Mythes et légendes de la Grèce Antique : Fondation de Thèbes
Illustration réalisée par :
Zdeněk Sklenář
Ah que coucou !
« Fondation de Thèbes »… de quelle ville s’agit-il ? de la Thèbes égyptienne qui est devenue Louxor ? ou de la Thèbes grecque ? En effet, malgré que Eduard Petiška nous narre les mythes et légendes de la Grèce antique, nous pouvons avoir ici un doute car nous savons tous qu’à dater d’Alexandre le Grand, les pharaons d’Egypte étaient grecs…
(pour savoir où Thèbes se trouve,
cliquez sur la carte ci-dessus
et vous apercevrez Thèbes entourée en rouge)
Et bien, il s’agit là bien de la Thèbes grecque dont nous allons connaître aujourd’hui la légende…
La Fondation de Thèbes
Il y avait une fois un roi nommé Agénor, qui régnait sur la cité phénicienne de Sidon. Sa fille Europe était réputée pour sa beauté dans le monde entier, non seulement chez les hommes mais aussi chez les dieux. Zeus lui-même, le roi des dieux, en tomba amoureux.
Un jour, tôt le matin, la ravissante Europe partit en promenade avec ses suivantes à travers les prés fleuris qui bordaient la mer. Les jeunes filles ramassèrent des fleurs, puis elles s’assirent à l’ombre des arbres pour tresser des couronnes. Lorsqu’elles levèrent les yeux de leur travail, elles poussèrent un cri de surprise : un magnifique taureau, d’une blancheur éblouissante, paré de petites cornes limpides comme du cristal, les regardait.
Il avait un air si doux que bientôt Europe et ses compagnes oublièrent leur frayeur. La princesse lui tendit un gros bouquet tandis qu’on ornait ses cornes de guirlandes.
Le taureau gambada sur ses sabots brillants, baissant le cou et s’agenouillant devant la jeune beauté comme pour l’inviter à monter sur son dos. En riant, elle enfourcha l’étrange animal et invita ses suivantes à faire de même.
Mais le taureau ne les attendit pas, il se leva et, emportant Europe, alla droit dans la mer.
Europe, terrifiée, gémit et pleura mais cela ne la sauva pas. Sa monture gagnait le large et bientôt elle ne vit plus la côte ni les jeunes filles qui criaient. Il n’y avait autour d’elle que la mer.
Le soleil se coucha, les premières étoiles s’allumèrent dans le ciel, se reflétant dans la mer, et le taureau nageait toujours avec sa proie sur le dos. Dans l’obscurité apparut l’ombre d’une côte inconnue. La bête gagna la terre, il déposa doucement sa captive sur l’herbe et disparut.
La déesse de l’amour, Aphrodite, sortit alors des chaudes ténèbres de la nuit et la consola :
« N’aie crainte », lui dit-elle avec douceur, « il ne te sera fait aucun mal. Zeus, roi des dieux, s’est changé en taureau pour t’enlever, car il est amoureux de toi. Ton nom sera immortalisé : la terre qui t’accueille le portera ».
C’est ainsi qu’Europe vécut avec Zeus, cachée dans une contré lointaine. Son père, le roi Agénor, la pleura beaucoup. Il envoya des messagers pour tenter d’avoir des nouvelles de la princesse disparue, mais en vain. Personne ne lui donna le moindre espoir.
Alors il appela son fils Cadmos.
« Va, » lui dit-il, « retrouve ta sœur et ramène-la moi ; cherche dans le monde entier et apaise mon chagrin : ne reviens pas sans elle ! »
Le prince convoqua ses plus braves guerriers, choisit ceux qui l’accompagneraient et se mit en route à la recherche de la jeune fille.
Il erra dans les pays connus, dans ceux qui l’étaient moins et même dans ceux qui lui étaient tout à fait étrangers. Tout le long du chemin, il interrogea les gens mais personne n’avait vu Europe. Il traversa beaucoup de frontières, passa à gué beaucoup de rivières, mais en vain.
