père.

Il pria quelques voisins de l’accompagner et la caravane remonta la vallée, précédée du renard qui ouvrait la marche.

Ils eurent beaucoup de peine à atteindre la caverne et ne réussirent que lorsque le père se laissa glisser le long d’une corde depuis le plateau qui s’étendait au-dessus de l’abri.

On imagine la joie de la mère à revoir son enfant saine et sauve.

- Il serait préférable que ta fille s’abstienne de sortir pendant quelques jours, conseilla le médico du village, car le condor va chercher à se venger. Nous le connaissons bien, cet animal-là !

L’homme ne se trompait guère et, le soir même, l’oiseau se mit à décrire de grands cercles au-dessus du hameau en criant d’une voie désespérée :

- Rendez-moi mon épouse, rendez-moi mon épouse !

Mais personne ne lui répondit et il disparut dans la nuit.

Le lendemain, en se levant, la jeune fille vit que ses jambes étaient en partie couvertes de plumes. Elle n’osa en parler à ses parents qui étaient encore tout au bonheur de l’avoir retrouvée. Il n’empêche que la mère fut frappée par la pâleur de sa fille et par son manque d’appétit.

Un jour plus tard, les plumes recouvraient les deux jambes et la fillette maigrissait à vue d’œil.

- Mange, mais mange donc, ordonnait en vain sa mère !

Le troisième jour, ce furent les bras, le quatrième la poitrine et le dos, le cinquième le cou et le visage sur lesquels poussaient ces plumes de plus en plus nombreuses.

Se sentant d’une faiblesse extrême, la jeune fille garda le lit, n’ayant plus la force de se mouvoir.

A l’aube du sixième jour, en ouvrant la porte de sa chambre, les parents, affolés, trouvèrent le cadavre de leur enfant, entièrement recouvert de plumes blanches.

Et, dans le ciel, au-dessus de la maison, un condor décrivait d’immenses cercles, en pleurant la mort de sa femme bien-aimée et en criant :

- Rendez-moi mon épouse, rendez-moi mon épouse !

 

Source :

Les Indiens de la Cordillère des Andes

Chapitre cinquième, « Légendes indiennes de la cordillère »

Jean-Christian Spahni

 

 

Tiens, Goupil qui semblerait avoir rejoint le « bon » camp ? et semblant n’être qu’un personnage de second plan ??? ou est-ce simplement parce que maintenant les Indiens dissimulent plus les méfaits de Renard ? Voyons cette affaire-là ensemble !

 

A la première lecture nous voyons quoi ? Une belle histoire d’amour suivie de la révélation concernant la véritable identité de Condor (cet oiseau sacré), le mariage, l’usure de l’amour à cause du temps, le renard qui rend service à l’épouse et va chercher de l’aide, les hommes qui viennent libérer l’épouse, la transformation de l’épouse en condor puis sa mort et la grande tristesse de Condor. Résumer ainsi, nous pouvons penser que Renard s’est racheté une conduite et qu’on peut lui demander de l’aide en toute confiance… mais est-ce réellement la signification de cette légende ? Regardons d’un peu plus près l’entrée de Renard dans la légende, ses actes…

 

Il arrive dans la vie du couple au moment où celui-ci s’essouffle… au moment où l’épouse, éloignée des siens, a le mal du pays et pense souvent à ceux qu’elle a laissé… La légende indique qu’elle n’a pas renseigné Renard sur son état (quand Renard lui pose la question, elle répond qu’elle le lui racontera plus tard). Renard est donc parti chez les parents de celle-ci, sans aucune information sur le comment du pourquoi leur fille chérie s’est retrouvée dans cette caverne. Pourtant Renard leur transmet le message comme quoi il faut aller libérer leur fille (comme si elle était captive du Condor, son mari qui l’adore et qu’elle aime aussi vu qu’elle se transforme en condor peu à peu à la fin)…

 

Dans cette dernière légende retraçant les aventures de Goupil, nous avons l’image d’un renard qui se mêle des affaires des autres et qui, par son manque d’information, peut amener des désastres pour ceux dont il a choisi de s’occuper (la mort de l’épouse à la fin). Bon, d’accord, nous pourrions dire que cette fois-ci Renard peut être considéré comme étant innocent dans le malheur qui frappe cette pauvre famille (les parents et l’époux), car elle illustre plus la dangerosité de se mêler de la vie d’un couple plus que de montrer le caractère de Goupil, cet animal qui est conscient que la population ne l’aime pas… bref, il semblerait que dans cette légende, renard soit montré comme « gaffeur » car s’il avait dit « chercher votre fille » plutôt que « votre fille est prisonnière », les parents n’auraient pas tenté de cacher leur fille au Condor en pensant la protéger, et celui-ci aurait pu ainsi la sauver d’une mort certaine. Rappelez-vous, à partir du moment où la jeune fille arrive dans la caverne elle ne s’alimente plus avec des légumes et des fruits (comme elle le faisait chez ses parents) mais exclusivement de viande que le condor lui rapporte (qui est l’image d’une épouse si amoureuse qu’elle a besoin de son époux pour vivre et si elle se retrouve séparer de lui, elle meurt).

 

Bref, cette légende montre qu’il faut se méfier des propos de Renard et de ses bonnes intentions, car, même s’ils semblent révéler la vérité, les informations transmises par renard peuvent être erronées car renard ne se renseigne pas suffisamment et se trompe quand il s’agit d’interpréter des faits… elle montre aussi que les indiens, malgré la tentative de changer de renard, estiment toujours qu’il n’est qu’un parfait idiot…

 

Ah ! Maître Goupil ! décidemment tu ne t’es pas amélioré pendant la traversée ;)… tu es toujours bien tel que nous, sur le vieux continent, te connaissons ;)…

 

Bisous,

@+

Sab

 

Pour info : il reste encore une légende indienne (non de Goupil) à vous faire connaître avant que vous ne puissiez dire que vous connaissez toutes les légendes de cette culture qui se trouvent dans ma bibliothèque…

4 août 2012

Légendes indiennes de la Cordillère - 5

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Ah que coucou !

 

Nous allons terminer l’explication de toutes les légendes concernant Maître Goupil au pays des Incas avant de continuer sur l’art de l’écriture égyptienne (qui arrivera quand je me mettrai devant mon scanner ;))…

 

Voyons donc si Maître Goupil est parvenu à se racheter une bonne conduite…

 

Dans une vallée de la cordillère vivait un homme très travailleur et courageux, appelé Juan. Il possédait de nombreux champs de cultures et des animaux domestiques parmi lesquels deux bœufs magnifiques qui lui étaient d’un grand secours et qu’il aimait bien.

Un jour qu’il peinait plus fort que d’habitude, il reçut la visite d’un tigre immense et redoutable.

- Comment va la besogne, mon brave, demanda le fauve d’une voix menaçante ?

- Très bien, merci, répondit le paysan en essayant de garder son calme. Il est vrai que le travail ne manque pas car l’époque des récoltes approche.

- Ecoute-moi. Je suis fatigué de manger des moutons et des chèvres à longueur d’année. L’un de tes bœufs me ferait plaisir, d’autant plus que j’aurais de quoi me rassasier pendant plusieurs jours. Donne-le moi sinon je me verrai obligé de te dévorer.

- Monsieur le tigre, répondit Juan, c’est avec joie que je vous offrirais l’un de mes bœufs. Mais attendez donc un peu car, en ce moment, j’en ai besoin pour mes travaux. Pourquoi ne reviendrez-vous pas un peu plus tard ?

Le tigre réfléchit puis répondit :

- J’accepte le marché que tu me proposes. Je saurai attendre. Mais ne t’avise pas de me tromper car tu sais ce qui t’arriverait. Je repasserai dans deux ou trois semaines.

- Très bien, monsieur le tigre. Je vous suis reconnaissant de votre compréhension et j’exécuterai vos ordres.

Le tigre s’éloigna puis revint en courant, et élevant la voix, déclara encore :

- Et surtout n’oublie pas ! Dans deux ou trois semaines je serai là ! Gare à toi si tu n’obéis pas !

L’homme travailleur ressentait une profonde tristesse. Il se creusait en vain la tête pour savoir comment il s’en sortirait lorsqu’il serait privé de ses bêtes. Que faire pour échapper au tigre ?

Il sursauta. Quelqu’un l’appelait du haut de la falaise.

- Monsieur Juan, monsieur Juan !

Juan leva la tête et aperçut un homme qui se tenait au bord du précipice et qui lui faisait des signes.

« Il s’agit sans doute d’un habitant de l’autre vallée ! » pensa-t-il.

- Voisin, venez, je vous en prie. J’ai absolument besoin de vous parler !

L’homme descendit la pente en courant.

- Comme vous êtes pâle, mon ami ! Que vous arrive-t-il ? Un malheur frapperait-il votre famille ?

- C’est le tigre, répondit Juan. Il vient de me rendre visite et a menacé de me tuer si je ne lui donnais pas l’un de mes bœufs. Or, que ferais-je sans ces bêtes qui me sont indispensables ?

- Ce n’est pas possible, déclara le voisin. Nous devons l’empêcher de s’emparer de vos animaux. Mais comment ?

- Oui, comment ?

Le voisin réfléchit et, tout à coup, un sourire apparut sur ses lèvres.

- J’ai trouvé. Ecoutez-moi bien, monsieur Juan. Lorsque le tigre reviendra, je serai au bord de la falaise, le fusil sur l’épaule. Ayez confiance, et nous gagnerons la partie.

- Excellente idée, s’écria l’homme travailleur ! le tigre arrivera certainement en fin de matinée et je tâcherai de la distraire jusqu’à ce que je vous aperçoive. Après…

- Exactement. C’est le plan à suivre. Mais n’oubliez pas que je dois manger, moi aussi. Etant donné que je sauve la vie de vos bœufs, je vous serais gré de m’offrir un ou deux de vos moutons, ce qui me permettra de préparer un bon repas. Evidemment je m’en voudrais d’insister…

- Comment donc, voisin, bien au contraire ! Vous me rendez un fichu service. Vous pouvez compter sur moi !

- Merci, monsieur Juan. A bientôt ! Et pensez à moi !

