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12 octobre 2012

Mythes et légendes de la Grèce Antique : Midas

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Dessin exécuté par :

Zdeněk Sklenářv

 

 

Ah que coucou !

 

Qui ne connait pas l’histoire de ce roi qui transformait en or tout ce qu’il touchait ? Peut-être l’avez-vous oubliée ainsi que la seconde partie du mythe où Midas se retrouve avec des oreilles d’âne ? et bien, pour vous la remettre en mémoire, la voici narrée par Eduard Petiška :

 

Il y a bien longtemps régnait en Phrygie, pays de l’Asie Mineure, un grand adorateur du dieu Dionysos. Il était immensément riche et habitait un splendide palais. De plus, il se croyait très intelligent et capable de comprendre et de décider tout mieux que n’importe qui. Et, comme il était le roi, personne ne pouvait défier sa vanité.

Un jour, des paysans lui amenèrent un vieil homme qui pouvait à peine tenir sur ses jambes. Ils dirent qu’ils l’avaient trouvé dans les vignes royales en train de voler les grappes les plus grosses et les plus belles. Et en vérité, ce vieillard chauve, gonflé par l’alcool, avait le menton et les mains tachés par le jus des raisons mûrs. Même l’espèce de couronne verte qui oscillait sur sa tête laissait tomber des gouttes sombres.

Midas reconnut immédiatement Silène, vieux compagnon de Dionysos. Il avait élevé le dieu lorsqu’il était enfant et depuis ne l’avait pas quitté. C’est pourquoi le roi Midas accueillit le visiteur avec des transports de joie et ordonna un magnifique festin en son honneur.

Il commanda les mets les plus fins et de pleines outres du vin le meilleur. Il fit aussi venir des musiciens et des chanteurs.

Pendant dix jours et dix nuits Silène festoya avec le roi et ses invités. Tant que dura la fête les coupes d’argent ne furent jamais laissées vides et, au lieu de vin mélangé d’eau, ils burent du vin pur qui rendit joyeux tous les convives. Sans arrêt, les serviteurs entretinrent les feux et les braises ne cessèrent de réchauffer les broches qui tournaient sans relâche. Les tables fléchirent et craquèrent sous le poids des plats chargés de nourriture, tout le palais bourdonna comme une ruche et, jour et nui, les flûtes et les lyres accompagnèrent les chants joyeux qui traversaient les murs du palais.

Le onzième jour, le roi organisa une procession avec les joyeux convives. Il proposa un âne à Silène, sachant que c’était sa monture préférée. Les autres accompagnèrent l’invité d’honneur à cheval, en char ou à pied, et, tout en chantant avec entrain, ils gagnèrent le pays voisin où Dionysos se trouvait à cette époque.

Ils rencontrèrent le dieu dans un char d’or tiré par des tigres. Il était parti à la recherche de son tuteur.

Heureux de retrouvé celui-ci paré de fleurs et de feuilles et suivi d’un aussi somptueux cortège, il dit au roi :

« En récompense du service que tu m’as rendu, j’exaucerai n’importe lequel de tes vœux. Quel don aimerais-tu recevoir ? »

Midas s’inclina devant Dionysos et tenta de se donner un air intelligent.

« Je voudrais que tout ce que je touche devienne de l’or », dit-il.

Le souhait du roi fit sourire le dieu :

« Tu aurais pu mieux choisir, mais, qu’importe ! Ton désir s’accomplira. »

Tout joyeux, Midas prit le chemin du retour. Il se flattait de son intelligence : il n’y aurait jamais sur terre de roi plus riche que lui. Dans son impatience, il voulut éprouver sur la route le don divin.

Il cassa une brindille d’un arbre et put à peine en croire ses yeux : la tige et les feuilles jetaient une lueur jaune ; elles s’étaient changées en or pur. Il ramassa un caillou, qui entre ses mains devint un morceau de métal précieux. Il toucha une motte de terre, et elle aussi se transforma en or. Dans un champ qu’il longeait il arracha quelques épis de blé mûr et l’or résonna entre ses doigts. Une pomme du jardin royal subit le même sort.

Fou de joie, Midas se précipita dans son palais : à peine avait-il touché une porte que celle-ci se mit à briller. Il tira un rideau, celui-ci devint rigide : à la place, il y avait un mur doré.

Pour célébrer sa chance, le roi ordonna un grand festin. Il se rinça les mains et vit avec un sourire béat l’eau se transformer en or liquide. Mais à table, quand il voulut prendre un morceau de pain et qu’il le sentit se durcir et se transformer en lingot, quand la viande grillée se mit elle aussi à étinceler dès qu’il la saisit, il appela ses serviteurs et leur ordonna de le nourrir. Ils obéirent. Pourtant, malgré ses précautions, dès que les mets avaient atteint ses lèvres, l’or résonnait entre ses dents. Quant au vin, il se figeait lui aussi dans sa bouche.

