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30 juillet 2012

Légendes indiennes de la Cordillère – 3

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Ah que coucou !

 

Suite à l’invasion de l’Amérique du Sud par les Espagnols, certains de nos héros se sont retrouvés dans les légendes amérindiennes, dont voici un exemple qui, si j’en crois Jean-Christian SPAHNI, est le plus connu : Maître Goupil, héros avec Ysengrin le Loup du célèbre roman médiéval Le Roman de Renard.

 

Dans la Cordillère des Andes aussi, Goupil semble rencontrer bien des malheurs et des moqueries. Par exemple :

 

Savez-vous pourquoi le renard a le museau allongé ?

 

Parce qu’il passe son existence à courir derrière le soleil sans jamais parvenir à l’attraper…

 

J’ignore si j’ai raison mais par cette petite devinette j’ai l’impression que les Amérindiens se moquaient des Conquistadors et ceci sans forcément que les bourreaux s’en doutent… En effet, nous les Occidentaux avons notre nez plus allongé que les Amérindiens qui ont été battus par les Espagnols par ruse (donc l’image du Renard semblerait bien adaptée pour nous représenter). Quant à l’image du Soleil, réfléchissez… quelle est la chose jaune et brillante après laquelle les Conquistadors courraient et dont ils étaient insatiables ?? ;) Et oui, l’Or… Donc cette petite moquerie de Goupil qui semble ma foi fort innocente, peut n’être qu’une intelligente attaque déguisée ;) Si tel est le cas : bien joué, Messieurs, Dames les Amérindiens ;) J’admire la « plaisanterie » contre vos bourreaux qui ne se sont nullement aperçus que vous vous moquiez d’eux ;) mdrrrrr !! C’était de bonne guerre après tout ;)…

 

Maintenant regardons un peu si Maître Goupil représente toujours les Conquistadors dans les légendes indiennes de la Cordillère des Andes…

 

Comme il y a plusieurs légendes qui lui sont consacrées, je ne vais pas toutes les mettre en une seule fois, mais par petits lots. Cela nous permettra d’étudier un peu mieux chacun des textes ;).

 

Nous allons commencer par la légende suivante :

 

Un jeune renard qui s’était approché d’une maison, vit un gros mortier en pierre placé près de la porte d’entrée.

- Je suis sûr que je cours plus vite que toi, lui dit-il en riant.

- Cela dépend, murmura le mortier quelque peu fâché.

Ensemble, ils grimpèrent sur la colline qui dominait le village et décidèrent de descendre le plus rapidement possible pour voir qui gagnerait la course. Le renard aurait dû l’emporter car il était plus agile que le mortier. Mais celui-ci se mit à rouler et écrasa sur son passage l’animal qui le précédait de quelques mètres.

 

Evidemment il y a plusieurs façons de comprendre cette courte légende. L’enfant va y voir réellement un renard et un mortier, une grosse pierre lourde pouvant se mouvoir par elle-même et discuter avec le renard… Mais nous, nous sommes des adultes et y voyons autre chose grâce à notre aptitude à extrapoler ;)… Admettons que le renard représente ici aussi le Conquistador, fier, arrogant, il nous faut admettre alors que le mortier soit un Amérindien, esclave du Conquistador (un mortier c’est très lourd et est prévu pour rester sur place, donc « à sa place » pour un esclave & un mortier représente un individu qui ne parle pas – ici un individu qui n’a pas le droit de parler et qui n’est pas admis dans la maison à moins qu’on ait besoin de lui). Si j’ai raison d’interpréter le renard et le mortier ainsi, cette légende apprend aux Amérindiens qu’il est possible de tuer ces Conquistadors et est sensé leur donner courage et espoir en leur montrant que, malgré leur captivité, ils sont plus forts que ces Espagnols qui se croient invincibles…

Ceci dit, il est vrai que si les Amérindiens s’étaient alliés entre eux pour bouter l’Espagnol hors de l’Amérique du Sud, l’Espagne serait surement dirigée aujourd’hui par un Inca ;)… et ceci aurait changé la face du monde.

 

Voyons maintenant une autre légende…

 

Un renard rencontra un crapaud dissimulé sous une pierre.

- Que tu es laid et repoussant, lui dit-il. Tu n’es même pas capable de te déplacer. Pourquoi n’organiserions-nous pas une course ? Je parie que c’est moi qui arriverai le premier !

D’accord, répondit le crapaud, furieux d’avoir été traité de la sorte.

Ils se mirent en ligne et prirent le départ.

Le crapaud demeura en arrière et fit appel à tous ses parents et amis de la forêt. Ceux-ci se répartirent à une certaine distance les uns des autres, le long de la piste que les deux animaux devaient parcourir. De sorte que le renard, chaque fois qu’il s’arrêtait pour reprendre son souffle, voyait fatalement devant lui un crapaud qui, sans se presser et sans montrer la moindre trace de fatigue, poursuivait sa route. Et comme tous les crapauds du monde se ressemblent, le renard croyait sincèrement se trouver en présence de celui avec lequel il avait organisé la course.

