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11 avril 2013

Nicolas Gogol : Le Manteau

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Ah que coucou !

 

Aujourd’hui je vous propose de voyager. Pour le lieu, choisissons Saint-Pétersbourg, la capitale des Tsars, pour la date choisissons… eh bien… pourquoi cette période où les tsars dirigeaient toutes les Russies ! Revenons au temps des Troïkas… oui, profitons-en pour remonter le temps… et rejoignons ce petit fonctionnaire Akaki Akakievitch, le triste héro de cette petite aventure narrée par ce grand écrivain russe qu’était Nikolaï Gogol :

 

Le Manteau

accessible à la lecture/téléchargement en cliquant ici

format : pdf

logiciel fourni gratuitement par son concepteur Adobe

Langue : français

 

Comme de nombreux fonctionnaires, ayant de petites fonctions, Akaki Akakievitch gagne très peu d’argent, suffisamment pour qu’il puisse vivre dans son petit appartement dans un quartier pauvre de Saint-Pétersbourg. Toutefois, malgré son maigre salaire, il s’en satisfait grandement car il aime son travail et refuse, pour tout l’or du monde, les promotions qui lui assureraient une meilleure « santé financière ».

 

Toutefois, le manteau d’Akaki Akakievitch montre des signes de vieillesse et devient si usé que le réparer est impossible. Il faut donc qu’Akaki Akakietvich s’achète un manteau neuf – ce qui est bien au-dessus de ses maigres moyens…

 

Cet ouvrage narre les pourparlers pour l’achat d’un nouveau manteau, ainsi que les démarches successives pour que le tailleur utilise les matières choisies afin qu’il n’y a, à la fin, de « mauvaises » surprises concernant le prix… Gogol nous décrit la fierté d’Akaki Akakietvich quand il porte, enfin, le manteau tant souhaité et tant attendu… mais il raconte aussi ce qu’advient du dit-manteau le soir de son acquisition par Akaki Akakietvich et explique la raison pour laquelle les passants se font dérober leurs manteaux quand ils traversent un certain pont, à une certaine heure…

 

Mais je ne vais pas vous raconter là toute l’histoire palpitante, et vous laisse la découvrir…

 

Bonne lecture !

Bisous,

@+

Sab

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25 mars 2013

Germaine Acremant : Ces dames aux chapeaux verts

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Ah que coucou !

 

Aujourd’hui je vous propose un livre que je n’ai connu seulement quand ma maman à moi l’avait acheté pour que je puisse le lire alors que je n’avais quoi ? 11 – 12 ans… la dernière version filmée (interprétée par… vous n’avez qu’à regarder la couverture du livre) venait de sortir sur les écrans… Oui, aujourd’hui je vous propose (sans toutes les coquilles contenues dans la version originale ;)) :

 

Ces dames aux chapeaux verts

n'est plus accessible gratuitement à partir de ce blog

(accessible à la lecture/téléchargement en cliquant ici)

format : pdf

(logiciel fourni gratuitement par son concepteur : Adobe)

langue : français

 

Dans ce livre ce qui m’a le plus intéressé, c’est ce témoignage des mœurs qui avaient encore cours au début du 20e siècle dans ces villes de province. L’auteur se sert d’Arlette, (jeune fille, Parisienne jusqu’au bout des doigts, dont le père se suicide suite à des problèmes financiers, ce qui amène que son frère Jean se retrouve en Afrique afin de faire fortune, et qu’elle est recueillie par 4 cousines, vieilles filles de leur état, les sœurs Davernis, surnommées : « les dames aux chapeaux verts »), pour confronter deux styles de vie (l’une parisienne et l’autre provinciale) et les différences de mœurs (modernes à Paris contrairement à la Province où l’on tient compte du qu’en dira-t-on). Grâce au personnage d’Arlette l’auteur nous montre aussi l’évolution des mœurs : Arlette n’a pas peur de parler à des hommes, Arlette sait conduire une voiture, Arlette sait jouer au tennis, Arlette est instruite, Arlette n’a pas peur de se promener seule en ville, etc. Evidemment cela ne va pas sans quelques heurts avec l’ainée de ses cousines Davernis : Telcide, vieille fille de plus de cinquante ans qui veut « dompter » cette jeune fille trop gâtée par son père qui lui laissait faire tout ce qu’elle voulait.

 

Mais voilà, alors qu’Arlette ne voyait en ses cousines que 4 filles totalement ridicules, elle découvre, petit à petit une toute autre réalité et termine par les apprécier, même l’effroyable Telcide qui voulait profiter de la situation en tant que « tutrice d’Arlette » pour lui faire épouser un certain Eugène Duthoit, un professeur imbu de sa personne et totalement ridicule.

 

Mais, comme toutes les histoires, celle-ci pourrait se terminer par : « ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants » si l’histoire ne s’arrêtait pas par les 2 mariages ! Mariage de qui ? à vous de le découvrir ! ;)

 

En attendant, je profite de ce post pour vous faire découvrir un petit bijou datant de 1929. Il s’agit d’un extrait de la première version filmée de cet ouvrage :

 

 

Bonne lecture !

 

Bisous,

@+

Sab

23 mars 2013

Agatha Christie : Meurtre en Mésopotamie

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Ah que coucou !

 

Aujourd’hui je vous propose une énigme proposée par la reine du suspens et la mère d’un certain détective belge très célèbre : Hercule Poirot et celle d’une retraitée tranquille : Miss Marple. Elle est l’auteur de nombreux romans policiers (une forme de littérature que je trouve déstressante, alors très présente dans ma bibliothèque), énigme qui n’est autre que :

 

Meurtre en Mésopotamie

Accessible au téléchargement/lecture en cliquant ici

format : pdf

(logiciel fournit gratuitement par son concepteur : Adobe)

langue : français

 

Quand on présente cette grande dame de la littérature anglaise, il est usuel de commencer par un de ses romans les plus connus : Le Crime de l’Orient-Express, pourtant moi, je préfère commencer par cette autre histoire narrant une enquête d’Hercule Poirot sur un double meurtre dans cette mission archéologique américaine au cœur de l’Irak. Pourquoi ? peut-être qu’en tant qu’épouse d’un archéologue elle-même, Agatha Christie y a glissé quelques unes de ses expériences personnelles… Oui, en lisant ce roman (la façon dont se déroule cette mission archéologique menée par le célèbre Pr Leidner) nous ne pouvons pas nous empêcher de penser que telle est la vie réelle dans toutes les missions archéologiques : relations entre les archéologues, déroulement de la vie pour leur famille qui les accompagne, relation avec les forces de l’ordre, relation avec la domesticité, déroulement des chantiers… Oui, Agatha Christie peut être considérée comme étant une des témoins privilégiés de cette façon de vivre le plus proche du chantier dans des conditions parfois…

 

Mais ce témoignage ne va pas au-delà de son expérience de la vie dans les missions archéologiques. Elle n’est pas cette Mme Leidner qui a été assassinée dans d’étranges conditions : fenêtre fermée, porte donnant sur une cour intérieure dont on ne pouvait accéder sans passer devant toute la domesticité de la maison qui discutait et riait près du porche… D’ailleurs voici un croquis qui vous montre comme était le camp de base de la mission :

 

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Comme elle n’est pas non plus cette malheureuse Anne Johnson qui mourut, elle aussi, dans d’atroces et horribles souffrances qui furent terribles à supporter, même par une infirmière expérimentée comme Miss A. Leatheran qui réussit toutefois à récolter les derniers mots prononcés par cette moribonde qui mourait dans ses bras des suites de l’absorption d’acide chlorhydrique… derniers mots qui furent : « la fenêtre… miss… la fenêtre ».

 

Mais il y a aussi une seconde raison pour laquelle je propose ce livre aujourd’hui…

Comme certains ont pu s’en apercevoir, TMC propose la série télévisée Poirot actuellement, interprété par un excellent acteur : David Suchet. Bon, il n’est pas mon acteur préféré pour ce rôle de Poirot qui doit mêler l’élégance d’un temps révolu (même pour l’époque où Agatha Christie le place) à une forte dose d’arrogance (personnellement je trouve que David Suchet n’accentue pas suffisamment ce trait de caractère dans son jeu). Même si cette série est ma foi, assez bien interprétée, même si les costumes respectent bien la période où Agatha Christie a voulu placé ses personnages, même si les décors sont, il faut l’avouer, bien trouvés, nous pouvons toutefois ressentir une forte déception quant au respect des enquêtes, des histoires.

 

Prenons justement cette enquête (pas d’inquiétude, je ne vais nullement donner le nom du coupable). Le roman tel qu’Agatha Christie l’a écrit et tel que vous pouvez le lire est présenté sous la forme d’un livre écrit par cette infirmière, étrangère à la mission, mais témoin involontaire des événements et de l’enquête. Cette infirmière ne ménage pas l’arrogance d’Hercule Poirot, qui n’apparait dans l’histoire qu’à partir du chapitre 13. En effet, elle n’hésite pas à se moquer des erreurs linguistiques que fait cet « arrogant petit homme » en anglais… en effet, à un moment donné dans l’histoire, Poirot lui demande de faire semblant de « s’être torché la cheville » lors d’une expérience, cheville qu’il se torche lui-même le lendemain ;)… elle n’hésite pas non plus à nous retranscrire certains propos de Poirot…

 

Tout ceci n’est pas montré dans l’épisode. Pourtant cela dégage une certaine note d’humour…

 

Par contre, dans l’épisode, comme dans tous les autres, les scénaristes n’ont nullement respecté l’histoire.

Dans le livre, Poirot est seul en Mésopotamie. Dans le film, il est accompagné de son ami Hasting.

Dans le livre, Poirot est quémandé par le Dr Reilly qui a appris que Poirot allait être de passage dans la région afin de regagner la Syrie avant de prendre l’Orient-Express pour regagner Londres. Dans le film, c’est Bill Coleman, prétendu neveu d’Hasting (c’est du moins ce que le scénaristique veut faire croire aux spectateurs), qui demande à son oncle de venir lui rendre visite à la mission. Et c’est Hasting qui amène Poirot.

Dans le livre, Mrs Leidner meurt avant l’arrivée de Poirot. Dans le film, Poirot a le temps de faire la connaissance de Mrs Leidner.

Dans le livre, M. Mercado assiste à la réunion finale quand Hercule Poirot fait connaître les conclusions de son enquête à toute l’assemblée. Dans le film, M. Mercado se suicide bien avant et Mme Mercado part vivre à l’hôtel…

 

Et je pourrais encore donner de nombreux autres exemples du non-respect du contenu des romans d’Agatha Christie. Et ça, dans tous les épisodes que j’ai visionnés jusqu’à maintenant ! L’histoire n’est nullement respectée. Les seules choses en commun avec l’œuvre originale d’Agatha Christie ne sont que l’identité de la victime principale et l’identité du meurtrier ! Sinon :

 

ABSOLUMENT RIEN DE COMMUN !!

 

Oui. Le scénariste s’appuie sur la notoriété d’Agatha Christie et de David Suchet pour vendre sa propre histoire. C’est pour cette raison, maman, que je n’aime pas cette série ;).

 

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Bisous,

@+

Sab

9 mars 2013

Edgar Allan Poe : Descente dans le Maelstrom

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Ah que coucou !

 

Oupsss !! j’allais oublier de poster ce billet. Désolée !

 

Donc je vous propose aujourd’hui une nouvelle suivante incluse dans l’ouvrage : Les Nouvelles Extraordinaires de l’ami Poe :

 

Une Descente dans le Maelstrom

accessible au téléchargement/lecture en cliquant ici

format : .pdf

(logiciel fourni gratuitement par son concepteur Adobe)

langue : français (merci à l’ami Baudelaire !)

 

où l’on nous narre la mésaventure, inventée ou non, d’un malheureux marin norvégien dont le bateau a été pris dans le Maelstrom.

 

A votre avis, cette histoire, faut-il la croire ou pas ?

Evidemment, à notre époque nos connaissances acquises depuis celle où cette nouvelle a été écrite s’étant étoffées, nous savons tout de suite si le marin fabule ou non… mais d’ailleurs, je ne vais pas répondre à cette question par moi-même. Lisez, et voyez donc si cette histoire est vraisemblable par vous-même ;) ! Oui… aujourd’hui, c’est VOUS qui travaillez ;) !!

 

Bonne lecture !

 

Bisous,

@+

Sab

8 mars 2013

F. Soffker : Fils d’Aryens

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Ah que coucou !

 

Aujourd’hui je vous présente un livre un peu spécial. J’appelle par « spécial » le fait qu’il n’y a que 2 livres de ce style dans ma bibliothèque et qui correspondent tous les deux à un certain besoin et soif de connaissances d’une époque révolue… Il s’agit du livre Fils d’Aryens, écrit par l’auteur allemand Friedrich Soffker et paru en France en 1980, aux Editions Gerfaut, comme vous l’indique la couverture ci-dessus…

 

Oui. Cela peut en surprendre plus d’un car il s’agit de ce qu’on nomme un « roman de guerre », abordant la Seconde Guerre mondiale vue par les Allemands, ce qui permet d’aborder l’autre visage de cette guerre meurtrière, parce que les « romans de guerre » et moi, ça fait plutôt 5 que 2 ou 1 ;)… bref, vous l’aurez compris : ce n’est pas mon genre littéraire ;) !

 

Toutefois j’avais choisi quelques exemples de ce style littéraire dans les années 90 parce qu’il aborde un sujet qui était totalement incompréhensible pour une jeune adulte cherchant à comprendre pourquoi des personnes intelligentes, sensées, stables s’étaient transformées, en moins d’une décennie pour certains, en terribles meurtriers (serial-killer), comment avaient-ils pu croire les promesses meurtrières d’un fou, comment ne se sont-ils pas aperçus qu’ils devenaient des meurtriers au service d’une doctrine politique, etc. Pour cela, rien de telle qu’une fiction basée sur des faits historiques et des réactions considérées normales pour l’époque ;) pour pouvoir aborder tous ces points successivement et de façon générale. Cet ouvrage remplit bien ce rôle en nous plongeant dans l’univers d’un adolescent brêmois, nouvellement bachelier dans ce 3. Reich de cette année 1941 (on nous parle de l’invasion de l’U.R.S.S. rapide, de l’approche des troupes allemandes sur Moscou, mais pas encore de Stalingrad – l’action se situe donc avant ce terrible hiver 1941-1942) qui, par volonté de prouver à son père qu’il peut être fier de lui aussi comme il l’est de son frère aîné, s’engage dans cette fameuse armée d’élite qu’était la SS-Waffen.

