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9 juin 2012

Christophe : Le Sapeur Camember

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Ah que coucou !

 

Voici une autre petite histoire de notre héros Camember qui fait suite. Elle a pour titre :

 

Camember dévoyé

 

Bisous,

@+

Sab

 

010B

Ecœuré, M. Camember père renonce à faire quelque chose de son fils, qui, abandonné à lui-même, donna libre carrière à son esprit inventif…

 

010C

… Au grand désespoir du marchand de marrons du coin de la mairie, qui ne comprend rien aux phénomènes extraordinaires dont son établissement est le théâtre

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9 juin 2012

Jeunesse Illustrée: 8 septembre 1912 : Page 2 & 3

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Ah que coucou !

 

Ci-dessus voici la copie écran de ces 2 pages comme promis à ceux qui souhaitent aussi recréer l’illustré. Comme vous le constatez j’ai utilisé la base d’un tableau à 3 colonnes et à 8 lignes. La police choisit est celle qui m’a semblé la plus proche de l’originale : Arial ; la taille : 11. Pour le paragraphe format justifié j’ai mis la première ligne à 0,2. Je vous donne maintenant les images ainsi que les textes à la suite de ma signature.

 

Bisous,

@+

Sab

 

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C’était au temps des fées. Benoît, jeune bucheron, était envieux. Ce défaut s’aggrava par suite d’un accident. Abattant un jour des chênes, Benoît ne se gara pas à temps et un arbre tomba près de lui, une branche le jeta par terre, écrasa son bras, qu’on dut couper.

 

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Cela, comme nous le disons, l’aigrit encore. Il avait un voisin aimable, gai, bien fait, Hugues, dont il était jaloux…

 

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Il lui cherchait souvent querelle et grommelait : « - Tout lui réussit !... Ah ! si j’avais un bras, comme je lui flanquerais une raclée !... »

 

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Que fut-ce quand Hugues épousa une jolie jeune fille et qu’il eut, plus tard, un beau garçon ! Benoît ne décolérait pas… Il se montrait insolent envers Hugues qui, doux, était gentil avec lui…

 

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Benoît n’était pas, au fond, très mauvais et un jour qu’il vit en forêt un écureil blessé à la patte, il le soigna, le pansa…

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L’écureuil guéri dit : « - Je suis un sorcier… Ayant enfreit les règlements de notre secte, je suis condamné à rester dix ans écureuil… »

 

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« Cela ne m’empêche pas d’obliger ceux qui furent bons pour moi… Tu l’as été… Je veux faire quelque chose pour toi… »

 

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Disant cela l’écureuil cassa une noisette, la vida, alla la remplir d’eau à une source… Puis il prononça des paroles cabalistiques…

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« - Cette eau est maintenant enchantée, dit-il… A mesure que tu la videras, la noisette se remplira, si tu te sers de l’eau avec discernement, modération et pour une bonne cause…

 

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… cette eau fera pousser et repousser ce que tu voudras… Une goutte suffira… Adieu… » Benoît rentra chez lui et versa une goutte d’eau au pied de ses haricots, qui ne poussaient pas…

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Ils devinrent superbes… Modeste, simple, Benoît se servit surtout de l’eau pour faire pousser ses légumes.

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Il faisait ainsi plusieurs récoltes par an, s’enrichissait vite… Malgré ça il était toujours jaloux d’Hugues, enviant son bonheur conjugal et paternelle. Nulle femme ne voulant de lui, car on connaissait son caractère envieux.

 

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« Sacré Hugues ! tout lui réussit… A quoi me sert mon aisance si je dois rester seul dans la vie !... » Et, maugréant, il faisait pousser ses légumes avec son eau intarissable…

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Soudain, un jour, il eut une idée : « Suis-je bête de ne pas y avoir pensé déjà !... Puisque mon eau fait pousser, elle fera certainement repousser mon bras et je pourrai donner à Hugues la raclée rêvée !... »

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Et Benoît versa le contenu de la noisette sur son bras, qui repoussa… Il chercha alors querelle à Hugues – qui ne s’étonna pas trop de lui revoir deux bras, car à cette époque de sorciers, de fées, les miracles n’étonnaient guère – et il le rosa…

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Hugues rentra chez lui le nez saignant, l’œil poché… Comme Benoît se vantait de son exploit à une voisine : « - Vous avez eu tort, dit-elle…

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… Hugues a assez de chagrin… En effet, son fils est au lit, souffrant, s’en allant de consomption, dirait-on, de faiblesse… »

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Cela troubla un peu Benoît… A mesure qu’il approchait de sa demeure il lui semblait que son bras diminuait. Quand il arriva devant sa porte il était redevenu moignon…

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Benoît pénétra dans son jardin… Ses fleurs, ses légumes étaient secs, flétris… Il couru chercher la noisette… Au lieu d’être pleine, comme toujours, il y avait à peine une petite goutte d’eau au fond.

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Il versa la goutte sur ses légumes… Les légumes, qui reprenaient d’habitude immédiatement, ne repoussèrent pas… Mais la goutte revenait dans la noisette.

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Il la versa sur son bras… Le bras ne repoussa pas… Soudain, Hugues comprit… L’écureuil avait dit : « - Ne te sers de l’eau que pour une bonne cause » et il s’en était servir pour faire repousser son bras afin de rosser Hugues !...

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Il était puni… Et comme il voyait toujours la goutte d’eau dans la noisette, il eut une inspiration… Il courut chez Hugues, bondit vers le lit de l’enfant malade, versa la goutte d’eau de la noisette sur lui. Et l’enfant, soudain, se redressa, robuste.

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A la suite de cette bonne action, la noisette s’emplit de nouveau… De nouveau, Benoît put cultiver ses plantes et légumes.

 

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Il devint doux, s’interessa à l’enfant qu’il avait sauvé et épousa la sœur de Hugues… Les beaux-frères vivent unis… leurs enfants jouent ensemble.

7 juin 2012

Jeunesse Illustrée (spécifications techniques)

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Ah que coucou !

 

Suite à certaines demandes de ceux qui sont trop éloignés pour profiter des restaurations faites par Sab, et ceci pour rendre plus facile leur mise en page ;), voici déjà les mensurations des dits illustrés :

 

Largeur (cm) x Hauteur (cm)

26,5 x 44,5

 

Et pour connaître la mise en page, je vous ferai un copie écran de la page concernée que je mettrai en début de billet.

 

Maintenant pour la marche à suivre je commence par mettre toutes les marges de la page à 0 cm, puis comme base à la page j’inserts un tableau à 3 colonnes. Je pense que cela sera bon comme ça…

 

Bisous,

@+

Sab

7 juin 2012

Christophe : Le Sapeur Camember

Ah que coucou !

 

Et parce que vous êtes sages, voici la suivante dont le titre est :

 

Camember ballote

 

Bisous,

@+

Sab

 

 

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Malheureusement Ephraïm, devant ses formes et ses tranchets, pense aux échos du bois du Mortare et méprise ses devoirs professionnels, ce qui amène parfois des explications vives.

 

 

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Sorti de chez le père Christophe pour entrer chez le père Bibelot, Ephraïm persiste dans sa manière d’agir qui consiste à ne rien faire. Il est curieux à ce propos de remarquer comment les mêmes causes sont suivies d’effets analogues.

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7 juin 2012

Christophe : Le sapeur Camember

 

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Ah que coucou !

 

Oui, oui, oui, oui. Je n’ai oublié qu’il fallait que je continue à mettre en ligne les aventures du Sapeur Camember, pas de panique ;) ! Voici une de ses nouvelles aventures tirées de la première partie « Camember est présenté aux lecteurs » qui s’appelle :

 

Camember à la recherche d’une position sociale

 

Bisous,

@+

Sab

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Son éducation terminée, et étant donné son goût pour l’ornithologie, on lui trouva un métier peu absorbant et qui éveille en lui de poétiques rêverie.

 

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Malheureusement, ayant, à l’instar du regretté Pan, découvert les propriété musicales des roseaux juxtaposés, il néglige complètement l’ornithologie pour la musique et laisse les palmipèdes, confiés à ces soins, contracter de funestes habitudes d’indépendance

 

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Ce qui n’est pas du goût de M. Camember père, lequel est régulièrement obligé de rembourser le prix des oisons égarés par le Mozart franc-comtois.

 

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Aussi M. Camember père prend-il la résolution virile d’arracher son fils à ses tendances contemplatives en le mettant en apprentissage chez le père Christophe (fait le neuf avec du vieux).

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6 juin 2012

Jeunesse Illustrée : Test (à vous de choisir)

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Ah que coucou !

 

Là, j’ai besoin d’un coup de main. J’aimerais savoir quelle est la meilleure présentation pour numériser ce journal pour enfant du début du XXe siècle. A votre avis, faut-il privilégier le format original, c’est-à-dire à scanner les pages une à une et en les regroupant en minimisant les effets du temps sur le papier (= supprimer le trop de jaune des pages) afin que cela donne ceci, par exemple :

 

 

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Ou bien c’est autre solution beaucoup moins rapide qui consiste à restaurer au maximum chaque image et, afin que les textes soient bien tous lisibles, réécrire tout, tout en respectant la mise en page initiale, ce qui donnerait pour le premier feuillet des Jeunesses Illustrées datée du 8 septembre 1912 ceci (évidemment, il faut imaginer que le texte soit sur 3 colonnes et sur page format A3) :

 

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Jean Chemin est obsédé par les écriteaux qu’il a vus accrochés aux maisons modernes : Electricité. – Salle de bains. – Téléphone. – Nettoyage par le vide. Il résolut d’introduire ces différents spécimens de confort dans…

 

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… sa maison de la forêt de Sénard, située au bout de l’allée des Chasseurs, 5e châtaignier à droite. Ancien mécanicien, Jean Chemin eut vite fait d’établir une prise de courant sur le plus prochain fil électrique et d’installer l’éclairage moderne.

 

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Tout près de là, derrière la maison d’un garde-chasse, Jean a bouché, au moyen d’un tampon, un tuyau de gouttière placé au-dessus d’un tonneau. Quand il veut

prendre un bain…

 

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… il se déshabilla et s’introduit dans le tonneau toujours à moitié rempli d’eau. Et lorsque le moment de la douche est arrivé, il tire sur le tampon

 

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L’eau de la gouttière lui tombe en cascade sur l’échine. Jean Chemin n’a plus qu’à se rhabiller et à regagner tout ragaillardi le chemin de son home.

 

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Quand sur la route un passant généreux lui donne une pièce blanche, vite il court à son domicile…

 

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… et téléphone (l’appareil téléphonique se compose d’une simple sonnette) à son ami Jules Guenille, qui habite à 100 mètre de là un chêne séculaire.

 

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La sonnette tinte trois coups. « - Je sais ce que c’est », dit Guenille il dégringole de son arbre et gagne la route.

 

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… où il arrive juste à temps pour recevoir la pièce blanche du généreux promeneur. Il faut s’entr’aider dans la vie.

 

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La belle saison est arrivée. Jean songe à nettoyer son intérieur. Il s’est confectionné un appareil de nettoyage par le vide avec une vieille seringue à cheveux à laquelle il a adapté un entonnoir.