- Soyez sans crainte, voisin, j’y penserai ! Je vous réserverai deux de mes moutons les plus gras !

Trois semaines passèrent. L’homme travailleur ne demeura pas inactif. Et le jour fatal arriva. Il était juste midi quand le tigre apparut sur le chemin. Il avait une faim terrible et manifesta le désir de se mettre aussitôt à table.

- Encore un petit moment de patience, cria Juan. J’ai besoin de mes bœufs pour terminer ma besogne.

- Faites vite, car mon appétit me rend malade !

L’homme travailleur ne quittait pas la falaise des yeux dans l’espoir d’y découvrir son voisin.

Personne ! Les minutes s’écoulaient, angoissantes. Il faisait une chaleur torride. Le tigre, qui craignait le soleil, s’était réfugié sous un arbre.

- Ce que j’ai faim, ce que j’ai faim, ne cessait-il de murmurer. Dépêchez-vous donc, paysan !

Juan eut de la peine à étouffer un cri de triomphe. Son voisin se tenait au sommet de la falaise, armé d’un long fusil.

- Monsieur Juan, appela ce dernier ?

- Que voulez-vous, répondit l’homme travailleur.

- Avez-vous vu le tigre ? On m’a dit qu’il rôdait dans ces parages.

- Ne le dîtes pas que je suis ici, cria le tigre qui avait peur du chasseur.

- Non, je ne l’ai pas vu, assura l’homme travailleur.

- Qu’y a-t-il sous cet arbre ? Je distingue de curieuses taches jaunâtres !

- Dîtes-lui que ce sont des pommes de terre, déclara le tigre en s’adressant à Juan.

- Ce sont des pommes de terre, répliqua le paysan.

Et, joignant le geste à la parole, il pria le fauve d’entre dans un sac.

Le tigre ne se fit pas prier car il avait hâte d’échapper au chasseur. Mais Juan ne lui donna pas le temps de se réjouir et le tua d’un grand coup de pioche.

Le voisin qui n’avait rien perdu de la scène, rejoignit l’homme travailleur !

- Monsieur Juan, je vous félicite. Vous n’avez pas perdu votre sang-froid. Vous êtes un homme admirable !

- Non, en réalité, je n’ai rien fait. C’est vous qui êtes venu juste à temps pour me sauver du danger qui me menaçait.

Tout en prononçant ces mots, le paysan se rendit compte que son voisin n’était rien d’autre qu’un renard qui s’était déguisé en homme. Il n’eut alors aucune envie de sacrifier deux de ses plus beaux moutons pour cet animal dont on disait tant de mal dans la contrée et qui, à plus d’une reprise, avait décimé son troupeau. Ayant soin de cacher son trouble, il continua :

- Voisin, les deux moutons que je vous ai promis sont à votre disposition. Venez les chercher en fin d’après-midi car j’ai perdu beaucoup de temps avec le tigre et je tiens à terminer ma besogne avant la nuit.

Le renard, quoique mourant de faim, mais désireux de conserver l’anonymat, dit :

- Entendu, je viendrai un peu plus tard.

Il retourna dans son terrier et se présenta à l’heure du crépuscule. Juan se tenait devant la porte de son logis. A côté de lui se trouvait un grand sac.

- Voisin, voici vos deux moutons. Ils sont à vous mais prenez garde car ce sont des bêtes féroces et d’une force peu commune.

- Ah ! merci, merci de tout cœur, monsieur Juan.

Le renard, qui n’en croyait pas ses yeux, ouvrit le sac pour s’assurer que le paysan ne l’avait pas trompé. Deux énormes chiens se jetèrent sur lui et se mirent à le dévorer.

Ainsi se termine l’histoire de l’homme travailleur, du tigre et du renard déguisé en voisin.

 

Cette légende nous montre déjà que les Espagnols étaient bien installés dans la Cordillère des Andes pour qu’un Amérindien ait adopté un prénom hispanique en abandonnant les prénoms usuels. De plus, les animaux connus des amérindiens prennent le nom de ceux que les Espagnols connaissent (ici le tigre qui remplace le puma ou le jaguar des légendes anciennes). C’est pour cela que j’ai l’impression aussi que cette légende a été adapté à la situation à partir d’une autre, plus ancienne, qui nous expliquerait cette image du tigre… était-ce un si grand ennemi du peuple inca qu’ils ont fini par vaincre grâce à une alliance avec une de leurs tribus ennemies ? ou un des ennemis des espagnols qui voulait sa part de gâteau de ce nouveau continent ? j’ignore si nous pourrions le savoir un jour : il faudrait retrouver la légende initiale…

Quoi qu’il en soit, dans cette légende, l’allié se trouve être les Conquistadors avec leurs fusils et encore une fois, elle révèle que les Conquistadors ont tenté d’abuser les indiens et que ceux-ci, intelligents, s’en sont aperçu et ont agi de telle façon que renard n’a pas eu sa récompense ;)… A quoi cela peut-il être relié dans l’histoire de la conquête de l’Amérique du Sud ? peut-être la période du soulèvement des indiens suite aux massacres perpétués par les conquérants… et ce paysan travailleur pourrait être le fils de Huyana Capac : Manco qui a dirigé ce soulèvement, mais qui pour finir, fut moins chanceux et ce fut Goupil qui fut le vainqueur… cette légende vient peut-être de cette période.

 

Une dernière pour aujourd’hui et nous n’aurons pas encore terminé les légendes indiennes consacrées à Goupil… il en restera encore une que nous verrons demain, sinon centerblog va sévir et couper L

 

Deux Argentins qui se consacraient à la vente du bétail cherchaient un employé car ils étaient surchargés de travail.

Ils rencontrèrent un jeune renard qui chômait et l’engagèrent. Mais l’animal avait un appétit insatiable et coûtait cher à ses employeurs. Ceux-ci décidèrent de se débarrasser de leur collaborateur.

Un soir qu’ils campaient en pleine cordillère, ils l’envoyèrent chercher du bois sec pour le foyer.

- Tu trouveras tout ce que tu veux sur la lune, lui dirent-ils. Un de nos amis vit là-bas et te recevra le mieux du monde.

Le renard, qui n’avait pas encore beaucoup d’expérience, se mit en marche mais il n’arriva pas à atteindre la lune et revint bredouille au campement où les deux Argentins dormaient déjà. Il dut se coucher sans avoir mangé.

Le lendemain soir, la même scène se répéta et le renard s’aventura plus loin que la veille. Mais il regagna la tente désespéré, n’ayant pas pu mettre les pattes sur la surface de la lune. En rentrant, il croisa un lion. Le fauve venait de passer devant le campement des deux Argentins au moment où ces derniers étaient en train de préparer un succulent repas et riaient de la naïveté du renard.

Le lion répéta mot pour mot ce qu’il avait entendu et le renardeau décida de prendre sa revanche. Il se déguisa en lion et s’approcha du campement en rugissant. Les deux Argentins, pris de panique, abandonnèrent au fauve la nourriture qu’ils avaient disposée dans leurs plats, préférant rester l’estomac vide plutôt que de perdre la vie.

Puis le renard disparut, ôta son déguisement et revint vers ses employeurs en disant qu’il avait aperçu les lumières d’un village où l’on trouverait certainement de quoi se ravitailler.

Les deux Argentins n’étaient pas très d’accord car ils ne se sentaient pas la force de continuer leur chemin. Mais le renard, ne faisant mine de rien, leur dit :

- Vous avez attendu deux jours sans manger. Pourquoi ne patientez-vous pas encore un peu ?

Ils arrivèrent au hameau, entrèrent dans une auberge et commandèrent un véritable banquet.

Les deux Argentins, qui avaient bu davantage que de coutume, se mirent à parler abondamment et à railler leur collaborateur qui courait par monts et par vaux en quête de la lune alors que ses patrons mangeaient tranquillement sous leur tente.

A son tour, le renard se moqua des commerçants qui s’étaient laissés prendre au piège et qui ne l’avaient pas reconnu. Puis, aidé des chiens du village, il se jeta sur les deux hommes qui furent rapidement massacrés. Les animaux se partagèrent ensuite l’argent et le bétail des infortunés voyageurs.

 

Là, il n’y a pas à dire, c’est dit clairement que les Conquistadors (dont les indiens se sont aperçus qu’ils n’étaient en réalité que des mercenaires à la solde des plus riches) se vengent violemment quand ils s’aperçoivent qu’on se moque d’eux. Les nouveaux arrivés Conquistadors (ce renard qui manque d’expérience) se sont donc aperçus (grâce à la délation du lion qui représentent les interprètes-espions car le lion leur a répété mot pour mot ce que les commerçants avaient dit) que les Amérindiens se moquaient d’eux… ah ! Bon !... c’était fatal. Cela devait arriver un jour… et se sont vengés en massacrant les plus puissants de la population. Bon, il faudrait un peu plus de connaissances historiques sur cette période pour pouvoir relier cette légende à un fait précis. Et encore, les Espagnols ont-ils retranscrit ce fait dans leurs annales ? ou ont-ils préféré la passer sous silence ? car il s’agit là, quand-même, d’un crime qui pourrait être qualifié de lèse-majesté (renard, aidé par les chiens, a massacré ses employeurs, après les avoir dupés et volés). Mais je pense qu’il s’agit là encore de la période tout de suite après laquelle les Indiens s’étaient révoltés contre les Espagnols (renard est sorti vainqueur)…

 

Demain nous aborderons la dernière aventure de Goupil dans le pays de l’Inca, traduite et retranscrite par Jean-Christian Spahni dans son ouvrage Les Indiens dans la Cordillère des Andes.

 

Bisous,

@+

Sab

2 août 2012

Incas : Histoire d’un empire, 1ière partie

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Ah que coucou !

 

Vous savez quoi ? A force de lire à nouveau les légendes de ce peuple j’ai constaté la chose suivante : j’ai zappé quelques faits historiques concernant cette civilisation inca prodigieuse car, à ma première approche, j’ai du être trop jeune pour me concentrer convenablement (je devais avoir quoi 16, 17 ans ;))… alors je vais profiter que je reprends tout ça pour combler mes lacunes, pour vous en faire profiter aussi ;) – ben quoi, je ne vais tout de même pas être la seule à travailler, non ?!! Allez, vous ici, à vos neurones !