 

Pour vous aider à comprendre ce qu’est ce livre et, pourquoi pas, vous communiquez l’envie d’en connaître un peu plus sur cette partie précise de la littérature et de l’histoire sans trop avoir des maux de tête, je vous ai recopié en dessous de ma signature le passage où Aloïs Fungebarr (le malheureux héros de l’histoire – vous comprendrez l’utilisation de cet adjectif « malheureux » à la fin du livre si vous avez décidé de le lire) termine sa formation militaire et arrive sur le sol soviétique. Nous y voyons bien là les raisons pour lesquelles une personne normale se prépare à faire ce premier pas vers un avenir de meurtrier… Oui, ceci n’est qu’un passage car je n’ai pas le droit de mettre le livre en ligne (l’auteur étant toujours vivant et ce livre n’étant pas encore tombé dans le domaine public). A la lecture vous vous apercevrez que j’ai coupé une scène qui, à proprement parlée, n’ajoute rien de réellement intéressant à l’histoire (toujours ce fameux maximum à ne pas dépasser ;)). Ce passage choisi correspond au Chapitre 3 de la première partie (cet ouvrage comprend 3 parties).

 

Bonne lecture !

 

Bisous,

@+

Sab

 

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L’entrainement des nouvelles recrues dura trois mois.

Tous les hommes qui se trouvaient là étaient volontaires. C’est dire qu’on entendait nulle part les murmures qui sont chose courante dans le camps de recrutement, où certains ne sont généralement pas satisfaits d’être là, grognent contre l’armée et prennent en grippe les sous-officiers instructeurs.

Ici, au contraire, le zèle des engagés ne se démentait jamais. Rien ne leur semblait trop dur pour les aguerrir. Chacun voulait devenir le meilleur soldat du Führer.

Dans une telle ambiance, il était difficile de se faire particulièrement remarquer. Aloïs y parvint pourtant, dans une certaines mesure du moins. Il était vigoureux et ne fléchissait jamais devant la tâche à accomplir. De plus, il apprenait vite, si bien qu’il termina en tête du peloton, ce qui lui valut d’être immédiatement nommé S.S. Rottenführer.

Les dix premiers avaient le droit de choisir leur affectation. Quand vint le tour d’Aloïs, il énonça sans hésiter :

- Le front russe.

Il ne fut pas le seul à effectuer ce choix dangereux. Le S.S. Rottenführer Kurt Wedling, qui le suivait immédiatement au classement, réclama la même affectation.

Les deux jeunes gens avaient beaucoup sympathisé durant leur entraînement, Kurt était un grand gaillard blond et musclé dont les parents demeuraient aux environs de Brême. son père était notaire dans un village et farouche partisan du nazisme depuis le premier jour. Maître Wedling avait autant souffert de la défaite de 1918 que de la République de Weimar. Il détestait le désordre et ne voyait pas pourquoi on prétendait demander leur avis à des gens incultes qui ne comprenaient rien à la politique. Il avait salué avec soulagement l’avènement d’un pouvoir fort, qui avait rétabli l’ordre dans le pays et qui avait rendu à l’Allemagne sa position dans le monde.

Kurt avait donc toujours été élevé dans le respect du Führer et il s’était tout naturellement engagé dans les S.S. C’était un garçon sans complexe, sûr de lui et de la cause pour laquelle il s’était engagé. Aloïs appréciait cette tranquillité qui lui faisait oublier ses propres doutes. Il aimait le Führer, certes, mais il ne ressentait pas le même fanatisme inconditionnel que Kurt. Il lui arrivait de réfléchir et de douter de lui-même. Le poids des désapprobations familiales continuait à l’écraser et il se demandait parfois s’il était vraiment digne de servir Adolf Hitler.

Les engagés n’avaient pas eu droit à la moindre permission durant leur entraînement. Ceux qui avaient choisi le front russe se virent accorder un repos de huit jours avant de rejoindre leur nouvelle affectation.

- Tu pourrais en profiter pour venir me rendre visite, dit Kurt à Aloïs. Mes parents seront ravis de faire ta connaissance.

- J’essaierai, promit Aloïs.

Il ne formula pas d’invitation réciproque. Il ne savait pas comment ses parents accueilleraient un de ses amis. Surtout, il ne voulait pas montrer à son camarade de quelle manière il était traité dans sa famille.

Il pensait bien que son modeste galon ne suffirait pas à le protéger des éternelles brimades de son père. Et il ne se trompait pas.

Il arriva chez lui un matin et sa mère lui sauta au cou en s’exclamant :

- Déjà des galons ! Je suis fière de toi !

Gudrun vint joindre ses félicitations à celles de la maîtresse de maison. Elle avait les yeux qui pétillaient.

Gunther ne fut pas plus avare d’éloges, quand il rentra de ses cours, qu’il avait repris depuis peu. Mais, un peu plus tard, Fungebarr n’embrassa que très froidement son fils cadet.

- Tu as vu ! s’exclama Emma. Il est déjà gradé !

- Hum ? Rottenführer ? Ce n’est jamais que l’équivalent de caporal ! Il n’y a pas de quoi pavoiser !

Une bouffée de rage envahit Aloïs qui jeta :

- Je monterai plus haut.

- Ouais ! Si la guerre dure très longtemps, tu finiras sans doute sergent !

- Sur le front russe, l’avancement est rapide.

Jusque là, Aloïs n’avait pas mentionné son affectation. Emma s’exclama douloureusement :

- Tu ne pars pas sur le front ?

- Si.

- C’est une sanction ? demanda son père.

- Je me suis porté volontaire, asséna Aloïs.

Emma émit une sorte de gémissement horrifié. Maître Fungebarr haussa les épaules.

- Décidément, tu es idiot. Mais ceux que je plains le plus, ce sont les braves gars qu’on placera peut-être sous tes ordres. Tu risques de coûter plus de vies au Reich que les Russes !

Gunther se gardait soigneusement de participer à la conversation. Aloïs se domina et passa à table sans plus dire un mot. Mais, au dessert, il annonça qu’il allait passer quelques jours chez un camarade qui l’avait invité.

 

 

*

***

 

L’ambiance que le jeune homme découvrit chez les Wedling fut une nouveauté pour lui. Jamais il n’aurait rêvé une famille plus unie.

Le notaire, son épouse, leur fils Kurt et leur fille Ursula semblaient être toujours d’accord sur tout. La plupart des conversations roulaient sur la grandeur du Führer, la gloire de l’Allemagne et la chance qu’avaient Kurt et Aloïs de pouvoir combattre pour une telle cause.

- Je voudrais pouvoir m’engager, moi aussi ! disait Ursula. Les hommes ont bien de la chance !

Elle n’avait guère plus de seize ans. C’était une blonde un peu trop carrée d’épaules, un peu trop plantureuse, mais qui n’était pas totalement dépourvue de charme.

- Le devoir des femmes, répondait Frau Wedling, est de rester au foyer et de donner le plus d’enfants possible au Reich. Mon seul regret est de n’avoir pu en enfanter davantage.

- Je ferai mon devoir de femme, ainsi que le définit le Führer, affirmait Ursula. Mais ça ne m’empêche pas de regretter de ne pas être un garçon.

Le soir même, pourtant, Ursula prouva à Aloïs qu’elle ne déplorait pas toujours son sexe.

Le jeune homme n’était pas couché depuis dix minutes quand on gratta à la porte de sa chambre. Il enfila une robe de chambre pour aller ouvrir et fut surpris de voir Ursula sur le pas de sa porte.

[…]

 

Ursula se glissa fortement contre lui et murmura :

- Le devoir d’une femme allemande, c’est de donner des enfants à son pays, dans le mariage, si c’est possible, hors du mariage, autrement.

- Que diraient tes parents si tu étais enceinte ?

- Oh ! Je m’arrangerais bien pour trouver tout de suite quelqu’un pour m’épouser !

 

[…]

 

- Tu aimerais attendre un enfant de moi ?

Elle réfléchit un instant avant de répondre :

- Tu ne vas pas te vexer ? Je ne crois pas…

- Et pourquoi donc ?

- A cause de tes cheveux. Je voudrais que mon fils soit blond.

- Je suis un pur Aryen ! protesta Aloïs.

- Je le sais bien. Autrement, tu ne serais pas S.S.

- Le Führer a les cheveux noirs.

- Je le sais aussi. Ce n’est qu’une question de goût. Tu ne m’en veux pas ?

- Mais non. Mais non.

 

 

*

***

 

Aloïs passa le plus clair de sa permission chez les Wedling. Il ne retourna dans sa propre famille que pour faire ses adieux, la veille de son départ.

Mais, entre son domicile et la gare, il s’arrêta chez un coiffeur et se fit décolorer les cheveux.

 

 

*

***

 

Aloïs possédait en lui-même une certaine image de la Russie : des plaines interminables couvertes de neige ; des troïkas glissant indéfiniment, sous la conduite de Moujiki en tourloupes ; des icônes et des samovars…

Au cinéma, les actualités lui avaient fourni une toute autre image de la Russie : des étendues de blés dorant au soleil au milieu desquels avançaient gaiement les blindés allemands que personne ne pouvait freiner.

Il savait donc qu’il existait une Russie chaude et savoureuse. Mais il ne parvenait pas réellement à l’identifier aux images de froidure et de blancheur issues de toutes ses lectures enfantines.

Quand, après un voyage interminable, il descend enfin du train, en compagnie de Kurt et de quelques autres camarades de promotion, il fut étonné par le tableau inattendu qui s’offrit à leurs yeux : il tombait une pluie drue, interminable, qui noyait tout le paysage. Elle était si dense qu’au milieu de l’après-midi, on se serait cru au crépuscule.

Comme les jeunes gens débarquaient et cherchaient des yeux où se rendre, un S.S. Mann surgit brusquement devant eux, la main droite levée.

- Heil Hitler !

- Heil Hitler ! répondirent les arrivants avec un ensemble parfait.

Le soldat s’adressa à Aloïs pour lui demander :

- Rottenführer, vous devez bien rejoindre votre unité ?

C’est visible, dit Aloïs en montrant le badge cousu à son uniforme.

- Le Hauptsturmführer Schulter m’a chargé de venir vous chercher. Mon camion vous attend.

Les jeunes gens prirent leurs bagages et suivirent le S.S. Mann hors de la gare. Là, un camion était arrêté. Ils grimpèrent à l’arrière, sauf Aloïs qui, en tant que Rottenführer, eut droit au siège voisin de celui du chauffeur ; n’était-il pas sorti du peloton avec Kurt ?

Quand le véhicule eut démarré, Aloïs demanda :

- Polvö, c’est très loi ?

- Non. Une dizaine de kilomètres. Mais nous en aurons bien pour une demi-heure.

- Pourquoi donc ?

- Vous comprendrez quand vous connaîtrez les routes russes ! En temps normal, elles sont déjà pleines d’ornières. Mais, avec ces pluies, elles deviennent impraticables.

Effectivement, dès que le camion eut dépassé les dernières maisons de la ville, les roues eurent tendance à suivre les fondrières et le chauffeur dut se concentrer sur sa conduite pour éviter de quitter le chemin à peine visible et de s’enfoncer dans la boue jusqu’aux essieux.

- Teufel ! jura Aloïs. Je n’aurais jamais cru voir ça en Russie.

- Moi non plus ! C’est une sale surprise. Il paraît que c’est ainsi tous les automnes. Ensuite, vient l’hiver qui gèle toute cette flotte et les routes deviennent de véritables patinoires. Cigarette ?

- Merci. Je ne fume pas.

Le S.S. Mann s’alluma une Juno avant de poursuivre :

- Pour nous, ce n’est pas trop grave. Mais je plains les gars qui se trouvent en première ligne. Le temps ralentit leur avance et les communications en sont gênées.

Aloïs hocha la tête. Il ne voyait aucun commentaire spécial à formuler. Le conducteur poursuivit, changeant de conversation :

- Je me nomme Heinrich Müchte. Et vous ?

- Aloïs Fungebarr.

- Vous venez de terminer vos classes ?

- Exactement.

- Ca ne vous a pas paru trop dur ?

- Je savais que c’était indispensable pour devenir un bon soldat.

- Ici, la vie n’est pas désagréable, mais ça manque un peu de femmes, à moins qu’on ait le goût de ces saletés de Slaves ! En général, elles ne sont pas farouches. Ce sont bien des animaux. Elles baisent sans plus de problèmes. Mais elles sont souvent d’une saleté repoussante.

- De toute façon, la fraternisation est interdite. Surtout avec ces Untermenschen !

- Là-dessus, Schulter ne se montre pas trop intransigeant. Tant qu’on ne lui met pas le nez dessus, il ne cherche pas à savoir… A condition qu’il n’y ait pas de viols. Il a prévenu qu’il ne badinerait pas avec cette question.

Aloïs écoutait Müchte avec intérêt. Heinrich ne devait compter que trois ans de plus que lui, mais c’était déjà un vétéran qui connaissait bien des choses que le jeune S.S. Rottenführer avait besoin d’apprendre.

Enfin, le camion s’engagea entre deux rangées d’isbas et Müchte annonça :

- Nous y voilà !

Ce n’étaient que des bâtisses en rondins, alignées de part et d’autre de la route. Il n’y avait qu’un seul bâtiment en pierre qui dominait l’ensemble.

- C’est ça, Polvö ? s’étonna Aloïs.

- Vous vous attendiez à mieux, hein ? Les villages russes se ressemblent tous. Des cabanes à cheval sur une voie plus ou moins large. Pas d’eau, en dehors d’un puits qui sert à tout le monde. Les bâtiments en dur sont réservés aux autorités communistes qui ne se soucient pas de faire progresser le peuple. Il était temps que nous venions pour civiliser ces sauvages. Ils sont démunis de tout, mais ils l’ignorent, car on ne leur a rien laissé connaître de ce qui existe, de tout ce que le communisme est incapable de leur fournir. Pour eux, le plus misérable des Allemands est un capitaliste !

- Grâce au Führer, le peuple allemand vit confortablement, nota Aloïs.

- Rien n’est plus vrai. C’est quand on voit ces misérables qu’on comprend vraiment tout ce que Hitler a apporté à l’Allemagne.

Le camion s’arrêta devant l’ancienne Maison du Peuple et Mütche expliqua :

- Schulter veut vous voir dès votre arrivée. Dites à vos hommes de laisser leurs bagages dans le camion. Je vous conduirai ensuite à votre logement.

La pluie cingla le visage d’Aloïs quand il descendit et se dirigea vers l’arrière. Il transmit la consigne de Müchte et les autres dégringolèrent à leur tour, se précipitant vers l’abri offert par le bâtiment.

Quelques instants plus tard, ils étaient tous réunis dans une pièce assez vaste. La porte s’ouvrit et un S.S. Hauptsturmführer entra. C’était un homme mince et de haute taille.

- Achtung ! cria Aloïs.

Tout se mirent au garde-à-vous. L’officier leva la main droite et lança :

- Heil Hitler ! Repos !