 

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Il n’a plus qu’à faire fonctionner la seringue qui, en faisant le vide, pompe la poussière et les microbe de l’appartement de Jean Chemin.

 

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Et voilà pourquoi Jean a toujours la figure souriante. Cette existence heureuse lui est procurée par l’agréable et pratique confort dont il a su s’entourer.

 

Alors à votre avis, quel style de numérisation faut-il mieux adopter ?

 

Bon, évidemment, je présenterai sur mon blog cet illustré page par page pour que vous puissiez tous en profiter en adoptant la seconde solution (sauf si vous préférez la première présentation), sans le format A3 et sans les colonnes ;)…

 

Bisous,

@+

Sab

6 juin 2012

Christophe : Le Sapeur Camember

Ah que coucou !

 

Voici la première petite histoire dont le titre est :

 

La première enfance de Camember

 

Bisous,

@+

Sab

 

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Le 29 février 1844, fut déclarée à la mairie de Gleux-lès-Lure (Saône-Supérieure), la naissance d’un enfant du sexe masculin, fils d’Anatole Camember, cultivateur, et de Polyminie Cancoyotte, son épouse. L’enfant fut inscrit sous les noms de François-Baptiste-Ephraïm.

 

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Consulté à son sujet, l’aimable et savant docteur Breuvage conseilla de le nourrir exclusivement de charcuterie et de farineux. Grâce à ce substantiel et hygiénique régime, Ephraïm devint rapidement un solide gaillard.

 

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Aussi, dès l’âge de deux ans avait-il assez de vigueur pour tirer, dans le jardin paternel, les plus énormes carottes. Ces dispositions étonnantes n’auraient pas manqué d’inquiéter M. Camember père, si celui-ci avait été le moins du monde superstitieux.

 

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A sept ans, il commença ses études. Mais, dès le début, il manifesta le plus complet dédain pour la lecture. La lettre H fut longtemps, ô prédestination ! la seul qu’il reconnût sans hésiter. On verra plus loin pourquoi nous disons : « O prédestination ! » Mais n’anticipons pas !

 

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Si ces progrès dans les belles-lettres étaient plutôt lents, il avait, par contre, à force d’application, acquis les talents naturels aux singes et dont il profitait pour se livrer avec ardeur à l’ornithologie, à laquelle il consacrait les nombreux loisirs qu’il savait se créer.

 

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Mais, comme il sacrifiait généralement ses fonds de culotte à cette science remarquable, sa vocation se trouva contrariée par M. Camember père, dont l’intelligence, obscurcie par le terre-à-terre des occupations agricoles, ne comprenait rien aux spéculations scientifiques.

6 juin 2012

Christophe : Le Sapeur Camember

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Pour commencer voici l’introduction

 

Bisous,

@+

Sab

 

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Histoire naturelle, véridique et compilatoire d’un sapeur qui portait la hache et le tablier à la fin du Second Empire. – Si l’auteur a choisi cette époque, ce n’est pas qu’il y ait été poussé par des considérations politiques ; c’est simplement afin d’avoir l’occasion et le prétexte d’orner l’occiput de son héros d’un de ces triomphants bonnets à poil, dernier écho de ceux qui furent les panaches blancs de la Grande Armée. – On admirera combien il a fallu de génie à l’auteur pour faire du neuf avec du vieux. – On y verra également comme quoi ce n’est pas sans avoir passé beaucoup de temps à l’ombre que le héros de ce remarquable ouvrage parvint à épouser mam’selle Victoire, ce soleil resplendissant de toutes les vertus domestiques.

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6 juin 2012

Christophe : Le Sapeur Camember

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Ah que coucou !

 

Comme ce livre réservé aux enfants contient plus de 200 pages, je ne vais pas toutes les mettre le même jour sur le même billet : cela ferait un peu lourd, long et fastidieux pour nos jeunes têtes blondes et les moins jeunes. Je les mettrai donc petit à petit. Parce qu’il y aura de ce fait de nombreux billets, j’ouvre une nouvelle rubrique qui se nomme : Sapeur Camember pour que nous parvenions à nous y retrouver tous. J’ai décidé de découper le livre par petite histoire au début de laquelle je tâcherai de ne pas oublier de remettre le titre de la partie où elle se trouve.

 

Toutefois pour ceux et celles que cela intéresserait, je le tiens à disposition le format pdf regroupant le livre en entier (trop lourd pour être mis en ligne).

 

Bisous,

@+

Sab

1 juin 2012

Guy de Maupassant : Sur l’eau

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Ah que coucou !

 

A nouveau voici une nouvelle de l’ami Maupassant :

 

Sur l’eau

accessible au téléchargement/lecture en cliquant ici

format : pdf

(logiciel fourni gratuitement par Adobe)

 

Cette petite histoire est intéressante car elle nous montre un professionnel bloqué sur son lieu de travail. Seul, il attend avec angoisse l’arrivée des premiers pêcheurs pour qu’ils l’aident à se dégager… mais le sauvetage s’avère plus difficile que prévu (et là, c’est à vous de lire la suite ;))

 

Pour répondre à certains :

J’aime Guy de Maupassant parce qu’il met en scène principalement les petits gens de son temps sans tomber dans le misérabilisme de Zola et de Balzac (que j’adore aussi et dont j’ai leurs œuvres complètes)…Malgré que j’aime bien Guy de Maupassant je ne possède malheureusement pas toutes ses œuvres. En tout, je n’ai actuellement dans ma bibliothèque seulement 2 romans (La Horla et Pierre et Jean) et 9 nouvelles (La Ficelle, Sur l’eau, Le petit fût, L’Epave, A vendre, L’Enfant, La Rempailleuse, Amour et La Bête à maît’ Belhomme).

 

Bisous,

@+

Sab

31 mai 2012

A. Berquin: Le Compliment de la nouvelle année

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Ah que coucou!

 

Voici une courte histoire dont le héros n'est qu'un jeune petit garçon qui vient présenter ses voeux de bonne année à son père qui lui explique que les voeux sincères sont ceux qui viennent du coeur et non ceux qu'on nous dicte et/ou que nous répétons ;)

 

Bisous,

@+

Sab

 

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Le compliment de nouvelle année

Le premier jour de l’an, le petit Porphyre entra de bonne heure dans l’appartement de son papa, qui n’était pas encore levé. Il s’avança, en le saluant gravement, jusqu’à trois pas de son lit, et lui ayant fait encore une inclination respectueuse, il commença ainsi, en enflant sa voix : « Ainsi que les Romains s’adressaient autrefois des vœux de premier jour de l’année, ainsi, mon très honoré père, je viens… ah !... je viens… »

Ici le petit narrateur demeura court. Il eut beau frapper du pied, se gratter le front, fouiller dans toutes ses poches, le reste de sa harangue ne se trouvait point. Le pauvre malheureux se tourmentait et suait à grosses gouttes. M. de Vermont eut pitié de son embarras. Il lui fit signe d’approcher ; et l’ayant embrassé tendrement, il lui dit : « Voilà un fort beau discours, mon fils ; est-ce toi qui l’as composé ?

Porphyre. Non, mon papa, vous avez bien de la bonté ; je n’en sais pas encore assez pour cela : c’est mon frère qui est en rhétorique. Oh ! vous y auriez vu du ronflant ; c’est tout en périodes, à ce qu’il m’a dit. Tenez, je vais le repasser rien qu’une fois, et vous verrez. Voulez-vous toujours que je vous dise celui qui est pour maman ? il est tiré de l’histoire grecque.

M. de Vermont. Non, mon ami ; cela n’est pas nécessaire. Ta mère et moi, nous vous en savons le même gré, à toi et à ton frère.

Porphyre. Oh ! Il a bien été quinze jours à composer ce discours, et moi aussi longtemps à l’apprendre. C’est triste qu’il m’échappe précisément lorsqu’il fallait m’en souvenir. Hier encore, je le déclamais si bien à votre tête à perruque ! Je l’ai récité d’un bout à l’autre, sans manquer une fois. Si elle pouvait vous le dire ?

M. de Vermont. J’étais alors dans mon cabinet ; je t’ai bien entendu.

Porphyre. Vous m’avez entendu ? Ah ! mon papa, que je vous embrasse ! je le disais bien, n’est-ce pas ?

M. de Vermont. A merveille.

Porphyre. Oh ! c’est qu’il était beau !

M. de Vermont. Ton frère y a mis toute son éloquence. Cependant, je te le dis franchement, j’aurais mieux aimé deux mots seulement, pourvu qu’ils fussent partis de ton cœur.

Porphyre. Mais, mon papa, souhaiter tout uniment la bonne année, c’est bien sec !

M. de Vermont. Oui, si tu te bornais à me dire : « Mon papa, je vous souhaite une bonne année, accompagnée de plusieurs autres ». Mais, au lieu de ce compliment un peu trivial, ne pouvais-tu chercher en toi-même ce que je dois désirer le plus vivement dans cette année nouvelle ?

Porphyre. Ce n’est pas difficile, mon papa. C’est d’avoir une bonne santé ; de conserver votre famille, vos amis et votre fortune ; d’avoir beaucoup de plaisir et point de chagrin.

M. de Vermont. Et ne me souhaites-tu pas tout cela ?

Porphyre. O mon papa ! de tout mon cœur.

M. de Vermont. Eh bien ! voilà ton compliment tout fait. Tu vois que tu n’avais besoin de recourir à personne.

Porphyre. Je ne croyais pas être si savant. Mais c’est toujours comme cela. Quand vous m’instruisez, vous me faites trouver des choses que je n’aurais jamais cru savoir. Me voilà maintenant en état de faire des compliments à tout le monde. Je n’aurai qu’à leur adresser celui que je viens de vous faire.

M. de Vermont. Il peut en effet convenir à beaucoup de gens. Il y a cependant des différences à y mettre, suivant les personnes à qui tu parleras.

Porphyre. Je sens bien à peu près ce que vous voulez me dire ; mais je ne saurais le débrouiller tout seul. Expliquons cela à nous deux.

M. de Vermont. Très volontiers, mon ami. Il est biens en général qu’on peut souhaiter à tout le monde, comme ceux que tu me souhaitais tout à l’heure. Il en est d’autres qui ont rapport à la condition, à l’âge et aux devoirs de chacun. Par exemple, on peut souhaiter à une personne heureuse la durée de son bonheur ; à un malheureux, la fin de ses peines ; à un homme en place que Dieu veuille bénir ses projets pour le bien public, qu’il lui donne la force et le courage nécessaire pour les exécuter, qu’il lui en fasse recueillir la récompense dans la félicité de ses concitoyens. A un vieillard, on peut souhaiter une longue vie, exempte d’incommodités ; à des enfants, la bonne santé de leurs parents, des progrès rapides et soutenus dans leurs études, l’amour de la science et de la sagesse ; aux pères et aux mères, le succès de leurs espérances et de leurs soins pour l’éducation de leurs enfants ; toutes sortes de prospérités à nos bienfaiteurs, avec la continuation de leur bienveillance. On ne doit pas même oublier ses ennemis, et il faut adresser des vœux au ciel pour qu’il les fasse revenir de leur injustice, et qu’il leur inspire le désir de se réconcilier avec nous.