 

Alors pour éviter les erreurs d’interprétation résultantes de ma première approche, je vais adopter le système de la copie (une fois n’est pas coutume)… Ouvrez bien les yeux ! Réveillez bien vos neurones ! Je commence ! Nous abordons donc dans cette première partie : la naissance et la mort de l’Empire Inca

 

On commet très souvent l’erreur de croire que les Incas résument à eux seuls l’histoire ancienne de l’Amérique du Sud. Certes, ils sont arrivés à un degré de civilisation encore jamais atteint, et qui se serait développée davantage si les Espagnols n’étaient pas intervenus.

Mais il ne faut pas oublier que les Incas reçurent le riche héritage des cultures qui les ont précédés ainsi que nous avons déjà pu nous en rendre compte (j’y reviendrai surement plus tard, mais beaucoup plus tard). Leur mérite – en plus de leur extraordinaire talent d’organisateurs et de politiciens – c’est d’avoir sur faire la synthèse de tous ces renseignements, ce qui leur permis d’aller plus loin que leurs ancêtres.

Le nom Inca a un sens ambigu. En quichua, qui est la langue d’une grande partie des Indiens de la Cordillère des Andes, il signifie chef, noble, souverain. Plus tard, ce mot devait s’étendre à tous les membres de la famille royale et aux groupes alliés de celle-ci. Aujourd’hui il s’applique à l’ensemble des éléments de la dynastie puisqu’on parle, en langage archéologique, du peuple inca, de la langue inca, de la culture inca et de l’empire inca.

D’où viennent les Incas ? A quelle époque apparaissent-ils sur la scène du monde précolombien ?

On peut admettre qu’ils sont originaires des hautes terres, mais sans qu’il nous soit possible de déterminer l’endroit exact qui les a vus naître.

Deux légendes nous renseignent à ce sujet.

A en croire la première, quatre frères et quatre sœurs sortirent d’une caverne – ou d’une maison à trois fenêtres située à Pacarejtampu (province de Paruro), qui se trouvait à une trentaine de kilomètres du Cuzco. Parmi eux, il y avait Manco Capac qui, des quatres hommes, était le plus doué. La famille connut de nombreuses épreuves. Manco, qui resta seul, s’avança dans la vallée en mesurant l’épaisseur des terres fertiles au moyen d’une baguette en or. Arrivé au Cuzco, celle-ci resta plantée dans le sol et c’est là que Manco Capac, aidé de ses sœurs, décida de construire une petite cité.

L’autre légende, qui circule plus spécialement sur territoire bolivien, nous apprend que Manco Capac serait sorti du lac Titicaca recevant de son père, le Soleil, l’ordre de marcher vers le nord à la recherche de terres fertiles. Au Cuzco, sa baguette s’enfonça profondément dans le sol. Et nous savons le reste.

Une chose demeure certaine : c’est la présence, dans ces deux interprétations quelque peu différentes, des éléments essentiels à un peuple se livrant à l’agriculture : l’eau, le soleil, et surtout la fertilité de la terre. Ce souci semble bien indiquer que les Incas naquirent en un endroit où ces conditions n’étaient pas remplies et qu’ils éprouvèrent le besoin légitime, afin de réaliser leur rêve de grandeur, de s’établir dans des régions plus favorisées du continent.

L’archéologie du Cuzco, jusqu’à l’apparition des Incas, ne nous apprend rien de très spécial. Les savant ont cru reconnaître, dans des tessons de poterie provenant de gisements situés dans la ville même, à Chanapata, une influence de la culture Chavin (j’y reviendrai plus tard, pour le moment seuls les Incas nous intéressent), ce qui ne nous étonnera guère. Mais jusqu’au début du XIIIe siècle, la région semble avoir sommeillé car aucun indice ne laisse prévoir le prestige qu’elle allait acquérir au cours des époques suivantes.

Il faut bien admettre que les empereurs qui vont se succéder sur le trône sont des êtres d’une valeur exceptionnelle.

Déjà Manco Capac, le premier d’entre eux, impressionne les indigènes par ses qualités à la fois guerrières et intellectuelles. C’est la raison pour laquelle les Indiens ont l’habitude d’appeler les souverains du nom de « sinche », ce qui veut dire fort, puissant.

Manco Capac a l’excellente idée d’anoblir tous les curacas (chefs) des tribus soumises, les maintenant dans leurs fonctions et les traitant avec déférence, ce qui lui vaut une popularité immense. Au Cuzco, il fonde un petit temple consacré au Soleil, sur la base duquel s’élèvera par la suite l’un des plus riches sanctuaires de l’Amérique précolombienne.

Avec Rocca, le sixième monarque de la dynastie, l’empire se développe. Cet empereur, à la tête d’une armée bien préparée de vingt mille hommes, se lance à la conquête du Sud-Est de la Bolivie, atteignant Cochabamba et Sucre, et occupe le Nord-Ouest du Pérou. Il agrandit Cuzco et exploite d’une manière rationnelle la terre des alentours de la capitale. Il fonde encore un certain nombre d’écoles dans lesquelles seront formés les comptables du royaume.

 

Les plus grands empereurs

 

Viracocha, le huitième souverain, n’a pas la tâche facile car il se voit contraint de lutter contre les Chanca, une peuplade belliqueuse et insoumise qui s’est établie au nord-ouest du Cuzco, dans la région d’Ayacucho. Par deux fois, les Chanca se lancent sur la brillante capitale qu’ils menacent de détruire de fond en comble. Mais ils sont finalement vaincus grâce à l’intervention providentielle d’un fils de Viracocha, nommé Cusi, qui deviendra empereur sous le nom de Pachacutec, ce qui signifie sauveur et réformateur.

La première tâche de ce souverain est de soumettre définitivement les Chanca. Puis il occupe la totalité du Pérou, la Bolivie – s’attaquant aux Colla du bassin du lac Titicaca – et la région des Diaguites sur sol argentin.

Sa guerre contre les Chimu le met en présence d’une civilisation déjà très évoluée à laquelle les Incas emprunteront de nombreux éléments. Sous le règne de Pachacutec, l’administration se perfectionne et de multiples lois sociales sont appliquées. On doit encore à ce monarque la construction du fameux temple du Soleil, au Cuzco.

En 1471, il remet le pouvoir à son fils Topac Yupanqui, qui peut être considéré comme le plus célèbre des Américains, véritable Alexandre le Grand du monde précolombien.

Son objectif : agrandir le royaume et enrichir l’Etat.

Il s’attaque tout d’abord à l’Amazonie car cette immense région peut lui fournir les plumes d’oiseaux rares, les bois précieux utilisés pour la construction des temples et des palais de la noblesse, les herbes employées pour la préparation des remèdes et des formules magiques. Aucun obstacle n’arrêtera les courageux soldats incas qui, habitués pourtant à vivre en altitude, souffriront terriblement de la chaleur, de l’humidité et des dangers de la forêt vierge.

Puis Topac Yupanqui se tourne vers l’Equateur. Obligé de mener la lutte contre les Indiens qui vivent le long du littoral et sur les îles de la baie de Guayaquil, il apprend à ses hommes à construire des embarcations, à naviguer et à mener une véritable guerre navale.

Dans la cordillère équatorienne, le souverain obtient, là aussi, des succès spectaculaires, élargissant encore les limites de l’empire en direction du nord.

Les conquêtes de Topac Yupanqui, qui s’étalent sur quarante-cinq années de règne, se font avec beaucoup de patience et de doigté. Partout, l’empereur traite les peuples soumis d’une manière compréhensive, respectant la noblesse, respectant également les croyances et les traditions de chacun, réalisant de solides alliances en favorisant les mariages entre vainqueurs et vaincus. Il a aussi la prudence d’élever des cités en territoire conquis dans lesquelles il place des colons chargés de la surveillance et en qui il peut avoir totalement confiance.

Son génie militaire est souligné par la conquête du littoral équatorien qui le pousse à modifier la tactique de la guerre et à mettre en pratique des méthodes nouvelles de combat.

Il se lance même dans une aventure qui semble appartenir à la légende plus qu’à la réalité. En effet, sa soif de conquête le conduit à naviguer vers des îles inconnues – on pense qu’il s’agit des Galapagos – dont il revient, neuf mois plus tard, alors qu’on le croyait disparu à jamais, rapportant avec lui de l’or et des épices. Cet exploit sans précédent dans les annales de l’histoire précolombienne augmente le prestige dont le monarque jouit auprès de tous les Indiens.

Ces brillantes qualités, nous les retrouvons chez son fils, Huayna Capac, qui achève brillamment la conquête de l’Equateur en s’établissant à la frontière de la Colombie. Dans ce pays, il fonde la ville de Quito qui devient une seconde capitale. A ce moment-là, l’empire inca a une superficie de plus d’un million de km², soit l’équivalent de la France, de la Suisse, de l’Italie et des Pays-Bas.

Huaynac Capac impose le quichua (ou runa simi, la langue des hommes) comme langue nationale et continue la construction de forteresse, de temples et de routes commencées par son père.

Atteint de la variole, au cours d’une épidémie qui aurait fait plus de 200.000 victimes, il meurt à Quito en 1527.

Il faut savoir que l’empereur inca choisissait, pour la succession, parmi ses fils, celui qui lui semblait le plus capable. Au début, l’héritier pouvait être un enfant né d’une concubine. Mais ce choix provoqua de telles querelles que les souverains décidèrent ensuite de désigner comme successeur un des fils de l’impératrice, la coya, qui était la sœur même du monarque.

Viracocha voulut imposer l’un de ses enfants, appelé Urco, parce que ce dernier aimait profondément sa mère. Toutefois, ce prétexte ne suffit pas, et c’est finalement Puchacutec qui l’emporta pour le plus grand bien de l’empire d’ailleurs.

Pachacutec choisit comme successeur Topac Yupanqui, plus jeune qu’un autre de ses frères, nommé Tupac Amaru, car il jugea le cadet plus apte à assumer le pouvoir que l’aîné. En quoi il ne se trompa guère.

