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19 juillet 2012

Egypte : L’Art de l’écriture (3 : Apprendre à lire)

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1828 – Tableau peint par G. Angelelli

Dans le cadre d’une expédition franco-toscane,

J.F. Champollion (au centre couché/assis)

visite l’Egypte et la Nubie avec son ami

Ippolito Rossellini (au centre et debout)

 

Ah que coucou !

 

Comme vous le savez, suite au décryptage réussi de la Pierre de Rosette, J.-F. Champollion a été encouragé par l’Empereur Napoléon Bonaparte à faire publier son Dictionnaire égyptien… mais la naissance fut dure et laborieuse, d’ailleurs je laisse ici un des 2 éditeurs nous narrer cette aventure, quand-même fabuleuse (oui, Sab a décidé de se reposer un peu aujourd’hui, mdrrr !) :

 

On lit dans le titre du présent ouvrage qu’il est publié d’après les manuscrits autographes, ou de la main de l’auteur. Le premier devoir de l’éditeur est, sans nul doute, de mettre cette assertion en toute évidence.

Champollion le jeune avait travaillé de longue main à la rédaction d’un Dictionnaire égyptien en écriture hiéroglyphique. Avant même l’année 1822, qui est celle de sa mémorable découverte du système phonétique égyptien, et habitué dès ses plus précoces études à en ordonner les résultats qui lui semblaient avoir quelque valeur, il avait relevé sur des cartes isolées, bientôt après recopiées en tableaux méthodiques, d’abord tous les signes hiéroglyphiques qui lui étaient connus par le grand nombre de dessins, empreintes, gravures ou monuments originaux qu’il lui avait été possible de consulter, et ensuite tous ceux de ces signes dont le sens lui paraissait s’être révélé, absolu ou relatif, dans ses incessantes recherches. De ces volumineux extraits je ne citerai ici qu’un registre in-4°, entièrement de sa main, et qu’il intitula : Premier essai d’un Dictionnaire des hiéroglyphes égyptiens, J.F.C. 1818, 1819, et qu’il arma de cette épigraphe : Davus sum, non Oedipus. Les signes réunis dans ce premier essai sont presque tous tirés de l’inscription de Rosette, dont les groupes sont rapprochés d’autres inscriptions monumentales, dans lesquelles se lit le même signe ou le même groupe. Ce travail résultait d’une comparaison presque matérielle des trois textes de l’inscription de Rosette, éclairée quelquefois par les préceptes consignés dans le livre d’Horapollon : parfois, depuis, ses motifs d’interprétations elle-même ne le soit pas.

Les certitudes commencèrent pour lui, comme pour la science elle-même, dès qu’il eu heureusement découvert et mis dans une éternelle évidence la constitution intime du système graphique égyptien ; discerné et caractérisé ses trois classes de signes, figuratifs, symboliques, phonétiques, et démontré leur emploi simultané, mais constant en des proportions inégales, mais déterminées, dans les monuments des temps les plus anciens comme dans les plus modernes : notions fondamentales, véritable clé de tous ces mystères de l’antique Egypte, confirmées aujourd’hui pour les inscriptions tirées récemment de la sépulture des plus anciens pharaons qui viennent d’être exhumés des plus secrets réduits des pyramides de Memphis, comme elles le sont par les documents qui nous restent du culte d’Isis en haute Egypte au VIe siècle de l’ère chrétienne. De tels exemples de la durée pendant plusieurs milliers d’années d’une nation puissante, persévérant ainsi dans les règles sociales qu’elle s’était données, ne se rencontreront que dans les annales des peuples de la primitive civilisation : y avait-il donc en ce temps plus de place pour chaque homme sur la terre ?

Guidé par ses propres découvertes, Champollion le jeune put dès lors entreprendre sur les données certaines la rédaction définitive du Dictionnaire égyptien, et il recueillit toutes ses notes, tous ses extraits, sur des feuilles isolées, mais uniformes, de grandeur petit in-folio, dont la page oblongue est divisée en plusieurs colonnes ; au-dessus d’elles, et comme tête de page, un espace régulièrement réservé. Chaque feuille est affectée à un signe, et contient, 1° sa figure en style pur, en style linéaire, et sa réduction hiératique ; 2° sa dénomination ; 3° sa qualification graphique (signe symbolique, ou figuratif ou phonétique) ; 4° le sens ou la valeur qui lui est propre ; 5° enfin, des exemples où ce signe est employé avec cette valeur.