Porphyre. O mon papa, que je vous remercie ! me voilà riche en compliments pour toutes les personnes que je vais voir aujourd’hui. Soyez tranquille. Je saurai donner à chacun ce qui lui revient, sans avoir besoin des périodes de mon frère. Mais dites-moi, je vous prie, si on a ces vœux dans le cœur toute l’année, pourquoi la bouche les dit-elle de préférence le premier jour de l’an ?

M. de Vermont. C’est que notre vie est comme une échelle, dont chaque nouvelle année forme un échelon. Il est tout naturel que nos amis viennent se réjouir avec nous de ce que nous sommes parvenus à celui-ci, et nous marquent leur vif désir de nous voir monter les autres aussi heureusement. Comprends-tu ?

Porphyre. Fort bien, mon papa.

M. de Vermont. Je puis encore t’expliquer cela par une autre comparaison.

Porphyre. Ah ! voyons, je vous prie.

M. de Vermont. Te souviens-tu du jour où nous allâmes visiter Notre-Dame ?

Porphyre. O mon papa ! quelle belle perspective on a du haut des tours ! on découvre toute la campagne des environs.

M. de Vermont. Saint-Cloud s’offrit à notre vue ; et comme tes yeux ne sont pas encore fort exercés à mesurer les distances, tu me proposas d’y aller diner à pied.

Porphyre. Eh bien ! mon papa, est-ce que je ne fis pas gaillardement le chemin ?

M. de Vermont. Pas mal. Je fus assez content de tes jambes. Mais c’est que j’eus la précaution de te faire asseoir à chaque kilomètre.

Porphyre. Il est vrai. Ce n’est pas mal imaginé, au moins, d’avoir mis des bornes chiffrées sur la route. On voit tout de suite combien on a marché, combien il faut marcher encore, et l’on s’arrange en conséquence.

M. de Vermont. Tu viens d’expliquer toi-même les avantages de la division du temps en portions égales, qu’on appelle années. Chaque année est comme un kilomètre dans la carrière de la vie.

Porphyre. Ah ! j’entends. Et les saisons sont peut-être les quarts de kilomètres et les demi-kilomètres, qui nous annoncent qu’un nouveau kilomètre va bientôt venir.

M. de Vermont. Fort bien, mon fils ; ton observation est très juste. Je suis charmé que ce petit voyage soit encore présent à ta mémoire. Il peut t’offrir, si tu sais considérer, le tableau parfait de la vie humaine. Cherche à t’en rappeler toutes les circonstances, et j’en ferai l’application.

Porphyre. Je m’en souviendrai toujours. D’abord, comme je me sentais ingambe, et que j’étais glorieux de vous le montrer, je voulus aller très vite, et je faisais je ne sais combien de faux pas. Vous me conseillâtes d’aller plus doucement, parce que la route était longue. Je suivis votre conseil : je n’eus pas à m’en repentir. Chemin faisant, je vous questionnai sur tout ce que je voyais, et vous aviez la bonté de m’instruire. Quand il se présentait un banc de pierre ou une pièce de gazon, nous allions nous y asseoir, pour lire dans un livre que vous aviez apporté. Puis nous reprenions notre marche, et vous m’appreniez encore beaucoup d’autres choses utiles et agréables. Je me souviens aussi que je fis, tout en marchant, les quatre vers latins que mon précepteur m’avait donnés pour devoir. De cette manière, quoique le temps ne fût pas toujours beau ce jour-là, quoique nous eussions quelquefois de la pluie et même de l’orage à essuyer, nous arrivâmes frais et gaillards, sans avoir ressenti de fatigue ni d’ennui : et le bon repas que nous fîmes en arrivant acheva de remplir heureusement cette journée.

M. de Vermont. Voilà un récit très fidèle de notre expédition, excepté dans quelques circonstances, que je te sais pourtant gré d’avoir omises, telles que cette attention si touchante d’aller prendre un pauvre aveugle par la main pour l’empêcher de se casser les jambes contre un monceau de pierres sur lequel il allait tomber ; les secours que tu prêtas au petit blanchisseur pour ramasser un paquet de linge qui était tombé de sa charrette ; les aumônes que tu fis aux pauvres que tu rencontrais.

Porphyre. Eh ! mon papa, croyez-vous que je l’eusse oublié ! Mais je sais qu’il ne faut pas se vanter des bonnes œuvres qu’on peut avoir faites.

M. de Vermont. Aussi je me plais à te les rappeler pour récompenser ta modestie. Il est juste que je te rende une partie du plaisir que tu me fis goûter.

Porphyre. Oh ! je vis bien deux ou trois fois des larmes rouler dans vos yeux. J’étais si content ! Si vous saviez combien cela me délassait ! j’en marchais bien plus lestement ensuite. Mais venons à l’application que vous m’avez promise.

M. de Vermont. La voici, mon ami. Prête-moi toute l’attention dont tu es capable.

Porphyre. Oui, mon cher papa.

M. de Vermont. Le coup d’œil que tu jetas du haut des tours sur tout le paysage qui t’environnait, c’est la première réflexion d’un enfant sur la société qui l’entoure. La promenade que tu choisis, c’est la carrière que l’on se propose de suivre. L’ardeur avec laquelle tu voulais courir, sans consulter tes forces, et qui te fit faire tant de faux pas, c’est l’impétuosité naturelle à la jeunesse, qui l’emporterait à des excès dangereux si un ami sage et expérimenté ne savait la modérer. Les connaissances agréables que tu recueillis le long du chemin dans nos entretiens et dans nos lectures, ton devoir que tu eus encore le temps de faire, les actes de bienfaisance et de charité que tu exerças t’adoucirent la fatigue de la route, t’en abrégèrent la longueur, et te la firent parcourir gaiement, malgré la pluie et l’orage. Il n’est pas d’autres moyens dans la vie, pour en bannir l’ennui, pour y conserver la paix du cœur avec la satisfaction de soi-même, pour se distraire des chagrins et des revers qui pourraient nous accabler. Enfin, notre bon repas au bout de la promenade n’est qu’une faible image de la récompense que Dieu nous réserve à la fin de nos jours pour les bonnes actions dont nous les aurons remplis.

Porphyre. Oui, mon papa, je comprends très bien. Oh ! quel bonheur je vois pour moi dans l’année que nous commençons aujourd’hui !

M. de Vermont. C’est de toi seul qu’il dépend de la rendre heureuse. Mais revenons à notre voyage. Te souviens-tu, lorsque nous arrivâmes à cet endroit que l’on nomme le Point-du-Jour ? Le ciel était serein dans ce moment, et nous pouvions voir derrière nous tout l’espace que nous avions parcouru.

Porphyre. Oh ! oui. J’étais fier d’avoir si bien marché.

M. de Vermont. Le serais-tu de même aujourd’hui que la raison commence à t’éclairer, en portant un regard sur le chemin que tu as fait jusqu’ici dans la vie ? Tu y es entré faible et nu, sans aucun moyen de pourvoir à tes besoins et à ta subsistance. C’est ta mère qui t’a donné les premiers aliments. C’est moi qui ai soutenu tes premiers pas. Que t’avons-nous demandé pour le prix de nos soins ? rien, que de travailler toi-même à ton propre bonheur, en devant juste et honnête, en t’instruisant de tes devoirs, et en prenant le goût à t’en acquitter. Ces conditions, toutes avantageuses pour toi, les as-tu remplies ? As-tu été reconnaissant envers Dieu, pour t’avoir fait naître au sein de l’aisance et de l’honneur ? As-tu montré à tes parents toute la tendresse, toute la soumission que tu leur dois ? As-tu bien profité des instructions de tes maîtres ? Ton frère et tes sœurs n’ont-ils jamais eu à se plaindre de quelque mouvement d’envie ou d’injustice de ta part ? As-tu traité les domestiques avec douceur ? N’as-tu pas abusé de leur complaisance ? L’esprit d’ordre et de justice, l’égalité de caractère, la franchise, la patience et la modération que nous cherchons à t’inspirer par nos leçons et par nos exemples, les as-tu ?...

Porphyre. Ah ! mon papa, ne regardons pas tant le passé. J’aime mieux porter ma vue sur l’avenir. Tout ce que j’aurais dû faire, oui, je vous le promets, je le ferai.

M. de Vermont. Embrasse-moi, mon fils : j’accepte ta promesse, et j’y renferme tous les vœux que je forme, à mon tour, pour toi, dans ce renouvellement de l’année. »

 

Moralité . Toutes les heures d’un voyage sont comptées et ont leur destination : qu’on en intervertisse l’ordre, ou qu’on les emploie autrement, le voyage est retardé, et quelquefois il devient malheureux. C’est l’image de la vie. Rien de plus difficile que d’en bien user. Heureux qui marque ses jours par des actions louables ! il arrive tranquillement à une douce mort, et s’endort dans le sein de Dieu, but suprême du grand voyage !

27 mai 2012

A. de St Exupéry : Pilote de guerre

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Ah que coucou !

 

Tout le monde connait le Petit Prince (pour accéder au livre et au billet, cliquez ici), moins connaisse les autres œuvres d’Antoine de St Exupéry c’est pourquoi je vous propose aujourd’hui cet ouvrage suivant édité en 1942 :

 

Pilote de guerre

Accessible au téléchargement/lecture en cliquant ici

Format : .pdf

(logiciel fourni gratuitement par Adobe)

 

grâce auquel vous allez apprendre tout ce qui peut traverser l’esprit des pilotes lors d’une mission dangereuse (presque suicidaire) en temps de guerre.

 

Antoine de Saint-Exupéry y témoigne aussi comment les pilotes pouvaient juger cette débâcle de l’armée française en 1940 face à la Blitzkrieg menée avec succès par les armées allemandes. Il apporte aussi son témoignage sur l’exode. Tous ces évènements vus du ciel ont une approche toute différence à celles des civils vus de la route… Evidemment Antoine de St-Exupéry y aborde plusieurs sujets aussi…

 

Bonne lecture !

 

Bisous,

@+

Sab

25 mai 2012

William Shakespeare : Ses dernières volontés

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Ah que coucou !

 

Certains ici vont regretter que William Shakespeare n’ait pas écrit ses dernières volontés en vers, comme il l’a fait pour toutes ses œuvres. Pourtant ce n’est pas faute d’avoir recopié exactement ce texte comme il a été écrit.

 

Grâce à ce testament, vous allez en apprendre un peu plus sur ce grandissime auteur britannique (à condition de vous armer d’un excellent dictionnaire), car, naturellement, je vous offre ce texte dans sa version non seulement originale mais première – c’est-à-dire non encore corrigée par un spécialiste de la loi (notaire par exemple) pour le rendre juridiquement valable même s’il a été écrit et signé devant témoins.

 

Bon courage pour le lire !