Huayna Capac avait deux fils : Huascar et Atahualpa. Huascar, à la mort de son père, s’installe au Cuzco avec le titre d’empereur. Quant à Atahualpa, il séjourne à Quito, capitale de l’Equateur.

Pendant quelques années, l’accord paraît régner entre les deux frères. Mais Atahualpa est bientôt pris par l’envie de gouverner seul l’ensemble de l’empire. Il déclare la guerre à son frère qu’il n’a jamais aimé. Hélas, ô ironie de l’histoire ! les troupes espagnoles viennent de débarquer sur les côtes péruviennes. Les jours de l’empire des Incas sont désormais comptés…

 

*

 

L’histoire de cette civilisation est marquée par une série de conquêtes impressionnantes au cours desquelles brillent non seulement des souverains intelligents, mais encore des généraux qui font preuve, en toute occasion, d’un véritable génie militaire.

On a essayé d’expliquer les motifs qui poussent les empereurs à occuper une superficie importante du continent sud-américain, et cela en un laps de temps assez court.

Il faut tout d’abord savoir que les généraux sont choisis parmi les proches parents du monarque et qu’ils sont par conséquent favorables à une politique d’expansion. D’autre part, les Incas doivent lutter continuellement contre les tribus voisines qui ne veulent pas se soumettre. Du reste, une conquête en entraîne fatalement une autre et les soldats incas, rompus au maniement des armes, ne sauraient demeurés inactifs. La guerre devient ainsi un idéal partagé par tout un peuple, d’autant plus que le nombre de fonctionnaires ne cesse de croître, invitant l’empereur à disposer de nouvelles richesses et de nouveaux territoires pour les distribuer ensuite à tous ceux qui lui ont prêté main-forte. Et puis, ce souverain, qui vit dans un luxe inouï, a besoin de métal précieux, d’herbes médicinales, de plumes et de bois qu’il doit souvent aller chercher très loin.

Le recrutement se fait sur la base de la population adulte masculine. Au sein de l’armée inca existe une hiérarchie très rigoureuse et une discipline exemplaire. Atahualpa fait mettre à mort les soldats qui ont manifesté des signes de terreur et Pachacutec exécute l’un de ses frères qui s’est montré trop téméraire.

Le vol et le pillage sont sévèrement punis – ce qui ne manqua pas d’étonner les Espagnols.

Les guerriers regroupés selon l’arme à laquelle ils appartiennent. Les plus courageux d’entre eux entourent l’empereur lui-même. Ils sont armés de frondes, de propulseurs à dard, de bolas, d’épées en vois, de pics et de massues en pierre ou en métal, protégés d’un bouclier et d’une tunique rembourrée de coton. Ils portent encore un casque et, pour la lutte en forêt, utilisent l’arc et les flèches.

Avant d’entrer en guerre, le souverain inca avertit ses ennemis en leur envoyant un ambassadeur leur demandant de se soumettre et de reconnaître son autorité suprême au nom de son père, le Soleil. Voici d’ailleurs ce qu’écrit un historien à ce sujet : « Il y a cent cinquante ans, un Inca était venu pour conquérir les gens de la façon suivante. Il disait être le fils du Soleil, venu pour leur bien et pour celui de tout le monde. Il ne voulait ni argent, ni or, ni filles, ni rien de ce qu’il possédait car il avait tout cela en abondance et qu’il en apportait pour le leur donner. Il leur dit de le reconnaître pour seigneur et leur distribua des vêtements et des bijoux en or, et beaucoup d’autres choses dont ils manquaient. Les chefs de la région se réunirent et l’accueillirent comme seigneur et protecteur en raison du bon traitement qu’il leur fit ».

Source :

Les Indiens de la Cordillère des Andes

Chapitre deuxième, « L’empire des Incas »

Jean-Christian Spahni

 

Bisous,

@+

Sab

1 août 2012

Légendes indiennes de la Cordillère – 4

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Ah que coucou !

 

Comme promis, voici quelques légendes indiennes concernant Maître Goupil chez les Indiens que je possède dans ma bibliothèque (les légendes concernant Renard étant encore trop nombreuses, je ne pourrai pas encore toute les mettre dans ce billet) et comme promis, nous allons maintenant étudier ensemble pour savoir si Renard parvient à avoir une meilleure réputation que celle d’un être vil, paresseux, stupide, coléreux, prétentieux, vaniteux comme nous l’ont montré les légendes précédentes (pour y accéder, cliquez ici).

 

Un renard s’était pris d’amitié pour un condor et les deux animaux aimaient à se rendre dans les villages de la cordillère des Andes pour se divertir.

Une nuit ils arrivèrent dans un hameau où l’on fêtait le carnaval. Les femmes avaient préparé une énorme quantité de boissons alcooliques et tout le monde était plus ou moins ivre.

Des jeunes filles s’approchèrent des nouveaux venus, les invitant à se mêler à la foule et insistant pour que les deux compères passent la nuit en leur compagnie.

Quand le jour se leva, les femmes s’aperçurent que leurs amants étaient un condor et un renard. Le premier parvint à s’enfuir à tire-d’aile, mais le second périt sous les griffes des chiens lancés à sa poursuite.

 

Hm ! Hm ! de quoi nous laissés perplexes… car si nous extrapolons cette légende en suivant la logique du Renard qui représente les Conquistadors nous nous trouvons là un peu déroutés… mais nous devrions nous en sortir avec un peu de connaissance historique ;).

Donc, admettons que Renard représente les Conquistadors et le Condor alors ? qui se fait chasser par les jeunes filles d’un des villages de la cordillère des Andes… qui est sensé être représenté par cet oiseau sacré ? Ne serait-ce pas l’Inca lui-même ? Cherchez un peu dans votre mémoire et vous vous rappellerez de cet Inca, nommé Atahualpa, qui s’était allié à Pizarro pour abattre son demi-frère Huascar, héritier en titre du trône inca, alors que ce dernier avait demandé de l’aide aux Conquistador pour regagner sa liberté… Et par la suite, Atahulpa croyant qu’il était l’ami de Pizarro, a été successivement son otage (il a fallu qu’il le verse une importante rançon pour recouvrer sa liberté) pour ensuite être assassiné avec toute sa suite…

Après ce petit rappel historique, revenons maintenant à la légende qui, soudain, devient compréhensible ;) ! Donc le renard représente bien le Conquistador, le condor l’Inca Atahualpa et les jeunes filles le peuple indien et nous trouvons le message suivant :

 

« Il ne faut en aucun cas avoir confiance en l’Espagnol, qu’il faut tuer car il nous trompe et il ne faut pas croire l’Inca qui est un de ses amis et qui l’aide à se jouer de nous. »

 

Décidemment ils ne sont pas tendres (même avec leurs dirigeants) mais très lucides, ces Indiens ;) !

 

Une nouvelle légende concernant Renard et Condor ? Ok, voici la dernière qui est narrée par Jean-Christian SPAHNI dans son ouvrage Les Indiens de la Cordillère des Andes.

 

Un renard et un condor, qui étaient fatigués de l’existence que nous menons sur cette terre, décidèrent de monter au ciel.

- On y mange très bien, assura le condor et, là-haut, la vie n’offre aucun problème.

- Oui, mais comment y parviendrai-je, demanda le renard ?

- C’est très facile, répondit le condor. Tu n’as qu’à grimper sur mon dos et je te conduirai au ciel bien volontiers.

Arrivés devant la porte du lieu céleste, les deux animaux eurent soin de se déguiser en personnages de la bonne société, chacun d’eux revêtant un habit noir de la meilleure coupe. Ils furent reçus comme des princes et conviés à se mettre immédiatement à table en compagnie d’autres invités de marque.

A la fin du banquet, des musiciens s’approchèrent et commencèrent à jouer des airs merveilleux que les auditeurs écoutèrent avec ravissement.

Le renard avait disparu et le condor, inquiet, s’en fut à sa recherche. Il rencontra son ami vautré sur un tas d’ordures, en train de ronger de vieux os pour calmer sa faim insatiable.

- N’as-tu pas honte, cria l’oiseau hors de lui ? Que va-t-on penser de nous ? Ton habit est taché et ton visage est couvert de graisse. Tu me dégoûtes… Puisque tu n’as pas d’éducation, je te laisse. Adieu !

- Non, non, cria le renard désespéré. Reste donc un peu ! Que ferai-je sans toi dans le ciel ?

Mais le condor ne prit pas garde à ces paroles et redescendit en un vol majestueux sur la terre.

D’interminables semaines passèrent au cours desquelles le renard confectionna avec des débris d’étoffe une corde qui lui permettrait de s’échapper du ciel et de regagner notre planète. Quand celle-ci eut atteint la longueur souhaitée, l’animal s’attacha l’extrémité à la porte du ciel et se laissa glisser lentement vers la terre.

Un groupe de petits perroquets verts qui passaient par là et qui étaient au courant du scandale commencèrent à couper la corde, à peu de distance du renard.

- De grâce, supplia l’animal menacé. Epargnez-moi ! Au secours, au secours !

Les perroquets n’en continuèrent pas moins leur sinistre besogne et, finalement, la corde se rompit.

Le condor aperçut son ami entraîné dans une chute effroyable. Il se souvenait encore de l’humiliation qu’il avait subie et traîna une lourde pierre sur laquelle le renard s’écrasa en faisant un bruit épouvantable.

 

Cette légende relate déjà l’arrivée des missionnaires chargés de christianiser ces Indiens (la notion de « monter au ciel » pour pouvoir se reposer) et la tentative de rendre l’Inca catholique (« renard et condor […] décidèrent de monter au ciel »). Elle annonce aussi qu’au départ l’Inca n’avait absolument rien contre la religion des nouveaux venus (condor assiste au banquet donné au ciel), elle narre aussi la duperie de renard contre cet oiseau sacré (il l’a laissé seul à la fin du banquet) et pour illustrer cette abominable duperie (renard fut retrouvé sur un tas d’ordures en train de se nourrir car il avait encore faim). Maintenant regardons d’un peu plus près à quoi précisément les Indiens font allusion. Certainement au fait que l’Inca fut pris en otage par celui qu’il croyait être son ami et que pour le délivrer il avait fallu verser une énorme rançon en or. Suite à cette trahison, l’Inca avait certainement décidé de se venger – les perroquets, représentant les officiers de son armée, coupèrent la corde et renard tomba et périt. Petit mot expliquant pour quel motif les perroquets illustrent les officiers de l’armée indienne : à cause de leur uniforme de plumes, à chaque grade correspondait un nom d’oiseau, si ma mémoire est bonne ;).