Un jour, Cadmos et ses compagnons perdirent leur chemin et se retrouvèrent sur une étrange route. Ils la suivirent et, longtemps après, rencontrèrent un voyageur. Ils lui demandèrent où menait le chemin et apprirent que c’était celui de Delphes.
« Je vois que vous venez de loin, » dit l’homme. « Peut-être cherchez-vous l’aventure, peut-être recherchez-vous quelqu’un. Qu’importe, lorsque vous arriverez à Delphes, prenez conseil de l’oracle. Ce sont peut-être les dieux eux-mêmes qui vous ont montré cette voie. »
Cadmos se réjouit. Il avait entendu parler de Delphes depuis longtemps. La Pythie, prêtresse d’Apollon, siégeait sur un grand trépied au-dessus d’une crevasse de la montagne. Elle respirait les émanations venant du gouffre, puis, intoxiquée par la fumée, criait des prédictions obscures qu’un prêtre rassemblait et interprétait pour ceux qui étaient venu prier l’oracle.
Cadmos remercia le voyageur et poursuivit son chemin. Lorsqu’il arriva à destination, il questionna la diseuse d’augures et obtint cette réponse :
« Ne cherche pas ta sœur et ne retourne pas chez toi. Tu rencontreras une génisse qui n’a jamais connu le joug dans une prairie isolée. Suis-la. A l’endroit où elle s’arrêtera pour se reposer, fonde une ville et nomme-la Thèbes. »
Cadmos s’inclina devant la volonté des dieux. Il chercha avec ses compagnons le pâturage évoqué par la prêtresse. Il le trouva bientôt, ainsi que la jeune vache qui broutait l’herbe gorgé de sève. A sa suite ils traversèrent un torrent et de larges plaines.
Enfin elle s’arrêta, jeta un regard au prince et à sa troupe, leva la tête et poussa un long meuglement. Lorsque la génisse se fut lentement couchée, le jeune héros tomba à genoux et embrassa avec ferveur cette terre étrangère qui était devenue la sienne. Puis il envoya ses guerriers à la recherche d’eau de source pour faire un sacrifice.
La forêt dans laquelle ils venaient de pénétrer n’avait encore jamais connu le tranchant de la hache. Aussi durent-ils se frayer un chemin à travers les buissons en suivant le murmure de la rivière.
Soudain une source, abondante et limpide, jaillit d’un rocher, sautant sur les pierres humides et donnant une agréable sensation de fraîcheur. Ils s’agenouillèrent pour recueillir le précieux liquide.
Tout à coup, un épouvantable fracas se fit entendre, provenant d’une grotte dissimulée dans le roc, Le taillis s’ouvrit devant un gigantesque dragon recouvert d’écailles, avec une crête ensanglantée qui se dressait de sa tête à sa queue. Les yeux du monstre jetaient des flammes et l’animal tout entier semblait l’incarnation du mal.
Il ouvrit grand ses mâchoires, découvrant trois langues énormes et trois rangées de dents, puis il cracha dans leur direction son haleine pestilentielle. Ceux qui survécurent, il les écrasa de son corps et les lacéra de ses griffes.
Le soleil atteignait le zénith et raccourcissait ses ombres, mais les compagnons de Cadmos ne revenaient pas. Cadmos s’inquiéta alors de leur absence. Il craignit qu’un sort malheureux se soit abattu sur eux, aussi prit-il son glaive et sa lance pour partir à leur recherche. Il trouva le sentier pratiqué à travers le taillis et atteignit le rocher où naissait la source. C’était là que gisaient ses camarades, massacrés par le terrible dragon qui secouait sa fête de façon menaçante au-dessus de leurs corps inertes.