 

Bisous,

@+

Sab

 

ban

 

 

Vicesimo Quinto Die Martij Anno Regni Domini nostril nunc Rex Anglie &c. Decimo quarto & Scotie xlix Annoq; Domini 1616;

 

T. Wmj Shackspeare

 

In the name of god Amen I William Shackspeare of Stratford vpon Avon in the countie of war gent in perfect health & memorie god be praysed doe mak & Ordayne this my last will & testament in manner & forme followeing That ys to saye First I Commend my Soule into the hands of god my Creator hoping & assuredlie believing through thonelie merites of Jesus Christe my Saviour to be made partaker of lyfe everlastinge. And my bodye to the Earth wereoff yt ys made Item I Gyve & bequeath vnto my Daughter Judyth One hundred & Fyftie poudes of lawfull Englis money to be paied vnto her in manner & forme followeing That ys to saye One hundred pounds in discharge of her marriage porcion within one yeare after my decease with consideracien after the Rate of twoe Shillinges in the pound for soe long tyme as the same shalbe vnpaied vnto her after my decease & the Fyftie poundes Residewe thereof vpon her Surrendring of or giving of such sufficient Securitie as the overseers of this my Will shall like of to Surrender or graunte All her estate & Right that shall discend or come vnto her after my decease or that sheen owe hath of in or to one Copiehold tenement with thappurtenances lyeing & being in Stratford vpon Avon aforesaied in the saied countie of war being parcel or holden of the mannour of Rowington vnto my Daughter susanna Hall & her heires for ever Item I Gyve & bequeath vnto my saied Daughter Judith One hundred and Fyftie Poundes more if shee or Anie issue of her bodie be Lyving att thend of three years next ensueing the Daie of the Date of this my Will during which tyme my executours to paie her consideracion from my decease according to the Rate aforesaied And if she dye within the saied terme without issue of her bodye then my will ys & I Doe gyve & bequeath One Hundred Poundes thereof to my Neece Elizabeth Hall & the Fiftie Poundes to be sett fourth by my executours during the life of my Sister Johane Harte & the vse and profit thereof Cominge shalbe payed to my saied Sister Jone & after her decease the saied Ill shall Remaine Amongst the children of my saied Sister Equallie to be Devided Amongst them But if my saied Daughter Judith be lyving att thend of the saied three Yeares or anie yssue of her bodye then my will ys & soe I Devise & bequeath the saied Hundred and Fyftie Poundes to be sett out by my executours & overseers for the best benefit of her & her issue & the stock not to be paied vnto her soe long as she shalbe marryed & Covert Baron but my will ys that she shall have the consideracion yearlie paied vnto her during her life & after her decease the saied stock and consideracion to bee paied to her children if she have Anie & if not to her executours or assignes she lyving the saied terme after my decease Provided that if such husband as she shall att thend of the saied three years be marryed vnto or attaine after doe sufficiently assure vnto her & thissue of her bodie lands Answerable to the porcion by this my will given vunto her & to be adjudged soe by my executours & overseers then my will ys that the saied Clli shalbe paied to such husband as shall make such assurance to his owne vse Item I gyve & bequeath vnto my saied sister Ione xxli & all my wearing nApparell to be paied & deliured within one yeare after my Deceas And I doe will & devise vnto her the hous with thappurtenances in Stratford wherein she delleth for her natural life vnder the yearlie Rent of xiid Item I gyve & bequeath vnto her therr sons William Harte.

Hart & Michaeli Harte Fyve Poundes A peece to be paied within one Yeare after my decease per Item I gyve & bequeath unto the saied Elzabeth Hall All my Plate (except my brod silver & gilt bole) that I now have att the Date of this my will Item I gyve & bequeath vnto the Poor of Starford aforesaied ten poundes to Mr Thomas Combe my Sword to Thamas Russell Esquier Fyve poundes & to Frauncis Collins of the Borough of war in the countie war gentleman thirteen poundes Sixe shillings & Eight pence to be paied within one Yeare after my Deceas Item I gyve & bequeath To Hamlett Sadler xxvi8 viijd to buy him A Ringe to William Raynoldes gent xxvj8 viijd to buy him a Tinge to my godson William Walker xx8 in gold to Anhonye Nashe gen xxvj8 viijd & to Mr John Nashe xxvj8 viijd & to my Fellowes John Hemynges Richard Burbage & Henry Cundell xxvj8 viijd A peece to buy them Ringes Item I Gyve will bequeath & devise vnto my Daughter Susanna Hall for better enabling of her to performe this my will and towards the performans thereof All that Capitall messuage or tenement with thappurtenances in Stratford aforesaid Called the new place wherein I nowe Dwell & two Messuages or tenements with thappurtenances scituate lyeing & being in Henley streete within the borough of Stratford aforesaied And all my barnes stables Orchardes gardens lands tenements & hereditamentes whatsoeuer scituat lyeing & being or to be had Receyved perceived or taken within the townes Hamletes Villages Fieldes & groundes of Stratford vpon Avon Oldstratford Bushopton & Welcombe or in anie of them in the said countie of war And alsoe All thant messuage or tenement with thatppurtenances wherein One John Robinson dwelleth scituat lyeing & being in the blackfriers in London nere the Wardrobe & all other my lands tenements & hereditaments whatsoeuer To have & to hold All & singular the saied premises with their appurtenances vnto the saied Susanna Hall for & during the terme of her naturall life & after her decease to the first sonne of her bodie lawfullie yssueing & to the heires Males of the bodie of the saied first Sonne lawfullie yssueing & for defalt of such issue to the second Sonne of her bodie lawfullie issuyeinge & to the heires males of the bodie of the saied Second Sonne lawfullie yssueing And for defalt of such issue the same soe to be & Remaine to the Fourth Fyfth sixte & Seaventh sonnes of her bodie lawfullie issueing one after Another & to the heires Males of the bodies of the saied Fourth fifth Sixte and Seaventh sonnes lawfullie yssueing in such manner as yt ys befor Lymitted to be & Remaine to the first second & third Sonns of her bodie & to their heires Males And for defalt of such issue the saied premises to be & Remaine to my sayed Neece Hall & the heires Males of her bodie lawfullie yssueing & for defalt of such issue to my Daughter Judith & the heires Males of her body lawfullie issueinge And for defalt of such issue to the Right heires of me the saied William Shackspeare for ever Item I gyve vnto my wife my second best bed with the furniture Item I gyve & bequeath to my saied Daughter Judith my broad silver gilt bole All the rest of my goodes Chattel Leases plate Jewels & household stuffe whatsoeur after my Dettes and Legasies paied & my funeral expences discharged I gyve devise and bequeath to my Sonne in Lawe John Hall gent & my Daughter Susanna his wife whom I ordaine & make executours of this my Last will and testament And I doe intreat & Appoint the saied Thomas Russell Esquier & Frauncis Collins gent to be overseers hereof And doe Revoke All former wills & publishe this to be my last will and testament In Witness whereof I have hervnto pu my hand the Daie & Yeare frist aboue written.

 

“By me William Shakspeare.

 

Witness to the publishing

hereof Fra: Collyns Probatum cora Magr. Willim Julyus Shave Byrde Dcoré Comiss. &c. xxdo die John Robinson mensis Junij Anno Dai 1616 Hamnet Sadler Juramto Johannis Hall vnius Robert Whattcott ex &c Cuui &c De bene &c Jurat Resvat ptate &c. Susanne Hall alt ex &c cu venit &c petitur

(Invt ext)

 

22 mai 2012

Guy de Maupassant : La Ficelle

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Ah que coucou !

 

Voici une petite nouvelle de l’ami Maupassant :

 

La Ficelle

accessible au téléchargement/lecture en cliquant ici

format : .pdf

(logiciel fourni gratuitement par Adobe)

 

J’ai choisi cette nouvelle non seulement parce qu’elle contient, comme souvent, une pointe d’humour mais aussi parce qu’ici Guy de Maupassant nous décrit quel mal une rumeur peut faire aux gens. De quoi nous faire réfléchir avant qu’on ne transfère ce que nous croyons être une nouvelle ou une information ou avant que nous ne répétions la moindre chose sans l’avoir vérifiée au préalable…

 

Bonne lecture !

Bisous,

@+

Sab

16 mai 2012

A. de Melcy : Notice sur BERQUIN

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Ah que coucou !

 

Avant d’aborder quelques œuvres écrites par l’Ami des Enfants Arnaud Berquin (je vous rappelle ici que c’est grâce à lui en partie qu’il existe encore aujourd’hui en France une littérature enfantine), voici d’abord une présentation de cet écrivain français (dont hélas je ne possède aucune image et dont je ne trouve aucune sur internet) rédigée par Adrien de Melcy. Toutefois, si vous souhaitez de plus encore de amples informations le concernant, je vous invite à vous rendre sur le site du Larousse (cliquez ici pour accéder directement à l’article qui lui est consacré)

 

Le seul ouvrage que je possède et qui a été édité en 1872 par les Imprimeries et Librairies classiques de Jules Delalain & Fils, regroupe les courtes histoires suivantes :

 

Le compliment de nouvelle année

Denise et Antonin

La petite fille à moustaches

La cicatrice

Le nid de fauvettes

Le contre-temps utile

La cupidité doublement punie

Les tulipes

Les fraises et les groseilles

Les douceurs et les avantages de la sociabilité

Les caquets

Le soleil et la lune

Le cep de vigne

Le ramoneur

Le forgeron

Julien et Rosine

Le menteur corrigé par lui-même

Le secret du plaisir

Le rosier à cent feuilles et le genêt d’Espagne

Les bouquets

L’agneau

Caroline

Les oies sauvages

Mathilde

Le parricide

Georges et Cécile

Les deux pommiers

Le cadeau

Les cerises

L’orpheline bienfaisante

Les maçons sur l’échelle

Les quatre saisons

L’emploi du temps

Philippine et Maximin

La petite fille grognon

Les buissons

Joseph

Castor et Pollux

Si les hommes ne te voient pas, Dieu te voit

Silvestre et Gaspard

Le sage colonel

Les égards et la complaisance

Les jarretières et les manchettes

Abel

Amand

Le père de famille

Euphrasie

Le désordre et la malpropreté

La petite babillarde

Le nid de moineaux

Le mantelet de soie

Les bottes crottées

Le service intéressé

Jacinthe

Le serin

L’amour de Dieu et de ses parents

Fi ! le vilain Charmant !

Les trois gâteaux

La poule

Les enfants qui veulent se gouverner eux-mêmes

La neige

L’esprit de contradiction

L’oiseau du bon Dieu

 

Je vous disais donc, qu’avant de vous les faire connaître une à une, je vous mets, après ma signature, la présentation qu’en fait Adrien de Melcy (que, j’avoue, je ne connais pas…)

 

Vous vous apercevrez, pour ceux qui ont atteint un certain âge, que vous les connaissez toutes ces histoires. En effet, votre scolarité a été ponctuée par des « Leçons de morale » et, comme vous allez le constatez, toutes ces histoires ont été utilisé, un jour ou l’autre, pour illustrer vos cours ;)… Etes-vous prêt pour un retour dans le passé ;) ??

 

Bisous,

@+

Sab

 

ban

 

 

Arnaud Berquin – l’ami des enfants, car les mères reconnaissantes lui ont conservé ce nom – naquit à Langoiran, près de Bordeaux, en 1749. Il débuta dans la carrière littéraire en 1774 par des idylles estimées, des traductions, ou plutôt des imitations, de l’italien, de l’anglais et de l’allemand, et par quelques romances qui obtinrent un grand et légitime succès. On cite encore aujourd’hui la ballade de Geneviève de Brabant, et la romance qui a pour refrain ces vers :

 

Dors, mon enfant, clos ta paupière.