 

Ces 2 fables résument donc les relations entre Pizarro et Atahualpa… et renard garde sa mauvaise réputation à laquelle a été ajouté la qualification suivante : ami non sincère.

 

Une petite dernière ? il y a encore assez de place avant que centerblog ne bloque la longueur du billet ;) mdrrrrr !

 

Un quirquincho – c’est le nom donné par les indigènes au tatou – tomba follement amoureux de la fille du roi inca. Mais le souverain refusait de donner son unique enfant à qui que ce soit.

Le quirquincho ne se déclara pas pour battu. Il construisit une galerie souterraine qui lui permit d’arriver sous le château royal, de pénétrer dans l’enceinte et de monter jusque que dans les appartements de la princesse.

De cette union naquit un fils beau comme un dieu. Le roi inca n’arrivait pas à savoir qui était le père de ce magnifique enfant car la jeune femme refusait d’ouvrir la bouche.

Le garçon devint grand et robuste, faisant l’admiration de la cour. Un jour qu’il se promenait hors des murailles du château, il rencontra le quirquincho et sut que c’était son père. En effet, ce dernier, toujours amoureux, continuait à rendre fréquemment visite à la fille du roi, utilisant la galerie qu’il avait creusée des année auparavant.

A quelque temps de là, le quirquincho passa devant la maison du roi alors que celui-ci conversait avec son petit fils.

- Voici mon père, cria le jeune homme en faisant un signe amical à l’animal.

Le monarque sursauta et pria le quirquincho de s’approcher.

- Es-tu réellement le père de mon petit-fils ?

- Oui, répondit le tatou.

- Je ne te donnerai officiellement la main de ma fille, déclara le roi, que si tu m’apportes les peaux d’une vingtaine de vigognes.

Le quirquincho se rendit à une petite lagune et se mit à jouer de la flûte. Les vigognes, charmées, s’approchèrent les unes après les autres et demandèrent à l’animal comment il avait appris à jouer de cet instrument.

- Rien n’est plus facile, assura le tatou. Amenez-moi vos enfants et je leur enseignerai volontiers mon art.

Les vigognes exécutèrent les ordres du quirquincho. Celui-ci fit alors un grand bruit et les animaux, affolés, se précipitèrent au bas d’une falaise où ils se tuèrent. Le tatou rapporta au roi les peaux des malheureuses bêtes.

Mais le souverain pensa que cet exploit était la portée de la plupart de ses sujets et dit au quirquincho de lui livrer un sac d’oiseaux vivants.

L’animal s’enfonça au cœur de la cordillère des Andes et sema autour de lui des grains de maïs. Puis il commença à les recueillir en faisant semblant de se lamenter. Des oiseaux ne tardèrent pas à apparaître.

- Que t’arrive-t-il, demandèrent-ils ?

- J’ai laissé tomber mon sac de maïs et tous les grains se sont répandus sur le sol. Pourquoi ne m’aideriez-vous pas à les réunir ?

Les oiseaux acceptèrent et chacun d’eux prit un certain nombre de grains dans son bec.

- Maintenant, entrez dans le sac où vous attend votre récompense, ajouta le quirquincho.

Les oiseaux ne se firent pas prier mais se virent soudain prisonniers et le tatou, une fois de plus triomphant, rentra au château.

Le roi lui imposa une troisième et dernière épreuve.

- J’ai envie d’une peau de poulain sauvage, confessa-t-il. Apporte-la moi sans tarder.

Le tatou eut tôt fait d’attraper l’animal désiré qu’il remit au souverain. Celui-ci, enfin convaincu, lui donna la main de sa fille.

A ce même moment apparut un renard qui aurait voulu, lui aussi, épouser la princesse. Devant toute la cour réunie, il demanda non sans ironie au quirquincho :

- Quel moyen as-tu employé pour capturer ce poulain sauvage ?

- Il suffit de t’attacher un morceau de corde autour de la ceinture et de lancer l’autre bout en direction du cheval, répondit calmement le quirquincho.

Le renard suivit ce conseil mais le poulain dont il voulait s’emparer saisit la corde dans la gueule et prit la fuite, assommant le renard qui se trouvait attaché à l’autre extrémité.

 

Nous pouvons tirer deux leçons distinctes de cette dernière légende. La première narrant les épreuves du quirquincho nous dit que si nous voulons vraiment quelque chose, il ne faut surtout pas hésiter à persévérer que ce soit par ruse (il entreprit de creuser un tunnel pour accéder à la chambre de la princesse), que ce soit physiquement (il mit son idée à exécution et creusa le tunnel), que ce soit par l’intelligence (il trouva le moyen de vaincre tous les obstacles). La seconde leçon, en faisant intervenir renard, nous apprend que, non seulement d’avoir les défauts déjà narrés dans les légendes précédentes, voici un autre trait de caractère de renard : la convoitise (renard veut la princesse malgré qu’il sait qu’elle est déjà la femme d’un autre dont elle a déjà un fils) et continue à montrer sa bêtise en demandant à l’époux comment il est parvenu à attraper l’enfant d’un animal inconnu par les Indiens avant l’arrivée des Conquistadors, donc un animal encore rare dans ce royaume… ce qui permit au dit époux de se débarrasser définitivement de ce concurrent idiot…

 

Décidemment Maître Goupil semble avoir plus de soucis au pays de l’Inca qu’il n’en a dans sa propre patrie ;)… mais s’aperçoit-il qu’on se moque de lui ?

 

Bisous,

@+

Sab

6 juillet 2012

Prométhée

Ah que coucou !

 

Qui ne connait pas ce mythe de Prométhée ? Et bien, pour vous le remettre en mémoire, le voici, traduit par Eduard Petiška et illustré par Zdenek Sklenár, tiré du livre Mythes et Légendes de la Grèce antique dont vous voyez la couverture en tête de ce billet.

 

 

Le ciel se mirait dans les eaux et les eaux étaient remplies de poissons. De grands vols d’oiseaux passaient dans le ciel et des troupeaux paissaient dans les prairies. Mais personne ne s’occupait des troupeaux, personne n’attrapait les poissons et personne n’écoutait le chant des oiseaux. Sur terre, il n’y avait pas d’homme.

 

Prométhée, descendant de la famille sacrée des Titans, errait tristement sur terre et cherchait en vain des êtres vivants marchant debout comme lui et dont le visage aurait été semblable au sien. Mais il voyait l’argile d’où surgissaient l’herbe, les plantes et les arbres ; il voyait aussi les fortes pluies tombant sur la terre. L’eau de pluie gardait la nature en vie, et là où elle ne tombait pas les arbres et les buissons mouraient, laissant place au désert.

 

Lorsque Prométhée découvrit la force de la terre et de l’eau, il mélangea de l’argile et de l’eau de pluie, moulant la forme du premier homme. Cette forme ressemblait à celle des dieux. Pallas Athéna, déesse de la sagesse et de l’esprit, insuffla une âme à la forme sans vie : la grise argile devint rose, un cœur se mit à battre en elle et les bras et les jambes, encore immobiles, se mirent à bouger. C’est ainsi que Prométhée envoya sur terre le premier homme.

 

Longtemps, les hommes ne surent que faire de leur âme, don de Pallas Athéna. Ils vivaient comme de petits enfants. Ils voyaient mais ne reconnaissaient pas, ils entendaient mais ne comprenaient pas, ils marchaient sur terre comme dans un rêve. Ils ne savaient ni cuire des briques, ni couper du bois, ni construire des maisons. Semblables à des fourmis, ils grouillaient sur la terre et sous la terre, dans les recoins sombres des grottes. Ils ne savaient même pas que l’été succédait au printemps et que l’automne suivait l’été.

 

Prométhée descendit alors parmi les hommes et leur apprit à élever des maisons, à lire, à écrire, à compter et à comprendre la nature. Il leur montra comment atteler des animaux à des charrettes pour ne pas avoir à porter sur leurs dos de lourds fardeaux. Il leur enseigna l’art de construire des bateaux, leur expliquant comment les voiles aidaient le rameur à la tâche. Il les conduisit dans les profondeurs de la terre, à la recherche des trésors cachés. Le dur travail des mineurs arracha aux entrailles du sol le fer, le cuivre, l’argent et l’or.

 

Avant cette époque, les hommes ne connaissaient pas la médecine, ils ne pouvaient pas discerner ce qui leur faisait du bien de ce qui leur faisait du mal ; aussi Prométhée leur montra comment préparer des onguent et des médicaments. Il enseigna tous les arts aux hommes stupéfaits et ils les apprirent tous avec avidité.

Les dieux, assemblés sur le mont sacré de l’Olympe, jetaient des regards soupçonneux sur cette génération d’hommes sur la terre qui, grâce à Prométhée, avaient appris le travail, les sciences et les arts. Zeus, dieu souverain, fronçait les sourcils chaque jour davantage. Il appela Prométhée et lui dit :

 

« Tu as appris aux hommes à travailler et à penser, mais tu ne leur as pas assez appris à vénérer les dieux, ni à leur offrir des sacrifices, ni à les adorer. Tu dois savoir que c’est que dépendent la fertilité du sol, la prospérité ou le malheur des hommes. Les dieux décident de leur destin. Moi-même, j’envoie ma foudre quand je le veux. Retourne chez les hommes, et dis-leur de nous offrir des sacrifices, sinon notre courroux s’abattra sur eux. »

 

« Les hommes vont offrir des sacrifices aux dieux », répondit alors Prométhée, « mais il faut que tu viennes toi-même, ô Zeus choisir ce qu’ils sacrifier ».

 

Prométhée tua un taureau, cacha la chair dans le cuir du taureau et disposa les entrailles par-dessus. Il fit un autre tas avec les os, mais les recouvrit avec la graisse de telle sorte qu’ils étaient invisibles. Le tas d’os recouvert de graisse était plus gros et plus appétissant. Dès que tout fut prêt, Zeus sentit l’odeur délicieuse du sacrifice préparé et descendit sur terre.