Le même travail sur des cartes avait précédé la transcription sur les feuilles in-folio ; il en résultat un double manuscrit autographe, et la facilité de procéder à diverses classifications temporaires des signes.

Le Dictionnaire en feuilles était déjà fort étendu avant le départ de l’auteur pour l’Egypte, et ce fut alors que M. Rosellini en fit une copie, avec l’agrément de mon frère.

Le manuscrit en feuilles et le manuscrit sur cartes furent emportés en Egypte. Pendant le voyage, l’auteur s’en occupa fréquemment, durant les longues heures passées sur le Nil ; la collection des cartes fut mise au niveau de la collection en feuilles qui s’était sensiblement accrue ; les amis de mon frère l’aidèrent avec empressement ; les cartes écrites de la main de MM Salvador Chérubini et Lenormant font encore partie du manuscrit original.

Après le retour d’Egypte, le Dictionnaire ne fut pas abandonné un seul jour ; les additions de nouveaux signes ou de nouveaux exemples, les corrections ou les développements des anciens, s’y succédaient fréquemment, à l’avantage évident des nouvelles études égyptiennes. M. le baron Silvestre de Sacy, qui les a si utilement, si efficacement protégées par sa prompte et bien manifeste adhésion dès leur origine, consacra une journée entière chez l’auteur à l’examen du manuscrit de son Dictionnaire ; l’approbation, l’admiration, il faut le dire, de l’illustre orientaliste ne fut point équivoque.

Au mois de mars 1832, mon frère nous avait quittés.

Bientôt après je reconnus que, par l’effet des funestes conseils des plus funestes passions, la moitié des feuilles et la moitié des cartes du Dictionnaire avaient été enlevées. Contre toute attente, trois cent-vingt-neuf feuilles et un très grand nombre de cartes furent recouvrées en 1840, et cette restitution m’autorise à penser que je possède à peu près entières ces deux rédactions autographes du Dictionnaire.

Le manuscrit in-folio est composé de sept cent soixante-douze feuilles, toutes de la main de mon frère, lettre et dessins ; rarement elles sont écrites au verso. Les cartes sont en plus grand nombre, chaque feuille portant plusieurs exemples, et chaque carte n’en reproduisant ordinairement qu’un seul.

La corrélation de ces deux copies ne saurait être plus intime ; les caractères de l’originalité se montent montrent autant dans l’une que dans l’autre. Plusieurs remarques nous le démontrent : 1° une lacune d’un mot copte ou autre, laissée dans la feuille, a été remplie sur la carte correspondante ; 2° pour quelques articles, on trouve plus de développements dans les cartes que dans les feuilles ; parfois aussi ils sont abrégés dans les cartes ; 3° les citations de quelques monuments originaux ne sont pas semblables, parce que le monument a changé de place ; l’indication donnée par la carte est la plus exacte, parce qu’elle est la plus récente.

Cet état réel des deux manuscrits imposait à l’éditeur l’obligation de classer dans le même ordre et les feuilles et les cartes, et d’adopter pour chaque article du Dictionnaire la rédaction qui résultait des deux manuscrits ainsi rapprochés et combinés : cette obligation a été fidèlement remplie.

Toutefois, renfermé dans les limites tracées par l’étendue même de ces deux manuscrits, le Dictionnaire égyptien aurait laissé beaucoup à désirer, même à ne le considérer que dans sa propre origine, dans sa qualité d’ouvrage posthume, et dans ses rapports avec tous les autres ouvrages du même auteur.

Il doit être entendu, en effet, que l’éditeur donne au public le Dictionnaire égyptien composé par Champollion le jeune, et qu’il ne peut produire sous ce titre qu’un recueil de signes et de groupes hiéroglyphiques égyptiens dont l’interprétation subsiste écrite tout entière de la main de l’hiérogrammate français : tels sont tous les signes et groupes publiés d’après les deux manuscrits sur les cartes et sur les feuilles.

Mais la réunion des tous ces signes ou groupes composerait-elle réellement le Dictionnaire égyptien de Champollion le jeune, et le volume qui le contiendrait renfermerait-il tous les signes dont l’interprétation subsiste de la main de l’auteur ? Certainement non ; et l’éditeur avait encore, dans ce but, un autre devoir à remplir.