Entouré de métal précieux, le roi fut saisi de terreur. Devinant la mort qui le guettait, son vœu lui fit horreur : il allait périr de faim et de soif…

Tremblant de peur, il fit rapidement harnacher son cheval. Au galop, il se rendit chez Dionysos, remarquant avec effroi que la bride entre ses mains devenait de l’or.

Des chants joyeux lui apprirent qu’il était arrivé au lieu de repos du dieu et de ses admirateurs.

Il sauta à terre et se prosterna :

« Cher Dionysos, pardonne mon souhait », gémit-il, « fais cesser ma souffrance ».

Le dieu fit grâce au malheureux en lui donnant ce conseil :

« Plonge-toi complètement dans l’eau de la rivière Pactole. Ainsi tu laveras les traces de ton vœu stupide. »

Sans attendre Midas se baigna, rinçant aussi son visage et ses cheveux. Depuis ce jour, les hommes trouvent à cet endroit du sable doré.

Heureux d’être débarrassé de ce terrible don, le roi ne voulait même plus regarder l’or. Il préférait se promener dans les prairies et les bosquets et écouter Pan, dieu des pâturages et protecteur des troupeaux, qui jouait de la syrinx, flûte à sept tuyaux faite de roseaux. Le musicien avait des cornes et des pieds de chèvre, et était entièrement recouvert de poils. Il gambadait à travers les forêts en poursuivant les nymphes et les voyageurs effarouchés. A l’ombre des arbres, il ne jouait que des chansons gaies sur son curieux instrument et Midas les aimait mieux qui n’importe quelle autre musique.

Voyant ses mélodies ainsi appréciées, Pan se mit à imaginer qu’il surpassait Apollon, dieu des Muses. Aussi appela-t-il le dieu de la montagne, Tmolos, pour qu’il désignât le meilleur joueur.

Tmolos accepta sa proposition et dégagea ses gigantesques oreilles des branches d’arbre vénérables qui les encombraient. Pan exécuta tout d’abord une chanson sauvage et barbare.

A l’orée de la forêt, le roi Midas fut charmé par cette mélodie, semblable au chant des oiseaux, au sifflement du vent et des rochers, au bruit de l’eau gambadant sur les galets.

Le dieu s’arrêta et l’arbitre appela Apollon. Celui-ci, tenant dans la main gauche une magnifique lyre, rejeta son manteau pourpre. Il pinça délicatement les cordes de l’instrument, qui se mirent à chanter de façon exquise. Dans le calme du soir, les notes s’envolaient comme si elles étaient portées par de fragiles ailes d’argent.

Emu par la chanson d’Apollon, Tmolos invita Pan et sa syrinx à s’incliner devant la lyre.

Les chants divins avaient triomphé de la chansonnette.

Midas fut indigné par cette sentence, et comme il était très sûr de son jugement, il s’écria :

« Ce n’est pas possible. Pan chante cent fois mieux. Je préfère son talent et puisque je le préfère, c’est qu’il doit être le meilleur. Croyez-vous donc que je n’ai pas d’oreilles ? »

Vexé, Apollon s’approcha du roi et lui tira les oreilles. Celles-ci changèrent de forme, grandirent et se recouvrirent d’un crin blanc et soyeux.

« Tu as maintenant les oreilles que tu mérites ! » dit le dieu en colère tandis qu’il disparaissait.

Midas toucha ses oreilles : elles étaient devenues semblables à celles d’un âne.

Il se repentit, un peu tard, ses cheveux poussèrent tellement que sa coiffure ne pouvait les dissimuler. Alors il appela son barbier habituel et lui révéla sa malchance.

« Nous sommes maintenant deux à être au courant, » lui dit-il. « Si tu apprends cela à quiconque, tu le paieras de ta vie ».

Le serviteur se mit à trembler de peur de trahir sa promesse. Mais le secret lui pesait, il était trop lourd.

Il pensa et pensa encore à la façon de se débarrasser de ce poids et, une nuit où le sommeil ne venait pas, il eut une idée.

Le lendemain matin, il franchit les portes de la ville et se dirigea vers une rivière près de laquelle il chercha un endroit isolé. Il creusa au bord de l’eau un petit trou et murmura :

« Le roi Midas a des oreille d’âne ».

Il reboucha l’orifice avec de la terre, croyant avoir à jamais enterré son secret. Soulagé, il s’en revint à la ville et continua à tailler la chevelure royale.