 

Prométhée vit Zeus et s’exclama :

« O grand Zeus, choisis la part que tu préfères. Celle que toi, roi des dieux, aura choisie sera celle que les mortels continueront à te sacrifier ».

 

Zeus comprit bien que Prométhée cherchait à le tromper. Pourtant il ne montra pas sa colère, mais choisit délibérément le tas luisant de graisse. Alors, tout souriant, Prométhée s’approcha, écarta la graisse : les os dénudés apparurent. Par contre, lorsqu’il ôta le cuir du taureau de l’autre tas, la chair fraîche apparut, dégageant son agréable odeur. Depuis ce jour, les hommes sacrifièrent aux dieux la graisse et les os et gardèrent la chair pour eux.

 

Mais Zeus ne laissa pas impuni cet acte effronté : il décida de priver les hommes du feu, et, si la meilleure part – la chair – leur était réservée, ils devaient dorénavant la manger crue.

 

Zeus ordonna immédiatement aux nuages d’éteindre tous les feux avec leur pluie. Quant au vent sauvage, il devait disperser la cendre chaude et l’éparpiller, dans la mer. Ainsi les hommes perdirent le feu, indispensable au travail et à la vie : ils ne pouvaient même plus cuire leur pain. Les forges furent abandonnées et les ateliers se vidèrent. Lorsque les journées étaient froides et qu’il gelait la nuit, les hommes ne trouvaient nulle part à se réchauffer.

 

Prométhée vit quel désastre s’était abattu sur eux ; il les prit en pitié et ne les abandonna pas. Sachant que dans le palais de Zeus brillait jour et nuit un feu étincelant, il rampa la nuit jusqu’en haut de l’Olympe vers le palais sacré du dieu suprême. Sans être vu, tout doucement, il prit un peu du feu qui brillait dans la cheminée de Zeus et le cacha dans un bâton creux. Puis, tout joyeux, il s’en retourna chez les hommes avec son précieux larcin.

 

Les flammes s’élevèrent à nouveau dans les maisons et les ateliers, et l’odeur de plats cuits et de viandes grillées monta dans les cieux, jusqu’aux narines des dieux. Zeus abaissa ses regards vers la terre et vit la fumée s’élevant des cheminées. Il fut pris de la terrible colère des dieux et immédiatement imagina un nouveau châtiment. Il fit venir Héphaïstos le dieu boiteux, artiste renommé qui vivait au pied d’un volcan fumant où il avait ses ateliers, et lui commanda la statue d’une femme très belle.

 

Héphaïstos obéit, et bientôt Zeus put contempler une beauté comme personne n’avait jamais pu rêver d’en voir une. La déesse Athéna donna à la jeune fille un voile superbe, un vêtement éblouissant de blancheur et une magnifique ceinture. La déesse de la beauté, Aphrodite, lui donna une grâce aérienne, et quant à Hermès, le messager des dieux, il lui offrit une parole éclatante et vive et une voix splendide. Puis ils mirent une couronne sur sa tête. Zeus lui donna pour nom Pandore – ce qui veut dire ornée de tous les dons – et lui confia une boîte en or. Enfin, Hermès emmena Pandore sur terre, chez le frère de Prométhée, Epiméthée.

 

Prométhée avait souvent prévenu son frère qu’il ne fallait accepter aucun présent des dieux, mais devant la beauté de Pandore, Epiméthée oublia toutes les recommandations et l’accueillit dans sa maison, elle et sa boîte en or. Curieux de voir ce que les dieux lui avaient envoyé dans cette boite, il demanda à Pandore d’en soulever le couvercle, ce qu’elle fit volontiers. La Maladie, la Souffrance, la Misère et la Détresse s’échappèrent alors de la boîte en sifflant, grognant et geignant. Elles s’élevèrent au-dessus de la maison et se répandirent partout dans le monde qui jusque là avait ignoré le mal. Pandore elle-même s’effraya et referma vite le couvercle. Tout ce qu’il y avait de mauvais s’était échappé de la boîte, et seul l’Espoir était resté dedans : la Maladie et la Détresse l’avaient étouffé tout au fond du coffret de façon que seule une toute petite partie puisse s’en échapper dans le monde.

 

La Pauvreté et le Mal envahirent les maisons, et la Mort vint sur leurs talons. La Souffrance et l’Inquiétude réveillèrent les hommes pendant leur sommeil et les mauvais rêves les étouffèrent. Seul l’Espoir n’était pas répandu, car il était resté presque enfermé dans la boîte de Pandore.

 

La colère de Zeus frappa aussi Prométhée. Le roi des dieux envoya Héphaïstos et ses aides pour attacher le rebelle avec les chaines les plus lourdes et les plus solides à un rocher élevé des montagnes du Caucase. Contraint à obéir, Héphaïstos attacha si bien Prométhée au rocher qu’il ne pouvait pas bouger.

 

Prométhée était suspendu entre ciel et terre juste au-dessus des abîmes où flottaient les brouillards, mais il ne s’humilia pas et n’implora pas la pitié de Zeus.

 

Lorsque ce dernier comprit que Prométhée ne lui demanderait pas pardon et supportait fièrement son destin, il envoya au Caucase un aigle gigantesque. Chaque jour, l’aigle devait arracher le foie de Prométhée et le manger. Pendant la nuit le foie repoussait et le lendemain l’aigle renouvelait son supplice. C’est ainsi que Prométhée fut condamné à souffrir pour toujours. Beaucoup d’années passèrent, mais il ne fléchit pas.

 

Après des siècles, pendant lesquels Prométhée subit la torture et la solitude, Héraclès, fils de Zeus, remarqua le héros enchaîné sur le Caucase. Il passait devant lui en allant cueillir les pommes d’or du jardin des Hespérides tandis que l’aigle arrivait pour prendre sa nourriture.

 

Héraclès posa sa massue, tendit son arc, visa, et d’un seul trait tua le monstrueux oiseau de proie. Puis il rompit les chaînes et rendit au captif sa liberté. Pour amadouer Zeus et accomplir sa peine, Prométhée dut porter un anneau de fer renfermant une pierre du Caucase. Il resta ainsi « enchaîné pour toujours », selon les vœux du dieu suprême.

 

Depuis ce temps, les hommes portent des anneaux ornés de pierres en mémoire de l’épreuve de Prométhée. Ils les portent encore aujourd’hui, bien qu’ils aient depuis longtemps oublié Prométhée, qui ne voulut pas se soumettre aux dieux et prit fidèlement parti pour les hommes.

 

Promethee

Que nous enseigne ce mythe ?

 

Ce mythe sert d’enseignement religieux. Nous apprenons que seuls les dieux peuvent décider de l’avenir de l’homme. Il nous apprend que nous devons vénérer les dieux. Mais ne pouvons-nous ne tirer qu’un enseignement religieux ? Non parce qu’il nous apprend aussi à nous méfier de notre curiosité et de certains cadeaux émanant de personnes/entités en qui nous pouvons avoir confiance et qui ne sont, en fait, que des cadeaux empoisonnés qui font plus de mal que de bien malgré leur joli emballage… Bref, ce mythe nous enseigne la prudence et le respect de la volonté divine…

 

Bisous,

@+

Sab

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4 juillet 2012

Légendes indiennes de la Cordillère – 2

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Ah que coucou !

 

Voici donc le second volet des légendes indiennes de la Cordillère des Andes où le thème principal est :

 

L’Accession à un Trésor

 

 

où l’on s’aperçoit que parfois, il peut être néfaste à celui qui le possède…

 

Nous savons tous que les Conquistadors allaient au Nouveau Monde, surtout pour faire mains basses sur l’or et les richesses de toutes les peuplades (on estime que l’Espagne à soutirer plusieurs milliers de tonnes d’or de l’ancien empire inca). Des légendes circulaient parmi eux comme quoi il existait, au Nouveau Monde, des cités faites exclusivement d’or. Depuis l’arrivée espagnole sur ce continent, une grande majorité d’Européens a parcouru toutes les Amériques a la recherche des trésors… ces légendes sont-elles donc destinées aux seuls Amérindiens ou visent-elles aussi à mettre en garde tous les « Conquérants » contre cet appas qu’est l’or et l’argent ?? Nul ne peut hélas nous le dire, les descendants des Incas ont-ils actualisé ou non ces légendes pour qu’elles s’adaptent à cette époque des conquêtes espagnoles ? pour ma part, j’ai tendance à le croire, mais je ne détiens pas la science infuse, alors c’est à chacun de faire sa propre opinion…

 

Bisous,

@+

Sab

 

 

 

BannAndes

 

 

A l’ouest du grand sala d’Atacama se dresse une montagne, le Quimal, dont le nom revient souvent ans les strophes de la talatur.

A une époque où les sources n’étaient pas encore taries, un homme de la contrée s’y rendait souvent avec ses animaux domestiques.

Un jour, il rencontra un gros taureau qui l’invita à le suivre.

- Je te montrerai de merveilleux pâturages, assura ce dernier.

L’homme se laissa convaincre et se mit à gravir les flancs de la montagne où il rêvait déjà de faire paître ses lamas. Mais, fatigué, par le chemin qu’il venait de parcourir, il s’étendit sur l’herbe et s’endormit. A son réveil, il se trouva seul au milieu d’une région totalement désertique. De plus, le taureau et son troupeau avaient disparu.

Arrivé au sommet de la montagne, il aperçut les vestiges d’une ancienne construction. Cédant à sa curiosité, il commença à creuser et découvrit une statue de la ma en or massif. Fou de joie, il rentra chez lui, pressant sur son cœur la précieuse trouvaille. Mais, à quelques jours de là, il se sentit pris de vertiges et mourut avant même d’avoir pu consulter le guérisseur de son village.

Ses parents, qui flairaient quelque chose de louche, se débarrassèrent de la statuette et la donnèrent à un neveu du défunt. Celui-ci, à son tour, ne tarda pas à succomber et un étrange malaise affecta bientôt tous les membres de la famille. Pris de panique, ces derniers s’empressèrent de gravir le Quimal et d’enterrer la statue là où leur infortuné parent l’avait découverte. Ils se sentirent mieux, et revinrent, soulagés, à leur village.