Il se donna le temps de dévisager les dix nouvelles recrues qui venaient se joindre à son unité, puis il les pria de se présenter à tour de rôle. Quand ce fut terminé, il dit :

- Je m’appelle Emil Schulter. Je sui le commandant de votre compagnie. Je tiens à vous mettre en garde sur la conduite que vous devrez observer dans cette unité. Nous sommes contraints de loger chez l’habitant. Ce n’est pas très confortable, car ces Slaves vivent comme des animaux préhistoriques. Mais, pour l’instant, il n’y a pas d’autre solution. Les isbas comprennent généralement deux pièces, quelquefois trois. Dans chaque bâtiment, nous avons réquisitionné au moins une pièce. Les Russes ont dû se tasser un peu plus, mais ça ne gêne guère ces Untermenschen qui sont habitués à la plus répugnante des promiscuités. Vous serez partagés en deux groupes et vous habiterez chacun une pièce d’une isba. A vous de vous arranger au mieux. Je vous rappelle que la plus grande correction avec la population civile est de rigueur, mais que toute fraternisation excessive est interdite. Du reste, quand vous aurez vu à quoi ressemblent ces paysannes, vous vous demanderez comment les Russes peuvent leur faire des enfants. Il y a vraiment des hommes qui ont du courage !

La plaisanterie de Schulter fit naître quelques sourires. L’officier parut satisfait de son succès. Il continua :

- Ainsi que vous le savez, nous sommes ici pour assurer la germanisation de la région. Vous participerez donc à des actions d’organisation et de répression. Notre première tâche est de neutraliser tous les anciens membres du parti communiste. Nous ne nous consacrerons aux Juifs qu’ensuite, quand nous aurons achevé de juguler le fléau rouge. Selon les dernières directives reçues, les commissaires politiques peuvent être abattus sur place, sans jugement. Les simples membres doivent, de préférence, être arrêtés et jugés. Mais leur mort ne chagrine jamais personne. Ne prenez pas de risques avec eux : ce sont des bêtes sauvages capables de tout.

Schulter considéra ses nouveaux hommes avec une certaine solennité avant de poursuivre :

- Si vous êtes ici, si j’ai demandé des renforts, vous devez bien deviner la raison. Nous avons eu des pertes. L’avance rapide de nos troupes a laissé des soldats russes derrière elles. Ils se camouflent dans les forêts. La plupart du temps, quand nous les trouvons, ils ne cherchent qu’à se rendre. Parfois, pourtant, contraints par un quelconque commissaire politique, ils tentent de résister et nous sommes obligés de combattre pour les écraser. Certains ont même eu l’audace de tenter des attentats contre nous. Ils agissent donc en francs-tireurs et doivent être traités comme tels, c’est-à-dire fusillés immédiatement. Ce qui est certain, c’est que vous devez vous tenir sur vos gardes si vous ne voulez pas risquer d’être abattus par derrière, au moment où vous vous y attendrez le moins. Il en sera ainsi tant que nous n’aurons pas achevé d’extirper de ce pays la gangrène communiste. Messieurs, je vous remercie de votre attention. Heil Hitler !

- Heil Hitler ! répondit Aloïs tandis que l’officier sortait.

En se mettant au garde-à-vous, tous les autres firent écho au salut d’Aloïs.

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7 mars 2013

Mythes et légendes de la Grèce Antique : Thésée

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Illustration réalisée par :

Zdeněk Sklenář

 

Traduction de :

Eduard Petiška

 

 

Ah que coucou !

 

Aujourd’hui je vous propose de vous remettre en mémoire ce mythe de Thésée et du célèbre fil d’Ariane :

 

Egée, fils du roi d’Athènes, partit un jour à la découverte du monde et resta absent de longues années. Quand Athènes fut menacée par la guerre, le vieux souverain envoya des messagers à la recherche du prince.

Ceux-ci, ayant entendu parler des nombreuses actions glorieuses qu’il avait accomplies, allèrent le trouver dans le pays d’un roi étranger dont il avait épousé la fille. Le jeune couple venait justement d’avoir un enfant. Le nouveau-né se prénommait Thésée.

Le prince reçut chaleureusement les émissaires, organisa une fête en leur honneur puis leur demanda pourquoi ils étaient venus.

« Egée », dirent-ils, « Athènes, ta patrie, est en danger. Ton père est vieux maintenant, il ne peut plus combattre. Aussi souhaite-t-il que tu viennes mener les Athéniens à la victoire ».

Cette nouvelle remplit le jeune homme de tristesse, mais il ne pouvait méconnaître son devoir. Avant de s’embarquer à bord du bâtiment qui devait l’emmener, il souleva un lourd rocher sur la plage et cacha dessous son glaive et ses sandales. Puis il dit à sa femme :

« Je ne sais combien de temps la guerre me retiendra à Athènes ni quand nous reviendrons. Si je ne reviens pas avant que Thésée soit devenu grand, amène-le à ce rocher ; s’il a assez de force pour le soulever et prendre ce que j’y ai déposé, dis-lui de venir me rejoindre. »

Egée fit ses adieux à son épouse et à son fils, et bientôt la voile blanche disparut à l’horizon.

Les jours, puis les années passèrent. Thésée grandit en force et en esprit, si bien qu’un beau matin sa mère put l’emmener au rocher sous lequel se trouvaient les objets laissés par son père.

« Si tu arrives à le soulever », dit-elle, « je serai fière d’avoir un garçon aussi fort, mais je serai accablée de tristesse car il nous faudra nous séparer ».

Enfonçant ses talons dans le sable, Thésée saisit la pierre et l’éleva lentement. Puis il mit les sandales, attacha le glaive à sa ceinture et retourna au palais avec sa mère pour préparer le voyage : il allait rejoindre son père, qui était devenu roi d’Athènes.

La princesse essaya de le convaincre de s’y rendre par la mer, car la route des montagnes était dangereuse, infestée de voleurs et de bêtes voraces. Mais Thésée ne l’écouta pas :

« Que dirait mon père s’il savait que je choisis le chemin le plus facile ? »

Il était impatient d’accomplir des exploits comme Héraclès. Aussi partit-il seul et à pied.

La route traversait les montagnes, les rochers et les forêts épaisses. A un détour de la forêt, caché dans un sous-bois, le guettait un brigand redoutable qui menaçait les voyageurs d’une massue d’airain. Soudain, il surgit de son abri.

« Tu arrives juste au bon moment ! » lui cria Thésée. « Ton gourdin me sera très utile pour débarrasser la contrée des rapaces tels que toi ».

Comme il disait ces mots, il s’élança en brandissant son épée, évita le coup qui lui était destiné, tua le bandit et s’empara de sa massue.

Il rencontra d’autres voleurs dans les immenses forêts et les plaines gigantesques, et il les massacra tous. Lorsque le glaive était impuissant, il utilisait la massue, comme Héraclès. Ce fut un grand soulagement pour tous les voyageurs, qui purent désormais suivre leur route sans péril.

Pourtant Thésée n’avait pas encore fait la pire de ses rencontres. Le dernier bandit de grand chemin avant Athènes était le géant Procuste. Celui-là ne hurlait pas, une épée à la main, il n’attaquait pas les paisibles voyageurs ; bien au contraire, il les invitait aimablement dans sa maison.

Il sourit à Thésée comme à ses précédentes victimes et l’invita à venir se reposer chez lui des fatigues de son long voyage. Après l’avoir asseoir, il lui offrit à manger et à boire.

Le repas achevé, Procuste lui proposa de dormir :

« Tu es fatigué, viens, un lit t’attend. »

Or il avait deux lits, un petit et un grand. Il offrait aux voyageurs celui dont la taille ne leur convenait pas : les grands étaient mis dans le petit, les petits dans le grand. Et suivant le cas il raccourcissait les membres qui dépassaient avec une hache ou bien étirait ceux qui ne remplissaient pas toute al couche. Et il torturait ainsi les voyageurs jusqu’à ce qu’ils expirent.

Il espérait donc réduire Thésée, qui était de belle taille, aux dimensions du petit lit. Mais celui-ci, ayant compris le danger qui le guettait, décida de battre le géant sur son propre terrain : il le poussa sur la couche qui lui était destinée et lui trancha la tête avec son glaive.

Aucun autre danger ne le menaça plus sur la route et bientôt il franchit les porte d’Athènes. Il se promena dans les rues en regardant les belles maisons. Les gens qu’il rencontrait regardaient sa silhouette poussiéreuse, sa figure hâlée et ses cheveux trop longs. Son énorme massue les laissait songeurs. Seuls, les maçons qui réparaient le temple d’Apollon se mirent à se moquer de lui. Thésée ne leur répondit pas. Sans dire un seul mot, il détacha les bœufs d’un chariot qui stationnait devant l’édifice, saisit le véhicule et le projeta sur les rieurs. Tous ceux qui le virent furent stupéfaits et se turent.

Devant le palais régnait une intense agitation. Les gens, très excités, discutaient entre eux et murmuraient contre le roi Egée. C’était le jour où les Athéniens devaient à nouveau envoyer sept jeunes gens et sept jeunes filles au Minotaure, le monstre de Crète. Tel était en effet le terrible tribut que la cité devait acquitter au cruel souverain de l’ile ennemie.

Un jour, des jeux fameux s’étaient déroulés à Athènes. Minos, le roi de Crète, y avait envoyé son fils. Or, celui-ci vainquit tous les Athéniens et fut ainsi amené à provoquer Egée. Perfidement, Egée, fit mettre à mort le jeune homme. Une guerre cruelle éclata entre les deux pays. Minos envahit les côtes athéniennes grâce à sa puissante flotte, dévasta toute la région et soumit les Athéniens. Depuis lors, ceux-ci durent tous les neuf ans envoyer en Crète sept jeunes gens et sept jeunes filles qui étaient enfermés dans le labyrinthe pour être dévorés par le monstrueux Minotaure.

Le peuple commençait à se rebeller contre son roi, coupable à ses yeux de n’avoir pas résisté davantage à une aussi épouvantable exigence.

« Pourquoi aurait-il résisté ? » disaient ceux qui fomentaient les troubles. « Cela lui importe peu. Ce sont nos enfants qui périssent, pas les siens. Il ne peut comprendre nos souffrances puisqu’il n’a pas de descendance. »

Mais, bien que fort mécontents, ils tiraient déjà au sort pour désigner ceux qui devraient partir. Bientôt, ceux qui avaient échappé au danger s’éloignèrent, quant aux autres, ils se mirent à se lamenter bruyamment.

Thésée traversa la foule agitée et entendit tout ce qui se disait. Il pénétra dans le palais et se fit annoncer au roi comme un simple voyageur et non comme son fils. Egée ne le reconnut pas.

« Tu nous rends visite en un bien triste jour, étranger, » dit-il en accueillant son visiteur. « tu dois venir de loin et ne rien savoir de notre malheur. Sinon, tu aurais évité de venir à Athènes ».

« Il est vrai que je viens de loin, ô roi », répondit Thésée, « mais je connais ton malheur et aimerais t’aider. Je veux accompagner les victimes dans l’antre du Minotaure. Promets-moi d’exaucer ce vœu. »

Egée regarda le jeune homme avec stupéfaction :

« Tu veux, de ton propre désir, aller dans l’antre du Minotaure. Et qui es-tu pour ne pas hésiter à sacrifier ta vie ? »

« C’est le Minotaure qui sera tué, pas moi », répondit Thésée avec audace. « Donne-moi ta parole d’accomplir ma volonté et je te dirai qui je suis. »

Egée, comme dans un rêve, acquiesça. Le héros montra alors au roi ses sandales et son glaive. Les yeux du monarque s’emplirent de larmes tandis qu’il lui tendait les bras :

« A peine ai-je retrouvé mon fils », se lamenta-t-il, « que je dois le perdre ! »

Mais il ne pouvait pas revenir sur la promesse qu’il venait de faire.

Déjà dans Athènes tout entière la nouvelle circulait à la vitesse d’une rafale de vent entre les branches d’un arbre : le fils du roi était soudain apparu et il allait tuer le Minotaure. Personne ne parlait plus d’autre chose.

Une grande foule accompagna les jeunes gens au port. Les femmes embrassaient le glaive de Thésée, les hommes le louaient avec enthousiasme. Egée, le cœur lourd, lui fit ses adieux.

« Je suis déjà vieux », dit-il à son fils, « et impatient comme un enfant. C’est pourquoi j’ai fait mettre au fond du navire une voile blanche. Vous partirez comme toujours avec une voile noire, mais si tu parviens à tuer le monstre, hisse la voile blanche au retour. Comme cela, je saurai de loin si je puis me réjouir de ta victoire. »

L’embarcation quitta le port, le roi et son peuple s’en retournèrent dans la ville. L’espoir était né, et il adoucissait la douleur de la séparation.

Sur le rivage de la Crète, Minos et ses courtisans attendaient déjà. Le bateau à la voile noire aborda et les jeunes gens accompagnés de Thésée débarquèrent. Le jeune prince se distinguait nettement par sa stature et sa fière démarche. Minos ne manqua pas de le remarquer.

Le héros regarda le roi droit dans les yeux et lui dit :

« Ne crois pas que je suis venu pour servir de repas au Minotaure. Bien au contraire, je suis venu pour le tuer et délivrer mon pays de l’horrible tribut qu’il te paye. »

Le roi eut un demi-sourire :

Si tu es aussi courageux en actes qu’en paroles, tu peux réussir. Si tu tues la bête, je vous donnerai à tous la liberté et Athènes sera délivrée de son impôt. »

Ariane, la fille du roi, qui se tenait auprès de lui, écouta cette conversation avec émerveillement. Elle en pouvait détacher son regard de ce beau jeune homme. Son image demeura en elle lorsqu’il fut parti. Elle se mit à le plaindre, sachant que sans son concours il n’échapperait pas à la mort.

Son désir de sauver Thésée fut le plus fort. La nuit venue, elle se leva en cachette, traversa le palais et se rendit à la prison où étaient enfermés les jeunes gens. Ils dormaient tous d’un sommeil agité, sauf Thésée, qui était éveillé. Ariane ouvrit le cadenas secret et l’appela doucement. Le héros avait espéré une aide divine, et voici qu’elle venait sous la forme d’une ravissante jeune fille.

« Je sais que tu veux tuer le Minotaure », lui murmura-t-elle vivement, « mais tu auras du mal à le vaincre seul. Je t’ai apporté un écheveau de fil. Dès que tu seras entré dans le labyrinthe, attaches-en une extrémité à un pilier et défais-le tout au long du chemin. Tu ne pourrais pas tuer le monstre avec une arme ordinaire : voici un glaive magique. Si tu es victorieux, tu pourras retrouver ta route grâce au fil que tu auras dévidé. »

Thésée voulut remercier la princesse, mais Ariane avait déjà disparu dans l’obscurité de la nuit. Si elle ne lui avait pas laissé l’écheveau et l’épée, il eût douté de sa présence et aurait cru avoir rêvé.

Le lendemain matin les gardes ouvrirent les portes de la prison et emmenèrent les futures victimes au labyrinthe. Les garçons baissaient la tête, les filles pleuraient. Seul le héros marchait la tête haute, encourageant ses compagnons. Il avait caché sous ses vêtements les présents d’Ariane.