En moins d’un an, un épais rideau de roseaux avait poussé à l’endroit où était enterré le secret, et, lorsque le vent soufflait, ces roseaux chantaient doucement : « Le roi Midas a des oreilles d’âne… »

C’est ainsi que tous apprirent le malheur du roi. Ils pensèrent avec plaisir que, pour une fois, les dieux avaient marqué la bêtise d’un signe évident. Et qu’il était dommage qu’Apollon ne fît pas un tel cadeau à tous les sots présomptueux !

 

Maintenant voyons ensembles ce que cette deux courtes histoires nous apprend.

 

Abordons d’abord cette partie du mythe dans laquelle Midas transforme « tout ce qu’il touche en or »… et imaginez !

 

Imaginez que vous ayez la possibilité de faire un vœu ! un seul et unique vœu ! Que choisiriez-vous ? Si j’en crois les enquêtes marketing faites à ce jour sur ce que les humains recherchent le plus au monde, je découvre la chose suivante :

 

Argent / Richesses – Amour – Gloire - Beauté

 

et certains, moins nombreux, ajoutent :

 

Santé

 

Il est donc clair que votre vœu, pour la majorité, touchera un de ces domaines…

 

Et bien cette première partie nous indique qu’il faut faire très attention à ce que nous désirons et qu’il ne faut pas souhaiter une chose juste par orgueil (le roi Midas voulant être le plus riche de tous les rois demande que tout ce qu’il touche se transforme en or) au risque que notre vœu, en se réalisant, se transforme en cauchemar (le roi Midas ne pouvant plus s’alimenter risquait de mourir de faim et de soif)… Alors souhaiter Argent / Richesses, gloire et beauté à quoi cela nous mènera-t-il si nous ne pouvons en profiter ! En effet, à quoi servirait de l’argent s’il n’y a rien à acheter ? A quoi servirait la richesse si nous ne pouvons en profiter car nous serions devenus paranoïaques pour les protéger et éviter qu’on ne nous les vole ? A quoi servirait la gloire si elle ne nous permet pas d’avoir des vrais amis, car la gloire attire surtout les profiteurs et faux amis. A quoi servirait la beauté quand on sait qu’elle n’est dictée que par la mode du jour ? Par contre souhaiter :

 

Bonheur – Santé - Amour

 

semblent des choix beaucoup plus judicieux, vous ne trouvez pas ;) ?

 

Maintenant passons à la seconde partie du mythe…

Ici nous voyons un duel entre deux dieux, arbitré par un autre dieu… Midas est-il un dieu ? NON. Demande-t-on l’avis de Midas ? NON. Pourtant cela n’empêche pas Midas de mettre en doute l’arbitrage et d’exiger qu’il soit tel qu’il le veut…

Dans la conscience collective, dieu représente le summum de l’Intelligence avec un I majuscule. Il est donc normal qu’un être humain, fut-il le plus puissant des rois, soit traité d’idiot quand il se permet d’émettre un avis contraire à celle d’un dieu, aussi petit fut-il (Tmolos n’étant qu’un des innombrables dieux dont le royaume n’est qu’une montagne…).

Mais comme de nous n’avons jamais l’occasion, tout comme les grecs de l’Antiquité, d’être témoin d’un duel divin, qu’est-ce que cette partie peut enseigner à la population ?

 

D’abord à respecter des opinions différentes aux nôtres et surtout, à respecter l’avis des professionnels et des spécialistes ;). En tant que roi, Midas n’a aucune réelle qualification musicale contrairement à sa connaissance de la politique dans le monde des hommes. Si Apollon et Pan ont choisi Tmolos comme arbitre, cela signifie qu’ils estiment que Tmolos a une fine oreille et sait reconnaître de la bonne musique.

 

Ensuite cela nous enseigne à ne pas être imbus de notre personne sous peine d’être considéré comme une personne stupide. Midas estime qu’en tant que roi, ami d’un dieu puissant (Dionysos), il est assez puissant pour réfuter l’arbitrage de Tmolos alors que les 2 dualistes divins s’en contentent (« puisque je [Midas] le préfère, c’est qu’il doit être le meilleur » quelle arrogance dans ses paroles)…

 

Après on nous montre qu’il est inutile de tenter de se faire passer pour ce que nous ne sommes pas parce que, comme le dit si bien l’adage « chasser le naturel, il revient au galop », les autres finissent toujours par découvrir notre véritable nature et ça, quoi que nous fassions pour le dissimuler au mieux…

 

Bisous,

@+

Sab (le prochain mythe sera : Niobé)

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