Il n’a pas pu oublier que la Grammaire égyptienne abonde en citations de textes hiéroglyphiques, traduits en copte et en français, et que ces citations contiennent un très grand nombre de signes ou de groupes traduits, qui ne se trouvent point dans les deux manuscrits du Dictionnaire proprement dit : l’éditeur a donc dû considérer ces signes et groupes comme autant d’articles originaux, authentiques, appartenant de droit au Dictionnaire, et il dû aussi les y insérer, leur interprétation étant, en effet, écrite de la main de l’auteur.

J’ai donc procédé à l’anatomie de la Grammaire imprimée : dans tous les exemples, j’ai séparé un à un, par une ligne verticale, tous les signes ou groupes hiéroglyphiques, les laissant attachés interlinéairement à leur traduction copte et à leur traduction française ; j’ai écrit sur chaque fragment le chiffre de la page où il existait ; découpés un à un, tous ces fragments ont été collés sur autant de cartes, et classés dans le même ordre que les feuilles et les cartes manuscrites : je me suis fait ainsi un véritable Dictionnaire de la Grammaire égyptienne ; il est composé de plusieurs milliers d’articles.

Du rapprochement mutuel de ce troisième Dictionnaire avec les deux premiers, il est sorti deux avantages d’une grande importance pour le sujet actuel : le premier, c’estla nomenclature des signes et groupes employés dans la Grammaire imprimé, et qui ne se trouvaient point dans les deux nomenclatures manuscrites : celles-ci en ont reçu un supplément égal au moins à leur contenu.

Le second avantage n’a pas été d’une moindre utilité pour la science : quelques articles anciens des dictionnaires manuscrits ont été rectifiés par l’interprétation qui leur est attribuée par la Grammaire imprimée, et qui résulte des derniers travaux de l’auteur. Enfin, ce ne sera pas sans quelque profit, même pour le Dictionnaire imprimé, que ce rapprochement aura fait reconnaître que l’interprétation donnée depuis quelques années à un grand nombre de signes ou de groupes, est aujourd’hui revêtue d’une double sanction par celle qui lui imprime la rédaction plus récente de la Grammaire égyptienne, où ces mêmes groupes sont employés avec la même valeur littérale ; et, à cet effet, le chiffre de la page de la Grammaire a été ajouté à l’ancien manuscrit.

Le Dictionnaire égyptien qui est publié contient donc tous les signes ou groupes dont l’interprétation subsiste écrite tout entière de la main de son auteur : et il ne contient que cela, l’éditeur ne s’étant jamais écarté de la loi qu’il a dû religieusement et toujours s’imposer, de n’imprimer sous le nom de son frère, sous l’autorité si légitime, si puissante de ce nom dans la science, que les textes, les mots, les signes tracés indubitablement de sa main créatrice et féconde, qui en dévoila l’expression. Et cette déclaration servira aussi à cette autre fin, d’avertir que si quelques signes ou quelques groupes hiéroglyphiques égyptiens ne se trouvent point dans le Dictionnaire imprimé, c’est parce que leur explication ne subsiste pas dans les manuscrits de Champollion le jeune : l’honneur de composer un supplément digne de foi, et digne en tout du modèle laissé par le maître, est réservé à ses plus heureux, à ses plus doctes disciples.

Après la réunion de tous les matériaux du Dictionnaire égyptien, l’éditeur n’était pas encore délivré de toute pénible préoccupation : de graves questions, des doutes imposants, restaient à résoudre, et il y en a déjà une foule de renfermés dans la seule perquisition du meilleur mode de classification à adopter pour les matériaux d’un livre jusqu’ici sans modèle, qu’il faut bien nommer Dictionnaire pour s’entendre, mais que la définition reçue de ce mot ne peut nullement servir ni à décrire, ni à qualifier.

L’auteur du Dictionnaire hiéroglyphique n’avait pas échappé à ces doutes, ni omis de considérer la question sous quelques-unes de ses faces essentielles. Il est vrai qu’il la traita dans un temps où ses recherches ne l’avaient pas encore mis en possession de tous les éléments fondamentaux du système graphique égyptien ; mais la sûreté de ses données, mêmes à cette époque de ses études, et la perspicacité habituelle de ses aperçus, ne lui avaient point fait faute en cette occasion : nous devons le laisser lui-même entretenir nos lecteurs de cet important sujet.