Ils pénétrèrent dans le sinistre ensemble de passages sinueux et de sombres cavernes. Thésée ordonna à ses compatriotes de rester près de la sortie et quant à lui il partit à la recherche du Minotaure. Obéissant aux consignes qui lui avaient été données, il attacha le fil au premier pilier et se mit à le dérouler au fur et à mesure qu’il avançait. L’imposante construction de Dédale demeurait aussi silencieuse qu’un tombeau. Le jeune homme se frayait un chemin dans les sentiers obscurs, tandis que des chauves-souris affolées lui cognaient la tête de leurs ailes. Il traversa des pièces où les murs avaient craqué sous la chaleur du soleil, et pénétra dans des pièces où les murs avaient craqué sous la chaleur du soleil, et pénétra dans des grottes sentant la pourriture et le moisi. Tout était silencieux. Seules quelques souris se hâtaient vers leur trou en se sauvant sur son passage, tandis qu’une araignée abandonnait la toile qu’elle tissait. Thésée épongea la sueur de son front et s’engagea dans un long couloir.

Les rayons de soleil éclairèrent un moment, lui permettant d’apercevoir des taches de sang séchées. Soudain éclata un rugissement aussi fort que le tonnerre. Le héros se saisit de son glaive magique et s’approcha de l’endroit d’où venait le bruit. Le fracas s’amplifia, devint semblable au grondement de la mer démontée et au claquement de la foudre dans le ciel. Les piliers du couloir se mirent à trembler comme si une tempête s’y était déchaînée.

A un tournant, Thésée aperçut le Minotaure. Il piétinait un amas d’os blanchis en secouant sa monstrueuse tête de taureau. Son corps était celui d’un homme, mais gigantesque. Des flammes vertes et jaunes s’échappaient de ses naseaux et il exhalait un souffle empoissonné. Il tendit ses bras velus pour écraser le héros. Mais celui-ci, d’un bond, se mit hors d’atteinte, obligeant l’ignoble créature à se retourner pesamment. Alors Thésée prit son élan et enfonça son arme droit dans le cœur du Minotaure.

La terre trembla tandis que le monstre tombait et s’enfonçait dans le sol. L’écho de sa chute résonna dans tous les sentiers, les grottes et les couloirs. Ceux qui avaient accompagné le jeune homme dans le labyrinthe furent saisis de panique en entendant ce fracas :

« Le Minotaure a attaqué Thésée et l’a tué », dirent-ils avec désespoir. Et, accablés de chagrin, ils attendirent leur tour.

Pendant ce temps, en suivant le fil d’Ariane, Thésée retrouvait son chemin. Il rejoignit bientôt ses compagnons. Tous voulurent l’embrasser et lui témoigner leur reconnaissance. Soudain la princesse surgit devant eux comme si elle était sortie de terre.

« Suivez-moi vite », s’écria-t-elle, « mon père a découvert que je vous avais aidés. Il est furieux et ne veut pas tenir sa promesse. Avant qu’il ne lance ses gardes à notre poursuite, nous devons embarquer à bord de votre bateau. »

Aussitôt ils se mirent tous à courir derrière Ariane, qui les fit sortir du labyrinthe par un chemin qu’elle seule connaissait et qui menait droit à la mer. Avant que le roi Minos ait compris ce qui se passait, le bateau était si loin qu’il ne pouvait être question de le poursuivre.

Ils naviguèrent sans escale jusqu’à l’île de Naxos où ils abordèrent pour se nourrir, chercher de l’eau potable et se reposer. Ariane s’endormit et eut un songe : le dieu Dionysos lui apparaissait et lui ordonnait de ne plus quitter l’île, car il la voulait pour femme. Ariane obéit à la volonté du dieu et lorsqu’e les Athéniens s’embarquèrent, elle refusa de les suivre. Thésée, craignant de mécontenter les dieux, laissa la princesse à Naxos. Mais tous eurent de la peine de ne pas pouvoir ramener la belle jeune fille avec eux à Athènes et, absorbés par le regret, oublièrent de hisser la voile blanche.

Egée attendait avec impatience le retour du bateau, et le port était envahi par une foule agitée. Enfin le bateau apparut au loin, et comme il se rapprochait les voiles en devinrent visibles.

Dès que le roi eut aperçu la couleur de deuil, il se jeta dans la mer du haut d’un rocher, et les vagues engloutirent son corps.

Le héros rendit les jeunes gens à leurs parents, mais lui venait de perdre son père. Lorsque les vagues lui rendirent son corps, il lui fit des obsèques solennelles et institua en mémoire de ce jour une célébration qui rappellerait les événements joyeux et tristes de son expédition.

Depuis ce jour, la mer où le roi trouva la mort s’appelle la mer Egée.

Tout le peuple se réjouit lorsque Thésée monta sur le trône d’Athènes. Il gouverna par l’esprit autant que par l’épée. L’histoire raconte qu’il pacifia toutes les villes et donna à sa patrie de nouvelles lois. Il limita de sa propre volonté les pouvoirs du souverain en lui adjoignant une assemblée de sages pour le conseiller.

C’est ainsi que Thésée libéra son pays et construisit un nouveau royaume¸ fondé sur la liberté et la sagesse.

 

Maintenant revoyons ensemble ce que ce mythe enseigne…

 

Une des premières choses est qu’il est coutumier chez les Grecs de l’Antiquité qu’un enfant accourt dès qu’un de ses parents l’appelle, et ceci, quelque soit le moment et les raisons de cet appel. Et que c’est cette même obéissance qui pousse Thésée à rejoindre son père à Athènes plusieurs années après qu’Egée ait quitté sa famille pour obéir lui-même à un ordre parental alors que cet ordre paternel soit parvenu à Thésée tel un testament (différents objets laissés par son père sous un rocher).

 

Nous y trouvons aussi une mise en garde contre le banditisme de grand chemin… et nous apprenons qu’il était préférable de voyager sur l’eau que sur terre. Cela nous indique donc, d’un point de vue historique, qu’à l’heure où ce mythe fut créer, les pirates n’écumaient pas encore la Mer Méditerranée…

 

Comme dans de nombreux mythes, nous y trouvons aussi cette volonté du héros à se dépasser, à chercher la gloire (ici Thésée accompagne les Athéniens dans l’antre du Minotaure crétois alors que personne ne l’exigeait de lui et que tous, y compris son père, le considéraient tel un étranger).

 

Nous y surprenons aussi un coup de foudre, celui d’Ariane, fille du roi Minos, qui en apercevant ce bel inconnu décide de lui sauver la vie quel qu’en soit les dangers qui peuvent en découler…

 

On nous rappelle encore la puissance des dieux qu’il ne faut pas mécontenter : Ariane reste sur l’île de Naxos malgré les liens qui se sont créés entre elle et les Athéniens (Thésée compris).

On nous rappelle aussi qu’on ne doit pas oublier/ignorer les consignes données par un proche. Thésée a oublié de faire remplacer la voile noire par une blanche et son père s’est suicidé pensant que son fils unique avait été tué par le Minotaure.

 

Bisous,

@+

Sab

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3 mars 2013

Voltaire et l’Histoire

 Voltaire

 

Ah que coucou !

 

Je sais qu’actuellement sur mon blog c’est un peu… bordélique ; prononçons ce mot, car il est VRAI ! et j’en suis parfaitement consciente ! Toutefois dans ce « bordel », pour ma défense, il y a un ordre… que certains peut-être ne voit pas mais qui existe toutefois ! Mais vous ne pouvez toutefois pas vous en apercevoir à moins de suivre scrupuleusement les sujets. Par exemple là : vous avez le choix entre l’Histoire, la Littérature, la Philosophie… Je suis totalement consciente que certains sont « perdus », etc. Je dois avouer, en plus, qu’ici a été abordé l’Histoire d’un point de vue historique et non philosophique… oui, nous savons tous, que l’Histoire du monde vue par un philosophe diffère du monde vu par un Historien pur et dur ! Quand nous étudions l’Histoire, une des choses qu’on nous conseille est de lire ce que Voltaire en pensait… c’est pour cela que nous constatons que de nombreuses personnes ont « commentés » ce que Voltaire a étudié…

 

Personnellement, j’en ai marre des versions commentées ! Et celle de Voltaire est, d’après mon jugement, la plus commentée après la Bible ! Malgré que Voltaire ait dit… vous allez l’apprendre tout de suite…

 

Oui, laissons à Voltaire ses mots, sa syntaxe pour nous expliquer les raisons de son ras-le-bol commenté par lui-même ! Ces mots, qui ont été plusieurs fois commentés par différentes personnes qui ont fini par nous corrompre, nous tromper sur les propres motivations de Voltaire, je vous les propose aujourd’hui. Ceux sont ses mots que notre ami Voltaire a écrit en 1795 pour expliquer à ces contemporains la façon dont il considérait le besoin de connaître l’Histoire…

 

Peut-être arrivera-t-il bientôt dans la manière d’écrire l’histoire ce qui est arrivé dans la physique. Les nouvelles découvertes ont fait proscrire les anciens systèmes. On voudra connaître le genre humain dans ce détail intéressant qui fait aujourd’hui la base de la philosophie naturelle.

 

On commence à respecter très peu l’aventure de Curtius, qui referma un gouffre en se précipitant au fond lui et son cheval. On se moque des boucliers descendus du ciel, et de tous les beaux talismans dont les dieux faisaient présent si libéralement aux hommes, et des vestales qui mettaient un vaisseau à flot avec leur ceinture, et de toute cette foule de sottises célèbres dont les anciens historiens regorgent. On n’est guère plus content que, dans son histoire ancienne, M. Rollin nous parle sérieusement du roi Nabis, qui faisait embrasser sa femme par ceux qui lui apportaient de l’argent, et qui mettait ceux qui lui en refusaient dans les bras d’une belle poupée toute semblable à la reine, et armée de pointes de fer sous son corps de jupe. On rit quand on voit tant d’auteurs répéter, les uns après les autres, que le fameux Othon, archevêque de Mayence, fut assiégé et mangé par une armée de rats, en 698 ; que les pluies de sang inondèrent la Gascogne en 1017 ; que deux armées de serpents se battirent près de Tournai en 1059. Les prodiges, les prédictions, les épreuves par le feu, etc., sont à présent dans le même rang que les contes d’Hérodote.

 

Je veux parler ici de l’histoire moderne, dans laquelle on ne trouve ni poupées qui embrassent les courtisans, ni évêques mangés par les rats.

 

On a grand soin de dire quel jour s’est donnée une bataille, et on a raison. On imprime les traités, on décrit la pompe d’un couronnement, la cérémonie de la réception d’une barrette, et même l’entrée d’un ambassadeur dans laquelle on n’oublie ni son suisse ni ses laquais. Il est bon qu’il y ait des archives de tout, afin qu’on puisse les consulter dans le besoin ; et je regarde à présent tous les gros livres comme des dictionnaires. Mais, après avoir lu trois ou quatre mille descriptions de batailles, et la teneur de quelques centaines de traités, j’ai trouvé que je n’étais guère plus instruit au fond. Je n’apprenais là que des événements. Je ne connais pas plus les Français et les Sarrasins par la bataille de Charles Martel, que je ne connais les Tartares et les Turcs par la victoire que Tamerlan remporta sur Bajazet. J’avoue que quand j’ai lu les mémoires du cardinal de Reitz et de Mme de Motteville, je sais ce que la reine-mère a dit mot pour mot à M. de Jersai ; j’apprends comme le coadjuteur a contribué aux barricades ; je peux me faire un précis des longs discours qu’il tenait à Mme de Bouillon : c’est beaucoup pour ma curiosité ; c’est pour mon instruction très peu de chose. Il y a des livres qui m’apprennent les anecdotes vraies ou fausses d’une cour. Quiconque a vu les cours, ou a eu envie de les voir, est aussi avide de ces illustres bagatelles qu’une femme de province aime à savoir les nouvelles de sa petite ville : c’est au fond la même chose et le même mérite. On s’entretenait sous Henri IV des anecdotes de Charles IX. On parlait encore de M. le duc de Bellegarde dans les premières années de Louis XIV. Toutes ces petites miniatures se conservent une génération ou deux, et périssent ensuite pour jamais.

 

On néglige cependant pour elles des connaissances d’une utilité plus sensible et plus durable. Je voudrais apprendre quelles étaient les forces d’un pays avant une guerre, et si cette guerre les a augmentées ou diminuées. L’Espagne a-t-elle été plus riche avant la conquête du nouveau monde qu’aujourd’hui ? De combien était-elle plus peuplée du temps de Charles-Quint que sous Philippe IV ? Pourquoi Amsterdam contenait-elle à peine vingt mille âmes il y a deux cents ans ? Pourquoi a-t-elle aujourd’hui deux cent quarante mille habitants ? Et comment le sait-on positivement ? De combien l’Angleterre est-elle plus peuplée qu’elle ne l’était sous Henri VIII ? Serait-il vrai, ce qu’on dit dans les Lettres Persanes, que les hommes manquent à la terre, et qu’elle est dépeuplée en comparaison de ce qu’elle était il y a deux mille ans ? Rome, il est vrai, avait alors plus de citoyens qu’aujourd’hui. J’avoue qu’Alexandrie et Carthage étaient de grandes villes ; mais Paris, Londres, Constantinople, le grand Caire, Amsterdam, Hambourg, n’existaient pas. Il y avait trois cents nations dans les Gaules ; mais ces trois cents nations ne valaient pas la nôtre ni en nombre d’hommes ni en industrie. L’Allemagne était une forêt : elle est couverte de cent villes opulentes. Il semble que l’esprit critique, lassé de ne persécuter que des particuliers, ait pris pour objet l’univers. On crie toujours que ce monde dégénère ; et on veut encore qu’il se dépeuple. Quoi donc ! nous faudra-t-il regretter les temps où il n’y avait pas de grand chemin de Bordeaux à Orléans, et où Paris étaient une petite ville dans laquelle on s’égorgeait ? On a beau dire, l’Europe a plus d’hommes qu’alors et les hommes valent mieux. On pourra savoir dans quelques années combien l’Europe est en effet peuplée ; car, dans presque toutes les grandes villes, on rend public le nombre des naissances au bout de l’année, et sur la règle exacte et sûre que vient de donner un Hollandais aussi habile qu’infatigable, on sait le nombre des habitants par celui des naissances. Voilà déjà un des objets de la curiosité de quiconque veut lire l’histoire en citoyen et en philosophe. Il sera bien loin de s’en tenir à cette connaissance ; il recherchera quel a été le vice radical et la vertu dominante d’une nation ; pourquoi elle a été puissante ou faible sur la mer ; comment et jusqu’à quel point elle s’est enrichie depuis un siècle ; les registres des exportations peuvent l’apprendre. Il voudra savoir comment les arts, les manufactures se sont établies ; il suivra leur passage et leur retour d’un pays dans un autre. Les changements dans les mœurs et dans les lois seront enfin son grand objet. On saurait ainsi l’histoire des hommes, au lieu de savoir une faible partie de l’histoire des rois et des cours.