 

Berquin avait alors vingt-quatre ans à peine. Son esprit calme, son amour du bien public le dirigèrent vers l’instruction de la jeunesse, et il publia successivement l’« Ami des enfants, Lectures pour les enfants, l’Ami de l’adolescence, Sandford et Merton, le Petit Grandisson, la Bibliothèque des villages, le Livre de la famille, etc. » Un critique distingué, M. Philarète Chalsles, fait observer avec raison que c’est à Berquin qu’est due l’importation en France des livres destinés à l’enfance par l’Angleterre et l’Allemagne, livres qui jusqu’à cette époque étaient restés étrangers à notre patrie. « Sous ce point de vue, ajoute-t-il, il mérite une place dans l’histoire littéraire de son temps ».

 

Des nombreux ouvrages de Berquin, le plus célèbre est l’Ami des enfants, qui obtint en 1784 le prix décerné par l’Académie française à l’écrit le plus utile qui eût paru dans l’année ; cet ouvrage se publiait par livraisons. L’auteur a beaucoup emprunté, il est vrai, à Weisse, littérateur allemand estimé, mais nous pouvons dire, avec M. Beuchot, qu’il s’est approprié les idées de l’écrivain étranger par la candeur de ses sentiments. « Le plan est bien suivi, il y a de l’intérêt dans le choix des sujets, de la douceur et de la naïveté dans le style ». Nous mentionnons d’une manière spéciale les Contes et Historiettes et Sandford et Merton.

 

Parmi les écrivains qui ont consacré leurs veilles à l’instruction et à l’amusement de la jeunesse, il en est peu qui aient gardé la réputation légitime de Berquin. Il a eu même l’honneur d’avoir ses œuvres complètes : la meilleure édition est celle de Renouard, publié en 1803. « Ces ouvrages, dit le savant éditeur, ont cette qualité précieuse qu’ils ne servent pas moins à former le cœur à la vertu qu’à donner les premières notions des connaissances utiles ; et l’intérêt qu’ils inspirent, loin d’être restreint au premier âge, est tel qu’aucune mère peut-être n’a mis ce livre dans les mains de son enfant, sans l’avoir d’abord lu avec empressement d’un bout à l’autre ». D’autres éditions furent publiées en France et à l’étranger ; plusieurs pièces de Berquin ont été mises en vaudevilles ; enfin on publie chaque année un grand nombre d’extraits de ses œuvres. Quelques critiques de mauvais goût ou de mauvaise humeur ont voulu mettre à la mode le mot berquinades. Ce mot est complètement faux ; Berquin est simple, naturel, et après tout il n’a jamais voulu écrire que pour les enfants. Nous avouerons toutefois que son style a un peu vieilli ; aussi avons-nous cru devoir y faire quelques corrections dans cette nouvelle édition.

 

La carrière de ce vertueux écrivain fut paisible et honorée. « Il faut avoir connu Berquin dans sa vie privée, dit l’un de ses amis, le respectable Bouilly, avoir étudié son caractère et ses douces habitudes, pour savoir tout ce qu’il valait, pour se faire une juste idée de cette angélique philanthropie, de cet inaltérable amour de l’enfance, de cet entier dévouement à l’amélioration de ses semblables, qui l’inspirèrent constamment et le guidèrent dans ses nombreux travaux.

 

Lorsque éclata la Révolution, l’Ami des enfants jouissait d’une popularité méritée. Il fut présenté à son insu comme l’un des candidats aux fonctions d’instituteur du fils de Louis XVI, cet infortuné Dauphin qui devait expirer dans la prison du Temple sous les mauvais traitements du cordonnier Simon. Heureusement pour lui, peut-être, Berquin ne fut pas nommé. Il paraîtrait cependant qu’il fut persécuté, et cet honnête homme mourut de chagrin le 21 décembre 1791.

 

Ainsi que Robinson Crusoé, l’immortel chef-d’œuvre de Daniel de Foé, les écrits de Berquin appartiennent à tous les temps, à tous les pays, et l’auteur de ces lignes ne se rappelle pas sans émotions, après bien des années, les moments heureux que lui procurait dans son enfance la lecture des œuvres religieuses et instructives de l’Ami des enfants.

 

Adrien de Melcy

 

14 mai 2012

Jean de la Fontaine : Livret cinquième

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Ah que coucou !

 

Comme vous avez pu le remarquer, j’ai patienté un temps avant de vous donner accès à ce cinquième livret… j’ai voulu ainsi éviter de vous lasser avec le même auteur et le même style de littérature tout comme de me lasser moi-même car, c’est bien beau de scanner toute sa bibliothèque mais il faut ensuite corriger les caractères bizarres qui s’interposent parfois entre 2 lettres, je me trouve donc souvent à devoir livre 2 à 3 fois les livres avant de vous les mettre à disposition (alors je dois avouer que je commençais un peu à en avoir marre des fables ;))

 

Donc voici le cinquième des douze livrets des :

 

Fables

écrites par Jean de la Fontaine

Accessible à la lecture/téléchargement en cliquant ici

format : pdf

(logiciel fourni gratuitement par Adobe)

 

regroupant les fables suivantes :

 

F5-1

F5-2

F5-3

F5-4

Bonne lecture !

 

Bisous,

@+

Sab

 

PS : le prochain livre sera surement une pièce de Molière (dont j’ai l’œuvre dans sa totalité)…

11 mai 2012

W. Shakespeare : The Phoenix and the Turtle

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Ah que coucou !

 

Nous connaissons tous, plus ou moins, les œuvres de William Shakespeare, ce poète britannique, qui a profité de son aisance littéraire pour écrire les pièces de théâtre les plus connues au monde telles qu’Hamlet, Roméo et Juliette, Richard III, Macbeth et beaucoup d’autres moins connues certes, mais tout aussi intéressantes à lire.

 

Cet amour de ses œuvres, je dois l’avouer, je ne l’ai ressenti que quelques années après en avoir eu terminé avec les cours d’anglais. En effet, les profs d’anglais que j’ai eus au-delà de la classe de 3e ne me donnaient nulle envie de lire le moindre livre en anglais (et j’avais même une certaine aversion à les lire en français)…

 

Loin de moi ici de vous faire aborder ce grand écrivain à la façon des prof, car, si vous êtes comme moi, vous allez vite en être dégoutés. Non ! nous allons aborder Shakespeare d’une autre méthode et je vais tenter de vous communiquer mon amour pour ses pièces et ses poèmes (autant en profiter, je les ai tous).

 

Pour les anglophones, ne paniquez pas si vous rencontrez quelques difficultés à comprendre dès la première lecture. Il faut d’abord un temps d’adaptation à sa littérature et à son vocabulaire qui, comme pour le français du 16e - 17e siècle, est assez ancien pour que vous vous arrachiez parfois les cheveux de la tête… Pour y remédier, je vous conseille d’acquérir un dictionnaire unilingue anglais vous permettant d’accéder aux définitions des termes anciens, très à la mode à cette époque-là. Sans un tel ouvrage, comprendre les écrits de Shakespeare est impossible.

 

Comme il y en a de nombreux dans le commerce, et comme, juridiquement parlant, je n’en possède pas les droits d’auteur, je ne mettrai pas le mien en ligne. Et si vous ignorez lequel choisir, en voici un aussi bien fait, en vente chez Amazon (pour accéder à la fiche et le commander, cliquez ici) – par contre j’ignore si un tel ouvrage existe aussi en français…

 

Pour commencer, nous allons aborder un poème édité en 1601 nommé :

 

The Phoenix and the Turtle

 

que nous pourrions traduire par le Phoenix et la Tortue que vous trouverez en version originale au-dessous de ma signature.

 

Pourquoi ai-je commencé par un court poème plutôt que par une de ses pièces les plus connues ?

D’abord, par paresse ;) mdrrrr !!!, oui, il est court ;)

Ensuite parce que, pour pouvoir comprendre une pièce entièrement écrite en vers et en anglais, il faut commencer par des écrits bien plus courts… et j’estime que, si j’avais commencé par vous mettre par exemple Hamlet, vous abandonneriez face à la difficulté avant même d’avoir réellement commencé… de plus, de nombreux sites anglophones, expliquant déjà ce poème, il vous est aisé d’avoir une aide supplémentaire pour comprendre ce petit poème dont je vous laisse maintenant prendre connaissance. Bonne lecture et jouissez bien de chacun des mots écrits car il est réellement merveilleux.

 

Bisous,

@+

Sab

 

 

 

ban 

 

The phoenix and the turtle

 

 

 

 

 

Let the bird of loudest lay.

On the sole Arabian tree,

Herald sad and trumpet be,

To whose sound chaste wings obey.

 

But thou, shrieking harbinger,

Foul pr-currer of the fiend,

Augur of the fever’s end,

To this troop come thou not near.

 

From this session interdict

Every fowl of tyrant wing,

Save the eagle, feather’d king :

Keet the obsequy so strict.

 

Let the priest in surplice white,

That defunctive music can,

Be the death-divining swan,

Lest the requiem lack his right.

 

Ah thou, treble-dated crow,

That thy sable gender mak’st

With the breath thou giv’st and tak’st,

‘Mongst our mouners shalt thou go.

 

Here the anthem doth commence :

Love and constancy is dead ;

Phoenix and the turtle fled

In a mutual flame from hence.

 

So they lov’d, as love in twain

Had the essence but in one ;

Two distincts, division none :

Number there in love was slain.

 

Hearts remote, yet not asunder ;

Distance, and no space was seen

‘Twixt the turtle and his queen ;

But in the mit were a wonder.

 

So between them love did shine,

That the turtle saw his right

Flaming in the phoenix’s sight :

Either was the other’s mine.

 

Property was thus appall’d,

That the self was not the same ;

Single nature’s double name

Neither two nor one was call’d.

 

Reason, in itself confounded,

Saw division grow together ;

To themselves yet either-neither,

Simple were so well compounded.

 

That it cried how tru a twain

Seemeth this concordant one !

Love hath reason, reason none

If what parts can so remain.

 

Whereupon it made this threne

To the phoenix and the dove,

Co-suppremes and stars of love ;

As chorus to their tragic scene.

 

 

Threnos.

 

Beauty, truth, and rarity.

Grace in all simplicity,

Here enclos’d in cinders lie.

 

Death is now the phoenix’ nest ;

And the turtle’s loyal breast

To eternity doth rest,

 

Leaving no posterity :--

‘Twas not their infirmity,

It was married chastity.

 

Truth may seem, but cannot be :

Beauty brag, but ‘tis not she ;

Truth and beauty buried be.

 

To this urn those repair

That are either true or fair ;

For these dead birds sigh a prayer.

 

5 mai 2012

Arthur Conan DOYLE : The Adventure of Bruce-Partington plans

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Ah que coucou !

 

Voici une nouvelle aventure de mon détective privé favori : Sherlock Holmes, tirée de l’ouvrage « His last Bow » (= le dernier coup) :

 

The Adventure of Bruce-Partington plans

Publié en 1912

Version originale

Pour accéder au téléchargement/lecture, cliquez ici

Format : pdf

(logiciel gratuit fourni par Adobe)

 

que nous pourrions traduire par « l’aventure des plans du Bruce Partington ».