Le huitième chapitre du Mémoire sur l’écriture hiératique, lu à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, dans le mois d’aout 1821, a pour sujet la classification générale des signes de cette écriture. L’auteur s’y propose de « rechercher le mode qui fut suivi par les Egyptiens dans la classification régulière de cette foule de signes en grande partie arbitraires. La formation d’un tableau général de ces signes, ajoute-t-il, était indispensable pour l’étude et la connaissance d’un système d’écriture que les principaux membres de la première caste de l’Etat ne pouvaient se permettre d’ignorer.

« Aucun document fourni par les écrivains de l’antiquité ne saurait nous conduire à la solution de ce problème ; mais le raisonnement seul et des considérations tirées de la nature de ces mêmes signes, nous permettent, toutefois, d’arriver sur ce point à un conclusion satisfaisante. »

Champollion le jeune examine ensuite, mais sommairement, quels peuvent être les rapports matériels de l’écriture hiératique égyptienne avec l’écriture actuelle des Chinois ; mais bientôt il abandonne toute conjecture à former sur des analogies qui ne sont qu’apparentes, et qui lui semblent moins probables à mesure qu’il pénètre plus intimement dans les éléments du système hiératique égyptien.

Considérant ensuite que dans ce même système « le nombre des traits dont se compose chacun des caractères qui sont encore figuratifs n’étant point fixe, et aucune dérivation ou composition systématique ne pouvant être aperçue dans le tracé des signes arbitraires, une classification régulière de ces mêmes signes, fondée sur l’analogie des formes, est pour cela même impossible à établir, » il continue ainsi : « A quel moyen recoururent donc les anciens Egyptiens pour former le tableau général des signes hiératiques ? Nous ne connaissons qu’un procédé qui nous semble le seul possible à employer pour composer ce tableau, et qui consistait à ranger tout simplement les caractères hiératiques dans un ordre absolument semblable à celui des caractères hiéroglyphiques.

« En effet, l’écriture hiératique n’étant qu’une tachygraphie de l’hiéroglyphique, les signes de la première ne devaient être classés que dans l’ordre régulier déjà adopté pour les signes de la seconde, desquels ils tenaient la place : l’analogie le voulait ainsi.

« Les hiéroglyphes purs (considérés isolément) offrant l’image fidèle d’être vivants et de produits de l’art humain, portaient dans leurs formes mêmes les éléments d’une classification méthodique et, pour ainsi dire, naturelle.

« L’ensemble de ces signes était propre, en effet, à se prêter soit aux grandes divisions établies par la nature elle-même entre les êtres vivants, soit à celles qui peuvent être adoptées pour les objets physiques inanimés, distribués en classes que déterminait l’importance que chacun d’eux acquérait de l’avancement de la civilisation et de l’état de l’organisation sociale.

« D’après ce mode de classification, on devait réunir dans des cadres particuliers tous les signes de l’écriture hiéroglyphique reproduisant soit l’image de l’homme et de et de diverses parties du corps humain, soit les images des animaux, quadrupèdes, oiseaux, reptiles, poissons et insectes ; ou bien les formes des plantes, celles des corps célestes, etc., et ce premier recueil devenait ainsi une classification, pour ainsi dire, matérielle des signes hiéroglyphiques, et une véritable encyclopédie égyptienne figurée par ordre de matières.

« Aucun auteur grec ou latin ne nous indique, il est vrai, de l’existence de pareils tableaux des signes hiéroglyphiques, mais elle résulte comme un fait de la nature même de cette écriture figurative : il semble de toute évidence que ces tableaux devenaient indispensables lorsqu’on voulait enseigner aux Egyptiens d’un certain rang la marche, l’ensemble et les détails de la méthode hiéroglyphique. Disons même qu’on pourrait considérer comme une trace sensible de l’antique usage de ces tableaux élémentaires, le système même d’après lequel sont conçus la plupart des vocabulaires coptes ou égyptiens du moyen âge, qui sont parvenus jusqu’à nous, et sur lesquels il n’est pas sans quelque intérêt de s’arrêter un instant » […]

Source :

Dictionnaire égyptien

par J-F Champollion le Jeune

 

Préface de l’éditeur

Publié à Paris en 1841

chez Firmin Didot Frères, Libraires-Editeurs

 

Comme quoi, c’est bien beau d’avoir des bonnes idées, mais encore faut-il aussi étudier le comment les mettre en œuvre ;)…

 

Dans le prochain volet, nous essaierons de savoir si nous aussi, nous pouvons apprendre à lire les hiéroglyphes ;) mdrrrrr !!! comme il y en a qui y parviennent, ça ne doit donc pas être trop compliqué ;)…

 

Bisous,

@+

Sab

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