15 septembre 1912 : Page 12
Jean voit de sa fenêtre passer un petit pâtissier portant une manne sur la tête. Cela lui suggère un bon tour à faire. « - Je vais bien rire », dit Jean.
Là-dessus il prit une grosse pierre et la jeta dans la manne du pâtissier pour en fausser l’équilibre et renverser ce qu’elle contenait.
La pierre, en tombant dans un coin du panier, le fit chavirer, projetant un récipient plein de sauce. Celui-ci vint coiffer Jean, qui était loin d’attendre pareil effet de son bon tour !
Jean fut inondé et son complet neuf des dimanches n’était plus mettable. Il ne rit plus, c’est au tour du petit pâtissier à s’esclaffer de la mine piteuse du pauvre Jean.
A quelque temps de là, Jean vit passer sous ses fenêtres un de ses petits camarades. « - Je vais lui jouer un tour » se dit-il, et il se posta près de la porte de la maison, recouvert de la peau d’ours du salon.
Quand son camarade fut à quelques pas de la porte, l’ours apparut brusquement, faisant une peur terrible au jeune garçon. Jean se mit à rire du succès de sa farce.
Mais à ce moment passa un bouledogue qui, apercevant l’animal, se jeta dessus et le mordit à belles dents. Un cri de douleur s’échappa de la peau d’ours.
C’était Jean qui venait d’avoir un bout de l’oreille emporté par le chien et qui hurlait à fendre l’âme, pendant que son compagnon, remis de sa frayeur, riait à ventre déboutonné.
Ces aventures n’arrivèrent pas à guérir Jean de sa manie de jouer des tous à son prochain. Le voici tenant une bouteille d’encre violette et se dirigeant vers un baquet dans lequel une blanchisseuse vient de faire son bleu.
« - Je vais bien rire, dit Jean, quand la blanchisseuse verra son linge violet au lieu de bleu. » A ce moment, une sirène d’automobile jeta dans l’air sa plainte lugubre. Un gros bélier effrayé…
… fonça cornes en avant, droit devant lui. Ce fut Jean qui reçut la secousse et disparut dans le baquet avec sa bouteille d’encre.
Quand il se releva, Jean était tout violet. Ce fut au tour de la blanchisseuse de rire devant la punition sévère que le hasard venait d’infliger au trop facétieux petit garçon.