 

Dans cette nouvelle nous apprenons que le Bruce Partington est un sous-marin britannique dont les plans sont convoités non seulement par la France, mais aussi par l’Allemagne. C’est Mycroft qui apporte cette affaire à son frère et lui demande de mener l’enquête malgré qu’il soit parfaitement apte à résoudre cette énigme pour retrouver les plans du dit sous-marin… Mais, comme vous connaissez Mycroft, il apprécie guère de devoir quitté son club ;) et partir à la recherche des plans dans tout Londres, ce n’est pas trop « son truc »…

Bref, c’est Sherlock Holmes et le docteur Watson qui s’en chargent et trouvent, non seulement les plans (ce qui est le minimum pour notre héros) mais aussi résolvent cette affaire de meurtre liée ou non au vol des dit-plans… là, je vous laisse l’apprendre de l’histoire.

 

Bonne lecture !

 

Bisous,

@+

Sab

Sherlock-

Holmes

26 avril 2012

Dino Buzzati : Le K

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Ah que coucou !

 

Aujourd’hui je vous propose un recueil de nouvelles du très célèbre écrivain italien : Dino Buzzati, mais comme je ne peux légalement le mettre en ligne, je vous en mettrai un passage au-dessous de ma signature…

 

Ce recueil regroupe les nouvelles suivantes :

 

ü Le K (nouvelle qui a donné son titre au dit recueil)

ü La Création

ü La leçon de 1980

ü Général inconnu

ü Le Défunt par erreur

ü L’Humilité

ü Et si ?

ü A Monsieur le Directeur

ü L’Arme secrète

ü Un amour trouble

ü Pauvre petit garçon

ü Le casse-pieds

ü Le compte

ü Week-end

ü Le secret de l’écrivain

ü Petite histoire du soir

ü Chasseurs de vieux

ü L’œuf

ü Dix-huitième trou

ü Le veston ensorcelé

ü Le chien vide

ü Douce nuit

ü L’Ascenseur

ü Les Dépassements

ü Ubiquité

ü Le Vent

ü Teddy Boys

ü Le Petit ballon

ü Suicide au parc

ü La chute du saint

ü Esclave

ü La Tour Eiffel

ü Jeune fille qui tombe… tombe

ü Le Magicien

ü La Boite de conserves

ü L’Autel

ü Les bosses dans le jardin

ü Petit Circé

ü L’épuisement

ü Quiz aux travaux forcés

ü Iago

ü Progressions

ü Les deux chauffeurs

ü Voyage aux Enfers du siècle

 

Vu le nombre de nouvelles, il est un peu difficile d’expliquer ce qu’est ce Recueil qui est pourtant un véritable délice à lire car très bien traduit par Jacqueline Remillet. Dino Buzzati a une façon bien personnelle pour surprendre le lecteur, en lâchant des indices ici et là mais… comment expliquer ça mieux qu’en lisant ses œuvres ? Là, j’avoue, le vocabulaire me manque pour traduire exactement ma pensée ;) – oui, ça arrive ;) mdrrrr ! Quoi qu’il en soit, sachez que Dino Buzzati nous transporte ici au cœur même de son histoire et nous tient en haleine jusqu’à la fin. Et on peut essayer de tricher en lisant les dernières pages, on se retrouve avec l’envie de la reprendre du début, même quand on connait déjà la chute ;) (comment je le sais ? J’ai essayé pour mes fiches de lecture qu’on nous faisait faire en cours de français ;)…)

 

Bisous,

@+

Sab

 

 

 

ban

 

 

 

Le Pauvre Petit Garçon

 

Comme d’habitude, Mme Klara emmena son petit garçon, cinq ans, au jardin public, au bord du fleuve. Il était environ trois heures. La saison était ni belle ni mauvaise, le soleil jouait à cache-cache et le vent soufflait de temps à autre, porté par le fleuve.

 

On ne pouvait pas dire non plus de cet enfant qu’il était beau, au contraire, il était plutôt pitoyable même, maigrichon, souffreteux, blafard, presque vert, au point que ses camarades de jeu, pour se moquer de lui, l’appelaient Laitue. Mais d’habitude les enfants au teint pâle ont en compensation d’immenses yeux noirs qui illuminent leur visage exsangue et lui donnent une expression pathétique. Ce n’était pas le cas de Dolfi ; il avait de petits yeux inisignifiants qui vous regardaient sans aucune personnalité.

 

Ce jour-là, le bambin surnommé Laitue avait un fusil tout neuf qui tirait même de petites cartouches, inoffensives bien sûr, mais c’était quand-même un fusil ! Il ne se mit pas à jouer avec les autres enfants car d’ordinaire ils le tracassaient, alors il préférait rester tout seul dans son coin, même sans jouer. Parce que les animaux qui ignorent la souffrance de la solitude sont capables de s’amuser tout seuls, mais l’homme au contraire n’y arrive pas et s’il tente de le faire, bien vite une angoisse encore plus forte s’empare de lui.

 

Pourtant quand les autres gamins passaient devant lui, Dolfi épaulait son fusil et faisait semblant de tirer, mais sans animosité, c’était plutôt une invitation, comme s’il avait voulu leur dire : « Tiens, tu vois, moi aussi aujourd’hui j’ai un fusil. Pourquoi est-ce que vous ne me demandez pas de jouer avec vous ? »

 

Les autres enfants éparpillés dans l’allée remarquèrent bien le nouveau fusil de Dolfi. C’était un jouet de quatre sous mais il était flambant neuf et puis il était différent des leurs et cela suffisait pour susciter leur curiosité et leur envie. L’un d’eux dit :

« He ! vous autres ! vous avez vu Laitue, le fusil qu’il a aujourd’hui ? »

Un autre dit :

« La Laitue a apporté son fusil seulement pour nous le faire voir et nous faire bisquer mais il ne jouera pas avec nous. D’ailleurs il ne sait même pas jouer tout seul. La Laitue est un cochon. Et puis son fusil, c’est de la camelote !

- Il ne joue pas parce qu’il a peur de nous », dit un troisième.

Et celui qui avait parlé avant :

« Peut-être, mais n’empêche que c’est un dégoûtant ! »

 

Mme Klara était assise sur un banc, occupée à tricoter, et le soleil la nimbait d’un halo. Son petit garçon était assis, bêtement désœuvré, à côté d’elle, il n’osait pas se risquer dans l’allée avec son fusil et il le manipulait avec maladresse. Il était environ trois heures et dans les arbres de nombreux oiseaux, inconnus faisaient un tapage invraisemblable, signe peut-être que le crépuscule approchait.

« Allons Dolfi, va jouer, l’encourageait Mme Klara sans lever les yeux de son travail.

- Jouer avec qui ?

- Mais avec les autres petits garçons, voyons ! vous êtes tous amis, non ?

- Non, on n’est pas amis, disait Dolfi. Quand je vais jouer ils se moquent de moi.

- Tu dis cela parce qu’ils t’appellent Laitue ?

- Je ne veux pas qu’ils m’appellent Laitue !

- Pourtant moi je trouve que c’est un joli nom. A ta place, je ne me fâcherais pas pour si peu. » Mais lui, obstiné :

« Je veux pas qu’on m’appelle Laitue ! »

 

Les autres enfants jouaient habituellement à la guerre et ce jour-là aussi. Dolfi avait tenté une fois de se joindre à eux, mais aussitôt ils l’avaient appelé Laitue et s’étaient mis à rire. Ils étaient presque tous blonds, lui au contraire était brun, avec une petite mèche qui lui retombait sur le front en virgule. Les autres avaient de bonnes grosses jambes, lui au contraire avait de vraies flûtes maigres et grêles. Les autres couraient et sautaient comme des lapins, lui, avec sa meilleure volonté, ne réussissait pas à les suivre. Ils avaient des fusils, des sabres, des frondes, des arcs, des sarbacanes, des casques. Le fils de l’ingénieur Weiss avait même une cuirasse brillante comme celle des hussards. Les autres, qui avaient pourtant le même âge que lui, connaissaient une quantité de gros mots très énergiques et il n’osait pas les répéter. Ils étaient forts et lui si faible.

 

Mais cette fois lui aussi était venu avec un fusil.

 

C’est alors qu’après avoir tenu conciliabule les autres garçons s’approchèrent :

« Tu as un très beau fusil, dit Max, le fils de l’ingénieur Weiss. Fais voir. »

Dolfi sans le lâcher laissa l’autre l’examiner.

« Pas mal », reconnut Max avec l’autorité d’un expert.

 

Il portait à la bandoulière une carabine à air comprimé qui coûtait au moins vingt fois plus que le fusil. Dolfi en fut très flatté.

« Avec ce fusil, toi aussi tu peux faire la guerre, dit Walter en baissant les paupières avec condescendance.

- Mais oui, avec ce fusil, tu peux être capitaine », dit un troisième.

 

Et Dolfi les regardait émerveillé. Ils ne l’avaient pas encore appelé Laitue. Il commença à s’enhardir.

 

Alors ils lui expliquèrent comment ils allaient faire la guerre ce jour-là. Il y avait l’armée du général Max qui occupait la montagne et il y avait l’armée du général Walter qui tenterait de forcer le passage. Les montagnes étaient en réalité deux talus herbeux recouverts de buissons ; et le passage était constitué par une petite allée en pente. Dolfi fut affecté à l’armée de Walter avec le grade de capitaine. Et puis les deux formations se séparèrent, chacune allant préparer en secret ses propres plans de bataille.

 

Pour la première fois, Dolfi se vit prendre au sérieux par les autres garçons. Walter lui confia une mission de grande responsabilité : il commanderait l’avant-garde. Ils lui donnèrent comme escorte deux bambins à l’air sournois armés de fronde et ils l’expédièrent en tête de l’armée, avec l’ordre de sonder le passage. Walter et les autres lui souriaient avec gentillesse. D’une façon presque excessive.

 

Alors Dolfi se dirigea vers la petite allée qui descendait en pente rapide. Des deux côtés, les rives herbeuses avec leurs buissons. Il était clair que les ennemis, commandés par Max, avaient dû tendre une embuscade en se cachant derrière les arbres. Mais on n’apercevait rien de suspect.

 

« Hé ! capitaine Dolfi, pars immédiatement à l’attaque, les autres n’ont sûrement pas encore eu le temps d’arriver, ordonna Walter sur un ton confidentiel. Aussitôt que tu es arrivé en bas, nous accourons et nous y soutenons leur assaut. Mais toi, cours, cours le plus vite que tu peux, on ne sait jamais… »

 

Dolfi se retourna pour le regarder. Il remarqua que tant Walter que ses autres compagnons d’armes avaient un étrange sourire. Il eut un instant d’hésitation.

« Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-il.

- Allons, capitaine, à l’attaque ! » intima le général.

 

Au même moment, de l’autre côté du fleuve invisible, passa une fanfare militaire. Les palpitations émouvantes de la trompette pénétrèrent comme un flot de vie dans le cœur de Dolfi qui serra fièrement son ridicule petit fusil et se sentit appelé par la gloire.

 

« A l’attaque, les enfants ! » cria-t-il, comme il n’aurait jamais eu le courage de le faire dans des conditions normales.