 

En vain je lis les annales de France : nos historiens se taisent tous sur ces détails. Aucun n’a eu pour devise : Homo sum, humani nil a me alienum puto. Il faudrait donc, me semble, incorporer avec art ces connaissances utiles dans le tissu des événements. Je crois que c’est la seule manière d’écrire l’histoire moderne en vrai politique et en vrai philosophe. Traiter l’histoire ancienne, c’est compiler, me semble, quelques vérités avec mille mensonges. Cette histoire n’est peut-être utile que de la même manière dont l’est la fable : par de grands événements qui font le sujet perpétuel de nos tableaux, de nos poèmes, de nos conversations, et dont on tire des traits de morale. Il faut savoir les exploits d’Alexandre, comme on sait les travaux d’Hercule. Enfin cette histoire ancienne me paraît, à l’égard de la moderne, ce que sont les vieilles médailles en comparaison des monnaies courantes ; les premières restent dans les cabinets ; les secondes circulent dans l’univers pour le commerce des hommes.

 

Mais, pour entreprendre un tel ouvrage, il faut des hommes qui connaissent autre chose que les livres. Il faut qu’ils soient encouragés par le gouvernement, autant au moins pour ce qu’ils feront, que le furent les Boileau, les Racine, les Valincour, pour ce qu’ils ne firent point ; et qu’on ne dise pas d’eux ce que disait de ces messieurs un commis du trésor royal, homme d’esprit : « Nous n’avons vu encore d’eux que leurs signatures. »

 

Bisous,

@+

Sab

 

PS : Pas de nouveau billet avant la nuit de lundi à mardi…

2 mars 2013

Voltaire et l’Histoire : Ses remarques…

 Voltaire

 

Ah que coucou !

 

Comme je vous l’ai dit déjà dans mon billet précédent, j’ai numérisé hier les « Œuvres historiques » qui me semblent être complètes écrites par l’ami Voltaire (et sur lequel nous allons revenir plusieurs fois). Parmi toutes ces pages se trouve le passage suivant concernant certaines de ses remarques sur un sujet qui nous est cher : l’Histoire ! Mais je laisse ici la parole à Voltaire qui, mieux que quiconque, peut s’expliquer :

 

Remarques sur l’Histoire

 

Ne cessera-t-on jamais de nous tromper sur l’avenir, le présent, et le passé ? Il faut que l’homme soit bien né pour l’erreur, puisque dans ce siècle éclairé on prend tant de plaisir à nous débiter les fables d’Hérodote, et des fables encore qu’Hérodote n’aurait jamais osé conter même à des Grecs.

Que gagne-t-on à nous redire que Ménès était petit-fils de Noé ? Et par quel excès d’injustice peut-on se moquer des généalogies de Moréri, quand on en fabrique des pareilles ? Certes Noé envoya sa famille voyager loin : son petit-fils Ménès en Egypte, son autre petit-fils à la Chine, je ne sais quel autre petit-fils en Suède, et un cadet en Espagne. Les voyages alors formaient les jeunes gens bien mieux qu’aujourd’hui : il a fallu chez nos nations modernes des dix ou douze siècles pour s’instruire un peu de la géométrie ; mais ces voyageurs dont on parle étaient à peine arrivés dans des pays incultes, qu’on y prédisait les éclipses. On ne peut douter au moins que l’histoire authentique de la Chine ne rapporte des éclipses calculées il y a environ quatre mille ans. Confucius en cite trente-six, dont les missionnaires mathématiciens ont vérifié trente-deux. Mais ces faits n’embarrassent point ceux qui ont fait Noé grand-père de Fo-hi ; car rien ne les embarrasse.

D’autres adorateurs de l’antiquité nous font regarder les Egyptiens comme le peuple le plus sage de la terre, parce que, dit-on, les prêtres avaient chez eux beaucoup d’autorité ; et il se trouve que ces prêtres si sages, ces législateurs d’un peuple sage, adoraient des singes, des chats, et des oignons. On a beau se récrier sur la beauté des anciens ouvrages égyptiens, ceux qui nous sont restés sont des masses informes ; la plus belle statue de l’ancienne Egypte n’approche pas de celle du plus médiocre de nos ouvriers. Il a fallu que les Grecs enseignassent aux Egyptiens la sculpture ; il n’y a jamais eu en Egypte aucun bon ouvrage que de la main des Grecs. Quelle prodigieuse connaissance, nous dit-on, les Egyptiens avaient de l’astronomie ! Les quatre côtés d’une grande pyramide sont exposés aux quatre régions du monde ; ne voilà-t-il pas un grand effort d’astronomie ? Ces Egyptiens étaient-ils autant de Cassini, de Halley, de Képler, de Ticho-Brahé ? Ces bonnes gens racontaient froidement à l’Hérodote que le soleil en onze mille ans s’était couché deux fois où il se lève : c’était là leur astronomie.

Il en coûtait, répète M. Rollin, cinquante mille écus pour ouvrir et fermer les écluses du lac Moeris. M. Rollin est cher en écluses, et se mécompte en arithmétique. Il n’y a point d’écluse qui ne doive s’ouvrir et se fermer pour un écu, à moins qu’elle ne soit très mal faite. Il en coûtait, dit-il, cinquante talents pour ouvrir et fermer ces écluses. Il faut savoir qu’on évalua le talent, du temps de Colbert, à trois mille livres de France. Rollin ne songe pas que depuis ce temps la valeur numéraire de nos espèces est augmentée presque du double, et qu’ainsi la peine d’ouvrir les écluses du lac Moeris aurait dû coûter, selon lui, environ trois cent mille francs, ce qui est à peu près deux cent quatre-vingt-dix-neuf mille neuf cent quatre-vingt-dix sept livres plus qu’il ne faut. Tous les calculs de ses treize tomes se ressentent de cette inattention. Il répète encore après Hérodote qu’on entretenait d’ordinaire en Egypte, c’est-à-dire dans un pays beaucoup moins grand que la France, quatre cent mille soldats ; qu’on donnait à chacun cinq livres de pain par jour, et deux livres de viande. C’est donc huit cent mille livres de viande par jour pour les seuls soldats, dans un pays où l’on n’en mangeait presque point. D’ailleurs à qui appartenaient ces quatre cent mille soldats, quand l’Egypte était divisée en plusieurs petites principautés ? On ajoute que chaque soldat avait six arpents francs de contributions ; voilà donc deux millions quatre cent mille arpents qui ne paient rien à l’Etat. C’est cependant ce petit Etat qui entretenait plus de soldat que n’en a aujourd’hui le Grand-Seigneur, maître de l’Egypte et deux fois plus de pays que l’Egypte n’en contient. Louis XIV a eu quatre cent mille hommes sous les armes pendant quelques années ; mais c’était un effort, et cet effort a ruiné la France.

Si on voulait faire usage de sa raison au lieu de sa mémoire, et examiner plus que transcrire, on ne multiplierait pas à l’infini les livres et les erreurs ; il faudrait n’écrire que des choses neuves et vraies. Ce qui manque d’ordinaire à ceux qui compilent l’histoire, c’est l’esprit philosophique : la plupart, au lieu de discuter des faits avec des hommes, font des contes à des enfants. Faut-il qu’au siècle où nous vivons on imprime encore le conte des oreilles de Smerdis, et de Darius, qui fut déclaré roi par son cheval, lequel hennit le premier, et de sanacharib, ou Sennakérib, ou Sennacabon, dont l’armée fut détruite miraculeusement par des rats ! Quand on veut répéter ces contes, il faut du moins les donner pour ce qu’ils sont.

Est-il permis à un homme de bon sens, né dans le 18e siècle, de nous parler sérieusement des oracles de Delphes ? tantôt de nous répéter que cet oracle devina que Crésus faisait cuire une tortue et du mouton dans une tourtière ; tantôt de nous dire que des batailles furent gagnées suivant la prédiction d’Apollon, et d’en donner pour raison le pouvoir du diable ? M. Rollin, dans sa compilation de l’histoire ancienne, prend le parti des oracles contre MM. Van Dale, Fontenelle, et Basnage. « Pour M. Fontenelle, dit-il, il ne faut regarder que comme un ouvrage de jeunesse son livre contre les oracles, tiré de Van Dale. » J’ai bien peur que cet arrêt de la vieillesse de Rollin contre la jeunesse de Fontenelle ne soit cassé au tribunal de la raison ; les rhéteurs n’y gagnent guère leurs causes contre les philosophes. Il n’y a qu’à voir ce que dit Rollin dans son dixième tome, où il veut parler de physique : il prétend qu’Archimède, voulant faire voir à son bon ami le roi de Syracuse la puissance des mécaniques, fit mettre à terre une galère, la fit charger doublement, et la remit doucement à flot en remuant un doigt, sans sortir de dessus sa chaise. On sent bien que c’est là le rhéteur qui parle : s’il avait été un peu philosophe, il aurait vu l’absurdité de ce qu’il avance.

Il me semble que si l’on voulait mettre à profit le temps présent, on ne passerait point sa vie à s’infatuer des fables anciennes. Je conseillerais à un jeune homme d’avoir une légère teinture de ces temps reculés ; mais je voudrais qu’on commençât une étude sérieuse de l’histoire au temps où elle devient véritablement intéressante pour nous : il me semble que c’est vers la fin du 15e siècle. L’imprimerie, qu’on inventa en ce temps-là, commence à la rendre moins incertaine. L’Europe change de face ; les Turcs, qui s’y répandent, chassent les belles-lettres de Constantinople ; elles fleurissent en Italie ; elles s’établissent en France ; elles vont polir l’Angleterre, l’Allemagne, et le septentrion. Une nouvelle religion sépare la moitié de l’Europe de l’obédience du pape. Un nouveau système de politique s’établit. On fait, avec le secours de la boussole, le tour de l’Afrique ; et on commerce avec la Chine plus aisément que de Paris à Madrid. L’Amérique est découverte ; on subjugue un nouveau monde, et le nôtre est presque tout changé ; l’Europe chrétienne devient une espèce de république immense, où la balance du pouvoir est établie mieux qu’elle ne le fut en Grèce. Une correspondance perpétuelle en lie toutes les parties, malgré les guerres, que l’ambition des rois suscite, et même malgré les guerres de religion, encore plus destructives. Les arts, qui font la gloire des Etats, sont portés à un point que la Grèce et Rome ne connurent jamais. Voilà l’histoire qu’il faut que tout le monde sache. C’est là qu’on ne trouve ni prédictions chimériques, ni oracles menteurs, ni faux miracles, ni fables insensées : tout y est vrai, aux petits détails près, dont il n’y a que les petits esprits qui se soucient beaucoup. Tout nous regarde, tout est fait pour nous. L’argent sur lequel nous prenons nos repas, nos meubles, nos besoins, nos plaisirs nouveaux, tout nous fait souvenir chaque jour que l’Amérique et les Grandes-Indes, et par conséquent toutes les parties du monde entier, sont réunies depuis environ deux siècles et demi par l’industrie de nos pères. Nous ne pouvons faire un pas qui ne nous avertisse du changement qui s’est opéré depuis dans le monde. Ici ce sont cent villes qui obéissaient au pape, et qui sont devenues libres. Là on a fixé pour un temps les privilèges de toute l’Allemagne. Ici se forme la plus belle des républiques dans un terrain que la mer menace chaque jour d’engloutir. L’Angleterre a réuni la vraie liberté avec la royauté ; la Suède l’imite, et le Danemark n’imite point la Suède. Que je voyage en Allemagne, en France, en Espagne, partout je trouve les traces de cette longue querelle qui a subsisté entre les maisons d’Autriche et de Bourbon, unies par tant de traités, qui ont tous produit des guerres funestes. Il n’y a point de particulier en Europe sur la fortune duquel tous ces changements n’aient influé. Il sied bien, après cela, de s’occuper de Salmanasar et de Mardokempad, et de chercher les anecdotes du Persan Cayamarrat et de Sabaco Métophis ! Un homme mûr, qui a des affaires sérieuses, ne répète point les contes de sa nourrice.

 

Oui… vous avez certainement remarqué… voici ce que j’adore chez Voltaire : IL REFLECHIT et NE TIENT PAS POUR ACQUIS CE QUE D’AUTRES ONT EMIS COMME HYPOTHESE ! C’est ce qui lui a valut de nombreux déboires en son temps… pourtant… à lui aussi, on peut répondre qu’il a oublié certains détails dans son exposé… comme celui de l’existence des archives médiévales ;)… Mais là n’est pas la raison pour laquelle j’ai choisi ce passage.

 

Lisez bien ce que dit Voltaire ! Cela ne vous rappelle-t-il rien ? ;) Allez, je vous laisse chercher où se trouve la similitude entre les propos de Voltaire et l’actualité de ces derniers jours, dernières semaines… et vous vous apercevrez que déjà, à l’époque de Voltaire, il fallait mettre en garde les gens pour les mêmes risques d’erreurs actuels !!!

 

Bisous,

@+

Sab

22 février 2013

Edgar Allan Poe : Manuscrit trouvé dans une bouteille

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Pour une meilleure lecture, n’hésitez pas à cliquer sur l’image !

 

Ah que coucou !

 

Oui. Comme vous vous en apercevez, j’ai changé exceptionnellement d’image en entête. Pourquoi ? Tout simplement pour que vous puissiez accéder à une biographie simple et courte de cet écrivain américain de génie. Cette image provient de la couverture du recueil « Les Nouvelles Histoires Extraordinaires » qui, comme vous le savez déjà, regroupe toutes les nouvelles que je mets actuellement en ligne… D'ailleurs aujourd’hui je vous propose :

 

Le Manuscrit trouvé dans une Bouteille

accessible à la lecture/téléchargement en cliquant ici

Format : pdf

(logiciel fourni gratuitement par son concepteur : Adobe)

Langue : français

 

dans lequel E. A. Poe nous place sur un navire, un navire qui disparait corps et biens dans l’Océan, un navire qui sombre, un navire où se trouvent des passagers… parmi eux un des passagers promet d’enfermer son journal dans une bouteille et de le mettre à la mer avant le tout dernier moment afin de décrire exactement et correctement toutes les étapes différentes qui mènent à l’horrible fin…

 

Ce sublime témoignage peut nous laisser croire qu’Edgar Allan Poe a déjà vécu une telle expérience (surtout pour ceux et celles qui, comme moi, ne se sont jamais retrouvés en plein naufrage)… En effet, on y lit toute la détresse et la résignation qu’une personne doit ressentir certainement à ce moment-là. Toutefois je doute fort qu’Edgar Allan Poe se soit lui-même retrouvé dans une telle histoire… ceci révèle, une nouvelle fois, tout son génie ainsi que celui de son traducteur officiel : notre Charles Baudelaire national !

 

Bonne lecture !

 

Bisous,

@+

Sab

18 février 2013

Mythes et légendes de la Grèce Antique : Sisyphe

Ah que coucou !

 

Aujourd’hui je vous propose un nouveau mythe de la Grèce antique nous narrant l’histoire du roi Sisyphe

 

Dans l’Antiquité, les hommes craignaient les dieux, ou tout du moins ils craignaient la mort. Seul Sisyphe, un roi rusé, n’avait peur ni des uns ni de l’autre.