 

 

BannAndes

 

 

Ce mont Quimal est sillonné de chemins aujourd’hui presque entièrement effacés dont quelques-uns atteignent le sommet. Ils auraient été tracés par les Incas qui exploitèrent de nombreuses mines d’or étagées sur les pentes. Mais, afin que personne ne s’y aventure, ils jetèrent un sort à tous les villages des environs. De sorte que si quelqu’un venait à trouver les mines en question, une catastrophe anéantirait immédiatement les populations qui vivent sur les flancs de ce volcan.

Près de là se dresse le Licacabur, une des montagnes les plus impressionnantes du désert d’Atacama. Elle plafonne à une altitude de 6.000 mètres et impose sa forme rigoureusement triangulaire au paysage.

Au sommet de ce volcan se trouve un petit lac qui remplit la gueule du cratère. Sur les bords, on aperçoit des traces de constructions. Semblables vestiges se rencontrent d’ailleurs sur de nombreux volcans atacaméniens. A côté, on distingue un tas de bois. Il est difficile de dire s’il s’agit de lieux de culte ou des postes de signalisations utilisés par les anciens habitants du désert. Mais la seconde hypothèse semble la plus vraisemblable.

A en croire les Indiens, une tête de guanaco en or massif gît au fond du lac du Licancabur. Elle y aurait été jetée par les Incas au moment de l’arrivée des espagnols dans le désert.

Un trésor d’une valeur incalculable se trouve également au fond de la lagune de Chiu-Chiu dont les eaux d’un bleu-vert sont faites pour attirer l’attention.

Sur les rives de ce lac insolite vivait une princesse qui possédait un collier en or d’un prix inestimable. Elle adorait le Soleil et sa beauté était si grande que les volcans, par leurs éruptions fréquentes, lui rendaient l’hommage qu’elle méritait.

 

 

BannAndes

 

 

Un berger des environs du Cuzco découvrit tout à fait par hasard des pièce d’or autour d’un trou qui s’ouvrait au sommet d’une colline. Il mit son père au courant de sa trouvaille. Celui-ci conseilla à l’enfant de retourner sur les lieux afin de voir s’il ne restait pas encore quelques pièces.

Le garçon grimpa sur la colline et pénétra dans le trou. Alors, un monde merveilleux lui apparut.

Il y avait là des villes, des cultures verdoyantes et des milliers de paysans qui travaillaient activement dans leurs champs. Ces derniers reçurent leur jeune visiteur avec gentillesse, lui montrèrent leur royaume et donnèrent en cadeau deux épis de maïs, l’un de couleur jaune, l’autre de couleur blanche.

Le berger prit congé de ses hôtes et continua à suivre le souterrain. Il parvient finalement à sortir par une grotte qu’on distingue encore au pied de la colline. Mais ce voyage avait duré de longues années et lorsqu’il revit la lumière du jour, c’était un vieillard aux cheveux blancs. Les épis de maïs que lui avaient offerts les Incas s’étaient transformés l’un en or, l’autre en argent. Le berger retourna à son hameau. Pourtant il n’y trouva aucun membre de sa famille ni aucun de ses amis ; tous étaient morts durant son absence prolongée.

Non loin de cette localité vivaient deux frères dans une ferme construite sur le flanc de la colline. Pedro était riche, Pablo n’avait pas un sou.

Pedro traitait son frère avec dureté, se moquant de lui, lui donnant la plus mauvaise nourriture et le chargeant de toutes les besognes ingrates. Sa femme, Lucia, elle aussi, méprisait son beau-frère parce qu’il était pauvre, et le commandait comme s’il était agi d’un vulgaire domestique.

Un jour, Pablo décida de faire une offrande à la Pacha Mama. Mais comme il n’avait pas d’argent et qu’il ne pouvait pas compter sur son frère, il dit à Ana sa femme :

- Je vais descendre dans la vallée et chercher un travail. Avec l’argent que j’aurai gagné, j’achèterai de quoi faire un sacrifice à la terre.

La nuit tombait et Pablo dut se réfugier dans une grotte. Pendant qu’il dormait, les montagnes de la région commencèrent à échanger leurs impressions de la journée, ainsi qu’elles avaient l’habitude de le faire. La plus haute d’entre elles déclara :

- Mes sœurs, voyez ce pauvre homme qui dort dans mon flanc ! Il est plein de bonne volonté et de piété. Ne pourrions-nous pas l’aider ?

Les autres montagnes furent entièrement de cet avis. La plus haute reprit :

- Moi, je lui donne une marmite de maïs blanc.

- Moi une autre de maïs jaune, ajouta la seconde.

- Et moi une autre de maïs violet, conclut la troisième montagne.

Quand il se réveilla, Pablo eut la surprise de trouver à ses côtés trois marmites remplies d’or, d’argent et de pierres précieuses. Alors, tout heureux, il rentra chez lui et se mit à acheter les objets qu’il voulait offrir à la Pacha Mama.

Pedro s’étonna de la richesse accumulée par son frère.

- L’aura-t-il acquise par vol ou par le meurtre, ne cessait-il de se demander ?

Afin de connaître la vérité, il se mit à traiter Pablo avec amabilité, priant sa femme Lucia d’en faire autant.

Mais Pablo, qui était un brave homme, lui raconta son aventure dans ses moindres détails.

Pedro, qui aimait beaucoup l’argent, voulut, lui aussi, descendre dans la vallée et s’arrêta dans la grotte miraculeuse. Mais il ne put fermer l’œil de la nuit et entendit ce qui se racontait autour de lui.

- Regardez cet homme qui dort dans mon flanc, dit la montagne la plus haute. Sans doute a-t-il besoin de notre aide ; que pouvons-nous faire pour lui ?

- Moi, répondit l’une, je vais lui confectionner un vêtement qui lui permettra de supporter toutes les intempéries.

- Et moi, déclara la deuxième, je lui donnerai une coiffure qui le rendra invulnérable.

- Quant à moi, assura la plus haute montagne, je lui offrirai quatre choses qui feront de lui l’être le plus rapide de ce monde.

Pedro, enchanté de ce qu’il avait entendu et croyant avoir joué un bon tour aux montagnes, s’endormit. Mais, au cours de son sommeil, il fut transformé en cerf, et lorsqu’il retourna chez lui, sa femme, qui ne le reconnut pas, lança les chiens à sa poursuite.

Une sœur d’Ana était, comme cette dernière, une femme très vertueuse. Malheureusement, elle était mariée à un homme qui menait la grande vie et qui la trompait tant qu’il pouvait. Il disparaissait pendant des mois et revenait chez lui juste pour emprunter de l’argent. Mais son épouse l’aimait malgré tout et lui restait fidèle.

Un jour, l’homme rentra très mal en point et le guérisseur du village, aussitôt consulté, avoua qu’il serait difficile de le sauver. Toutefois, sa femme l’entoura de tels soins et lui prodigua une telle affection que son mari finit par retrouver la santé. Il repartit sans attendre davantage à la recherche de nouvelles aventures.

Une deuxième fois, il revint, dans un état plus pitoyable encore. Entre-temps, sa femme avait mis au monde un charmant petit enfant. Le sorcier déclara que le malade avait besoin de lait. Sa fidèle épouse le nourrit. L’homme guérit et repartit.

La troisième fois, il rentra pour expirer. Personne n’accompagna son cadavre au cimetière. Seule sa femme se tint, muette, devant la tombe.

3 juillet 2012

von Goethe : Werther [03 – Table des matières]

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Ah que coucou !

 

Devant la difficulté d’insérer un texte supérieur à un certains nombres de lignes, il nous faut changer de tactique. C’est pour cela que j’adopte le :

 

poster un billet par lettre

 

De ce fait, la rubrique littéraire change de présentation. D’une classée par ordre chronologique décroissant, son classement est dorénavant par ordre alphabétique (comme certains ont certainement dû s’en apercevoir). Et pour que vous puissiez atteindre la lettre que vous souhaitez j’insère, sous ma signature, le lien vers le billet concernant la lettre recherchée…

 

Je tenterai d’ajouter quelques lettres quotidiennement… je préviens : JE TENTERAI ;) !

Pourquoi seulement que quelques lettres et non tout le livre ou toute la partie ? Il faut que vous sachiez qu’il y a 78 lettres, ce qui nous fait un total de billet concernant cette œuvre de plus de 78 billets ! Certains lecteurs, n’ayant pas envie de lire cet ouvrage pour différentes raisons comme celle qu’ils l’ont déjà lu ;), risquerait de se fatiguer si je leur mettais d’un coup tous les billets… de plus, ceux qui désirent le lire risqueraient de louper certaines lettres…

 

Comme cette œuvre n’est pas de votre Sab, je désactiverais la possibilité de faire un commentaire quelconque. Concernant cette œuvre, vos commentaires seront les bienvenues à la fin, dans le billet final, pour nous donner votre opinion sur cette œuvre.

 

Bisous,

@+

Sab

 

22.06.2012

 

Ah que coucou!

Vous ne voyez plus dans cette première page les billets consacrés au contenu du livre ;)? Pas de panique! Ils existent toujours. Je ne les ai que déplacer pour éviter que des nouveaux visiteurs pensent qu'il s'agit là d'un blog réservé à Goethe et au reste occasionnellement ;)...

 

Pour plus de visibilité concernant l'actualité de la mise en ligne de l'ouvrage, vous constaterez que j'ai introduit un jeu de couleur. Les lettres répertoriée en gris, sont celles qui ne sont pas encore en ligne contrairement celles en vert que vous pouvez lire directement sur ce blog.

 

Bisous,

@+

Sab

 

 

03.07.2012

 

Ah que coucou!

 

Ca y est! le livre dans sa globalité est maintenant en ligne! Je confronterai la version allemande et la traduction française plus tard car, pour le moment, il faut que je me repose de ma lecture en français et que je me la remette en tête en allemand...

 

Ce billet, à dater du 5 juillet donc, ne sera plus maintenu en haut du blog

 

Bisous,

@+

Sab

 

GoetheBann

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2 juillet 2012

Légendes indiennes de la Cordillère - 1

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Ah que coucou !