 

Et il se jeta en courant dans la petite allée en pente.

 

Au même moment un éclat de rire sauvage éclata derrière lui. Mais il n’eut pas le temps de se retourner. Il était déjà lancé et d’un seul coup il sentit son pied retenu. A dix centimètre du sol, ils avaient tendu une ficelle.

 

Il s’étala de tout son long par terre, se cognant douloureusement le nez. Le fusil lui échappa des mains. Un tumulte de cris et de coups se mêla aux échos ardents de la fanfare. Il essaya de se relever mais les ennemis débouchèrent des buissons et le bombardèrent de terrifiantes balles d’argile pétrie avec de l’eau. Un de ces projectiles le frappa en plein sur l’oreille le faisant trébucher de nouveau. Alors ils sautèrent tous sur lui et le piétinèrent. Même Walter, son général, même ses compagnons d’armes !

« Tiens ! attrape, capitaine Laitue. »

 

Enfin il sentit que les autres s’enfuyaient, le son héroïque de la fanfare s’estompait au-delà du fleuve. Secoué par des sanglots désespérés ils chercha tout autour de lui son fusil. Il le ramassa. Ce n’était plus qu’un tronçon de métal tordu. Quelqu’un avait fait sauter le canon, il ne pouvait plus servir à rien.

 

 

 

Avec cette douloureuse relique à la main, saignant du nez, les genoux couronnés, couvert de terre de la tête aux pieds, il alla retrouver sa maman dans l’allée.

 

« Mon Dieu ! Dolfi, qu’est-ce que tu as fait ? »

 

Elle ne lui demandait pas ce que les autres lui avaient fait mais ce qu’il avait fait, lui. Instinctif dépit de la brave ménagère qui voit un vêtement complètement perdu. Mais il y avait aussi l’humiliation de la mère : quel pauvre homme deviendrait ce malheureux bambin ? Quelle misérable destinée l’attendait ? Pourquoi n’avait-elle pas mis au monde, elle aussi, un de ces garçons blonds et robustes qui couraient dans le jardin ? Pourquoi Dolfi restait-il si rachitique ? Pourquoi était-il toujours si pâle ? Pourquoi était-il si peu sympathique aux autres ? Pourquoi n’avait-il pas de sang dans les veines et se laissait-il toujours mener par les autres et conduire par le bout du nez ? Elle essaya d’imaginer son fils dans quinze, vingt ans. Elle aurait aimé se le représenter en uniforme, à la tête d’un escadron de cavalerie, ou donnant le bras à une superbe jeune fille, ou patron d’une belle boutique, ou officier de marine. Mais elle n’y arrivait pas. Elle le voyait toujours assis un porte-plume à la main, avec de grandes feuilles de papier devant lui, penché sur le banc de l’école, penché sur la table de la maison, penché sur le bureau d’une étude poussiéreuse. Un bureaucrate, un petit homme terne. Il serait toujours un pauvre diable, vaincu par la vie.

 

« Oh ! le pauvre petit ! » s’apitoya une jeune femme élégante qui parlait avec Mme Klara.

 

Et secouant la tête, elle caressa le visage défait de Dolfi.

 

Le garçon leva les yeux, reconnaissant, il essaya de sourire, et une sorte de lumière éclaira un bref instant son visage pâle. Il y avait toute l’amère solitude d’une créature fragile, innocente, humiliée, sans défense ; le désir désespéré d’un peu de consolation ; un sentiment pur, douloureux et très beau qu’il était impossible de définir. Pendant un instant – et ce fut la dernière fois – il fut un petit garçon doux, tendre et malheureux, qui ne comprenait pas et demandait au monde environnant un peu de bonté.

 

Mais ce ne fut qu’un instant.

 

« Allons, Dolfi, viens te changer ! » fit la mère en colère, et elle le traîna énergiquement à la maison.

 

Alors le bambin se remit à sangloter à cœur fendre, son visage devint subitement laid, un rictus dur lui plissa la bouche.

 

« Oh ! ces enfants ! quelles histoires ils font pour un rien ! s’exclama l’autre dame agacée en les quittant. Allons, au-revoir, madame Hitler ! »

 

23 avril 2012

Vercors : Désespoir est mort

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Ah que coucou !

 

Aujourd’hui je vous propose une nouvelle (utilisée comme « Préface » dans l’ouvrage « Le Silence de la Mer ») écrite par Vercors, un résistant français faisant éditer ses écrits aux Editions de Minuit :

 

Désespoir est mort

Nouvelle écrite en 1942, éditée en 1943

 

que, contrairement à d’habitude, vous pourrez lire au-dessous de ma signature, à la fin de ce billet (pour l’explication de texte, cliquez ici. Sur ce site vous y découvrirez toute la littérature de Vercors expliquée autant ses romans que ses nouvelles).

J’ai choisi cette nouvelle plutôt qu’une autre, pour plusieurs raisons. Mais la principale est l’Espoir. Vercors raconte ici comment, malgré la défaite, malgré l’Armistice, il a réussi à garder l’espoir, l’espoir en ces jours meilleurs, l’espoir en la race humaine. Et ceci malgré l’ambiance de cette période où commence les années sombres de la France et qui verra fleurir son lot d’atrocité et d’injustice, celui de la collaboration que combat la résistance, etc.

 

Et vous, l’espoir, vous le trouvez comment ? dans des cris et des vaines promesses tout à fait irréalisables car celui qui les fait ne tient aucun compte de l'environnement international actuel ??? ;)

 

Bisous,

@+

Sab

 

ban

Désespoir est mort

 

 

Je n’ai pas encore très bien compris comme cela s’est fait, - en moi et en nous. D’ailleurs je ne cherche pas. Il est de certains miracles très naturels. Je veux dire : très facile à accepter. Je les accepte de grand cœur et celui-ci fut de ceux là. J’y pense souvent. Je m’attendris, je souris et m’étire. Je sais qu’il y aurait sûrement quelque chose à trouver. A quoi bon ? Cette demi-ignorance, ma foi, me convient.

 

Comme les plus profonds tourments pâlissent vite ! Il y a trente mois je désirais la mort. Nous étions quelques-uns à la désirer. Nous ne parvenions à voir devant nous rien qu’un abîme fétide. Comment y vivre ? Pourquoi attendre une asphyxie immonde ? Ah ! trouver un rocher désert, une île abandonnée, loin de la mêlée répugnante des hommes… Comme cela semble étrange, aujourd’hui, - où nous avons tant de motifs d’espérer ! Mais l’espoir, le désespoir, ne sont pas choses raisonnantes ni raisonnables. Le désespoir s’était emparé de nous, du chef à l’orteil. Et, il faut bien l’avouer, ce que nous avions vu, ce que nous voyions encore ne nous aidait guère à le secouer.

 

Car nous n’étions pas tous désespérés. Oh ! non. Dans ce mess hétéroclite, où le désastre avait rassemblé une douzaine d’officiers venus de toutes parts, sans point commun sinon celui de n’avoir pas combattu, la note dominante n’était pas le désespoir. Chacun était avant tout préoccupé de soi. Et pourvu que tous les chemins ne fussent pas coupés devant lui, prenait le reste assez légèrement. En ce juillet-là courait le mythe Laval-Talleyrand : une canaille après Waterloo, avait en quelques années refait une France redoutée ; une canaille referait de même. Il suffisait d’attendre.

 

Il y avait là un homme que j’appellerai le Capitaine Randois. Je ne l’aimais pas. Dès avant la défaite, tout en lui m’était ennemi : son caractère hautain, ses convictions monarchiques, son mépris de la foule. J’évitai de lui parler. Je craignais qu’il ne laissât, d’un mot, deviner la satisfaction que les malheurs de la République, le triomphe de la tyrannie, devaient avoir fait naître en lui. Je n’aurais pu le supporter sans réagir. Mes nerfs étaient peu solides alors. Heureusement, lui non plus ne parlait guère. Il mangeait en silence, son grand nez coupant baissé vers la nappe. Les incessantes discussions, politiques et imbéciles, qui formaient la trame de nos repas, n’obtenaient de lui qu’un dédain que j’aurais trouvé insultant, - si je n’eusse fait tout comme lui. Notre pauvre vieux brigand de commandant, conseiller général du Gard, présidait ces joutes, les couvait de ses gros yeux éteints. Il ressemblait, par le visage à l’accent, à un Raimu amolli, à l’un des Fratellini aussi, - celui qui est mort, celui qui cachait ses dérisoires malices sous un aspect de notaire solennel. Il interrogeait l’avenir avec malaise, inquiet de la place qu’il pourrait y creuser pour son adipeuse papelardise. Il dit un jour :

« Randois, vous avez vu ? Votre Maurras se range sans restriction derrière le Maréchal. »

Quand il parlait, il semblait que son accent fût noyé dans une gorgée d’eau, qu’on se fût attendu à voir couler entre ses lèvres molles. « Je suis un vieux radical, mais, dans le malheur de la patrie, il faut oublier ses convictions. Votre Maurras, bravo, c’est très bien. Que penseront nos vainqueurs, selon vous ? »

 

Le Capitaine Randois leva le nez. Et ses yeux, ses yeux bleus et froids (je les trouvais cruels) se posèrent sur moi. Oui, sur moi et sur mon voisin le Capitaine Despérados ; et il répondit :

- Les Fridolins ? Ils nous auront jusqu’au trognon.

 

Sa voix était d’une tristesse sans borne. Je fus surpris, - plus encore du regard que des paroles. Ainsi, il nous rejoignait, il avait su nous rejoindre, nous les solitaires, nous les muets. Il avait mieux su me comprendre, que moi, lui. Aujourd’hui, je sais bien que je manquais de sagacité. Car ce mess était à l’image de ce pays, où seuls les lâches, les malins et les méchants allaient continuer de pérorer ; où les autres n’auraient, pour protester, que leur silence. Randois nous avait reconnus.

 

J’étais silencieux. Mais le Capitaine Desperados l’était plus que moi. Il avait, lui, participé à « notre » bataille : à la bataille postiche, au déshonorant simulacre qui nous en avait plus appris, en ces trois jours serrés entre deux armistices, sur l’infamie dérisoire de certains hommes couverts d’honneurs, que l’expérience de toute une vie. Il avait assisté d’un bout à l’autre à la honteuse et cruelle comédie. Il avait eu dans les mains, on lui avait mis impudemment dans les mains des preuves immondes et puantes : celles du souci unique, aux pires jours du désastre, qu’avait eu un chef indigne de préparer les voies de son ambition. Ambition sordide. On eût dit qu’il en avait pâli, - pâli à jamais. Il était pâle et raide, raide d’une vieille blessure qui l’empêchait de tourner la tête sans tourner aussi les épaules ; et plus pâle d’une cicatrice qui partageait en deux son beau visage de matador grisonnant, ouvrant en passant l’œil droit, comme eût fait un monocle. Et cela lui donnait une expression double, pénétrante et dominatrice. Pendant toutes ces semaines, il ne sourit jamais. Je ne l’avais jamais vu rire, - sauf une fois.