Il avait fondé la riche cité de Corinthe et bâti un superbe palais. La demeure royale était magnifique, mais il y manquait une source et Sisyphe se demandait comment en obtenir de l’Olympe. La chance l’y aida.

Le Destin, qui gouverne les dieux aussi bien que les hommes, fut responsable d’une dispute entre Asôpos, divinité du fleuve, et Zeus. Comme ce dernier s’était caché, son adversaire ne put le retrouver.

Sisyphe ayant entendu parler des mésaventures d’Asôpos, apprit par une ruse la cachette du roi des dieux et la lui livra.

« Je ne sais où se trouve le refuge de Zeus, et je serais heureux de te l’indiquer si en échange tu m’apportais ton concours. J’ai construit un palais mais il n’y a pas d’eau et mes serviteurs doivent aller la chercher dans des puits éloignés. Aide-moi et je t’aiderai ».

Asôpos consentit au marché. Il alla au palais, toucha une pierre dans la cour et une source d’eau fraîche jaillit du rocher. Sisyphe tint sa promesse et dévoila le secret.

Le dieu du fleuve partit à la recherche de Zeus, oubliant le dangereux pouvoir du roi de l’Olympe, qui commandait à la foudre. Celui-ci surveillait avec colère la progression de la divinité insoumise, et quand Asôpos fut à sa portée il ordonna à la foudre de le frapper.

A moitié brûlé, ce dernier se jeta dans un cours d’eau, qui depuis lors charrie des morceaux de charbon.

Lorsque Zeus eut détruit Asôpos, il se retourna contre Sisyphe.

« Va », dit-il à la Mort, emporte Sisyphe au royaume des ombres, là il ne pourra plus trahir aucun secret ».

Et la Mort se mit en route.

Le roi se trouvait alors sur les murailles de son palais, admirant le paysage baigné de soleil. L’herbe était jaune dans la chaleur du midi et pas une feuille ne bougeait sur les arbres desséchés. Il n’y avait personne dehors, tous restaient à l’ombre dans leurs demeures.

Seul Sisyphe ne recherchait pas la fraîcheur : il avait le pressentiment que la punition de Zeus était imminente. Aussi ne fut-il pas surpris lorsqu’il vit la Mort grimpant le sentier qui montait au palais. Il se saisit de deux grosses cordes et s’approcha doucement de la porte.

La terrible visiteuse, qui n’avait aucun soupçon, pénétra dans l’entrée. Aussitôt le roi jeta une des cordes autour de ses épaules et l’immobilisa. Il la ligota soigneusement avec l’autre et l’enferma à clé dans une pièce secrète. Cela fait, il poussa un profond soupir. Maintenant, la Mort ne pouvait pas lui faire du mal.

Non seulement Sisyphe fut ainsi épargné, mais personne à travers le monde ne mourut plus à partir du moment où la déesse du trépas fut ainsi enfermée. La maladie et les souffrances continueraient de faire leur œuvre, mais il n’y avait plus de terme aux infortunes qu’elles apportaient.

Les hommes les plus âgés vieillissaient indéfiniment. Même les oiseaux blessés par une flèche continuaient à voler et les bêtes sauvage emportaient jusque dans leurs tanières les lances plantées dans leurs dos. Le bétail était bon à abattre, mais la vie ne voulait pas le quitter.

Zeus fronça les sourcils et convoqua Arès, dieu de la guerre.

« Sisyphe a bouleversé tout l’ordre de la terre. Toi seul, habitué au combat, peux le rétablir. Va délivrer la Mort ».

Arès descendit donc sur la terre, força la porte derrière laquelle était enfermée la déesse et délivra son amie. Dès qu’elle fut détachée, la Mort saisit Sisyphe et l’entraîna dans les Enfers.

Puis elle recommença à visiter les demeures, à naviguer avec les marins, à accompagner les chasseurs dans les forêts et les guerriers dans les batailles.

Mais le roi retors avait prévu que la Mort le vaincrait tôt ou tard, et il avait pris depuis longtemps ses précautions afin de la tenir en échec.

Il avait en effet ordonné à sa femme de ne faire aucun sacrifice lors de son décès.

Arrivé au royaume des ombres, il se mit à se plaindre :

« Mon épouse m’a oublié », disait-il, « elle n’a pas accompli les rites sacrés ».

Tout le monde des défunts se mit à le plaindre et la reine Perséphone, souveraine de ce pays de larmes, lui permit de retourner sur terre pour rappeler à sa femme à ses devoirs.

Sisyphe remonta donc sur terre et aussitôt toute trace de chagrin disparut de son visage. Tout réjoui, il se hâta vers son palais et pour célébrer son retour il organisa un joyeux banquet.

Il n’avait, bien sûr, pas l’intention de rejoindre les ombres, et avait même cessé d’y penser, en félicitant son épouse d’avoir obéi à ses ordres.

Les gigots embaumaient déjà tout le palais et les coupes s’emplissaient de vin doux. Le bruit des conversations retentissait dans toutes les pièces tandis qu’un musicien aveugle, assis près du feu avec sa lyre, ravissait les convives de ses chants.

Le roi allait boire, mais ses lèvres ne touchèrent jamais le nectar car déjà la Mort, qui était derrière lui, lui arrachait la coupe des mains et l’entraînait une seconde fois à sa suite.

Les dieux punissaient sévèrement ceux qui se moquaient d’eux et ne respectaient pas la loi divine. Et, bien sûr, Sisyphe avait mérité un châtiment en proportion avec ses forfaits.

Depuis qu’il est retourné au royaume des ténèbres, il doit faire rouler un énorme rocher jusqu’au haut d’une colline, et, lorsque celui-ci atteint le sommet, la pierre lui échappe des mains et dévale la pente opposée.

C’est ainsi que depuis des siècles Sisyphe s’acharne sur ce vain travail et sa souffrance n’aura pas de fin.

 

Que nous enseigne ce nouveau mythe ?

 

Il ne faut d’abord jamais trahir un dieu, surtout quand il est aussi puissant que le dieu des dieux : Zeus, dont la puissance est telle qu’il peut vaincre tous les autres dieux…

Une seconde leçon est ici aussi dispensée, celle qui enseigne aux Grecs de l’Antiquité à ne pas tenter de duper les dieux (cf. ce à quoi Sisyphe est condamné pour l’éternité).

 

Bisous,

@+

Sab

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16 février 2013

Mythes et légendes de la Grèce Antique : Persée

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Illustration : Zdenĕk Sklenář

 

Ah que coucou !

 

Aujourd’hui je vous propose de vous remémorer le mythe de Persée narré par Eduard Petiška.

 

Un jour, un oracle prédit au roi Acrisios qu’il serait tué par son propre petit-fils. Craignant pour sa vie, le roi essaya d’imaginer le moyen d’éviter ce tragique destin. Il rassembla tous ses esclaves, leur ordonna de creuser une cave sous le palais et de la clore par une porte de fer.

Puis il y emmena sa fille Danaé et l’y enferma soigneusement. Il lui fit porter de la nourriture mais ne la laissa pas sortir, de crainte que ne s’accomplisse la terrible prédiction.

Les gémissements et les cris de la prisonnière parvinrent aux oreilles du roi des dieux, Zeus, qui prit pitié de la jeune fille solitaire et descendit dans la cave sous forme d’une pluie d’or. Il illumina l’obscurité et tomba amoureux de la belle qui, peu de temps après, mit au monde un garçon auquel on donna le nom de Persée.

Un soir, le roi se promenait dans son parc. Soudain, il entendit les pleurs d’un enfant. Il crut d’abord que c’était le vent dans les arbres, mais les cris provenaient de la terre.

Effrayé et surpris, Acrisios courut vers la porte de fer de la cave et l’ouvrit. Danaé se jeta à son cou, le suppliant d’épargner la vie de son fils et la sienne. Mais le roi avait bien trop peur de la mort et il ignorait la compassion. Aussi la repoussa-t-il et rentra-t-il en hâte au palais.

Il donna l’ordre à ses gardes de mettre sa fille et son petit-fils dans une grande caisse, de la clouer et de la jeter à la mer.

Avant la tombée de la nuit, les vagues jouaient déjà avec la caisse où la malheureuse étreignait son enfant. A travers une fente, elle aperçut la mer démontée et l’écume qui ornait la crête des vagues.

Puis ce fut l’obscurité. La caisse était toujours ballotée sur les eaux sans fin, à la merci des tourbillons et du vent qui la poussaient vers une côte inconnue. Le lendemain, une île apparut à l’horizon. La caisse fut rejetée sur sa côte.

Des pêcheurs préparaient leurs filets sur la plage lorsqu’ils virent cet étrange objet qui flottait. Ils montèrent dans leurs bateaux et ramèrent à sa rencontre pour le haler sur le sable.

Curieux de savoir quel trésor était caché dedans, ils se dépêchèrent d’ouvrir le couvercle. Quelle ne fut pas leur surprise au spectacle qui s’offrit à leurs yeux : de la caisse sortait une charmante jeune femme portant dans ses bras un petit garçon endormi.

Tremblante et pâle, Danaé remercia ses sauveteurs et leur raconta son aventure.

Ayant exprimé leur étonnement, les sympathiques pêcheurs offrirent de la nourriture aux rescapés, et lorsque ceux-ci eurent repris un peu de forces, leur doyen les emmena jusqu’à la cité voisine, chez le roi de l’île.

Le souverain offrit l’hospitalité à la princesse étrangère et à son fils. Depuis ce jour, ils vécurent dans le palais et ne manquèrent de rien.

Après quelque temps, le roi épousa la princesse et s’offrit à élever Persée comme son propre fils.

Les vagues se succédaient dans la mer et les années se succédaient au royaume insulaire. Il y avait longtemps que le garçon avait cessé de jouer sur la prairie. Maintenant il luttait avec les autres jeunes gens dans les stades ; il montait à cheval et savait manier la lance.

Le roi, craignant pour son trône, surveillait avec ennui ce déploiement de force.

« Il serait bon », pensa-t-il, « si Persée allait de par le monde ». Aussi se mit-il à lui raconter des histoires de dragons, de géants et d’exploits héroïques. Persée l’écouta avidement.

« Il y a eu de fameux héros », raconta un jour le souverain, « mais aucun n’a eu le courage de ramener la tête de Méduse ».

« Et qui est cette Méduse ? » demanda le jeune homme.

« Bien loin, à l’Ouest », répondit son beau-père, « là où commence la nuit éternelle, vivent trois sœurs : les Gorgones. Elles sont monstrueuses : elles ont des ailes et à la place de la chevelure elles portent des serpents. Deux d’entre elles sont immortelles, la troisième est mortelle, on l’appelle Méduse. Quiconque regarde la figure hideuse et immobile de l’une des sœurs se transforme immédiatement en pierre. si je possédais la tête de Méduse, je pourrais la montrer à mes ennemis qui se changeraient en roches et je gagnerais ainsi toutes les batailles ».

Après cette conversation, Persée ne fit que penser aux monstres. Il avait envie d’accomplir l’exploit devant lequel tous avaient reculé. Le long voyage ne l’effrayait pas, et, si Méduse était mortelle, il croyait pouvoir la tuer de son bras fort armé d’un glaive acéré.

Au lieu de craindre le danger il songeait d’avance à sa victoire.

Quelques jours plus tard, ayant bien réfléchi, il annonça à sa mère :

« Je vais explorer le monde et rapporter la tête d’une des Gorgones ».

Danaé fondit en larmes à l’idée que son fils risquait de ne pas revenir. Mais le roi approuva la décision de Persée, en louant sa force et son courage. Au fond de son cœur, ce départ le soulageait.

Le jeune homme ne traîna pas. Impatient de tenter l’aventure, il se prépara promptement et se mit en route. Le soleil couchant lui indiquait la direction à prendre. Il traversa la mer et la terre, se frayant un chemin à travers d’immenses forêts pleines de bêtes et d’oiseaux sauvages. Il escalade des chaînes de montagnes et passa à gué des rivières.

Pendant très, très longtemps il marcha ainsi vers l’Ouest sans se lasser.

La déesse Pallas Athéna le suivait. Elle avait toujours protégé les voyageurs intrépides et le courage de Persée lui plaisait.

Un jour, elle lui apparut et dit :

« Tu es brave, mais la bravoure à elle seule ne te suffira pas. Tu dois apprendre ce qu’il faut faire pour rentrer chez toi sain et sauf. Je vais te donner des conseils. Il ne faut pas que tu jettes un seul regard sur les Gorgones, cependant il serait dur de combattre Méduse sans la voir. Aussi, je vais te donner un bouclier de métal. Il est poli comme un miroir et tu pourras la surveiller ainsi : ce reflet ne te fera aucun mal. Prends aussi cette courte épée pour lui couper la tête. Mais avant tout tu dois obtenir des nymphes des sandales ailées, le sac magique ainsi que le casque qui te rendra invisible. Viens ici, je vais te montrer le chemin qui va chez trois vieilles femmes. Ce sont les sœurs Gorgones et elles savent où vivent les nymphes ».

Persée remercia la déesse, prit le bouclier et l’épée et s’engagea sur le chemin qu’elle lui avait indiqué.

Ayant atteint une plaine caillouteuse et déserte, il aperçut soudain une cabane sordide. C’était la hutte des vieilles sœurs des Gorgones. Avant d’arriver à la porte le jeune homme les entendait déjà se quereller.

A elles trois, elles ne possédaient qu’une dent et un œil, et elles ne parvenaient jamais à décider qui y avait droit. Dès que l’une avait emprunté l’œil et se mettait à regarder autour d’elle, la seconde se jetait sur elle pour voir aussi. A peine celle-ci s’était-elle emparée de l’œil que la troisième le lui arrachait. Et la dent était l’objet des mêmes disputes.

« Qui est là ? » crièrent-elles.

Elles entendaient des pas mais ne pouvaient pas voir puisqu’aucune n’arrivait à attraper l’œil tant convoité.

« Qui que tu sois », hurla la première, « viens nous donner ton avis ».

« Dis-leur de me rendre mon œil », grinça la seconde.

« Surtout ne la crois pas », se lamenta la troisième : « c’est mon tour de l’avoir ».

Persée prit l’œil et la dent des mains des vieilles et leur dit :

« Pourquoi en effet ne serais-je pas votre arbitre ? Je vais garder les objets de vos querelles, ainsi vous serez tranquilles ».

Les femmes se mirent à se lamenter, en tendant les mains pour attraper le jeune homme. Mais comme elles étaient aveugle elle ne saisissaient que le vide.

Voyant qu’elles ne pourraient arriver à leurs fins, les vieilles se mirent à plaider :

« Rends-nous ce que tu nous a volé. Si tu le fais, nous exaucerons un de tes vœux ».

« Dites-moi », répondit Persée, « quel chemin il faut prendre pour aller chez les nymphes qui cachent les sandales ailées, le sac magique et le casque. Si vous me le montrez, je vous rendrai l’œil et la dent ».