 

Ces quelques légendes, je les tiens du livre Les Indiens de la Cordillère des Andes écrit par Jean-Christian SPAHNI, édité quelques années avant ma naissance et dont il a consacré un chapitre aux légendes (chapitre V).

 

De ce fait, je ne vais pas les conter, je ne connais que sa version/traduction. Je ne vais que les recopier. Mais pas toute en une seule fois, car premièrement « copier » m’énerve et « secondement » le billet serait trop important pour que centreblog ne l’accepte en une seule partie ;)…

 

Ces trois légendes, sans titre, sont des légendes indiennes qui ont été influencées par le christianisme (dans le premier, vous allez surement reconnaître ce mythe religieux de Sodome & Gomorrhe ;)) et des faits historiques… mais place à 3 des courtes légendes (que vous pouvez lire sous ma signature)

 

Bisous,

@+

Sab

 

 

 

BannAndes

Sur les hauts plateaux de la cordillère des Andes abondent les lagunes dont les eaux sont plus ou moins salées. L’une d’elle s’appelle la Laguna de Pujsa. Elle est à une altitude de 4.500 mètres. Sur ses rives s’étendait un village dont les habitants menaient une vie dissolue, contraire aux ordres prescrits par les dieux.

Le roi Inca se vit dans l’obligation d’intervenir pour que le mal ne gagne pas d’autres parties du royaume. Il ordonna à trois fillettes de quitter au plus tôt la localité et de fuir en direction de l’Orient, mais sans jamais se retourner. Des bruits inquiétants se firent entendre. Une des jeunes filles ne put résister à la tentation de voir ce qui se passait et jeta un coup d’œil derrière elle. Elle fut immédiatement transformée en pierre. La deuxième fillette commis la même erreur et subit un sort identique. Seule, la troisième, la plus obéissante, échappa au désastre. Les eaux de la lagune recouvrirent la ville et tous les habitants périrent noyés. A un kilomètre à l’est du lac se trouve un monolithe d’une hauteur d’un mètre et demi dont la forme rappelle celle d’un être humain ; il correspondrait à la première jeune fille. Un peu plus loin, on voit un deuxième bloc qui figurerait la seconde victime de la tragédie.

 

BannAndes

Les Espagnols envahirent le désert d’Atacama alors que le roi inca occupait l’une des oasis.

Les intrus s’emparèrent du souverain qu’ils menacèrent de mort si les hommes de sa suite ne remplissaient pas immédiatement une maison de la localité d’objets en or et en argent.

Le roi fit appeler tous ses sujets pour qu’ils accomplissent les ordres donnés par les Espagnols. En peu de temps, la demeure choisie à cette intention fut remplie jusqu’au plafond de milliers de lingots et d’idoles en métal précieux. Mais les envahisseurs ne tinrent pas paroles et condamnèrent le malheureux roi inca à être décapité sur la place du village devant tous les indigènes réunis.

Avant de mourir, le souverain poussa un grand cri. Aussitôt, l’ensemble des richesses accumulées durant des siècles par les Incas disparut comme par enchantement. C’est la raison pour laquelle, depuis cette lointaine époque, on n’a retrouvé aucune trace du fabuleux trésor, bien que des recherches et des fouilles aient été entreprises en plusieurs points de l’empire.

 

Ce même roi, misérablement trahi par les envahisseurs, possédait plusieurs femmes. Alors que les sujets livraient la rançon exigée par les Espagnols, le souverain s’approcha de ses épouses et leur tint le langage suivant :

- Quand je mourrai – car il savait que ses ennemis l’avaient trompé – ayez soin de conserver mon sang dans des récipients en terre cuite, fermés d’un couvercle, mais ne regardez jamais à l’intérieur, de crainte que la malédiction ne s’abatte sur mon royaume.

Peu de temps après que la tête de l’infortuné monarque eut roulé sur le sol, les femmes se précipitèrent pour recueillir le sang qui s’échappait de l’horrible plaie et le mirent dans de magnifiques jarres, répondant ainsi aux dernières volontés de leur maître.

Des mois passèrent, marqués par le deuil cruel qu’éprouvait le peuple inca privé d’un roi qui l’avait conduit au faîte de la gloire. Les veuves éplorées ne quittaient pas du regard les précieux récipients dont elles étaient les gardiennes respectées, mais avec l’envie de plus en plus grande de jeter un coup d’œil à l’intérieur contrairement aux recommandations que leur avait faites leur illustre époux.

Un soir, elles se réunirent chez la plus âgée d’entre elles, évidemment sans que personne n’ait eu vent de la chose.

- Nous ne risquons rien à soulever légèrement les couvercles et à les refermer immédiatement après, décidèrent-elles.

Quelle ne fut pas leur surprise, d’apercevoir au fond de chaque vase, de minuscules êtres vivants, qui ressemblaient étrangement au roi défunt, par la silhouette et les vêtements. Se penchant davantage, elles virent que tous ces petits êtres faisaient des gestes désespérés et elles purent lire sur leurs visages une expression de profonde tristesse. Puis la vision disparut et il ne resta plus au fond des récipients qu’un tas de cendres grises et froides.

Les épouses infidèles, cédant à leur curiosité, venaient d’anéantir d’un coup la descendance légitime du souverain, mettant un terme définitif à une civilisation qui, durant des siècles, avait régné sur la majeure partie de l’Amérique du Sud.

 

BannAndes

Un jeune berger du village d’Ayquina avait pris l’habitude de faire paître ses brebis dans les ruines d’une forteresse atacaménienne située près du hameau de Turi.

Un jour, il remarqua parmi les vieilles pierres une cloche en or dont l’éclat était si violent qu’il faisait mal aux yeux.

De retour à la maison, l’enfant s’empressa de raconter à ses parents l’extraordinaire spectacle dont il avait été le témoin. Ceux-ci se rendirent aussitôt à Turi pour contempler le prodige. Mais la cloche avait disparu, ne laissant que son empreinte sur le sable.

Dans ce même hameau de Turi vivait également un jeune berger qui se rendait tous les jours près d’Ayquina, accompagné de son troupeau de lamas. Il était heureux et ses parents, qui vivaient dans la misère la plus noire, lui demandèrent quelle était la cause de son bonheur.

- Là-bas, expliqua le jeune homme, il y a un petit garçon d’une extrême gentillesse avec lequel je joue tous les jours. Sa maman, elle aussi, est très bonne et très douce avec moi.

Les parents ne pouvaient en croire leurs oreilles.

- Quelle chose incroyable, dirent-ils.

Et, afin d’en avoir le cœur net, ils se rendirent à l’endroit qui leur avait été décrit par leur fils. Ils y trouvèrent une statue de la Vierge qui est actuellement gardée dans l’église d’Ayquina.

30 juin 2012

Les cartes anciennes sur ce blog...

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Ah que coucou !

 

Certains se demandant où j’ai trouvé toutes ces gravures que je numérise et incorpore dans mes billets, je lève aujourd’hui le voile sur ce mystère ;)…

 

Dans ma bibliothèque, à côté des dictionnaires de langues étrangères se trouvent, comme certains l’ont déjà remarqué, quelques livres qui semblent bien anciens. Parmi ces ouvrages il y a cet atlas édité en 1876, que nombreux n’ont jamais osé toucher ;) mdrrr :

 

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quand notre pays avait ces frontières là :

 

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et qui englobe toute la science historique, géographique, géologique et spatiale de cette fin du XIXe siècle… ce qui explique, quand le sujet le permet, que vous voyez des gravures et non des images créées par ordinateur, car elles sont, à mon goût, bien plus esthétiques ;)… Quant à la gravure représentant les frontières de l’Allemagne nazie éditée en 1939, elle est issue de la carte de l’Europe en 1939 que mon grand-père maternel avait achetée et qu’il avait ajoutée à cet ouvrage pour l’actualiser.

 

Voilà pour un des mystères de votre Sab ;)

 

Quant aux connaissances de l’espace de cette fin de ce XIXe siècle et pour vous montrer l’avancement de notre savoir, j’ai prévu de faire quelques billets à ce sujet, mais pour le moment, j’ignore encore comment je vais présenter ça…

 

Bisous,

@+

Sab

16 juin 2012

Guy de Maupassant : Le p’tit fût

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Ah que coucou !

 

Aujourd’hui je ne vais vous proposer qu’une courte histoire de l’ami Maupassant, en effet, devant préparer de nouveaux billets pour toute la semaine prochaine et faire toutes les autres choses que l’on fait pendant le week-end, et l’heure avançant à grand pas, je n’ai pas trop le temps actuellement de vous faire un exposé sur ce que je viens de lire et sur les liens sur lesquels je viens de cliquer, tout en œuvrant à la recherche de mes ancêtres qui ont trouvé spirituel, à nouveau, de disparaître pour on ne sait où

 

Donc, aujourd’hui je vous propose cette courte nouvelle :

 

Le p’tit fût

éditée le 7 avril 1884

Accessible à la lecture/téléchargement en cliquant ici

format pdf

(logiciel fourni gratuitement par Adobe)

 

où l’on verra jusqu’où l’appas du gain (autant chez le vendeur que chez l’acheteur) peut mener. En effet, Guy de Maupassant nous raconte là ce qui pourrait être, de nos jours, une anecdote malheureuse concernant un viager et l’impatience de l’acheteur à accéder à la pleine jouissance de son bien alors que la vendeuse se porte à merveille.

 

Au sujet du viager, qui, par chance, ne finissent pas tous comme ça ;), je vous propose aussi de visionner le film : le Viager où Michel Serrault se retrouve centenaire, contre l’avis de son généraliste qui lui avait pronostiqué une fin plus précoce et avait conseillé à son frère d’acheter en viager la maison de ce grand malade « qui n’avait plus pour longtemps à vivre » et qui possédait à St Tropez une belle petite maison bien placée (bien longtemps avant que B.B. y habite et entraine à sa suite tout le gratin du show-business et leurs fans)… Film dont voici une interview de Pierre Tchernia, le réalisateur, qu’il a accordée à « Nord actualité télé » le 27 janvier 1972 avec un extrait noir et blanc du film (couleur ;)).

 

 

Bon appétit !

 

Bisous,

@+

Sab

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