N’y comprenant rien du tout, mort d’épuisement, il arriva enfin au but.

Un crapaud l’attendait qui lui déclara :

- Renard, tu as perdu ton pari.

Le renard, honteux, s’enfuit sans demander son reste sous les rires et les quolibets de tous les animaux de la forêt qui s’étaient réunis pour assister à sa défaite.

 

Si nous suivons ma logique d’extrapolation, il est clairement dit dans cette légende qu’il est facile de renvoyer les Conquistadors chez eux si tout le peuple (représenté ici par tous les crapauds) s’unit autour d’un chef (le crapaud qui a organisé la course avec Renard). Cette légende témoigne aussi que les Conquistadors montraient réellement peu d’intérêt et de respect envers les Amérindiens (les crapauds qui se ressemblent tous).

 

Mais continuons à vérifier avec la légende suivante si mes soupçons concernant l’identité de Renard sont corrects…

 

Par un beau jour d’été, un renard qui avait terriblement faim, était assis sur la rive d’une lagune de la cordillère des Andes, épiant avec convoitise les allées et les venues des flamants qui abondaient en ce lieu. Il s’approcha de l’un d’eux qui était entouré de sa progéniture et lui demanda :

- Comment fais-tu pour avoir des enfants aussi beaux et aussi gras ?

- C’est bien simple, répondit l’oiseau. A peine sont-ils nés que je les mets pendant quelques minutes dans le foyer de la cuisine. Le renard, de retour chez lui, prépara un immense brasier dans lequel il déposa ses renardeaux. Inutile de dire que ces derniers périrent l’un après l’autre.

Le renard, fou de rage, résolut de se venger et de tuer le flamant qui l’avait ainsi trompé. Il retourna à la lagune, eut vite fait de reconnaître l’oiseau coupable qui s’était réfugié sur un îlot.

- Si tu absorbes toute l’eau de ce lac, lui cria le flamant, tu pourras m’attraper et assouvir ta vengeance !

Le renard se mit à boire l’eau de la lagune mais son estomac n’en pouvait supporter autant et il mourut, gonflé comme une outre.

 

Si nous continuons à estimer que Renard représente dans les légendes indiennes de la Cordillère des Andes les Conquistadors, cette légende véhicule une bien piètre image de l’Espagnol parmi le peuple indien. Non seulement d’être prétentieux et fainéant (le renard affamé, assis, ne travaille pas pour récolter de la nourriture, même quand la vie de ses propres enfants en dépend), ce Renard est un individu coléreux et un idiot qui ne réfléchit jamais. Si Renard avait réfléchi un tantinet soit peu, il n’aurait jamais tué ses enfants et s’il avait à nouveau réfléchi, il ne se serait pas tué en tentant de vider un lac en le buvant. Mais cette légende apprend aussi qu’il est très facile de le duper pour se protéger et le vaincre. Il suffit de se montrer plus intelligent que lui, ce qui est facile (son adversaire étant représenté par un flamant qui, si ma mémoire est bonne, représente un animal peu intelligent dans l’esprit des indiens)…

 

Une petite dernière pour aujourd’hui ;) ? OK…

 

Un renard et un condor firent le pari pour savoir lequel des deux resterait le plus longtemps au sommet d’un volcan couvert de neige.

Ils entreprirent l’ascension de la montagne et arrivèrent en haut au crépuscule.

Le lendemain, quand le jour se leva, le renard rendit le dernier soupir vaincu par le froid terrible de la nuit. Le condor, lui, eut la vie sauve grâce à ses ailes qu’il avait eu le soin de replier sur son corps.

 

Dans cette dernière légende nous constatons, en plus de ce que nous savons déjà, que Renard, malgré sa ruse, n’est pas un personnage prudent car il ne se renseigne pas au préalable pour savoir s’il est apte à survivre dans une zone inhospitalière (un volcan couvert de neige – j’ai pu constater en Islande qu’un cratère de volcan ne pouvait pas être favorable à la vie humaine, mais si en plus on y ajoute de la neige, soit un climat froid, oh la la ;) !!). Mais si nous estimons que renard représente un Conquistador et que le Condor (oiseau sacré des indiens) ce peuple amérindiens victime des Espagnols, cette légende enseigne qu’il n’est pas utile d’avoir des armes pour les combattre, il suffit simplement de connaître l’environnement et de savoir s’adapter aux circonstances géographiques, ce que le Conquistador ne semble pas faire si nous nous commémorons la façon dont nombreux moururent sur le continent du Nouveau Monde.

 

En conclusion nous pouvons estimer que Goupil représente bien le Conquistador dans l’esprit indien de la Cordillère des Andes…

 

La prochaine fois nous regarderons si les autres légendes concernant Goupil montrent une autre image de l’Espagnol, conquérant ce nouveau continent…

 

Bisous,

@+

Sab

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