Les vieilles essayèrent de le dissuader :

« Demande quelque chose d’autre ! »

Mais comme le jeune homme insistait, elles eurent peur qu’il s’en aille et lui révélèrent en gémissant la cachette des nymphes.

Persée leur rendit l’œil et la dent et quitta ce pays désolé en suivant la route indiquée par les vieilles. Plus il s’éloignait, plus la campagne devenait charmante. D’abord apparaissaient çà et là des touffes d’herbe, bientôt le sol fut recouvert entièrement d’une verte prairie. Les arbres solitaires et tordus cédaient la place aux bosquets embaumés, et, au milieu du taillis le plus touffu, les nymphes aux pieds nus dansaient dans une clairière.

Le jeune homme leur demanda les sandales, le casque et le sac qu’elles lui donnèrent sans hésiter.

Il attacha les cothurnes ailés, se couvrit la tête et jeta le sac sur son épaule. D’un coup de talon sur le sol il s’envola dans les airs. Chaque pas était comme un battement d’aile qui l’emportait rapidement. Rien ne vint interrompre son vol. Il se promena par-dessus les arbres et les montagnes. Les buissons embaumés se firent rares, puis disparurent, les vertes prairies s’évanouirent à l’horizon et Persée traversa à nouveau un pays désolé. De grands et de petits rochers jonchaient la terre ; certains ressemblaient à des animaux, d’autres à des hommes.

Tous avaient été des êtres vivants transformés en pierre pour avoir osé regarder les Gorgones. Même des oiseaux égarés n’avaient pu échapper à ce fatal destin, ils étaient devenus de petits cailloux noirs.

Le regard du jeune homme s’arracha à la contemplation de ce paysage inhospitalier et il scruta son bouclier. Il y vit le même triste spectacle, et bientôt il aperçut aussi les Gorgones.

Leurs horribles crânes ornés de serpents à la place des cheveux inspiraient la terreur, bien qu’elles-mêmes soient endormies auprès du lac.

« N’hésite pas », souffla la douce voix de Pallas Athéna : « celle du milieu est Méduse ».

Persée descendit jusqu’aux monstres endormis. Les reptiles, ayant flairé l’odeur d’un étranger, se mirent à siffler en se dressant contre le gêneur.

Après un regard au bouclier le jeune homme visa sa future victime, leva son épée acérée et d’un seul coup la décapita.

Un cheval ailé, Pégase, s’échappa de la gorge tranchée et disparut dans les nuages, à l’intense surprise du héros.

Il restait maintenant à emporter la tête. Elle était si grande que le jeune homme doutait de pouvoir la faire entrer dans son sac, même en sachant que celui-ci était magique. Mais le petit sac avala le fardeau comme un galet et ne changea pas de poids. Chargé de son butin, Persée frappa le sol de ses talons et s’envola.

Le battement des petites ailes éveilla les deux autres montres, les sœurs immortelles. Elles regardèrent autour d’elles et, apercevant leur sœur morte, elles se déchaînèrent. Elles s’élevèrent à leur tour dans les airs et tourbillonnèrent au-dessus du lac dans l’espoir de retrouver l’ennemi. Leurs serpents ondulaient et se dressaient de façon menaçante. Mais, grâce au casque, Persée était invisible, et c’est en vain qu’elles sillonnèrent le ciel : elles ne purent le retrouver. C’est ainsi que le héros leur échappa…

Impatient de surprendre sa mère et le roi, il vola longtemps. Porté par les sandales ailées, il allait bientôt atteindre son but. C’est alors qu’une terrible tempête s’empara de lui et l’emmena dans la direction opposée.

Il lutta contre le vent, mais celui-ci était déchaîné et le rejeta sur la côte d’Afrique. Epuisé, il se coucha sur l’herbe. Ses yeux le piquaient et tout son corps lui faisait mal. Il aurait bien aimé se reposer.

« Que fais-tu là ? » tonna une voix au-dessus de lui.

C’était le géant Atlas, debout au sommet d’une montagne, les jambes profondément enfoncées dans la terre.

« Laisse-moi rester ici », demanda le jeune homme fourbu, « je vais me reposer un peu, je partirai ensuite ».

« Tu peux t’en retourner d’où tu viens », grogna Atlas en l’examinant avec méfiance. « Peut-être es-tu venu chercher les pommes d’or, qui sait ? Va-t-en immédiatement ».

Persée se fâcha et répondit :

« Je vais te récompenser de ta bonté ! » Et, détournant le visage, il sortit de son sac la tête de Méduse.

A cette horrible vue le géant se transforma en un énorme rocher et sa barbe ainsi que ses cheveux devinrent des bois et des taillis. La montagne se mit à grandir jusqu’à ce qu’elle supporte le ciel sur sa crête. De nos jours, elle s’élève encore en Afrique et s’appelle Atlas.

Le héros referma son sac, se coucha et dormit d’un sommeil lourd jusqu’à ce que les rayons d’un soleil brûlant l’éveillent. Il n’y avait pas la moindre brise et Persée avait hâte de rejoindre sa mère. Il reprit son vol. Tandis qu’il voyageait ainsi dans les airs, des gouttes de sang tombèrent dans son sac. Dès qu’elles touchaient le sol, elles se transformaient en serpents venimeux qui, depuis cette époque, prolifèrent en Afrique.

Il avait déjà parcouru un long chemin lorsqu’il vit sur la terre une foule d’hommes qui couraient. Tous quittaient précipitamment le rivage comme s’ils avaient fui un raz de marée. Persée descendit, se mêla à la foule et demanda ce qui se passait.

« Le malheur a frappé notre pays », répondirent les gens heureux d’épancher leur cœur. « Notre reine Cassiopée s’est vantée d’être plus belle que toutes les nymphes de la mer. Aussi Poséidon a-t-il imaginé une punition pour tout le royaume. Chaque jour, un horrible monstre sort des eaux, détruit nos troupeaux et avale quelques personnes. La princesse Andromède elle-même n’est pas épargnée, c’est aujourd’hui son tour d’être sacrifiée. Elle vient d’être emmenée sur le rocher, nous l’avons accompagnée, mais maintenant nous nous dépêchons de fuir pour ne pas la voir périr. Bientôt l’affreuse bête va sortir des vagues ».

A cette nouvelle Persée se précipita vers la côte et s’envola au-dessus de la mer. La jeune fille était enchaînée aux récifs sous les regards de ses parents qui ne pouvaient quitter leur enfant bien-aimée.

Soudain l’océan vibra et se mit à bouillir. Un ignoble animal sortit du fond de la mer et, écartant les vagues, montra son corps aux écailles visqueuses. Andromède poussa un cri tandis que ses parents désespérés se mettaient à se lamenter sur la plage. Le monstre nagea vers le rocher où la jeune fille couvrait ses yeux terrifiés de ses mains tremblantes.

Alors le héros s’abattit sur la bête qui tentait de happer son ombre sur la mer. L’épée acérée transperça le serpent marin mais celui-ci sauta en l’air. Ce n’est que grâce aux sandales ailées que Persée parvint à lui échapper.

Il piqua l’animal encore et encore jusqu’à ce que l’eau soit rouge de son sang. Pourtant le monstre se secouait et continuait à combattre comme si les coups du héros le laissaient insensible.

Ses yeux ensanglantés surveillaient le moindre geste du jeune homme. Ce regard rappela à Persée la tête de Méduse. Il la sortit vivement du sac et la lui montra. L’effet fut immédiat : l’adversaire invincible fut changé en une pierre qui aussitôt coula à pic. Un tourbillon marqua l’endroit où la bête s’était abattue.

Andromède découvrit son visage, et son audacieux sauveur la compara en pensée à une étoile du matin qui se serait mise à briller après la tempête de la nuit. Il déposa son sac, son bouclier ainsi que ses armes et il courut délivrer la jeune fille dont la beauté le charmait.

Le roi et la reine s’approchèrent eux aussi pour remercier l’intrépide héros.

« Demande tout l’or que tu veux, prends de l’argent et des pierres précieuses », dit le souverain. « Je te donnerai tout ce que tu veux et j’y ajouterai des esclaves et des pur-sang ».

« Je préfère Andromède à toutes ces richesse », répondit Persée. « Si elle m’accepte pour époux, confie-la moi, je l’aimerai de tout mon cœur ».

La princesse consentit avec plaisir à cette union car elle était tombée amoureuse du jeune homme.

« Je suis heureux », dit le roi, « de marier ma fille à un homme aussi courageux. Tous les trois nous avions tantôt quitté le palais en larmes, et nous sommes maintenant quatre à nous réjouir ».

Le héros ramassa ses talismans et vit avec surprise que les plantes et les petites brindilles sur lesquelles avait reposé la tête de Méduse s’étaient transformées en pierres. Certaines, tachées par le sang, étaient devenues rouges. C’était du corail et les nymphes de la mer en cultivèrent sous l’eau, où d’épais buissons apparurent.

Persée retourna avec le roi, la reine et Andromède au palais où l’on préparait déjà une magnifique fête pour le mariage. Le souverain offrit à son peuple un grand festin : chaque passant put s’asseoir à une table couverte de nourriture, manger et boire à satiété.

Les notables de la ville festoyèrent au palais avec les membres de la famille royale. Les coupes d’argent tintaient gaiement, l’encens et les fleurs embaumaient toutes les pièces tandis que les lyres charmaient les oreilles.

Soudain, au milieu des rires et des chants retentirent des bruits d’armes et des cris. Une troupe de guerriers fit irruption dans la salle, accompagnant l’ancien fiancé d’Andromède, Phinée. Il l’avait demandée en mariage, mais devant le danger il l’avait abandonnée à la merci du monstre. Maintenant, muni d’une lance il provoquait Persée :

« Je suis venu te faire payer le rapt de la princesse. C’est moi qui suis son véritable fiancé ».

Et, de toute sa force, il jeta sa lance. Celle-ci manqua le héros et alla se planter dans un coussin. C’était le défi. Les hommes de Phinée déchaînés et sûrs de leur force acculèrent Persée contre un mur. Le jeune homme repoussa bravement avec son épée jusqu’à ce que l’arme devienne brûlante entre ses mains. Lorsqu’il vit qu’il ne lui restait plus d’autre issue, il s’écria :

« Que ceux qui sont mes amis se détournent de moi ! » et il sortit du sac la tête fatale. Tous les guerriers s’immobilisèrent, les bras figés.

Alors Persée se mit à la recherche de Phinée. Le lâche, qui cherchait à se cacher, implora sa pitié.

« Tu as été assez brave pour répandre le sang des autres et faire massacrer des hommes pacifiques », dit le héros, « un tel courage mérite une statue », continua-t-il en pressant contre l’infortuné couard la tête de Méduse. Phinée s’immobilisa à son tour ; mais, même lorsqu’il fut changé en pierre il garda son expression effrayée et resta peureusement blotti dans un coin.

Le jeune homme ne resta pas longtemps loin de sa patrie. Il s’ennuyait de sa mère. Bientôt il s’embarqua avec sa femme à bord d’un bateau à destination de l’île qu’il avait quittée en quête d’aventures.

En le revoyant, le roi son beau-père cacha difficilement sa déception : non seulement il était vivant mais il ramenait avec lui une jolie jeune femme.

« Tu n’as même pas rapporté la tête de Méduse ? » lui demanda-t-il d’un ton moqueur.

« Mais si, je l’ai », répondit le héros avec un sourire.

« Je savais bien que tu étais courageux », poursuivit le souverain, « mais je ne savais pas que tu étais un aussi intrépide menteur ! »

« Veux-tu la voir, ô roi ! » s’enquit Persée. « Je ne te le conseille pas, quiconque la regarde se transforme en pierre ».

« Les dieux savent quelle tête tu as tranchée », ricana son beau-père, « celle d’un bélier peut-être ? »

Ces propos mirent Persée en colère et, se détournant, il ouvrit son sac pour montrer la tête au roi. L’incrédule fut aussitôt changé en rocher.

Danaé, ayant appris par les serviteurs que son fils était revenu, vint à sa rencontre et se jeta dans ses bras.

Elle embrassa joyeusement son fils et la femme de celui-ci.

« Méfie-toi du roi », le prévint-elle, « il veut ta perte ».

« Il ne faut plus en avoir peur », répondit le jeune homme et il lui raconta ce qui s’était passé.

Persée devint roi. Il vécut longtemps sur l’île avec sa mère et son épouse bien-aimée.

Pourtant il n’échappa pas à la vieille prédiction. Un monarque voisin l’invita un jour à participer à des jeux de force et d’adresse qui avaient lieu dans son royaume. Le jeune roi accepta, et, pendant leur déroulement, lança un disque si maladroitement qu’il retomba au milieu du public et fracassa le crâne d’un vieillard. Celui-ci n’était autre que son propre grand-père, Acrisios, qui avait autrefois jeté à l’eau sa fille et son petit-fils. Effrayé par la prédiction, il avait secrètement quitté son palais et depuis il errait à travers le monde. Mais le Destin l’avait retrouvé et la prédiction s’était accomplie.

Frappé d’un profond chagrin, Persée l’enterra et retourna dans son royaume.

Il régna longtemps avec sagesse. Les dons magiques furent rendus à Pallas Athéna, mais il garda encore quelques années le sac renfermant la tête de Méduse qui le protégea efficacement contre ses ennemis.

 

Que nous enseigne ce mythe ? Et bien regardons cela ensemble vite fait – oui nous arrivons au maximum accepté par Centerblog dans un même billet ;)…

 

D’abord, quoi que puissent faire les Grecs anciens, qui étaient très superstitieux, du moment qu’un oracle a prédit quelque chose, cela arrivera forcément. On leur enseigne donc, là encore, à croire aux prédictions divines (un oracle prédit au roi Acrisos que son petit-fils allait le tuer et malgré tout ce qu’il a fait pour s’en protéger, il meurt des mains de son petit-fils).

Ensuite on nous enseigne qu’il ne faut pas faire aveuglément confiance et faire attention de ne pas être trompé par des personnes que nous pensons bienveillantes (l’épisode avec le mari de Dané qui a élevé Persée comme son propre fils et qui, d’un coup d’un seul, souhaite se débarrasser de lui car il croit que le dessein de Persée est de lui voler le trône).

Et le dernier point est que ce mythe vante le courage car une personne courageuse est toujours récompensée (Persée séduit la déesse Athéna, en retour il apprend comment vaincre les Gorgones ; il tranche la tête à Méduse, il libère Pégase, en récompense son trophée le protège de ses ennemis ; il sauve la princesse Andromède, il l’épouse).

 

Bisous,

@+

Sab

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14 février 2013

Hervé BAZIN : L’Huile sur le feu

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Ah que coucou !