Le jeune héros regarda courageusement les yeux injectés de sang du dragon et s’écria :
« Mes fidèles amis, je serai votre vengeur ou votre compagnon dans la mort ! »
Il se baissa, ramassa un énorme fragment de roche et le jeta sur le monstre. Un tel coup aurait sûrement fracassé la plus solide des murailles, pourtant elle ne fit aucun mal au dragon : le rocher glissa sur sa carapace d’écailles et ne fit qu’accroître sa fureur. Il se cabra contre son adversaire, mais Cadmos le piqua de sa lance, qu’il parvint à faire pénétrer sous sa peau. L’animal tourna la tête, mordit la lance et la cassa.
Mais il ne put en retirer la pointe, solidement plantée dans sa chair. Fou de douleur, le dragon attaqua à nouveau son ennemi. Il ouvrit la gueule pour tenter de tuer le héros de son souffle empoisonné.
Ayant percé ses intentions, le jeune homme se cacha précipitamment derrière un gros arbre. Il prit une autre lance et l’expédia dans la gorge de l’animal avec une telle force qu’il cloua le monstre à un chêne voisin. Celui-ci parvint en se secouant à déraciner l’arbre, le sang se mit à gicler de sa gueule et en un instant l’herbe, la mousse et les feuilles, tout devint rouge.
En agonisant, il écrasa de sa queue, qui battait de droite et de gauche, quelques buisons, puis ce fut le silence.
Pendant que, plein d’étonnement, Cadmos examinait le gigantesque cadavre, la déesse Pallas Athéna descendit du ciel.
« Sème les dents du dragon », lui ordonna-t-elle.
Le héros retourna la terre avec sa lance et planta dans les sillons les trois horribles mâchoires de la bête.
Soudain les mottes de terre se mirent à bouger et l’argile fut percée par des glaives, des lances, des casques, des têtes, des cous, des poitrines et des bras brandissant des armes. Toute la plaine se remplit de guerriers.
Cadmos, effrayé par ce cortège armé, saisit son glaive lorsqu’un des guerriers l’interpella :
« Ne te mêle pas de notre combat. Il ne te concerne pas ». Et, se jetant sur son plus proche voisin, il le transperça d’un coup de lance.
La bataille s’engagea sous les yeux de notre héros. Ce fut l’inévitable massacre. Pouvait-il en être autrement alors qu’ils étaient nés des dents du dragon, fils d’Arès, dieu de la guerre ?
La plaine était jonchée de cadavres. Il n’y eut que cinq survivants dans cette multitude et ils firent la paix. Ils étaient forts et braves car ils avaient défendu leurs vies dans un combat.
C’est avec eux que Cadmos fonda la ville de Thèbes.
Que nous enseigne cette légende ? la véritable histoire de la fondation de Thèbes ;) ?
Nous savons tous qu’une légende est faite pour enjoliver la vérité… pour laisser croire au Thébains qu’ils étaient tous des descendants de valeureux guerriers qui avaient la force d’un dragon (vu qu’ils sont nés de la mâchoire du dragon), mais qu’ils n’ont pas tous des liens de parentés avec Cadmos, le prince fondateur… Cette légende nous apprend aussi pourquoi nous nous trouvons aujourd’hui sur un continent nommé « Europe » ;)… car nous sommes sur la terre où la princesse Europe, kidnappée par Zeus, a été mené et où elle a vécu jusqu’à sa mort…
Certains pourrait confirmer que cette image du taureau, au temps des Grecs anciens, personnifiait la virilité – il est donc logique que Zeus se soit transformé en taureau… et que seule la princesse l’ait « enfourché »… mais cette image est-elle l’ancêtre de celle d’un prince charmant et son destrier blanc qui vient sauver une princesse ? il faudra y réfléchir ;)…
Dans un sens il s’agit là de deux belles histoires… dommage qu’elles ne soient pas réelles ;)… car la réalité est moins… comment dire ??? moins enjolivée.
Bisous,
@+
Sab