 

Oui, j’ai presque un effort à faire aujourd’hui pour comprendre, comme je le comprenais alors, qu’un homme, pût être si mortellement découragé qu’il lui fût impossible, pendant des semaines, de sourire. J’étais ainsi moi-même, pourtant. Nous trainions nos gros souliers oisifs dans l’unique rue de ce village brûlé par le soleil, où l’on nous avait cantonnés après l’armistice. Nous n’en pouvions sortir. Nous n’avions d’autre choix que les deux bistrots, le banc du jardinier qu’une aimable personne avait offert, ou notre chambre. Pour ma part, j’avais choisi ma chambre. Je n’en bougeais guère. Mon accablement s’y nourrissait de soi-même, s’engraissait de ce fatal désœuvrement. Je pense aujourd’hui que Randois, que Desperados menaient la même torturante vie. Peut-être faut-il voir là les raisons de cet infernal silence, où nous nous étions murés malgré nous.

 

Ma chambre était petite. Je l’avais choisie parce qu’elle était petite. Elle ouvrait sur les toits par une mince fenêtre haut placée. Ainsi elle était constituée, un peu, comme un cachot, - un cachot qu’une jeune fille eût adouci de ses soins. Je restais là, de longues heures, entre ces murs rapprochés. Prisonnier de ces murs comme dans les pensées, simples et horribles, que je ne pouvais chasser. J’aimais sentir ces murs peser sur moi, comme on aime à presser d’un doigt nerveux une gencive irritée. Cela n’était certes pas bon pour la santé de l’esprit. Pas pire, sans doute, que d’errer d’un bistrot à l’autre, que d’assister à la lâcheté de tous.

 

J’avais fini par ne sortir guère qu’à l’heure des repas. Je n’avais pas un long chemin à faire. La maison qui abritait notre mess faisait face à la mienne, par-delà une étroite ruelle caillouteuse. Ces repas étaient animés et bruyants. Ils étaient pour moi lugubres. On nous y engraissait comme des oies. L’Intendance n’avait pas encore été touchée par la défaite, et nous fournissait plusieurs viandes par repas, qu’un cuistot arrogant, titulaire d’un diplôme de cuisine militaire et qu’un de nous avait découvert et « voracé », déguisait sous des sauces savamment immondes, devant lesquelles le mess fondait d’admiration. On s’en félicitait mutuellement. La plus franche cordialité régnait entre ces hommes galonnés, qui se déchiraient l’un l’autre sitôt séparés. Ils étaient tous rivaux, pour un raison ou une autre. La débâcle n’avait pas détruit chez eux le goût des préséances, dont ils allaient être bientôt privés. Leur rivalité était aussi plus matérielle. Certains avaient vite compris qu’il y avait quelque chose à tirer de la désorganisation générale, de la difficulté des contrôles. Le plus haï était celui qu’on accablait, aux repas, des plus hautes marques de fidèle respect, notre commandant-Fratellini, à qui son grade permettait les plus fructueuses rapines. Nous savions que son grenier se remplissait de chocolat, de pâtes, de riz. J’aurais dû, moi aussi, haïr cet homme. Je ne sais pourquoi, je n’y parvenais pas. Peut-être parce que sa canaillerie était si évidemment native qu’elle en devenait ingénue. Peut-être aussi parce que je savais – avant lui – qu’il allait mourir. Il en était arrivé à un point d’urémie qui ne pouvait tarder d’amener une crise. Il s’endormait, non pas seulement après le repas, non pas seulement entre chaque plat : entre chaque bouchée, - quelques secondes, sa fourchette levée. Je voyais les autres rire. C’était pitoyable et tragique. « Mon Dieu, pensai-je, qu’il garnisse son grenier ». Pourtant je m’en voulais de cette indulgence.

 

J’étais heureux d’avoir Despérados auprès de moi. Je me sentais moins seul. Non pas que nous eussions jamais échangé un mot de quelque importance. Mais, parfois, quand je sentais moi-même se gonfler mon cœur de dégoût, devant quelque nouvelle marque de la funeste insouciance de ces hommes en qui le pays avait cru trouver des chefs, je voyais se tourner vers moi le cou raide, se poser sur moi l’œil dilaté. Nous croisions ainsi nos regards, et cela nous soulageait. Nous n’allions pas plus loin dans nos confidences.

 

Ce matin-là, pourtant, il se laissa aller à quelque chose de plus. Quand j’entrai pour prendre ma tasse de café, il était là, seul devant la sienne. Il lisait le Petit Dauphinois. C’était un des premiers qui nous parvînt, après ces quinze horribles jours. Et soudain il me le tendit, silencieusement et rageusement, marquant du pouce l’éditorial, et tandis que je lisais à mon tour, il garda posés sur moi ses yeux lumineux. Oui, ce qu’il me fit lire dépassait tout ce qu’on pouvait attendre. Ce que le plus grand mépris des hommes n’aurait suffi à nous faire croire sans preuve. On nous ressortait, simplement (n’oubliez pas que c’était la première fois), Jeanne d’Arc, Sainte-Hélène, et la perfide Albion. Dans cette même colonne, sous cette même signature, où trois semaines plus tôt le même homme nous parlait encore, avec une délectation sadique, des milliers de barbares teutons que la Lys et la Somme charriaient, sanglants et putrides, vers la mer.

 

Qu’aurais-je dit ? Je ne dis rien. Mais me renversant sur ma chaise, je partis à rire. Despérados appuya ses avant-bras sur la table, et il rit aussi. D’un rire long et bruyant, en se balançant un peu. C’était un bruit déplaisant, cette gaieté sans joie dans cette pièce maussade où trainait une odeur de pain moisi. Puis nous nous tûmes, et nous nous levâmes, car c’était l’heure, pour nous, d’assister, dans la petite église, à une messe pour le repos des morts de la guerre. Cela eût pu être émouvant et simple. Ce fut odieux et grotesque. Un prêche nous fut fait par un jeune soldat-prêtre, studieux et ambitieux, heureux de trouver là une occasion d’exercer son éloquence. Il nous servit une oraison vide et pompeuse, encore maladroite d’ailleurs et que ne sauvait pas même le talent.

 

Je sortis là plus accablé que jamais. Je marchais tête basse, entre Despérados et Randois qui s’était joint silencieusement à nous. Comme nous passions dans une ruelle herbeuse, entre deux hauts murs de jardin, je ne pus retenir tout à fait un des soupirs contraints dont ma poitrine était pleine à faire mal. Randois tourna la tête vers moi, et je vis qu’il souriait affectueusement.

- Nous trainions notre besace, dit-il, et passant entre nous, il nous prit chacun par le bras.

 

Nous parvînmes ainsi devant le mess. Ce n’était pas l’heure encore. Pour la première fois nous ne nous séparâmes pas. Nous nous assîmes sur le bord de l’étroit trottoir, et le silence sur nous pesa une fois de plus.

 

C’est alors que nous vîmes venir les quatre petits canetons.

 

 

 

Je les connaissais. Souvent j’avais regardé l’un ou l’autre, l’une ou l’autre de ces très comique boules de duvet jaunâtre, patauger, sans cesse une seconde de couiner d’une voix fragile et attendrissante, dans les caniveaux ou la moindre flaque. Plus d’une fois, l’un d’eux m’avait ainsi aidé à vivre, un peu plus vite, un peu moins lourdement, quelques-unes des minutes de ces interminables jours. Je leur en savais gré.

 

Cette fois, ils venaient tous les quatre à la file, à la manière des canards. Ils venaient de la grande rue, claudicants et solennels, vifs, vigilants et militaires. Ils ne cessaient de couiner. Ils faisaient penser à des défilés de gymnastes, portant orgueilleusement leur bannière et chantant fermement d’une voix fausse. J’ai dit qu’ils étaient quatre. Le dernier était plus jeune, - plus petit, plus jaune, plus poussin. Mais bien décidé à n’être pas traité comme tel. il couinait plus fort que les autres, s’aidait des pattes et des ailerons pour se tenir à la distance réglementaire. Mais les cailloux que ses aînés franchissaient avec maladresse mais fermeté formaient, pour lui, autant d’embûches où son empressement venait buter. En vérité, rien d’autre ne peut peindre fidèlement ce qui lui arrivait alors, sinon de dire qu’il se cassait la gueule. Tous les six pas, il se cassait ainsi la gueule et il se relevait et repartait, et s’empressait d’un air martial et angoissé, couinant avec une profusion et une ponctualité sans faiblesse, et se retrouvait le bec dans la poussière. Ainsi défilèrent-ils tous les quatre, selon l’ordre immuable d’une parade de canards. Rarement ai-je assisté à rien d’aussi comique. De sorte que je m’entendis rire, et aussi Despérados, mais non plus de notre affreux rire du matin. Le rire de Desperados était, cette fois, profond et sain et agréable à entendre. Et même le rire un peu sec de Randois n’était pas désagréable. Et les canetons, toujours couinants, tournèrent le coin de la ruelle, et nous vîmes le petit, une dernière fois, se casser la gueule avant de disparaître. Et alors, voilà, Randois nous mit ses mains sur les épaules, et il s’appuya sur nous pour se lever, et ce faisant il serra les doigts, affectueusement, et nous fit un peu mal. Et il dit :

- A la soupe ! Venez. Nous en sortirons.

Or, c’était cela justement que je pensais : nous en sortirons. Oh ! je mentirais en prétendant que je pensai ces mots-là exactement. Pas plus que je ne pensai alors précisément à des siècles, à d’interminables périodes plus sombres encore que celle-ci qui s’annonçait pourtant si noire ; ni au courage, désespéré, à l’opiniâtreté surhumaine qu’il fallut à quelques moines, au milieu de ces meurtres, de ces pillages, de cette ignorance fanatique, de cette cruauté triomphante, pour se passer de main en main un fragile flambeau pendant près de mille ans. Ni que cela valait pourtant la peine de vivre, si tel devait être notre destin, notre seul devoir désormais. Certes, je ne pensai pas précisément tout cela. Mais ce fut comme lorsqu’on voit la reliure d’un livre que l’on connaît bien.

 

Comme ces quatre petits canards, par quelle voie secrète de notre esprit nous menèrent-ils à découvrir soudain que notre désespoir était pervers et stérile ? Je ne sais. Aujourd’hui où je m’applique à écrire ces lignes, je serais tenté d’imaginer quelque symbole, à la fois séduisant et facile, inconsciemment pensai-je aux petits canards qui déjà devraient défiler non moins comiquement sous les yeux des premiers chrétiens, qui avaient plus que nous lieu de croire tout perdu. Peut-être trouvai-je qu’ils parodiaient assez bien, ces quatre canetons fanfarons et candides, ce qu’il y a de pire dans les sentiments des hommes en groupe, comme aussi ce qu’il y a de meilleur en eux. Et qu’il valait de vivre, puisqu’on pouvait espérer un jour extirper ce pire, faire refleurir ce meilleur. Peut-être. Mais il se pourrait plus encore que, tout cela, je le découvrisse seulement pour les besoins de la cause. Au fond, j’aime mieux le mystère. Je sais, cela seul est sûr, que c’est à ces petits canards, que je dus, au plus sombre couloir d’un sombre jour, de sentir mon désespoir soudain glisser de mes épaules comme un manteau trop lourd. Cela suffit. Je ne l’oublierai pas.

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