 

Aujourd’hui je vous propose de la littérature du 20e siècle, et plus spécialement un écrivain que j’admire Hervé BAZIN et le roman que je préfère :

 

L’Huile sur le feu

accessible à la lecture/téléchargement en cliquant ici

Format : pdf

(logiciel fourni gratuitement par Adobe)

Langue : français

 

J’adore ce livre car il se compose de plusieurs histoires :

 

un double drame psychologique nous narrant dans le premier tous les tourments d’une adolescente qui est la malheureuse témoin du déchirement de ses parents, et dans le second les conséquences d’une colère trop longtemps retenue

 

un fait de société où le lecteur voit tous les engrenages et tous les aboutissants d’une guerre perpétuelle dans un couple (on passe par toutes les étapes, jusqu’à la plus terrible)

 

une enquête visant à découvrir l’identité d’un incendiaire

 

Bref, de quoi bien compliquer toute tentative de résumé ;). C’est donc pour cela que je vous fournis le livre…

 

Mais ne vous inquiétez pas, tout se termine relativement bien… enfin, aussi bien que la situation peut le permettre ;)

 

Bonne lecture !

 

Bisous,

@+

Sab

2 février 2013

Arthur Conan DOYLE : His Last Bow

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Ah que coucou !

 

Et bien nous voici à la dernière nouvelle que contient le recueil : His Last Bow, écrit par Sir Arthur C. Doyle et ayant pour titre :

 

His Last Bow

accessible au téléchargement/lecture en cliquant ici

Format : pdf

(logiciel fourni gratuitement pour son concepteur : Adobe)

Langue : Anglais

 

mettant naturellement en scène notre détective favori : Sherlock Holmes.

 

Toutefois cette dernière enquête ne nous mène pas vers un assassin… oui, au moment de cette enquête qui a occupé notre héros pendant 2 années, comme il nous l’apprend à la fin de l’histoire, Sherlock Holmes avait pris sa retraite : il s’était retiré des affaires et était devenu apiculteur dans le South Downs (région au sud de l’Angleterre). Et il fallu non seulement le Ministre de l’extérieur mais le Premier Ministre pour qu’il accepte de se charger de cette enquête posant de gros soucis à Scotland Yard. En effet, à cette vieille de ce qui allait devenir la Première Guerre Mondiale, des plans secrets, des informations classées top-secret, étaient dérobés et se retrouvait dans les mains du gouvernement prussien ! et tout ceci sous le nez et la barbe des agents les plus expérimentés du pays !

 

C’est ainsi que Sherlock Holmes devient Mr Altamont, citoyen américain d’origine irlandaise… et qu’il part à la poursuite d’un cousin à un certain roi de Bohème qui avait été amoureux d’Irène Adler ;)…

 

Mais bon, je m’arrête là, il faut mieux que vous lisiez cette dernière aventure par vous-même…

 

Je profite de ce billet pour rappeler ici le titre de toutes les nouvelles composant cet ouvrage :

 

The Adventure of Wisteria Lodge (pour accéder au billet, cliquez ici)

The Adventure of the Cardboard Box (pour accéder au billet, cliquez ici)

The Adventure of the Bruce-Partington plans (pour accéder au billet, cliquez ici)

The Adventure of the Red Circle (pour accéder au billet, cliquez ici)

The Disappearance of Lady Frances Carfax (pour accéder au billet, cliquez ici)

The Adventure of the Dying Detective (pour accéder au billet, cliquez ici)

The Adventure of the Devil’s Foot (pour accéder au billet, cliquez ici)

 

Et pour finir :

 

His Last Bow

 

Nous terminons là, pour quelques temps, la mise en ligne des œuvres de Sir A. C. Doyle narrant les aventures de son personnage le plus célèbre : Sherlock Holmes. Pour rappel, Sir Arthur Conan Doyle a écrit d’autres ouvrages où Sherlock Holmes ne joue aucun rôle et dans lesquels nous ne retrouvons pas le Dr Watson…

 

Bonne lecture !

 

Bisous,

@+

Sab

Sherlock-

Holmes

29 janvier 2013

Arthur Conan DOYLE : The Adventure of the Devil’s Foot

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Ah que coucou !

 

Et bien voici l’avant-dernière nouvelle que contient le recueil : His last Bow écrit par le très célèbre Sir Arthur Conan Doyle, mettant en scène notre détective favori : Sherlock Holmes

 

The Adventure of the Devil’s Foot

accessible à la lecture/téléchargement en cliquant ici

format : pdf

(logiciel fourni gratuitement par son concepteur : adobe.com)

langue : anglais

 

dans lequel vous allez réapprendre aussi qu’il peut être dangereux de faire des expériences en chimie quand on ignore quels effets peut avoir tel produit ou tel autre… en effet, cette plante rare, inconnue par les chimistes européens et qui se nomme le « Pied du Diable » (traduction de Devil’s Foot), rapportée d’Afrique, a bien failli être la cause de la mort de Sherlock Holmes et de son meilleur ami : le Dr Watson…

 

Mais n’ayez aucune inquiétude, nos deux héros en réchappe et Sherlock Holmes ne faillit pas à son habitude : celle de toujours trouver le coupable. Et c’est, malgré tout avec tristesse, que nous apprenons les raisons de ces 2 crimes et de ces 2 crises de folie qui mènent deux frères tout droit dans un asile psychiatrique après cette funeste nuit, où mourut, dans d’atroces souffrances, leur sœur Brenda…

 

Le prochain billet consacré à Sir Arthur Conan Doyle terminera ce recueil par la nouvelle ayant donné son titre au livre : His last Bow.

 

Bonne lecture !

 

Bisous,

@+

Sab

Sherlock-

Holmes

21 janvier 2013

La France de 1900 : Paris

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Ah que coucou !

 

Comme promis dans le billet consacré aux frères Seeberger (pour y accéder, cliquez ici), en voici un extrait sur la ville de Paris (pour accéder au site de la ville, cliquez ici, mais si vous voulez accéder directement à l’histoire de la ville, cliquez ) :

 

Diaporama que je vous conseille de visionner en mode « plein écran »

afin de pouvoir profiter au maximum de tous les détails et de tous les arrière-plans

 

Evidemment, je n’ai pas numérisé et inséré dans cette vidéo toutes les photo contenues dans l’ouvrage écrit par Hubert Juin. Je n’en ai choisi que quelques-unes pour vous montrer un petit aperçu de ce recueil de photo sublime que je vous conseille d’acheter car ce livre est à conserver dans toutes les bibliothèques (en plus, vous aurez ainsi toutes les légendes des photo dont les textes sont fort intéressants et instructifs), disponible chez Amazon (pour accéder directement au livre, cliquez ici).

 

Parmi toutes ces images, les collectionneurs de cartes postales en auront certainement reconnues de nombreuses car il ne faut pas oublier que le client principal des frères Seeberger était un éditeur de cartes postales, même s’ils ne connaissent pour la plupart de ces cartes que les versions colorisées...

 

Mais il faut que vous sachiez aussi qu’Hubert Juin a décrit, plus en profondeur, notre capitale française dans un ouvrage dédié exclusivement à la ville de Paris dont le titre est : Le Livre de Paris 1900 (pour accéder à l’achat en ligne du livre sur le site d’amazon.fr, cliquez ici), livre à conseiller à tous ceux qui sont friands d’histoire de la fin du 19e et du début du 20e siècle.

 

Suite à la demande de certains membres de mon entourage, je mettrai en ligne d’autres passages de ce fabuleux ouvrage.

 

Bisous,

@+

Sab

PS : pendant la semaine je vous parlerai des Fonds Seeberger.

20 janvier 2013

Guy de Maupassant : Amour

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Ah que coucou !

 

Dans la catégorie contes et nouvelles écrits par Maupassant et qui se trouvent dans ma bibliothèque, nous arrivons au dernier qui s’appelle :

 

Amour, 3 pages du livre d’un chasseur

accessible au téléchargement/lecture en cliquant ici

format : pdf

(logiciel fourni gratuitement par adobe)

langue : français

 

De Maupassant, je possède encore quelques romans que j’attendrai de vous poster… la littérature mondiale est si riche et si variée pour que nous pouvions changer pendant quelques temps d’auteur (mais pas d’inquiétude, nous reviendrons sur Guy de Maupassant).

 

Dans cette nouvelle nous découvrons à nouveau l’amour que portait Guy de Maupassant à la nature et à l’environnement. Les paysages sont décrits, là encore, avec maestria, même si, dans cette nouvelle, Maupassant devient un chasseur qui a tué une sarcelle d’argent et dont le cousin abat le mâle qui refusait de s’éloigner de sa belle morte…

 

Pourquoi Maupassant a-t-il utilisé le mot Amour dans son titre ?

Comment nommeriez-vous ce sentiment qui fait que dans un couple le survivant pleure son conjoint décédé ? Comment nommeriez-vous le fait que le survivant, malgré qu’il sache que sa moitié est décédée, et malgré le danger, veuille rester près de son corps ? N’est-ce pas là de l’Amour même si dans cette histoire, cet amour est un amour entre deux oiseaux ? Oui. Les bêtes, n’en déplaisent à certains, sont aptes à aimer. Les bêtes, n’en déplaisent à certains, ont des sentiments. Elles aiment tout comme elles détestent. Elles souffrent, tout comme elles sont capable d’être heureuses. Personnellement je ne comprendrai jamais les gens qui pensent qu’un animal ne puisse pas avoir des sentiments et que ceci n’est réservé qu’à la race humaine…

 

Bisous,

@+

Sab

9 janvier 2013

Guy de Maupassant : La Rempailleuse

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Ah que coucou !

 

Oui. Je sais, je suis un tantinet en retard… mais bon, comme prétendraient honteusement certains : « Avec Sab, c’est une habitude à prendre ! » :pppp !

 

Bon alors, aujourd’hui je vous propose à nouveau une courte nouvelle écrite par l’ami Maupassant :

 

La Rempailleuse

accessible à la lecture/téléchargement en cliquant ici

Format : pdf

(logiciel fourni gratuitement par son concepteur : Adobe)

Langues : français

 

où vous constaterez que l’argent peut tout acheter… Dans cette nouvelle Guy de Maupassant expose au grand jour un autre des défauts de certains bourgeois qui se croient tout droit sortis de la cuisse de Jupiter…

 

Oui, un pharmacien, qui aurait été jusqu’à faire enfermer dans une prison une malheureuse rempailleuse qui était remplie d’amour pour lui, et qui n’exigeait rien de lui en échange, est outragé d’apprendre qu’une rempailleuse ressentait un amour véritable et platonique pour lui ! Mais sa réaction change soudain quand il apprend qu’elle lui a laissé une rondelette somme d’argent… mais comme cette somme n’était pas suffisante, il va, en plus, demander à ce qu’on lui donne la voiture de la rempailleuse !

 

Bref, voici une sorte d’individus comme je les déteste : ces individus intéressés, qui n’aime personne sauf l’argent et qui vont tenter de nous faire croire qu’ils sont nos amis alors qu’ils ne sont en réalité que de vulgaires pique-assiettes !

 

Bonne lecture !

 

Bisous,

@+

Sab

3 janvier 2013

Guy de Maupassant : La Bête à maît’ Belhomme

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Ah que coucou !

 

Pour nous remettre les neurones en place petit à petit après ces fêtes consécutives, à nouveau je vous propose aujourd’hui une nouvelle écrite par notre ami de Maupassant :

 

La Bête à maît’ Belhomme

accessible à la lecture/téléchargement en cliquant ici

Format : pdf

(logiciel fourni gratuitement par adobe.com)

Langue : Français

 

dans laquelle le lecteur peut d’abord apprendre quelques coutumes de nos ancêtres campagnards, même s’il ne s’agit là que de Normands ;)… par exemple, nous y apprenons comment étaient organisé les transports en commun, avec quelles attentions pour finir par certaines croyances populaires et sur le fait qu’il ne faut pas toujours estimer que les autres doivent aider sans aucun retour en échange.

 

Bonne journée !

Bisous,

@+

Sab

26 décembre 2012

Guy de Maupassant : L’Enfant

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Ah que coucou !

 

En ce jour compris entre 2 fêtes qui se suivent, nous allons le faire calme pour les neurones qui sont, pour certains, encore dans les bulles de Champagne et je vous propose cette courte histoire qui va réjouir une certaine Sylvie, pour en nommer une, à son retour des pistes ! Oui, voici donc la nouvelle suivante écrite par notre ami Maupassant :

 

l’Enfant

accessible à la lecture/téléchargement en cliquant ici

Format : pdf

(logiciel fourni gratuitement par Adobe)

Langue : Français

 

qui pourrait être considéré tel un conte de Noël, mais qui n’en est pas un…

 

Oui… car cette nouvelle narre l’aventure d’un coureur de jupon qui finit par se marier… mais voilà de ses amours passés dont il ne veut plus entendre parler s’il veut pouvoir accéder au mariage qu’il convoite, il apprend, le lendemain de ses noces et le jour du décès de son ancienne maîtresse, qu’il est le père d’un enfant, né quelque temps plus tôt (le lecteur peut imaginer qu’il est né quelques heures avant son arrivée : Maupassant ne donnant aucune précision concernant l’âge du dît enfant). Donc voilà Mr Coureur de Jupon, qui après avoir promis de s’occuper de son enfant, est bien embêté et se demande comment va réagir sa jeune épouse à qui il a non seulement menti pour expliquer son départ précipité, mais qu’il a « oublié » (il prévient qu’il va revenir une vingtaine de minutes plus tard et il revient le lendemain)…

Et vous, si cela vous arriverait, vous réagiriez comment ?

 

Bonne lecture !

 

Bisous,

@+

Sab

22 décembre 2012

Guy de Maupassant : L’Epave

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Ah que coucou !

 

Oui, je sais. Cette nuit, contrairement à certains, Sab a fait un bon gros dodo hors de bruits de la ville et a oublié de vous poster ce billet… Mais vaut mieux tard que jamais, n’est-ce pas ;) ?

 

Si aujourd’hui je vous proposais à lire une petite nouvelle écrite par notre ami Maupassant narrant l’histoire d’une fin que l’on pense être prochaine ? Oui, aujourd’hui je vous offre un moment de lecture pour ce week-end qui nous fait patienter jusqu’à Noël (où les enfants auront droit à une nouvelle aventure de Babeth qui rencontre le Père Noël) :

 

L’Epave

accessible au téléchargement/lecture en cliquant ici

format : pdf

(logiciel fourni gratuitement par adobe.com)

Langue : français

 

Cette nouvelle narre l’étrange aventure de la visite d’une épave accessible à marée basse… et rappelle au lecteur que les marées, elles montent et peuvent emprisonner le touriste tête en l’air qui n’aura pas fait attention aux heures de marée…

Oui, la narrateur se retrouve bloquer sur l’épave encerclée par l’Océan qui a repris sa place, tout ça parce qu’il s’est laissé distraire par ce groupe de touristes anglais qui souhaitait visiter la dite épave… Mais si cette épave a été pendant quelques heures leur prison pour attendre leur mort, elle a été aussi leur seule et unique planche de salut en cette nuit de la Saint Sylvestre.

 

Mais ne vous inquiétez pas ! ils ont survécu à cette nuit fatidique… et si vous souhaitez savoir comment, n’hésitez pas à lire cette nouvelle aventure !

 

Bisous et bon week-end !

@+

Sab

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